Le
renforcement de l’unité nationale, la lutte contre la gabegie, la
poursuite de réalisations d’infrastructures de base, une redistribution
juste des richesses, une consolidation et un ancrage de la démocratie,
une administration plus proche du citoyen, un renforcement de la
sécurité font encore parti des défis du Président. Mais avec un tissu
politique en lambeaux et la résurgence de revendications à caractère
communautaire, le Président augure un mandat qui ne sera pas de tout
repos surtout qu’il enchaîne voyage sur voyage depuis qu’il a été adoubé
Président de l’UA.
Notons d’emblée que Mohamed Ould Abdel Aziz a à son actif plusieurs réalisations dont une restructuration de l’administration et une rationalisation des dépenses publiques. Nul ne peut contester que les choses ne sont plus comme avant et que l’argent public est désormais géré avec perspicacité. Le trésor fait d’honorables rentrées notamment par un meilleur recouvrement des impôts et des recettes douanières améliorées. De nombreuses routes goudronnées ont été érigées tant à Nouakchott que dans la plus part des grandes villes du pays. Ainsi des zones isolées ont été désenclavées notamment dans la capitale.
L’on pourra noter également que les responsables locaux tels les walis et hakem sont plus présents et répondent mieux aux besoins des populations. Dans le domaine de la santé on note aussi quelques avancées : les hôpitaux et les centres de soins sont mieux équipés, gérés et bien plus propres.
Parmi les
notes satisfaisantes on remarque aussi le domaine sécuritaire. En effet
le spectre de la menace islamiste semble avoir été circonscrit et
désormais l’armée est dotée de moyens pouvant lui permettre de mettre
hors d’état de nuire les terroristes.
Là où le bât blesse en peut noter en premier lieu le renforcement de
l’unité nationale promis. Certes il y a eu la prière sur morts de Kaédi,
la poursuite du retour des déportés et une indemnisation des rescapés
et ayant droit de la purge au sein de l’armée durent les années 90, mais
un sentiment d’inachevé domine. Les déportés de retour vivent encore
dans des conditions déplorables et le répression de la marche pacifique
venue de Boghé ne va pas arranger les choses. Leurs biens ne leur ont
pas été rendus et ceux qui devaient réintégrer la fonction publique ne
sont qu’une goutte d’eau en fin de compte et encore qu’ils n’ont presque
pas reçu le rappel de salaires promis. Des escarmouches à l’université
quant à l’usage du français, un enrôlement décrié, une marginalisation
des média publics ; autant de fait qui ont mis à mal l’unité nationale
sous le règne de Ould Abdel Aziz. Il est sûr que le Président aura perdu
bien de soutiens au sein de cette communauté.
Autre secteur dont les résultats sont sujets à critique : la lutte
contre la gabegie. Certes un travail considérable a été fait dans ce
sens mais il semble que l’IGE et autres instruments de l’Etat sont
télécommandés et n’agissent que contre certains, surtout ceux qui ont
maille à partir avec le Président.
Le grand chantier de lutte contre la pauvreté est encore entier. Les
pauvres sont encore plus nombreux qu’en 2009 et leur sort ne semble pas
avoir varié. Ils le ressentent surtout en cette période de ramadan où
les prix sont repartis à la flèche. On dit que les caisses sont pleines à
craquer alors que la pauvreté progresse partout, une contradiction
manifeste.
Autre point négatif de la Présidence Aziz, l’état de la démocratie. La crise persiste entre le pouvoir et l’opposition. Le FNDU ne reconnait pas l’élection de Aziz et s’est retranché dans une position franchement hostile à l’égard de tout ce qui tourne autour du Président. Autre baromètre de l’état de la démocratie en recul ; les médias publics qui sont toujours sous la coupe du pouvoir en dépit de réformes annoncées. Il est vrai que la presse privée traite à loisirs des sujets qui l’intéressent sans pression ni intimidation mais l’information officielle et ses circuits sont fermement gardés par les autorités.
Autre indice d’un recul de la démocratie, la non séparation des pouvoirs. Il n’est un secret pour personne que la justice est inféodée au pouvoir et qu’elle dépend en grande partie du désidérata du Président.
BG
Source : Journal Tahalil
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