vendredi 22 juillet 2016
Depuis des mois, un dialogue devant regrouper le
pouvoir et les forces vives de la nation (société civile, syndicats,
partis politiques) et qui peinait à démarrer, serait lancé, probablement
sans la participation de l’opposition qualifiée, à tort ou à raison, de
« radicale ».
Si, a prime abord, ledit dialogue, tant souhaité par les Mauritaniens, avait pour objectifs de traiter de l’essentiel des problèmes qui obèrent le développement du pays, il reste que beaucoup s’interrogent sur les résultats qu’on pourrait attendre de ces « conciliabules » qui s’acheminent vers leur fin. En effet, les attentes sont nombreuses et leur satisfaction reste une préoccupation majeure des citoyens.
Certes, lister ces attentes pourrait paraître fastidieux mais demeure un impératif, si tant il est vrai qu’il faille établir une grille suivant laquelle il serait possible de juger des résultats attendus pour donner une note – positive ou négative – à ce dialogue.
Et ces attentes ne sont autres que les actes et actions qui renforcent la démocratie, assoient l’Etat de droit dans toute sa splendeur et contribuent au bienêtre social, économique et culturel des populations. Bien entendu, ces attentes devraient transcender le simple formalisme des textes pour épouser les courbes de la réalité de tous les jours, car les notions d’égalité, de justice, d’équité, de développement seraient creuses si dans les faits le peuple n’en voit pas le bénéfice, encore moins les retombées à court terme.
Ces attentes, c’est aussi le raffermissement du sentiment d’appartenir à une seule nation, la culture de l’élan patriotique qui doit sommeiller en tout un chacun, le concours de tous pour le façonnement d’un pays réellement indépendant.
Ces attentes, c’est que ce dialogue soit inclusif et ouvert et qu’il permette d’aborder, sans tabou ni langue de bois, des sujets d’importance capitale :
L’unité nationale ternie par des passifs non encore définitivement soldés ;
Le respect des lois et règles de la République, notamment la Loi fondamentale (Constitution), en particulier en ce qui concerne ses dispositions intangibles : les libertés fondamentales, la durée et le nombre de mandats présidentiels ;
La problématique de l’esclavage (et ses séquelles), sujet polémique qui doit être pris à bras le corps, sans surenchère ni désinvolture ;
La lutte contre l’extrémisme (qu’il soit religieux ou autre) ;
La justice dont l’indépendance est sujette à caution et qui souffre de plusieurs autres maux : lenteur, difficulté d’exécution des décisions, manque de spécialisation, corruption… ;
L’administration et l’armée qui restent politisées, jouant ainsi une mauvaise partition dans un domaine qui n’est pas le leur ;
Le système éducatif inadapté et dont les multiples réformes n’ont jusque-là pas apporté la solution adéquate. Ce système, qui manque d’uniformisation, contribue à la division des citoyens : par la langue (arabe / français) et par le statut : écoles privées pour les riches et école publique pour les pauvres…
Les attentes, c’est aussi :
L’instauration d’un cadre approprié de discussion et de dialogue interne permettant d’échanger sur les questions de relation et de cohabitation communautaire dans notre pays ;- Le respect de la séparation des pouvoirs ;
L’utilisation rationnelle des ressources du pays au service de son développement ;
La bonne gouvernance ;
L’application stricte de la sanction et de la récompense ;
Le respect scrupuleux des traités et conventions auxquels la Mauritanie a souscrits, notamment ceux relatifs aux droits des femmes et des enfants, aux droits sociaux, économiques et culturels, aux droits de l’homme, de manière générale ;
L’assainissement du climat politique ;
Une répartition équitable de la richesse ;
La prise en compte de la société civile qui doit être perçue comme un partenaire devant être associé à l’animation et à la vie de la nation, puisqu’étant, ici et ailleurs, une sentinelle des droits et de la démocratie…
Ces attentes, c’est aussi et surtout que les uns et les autres (dialoguistes ou non) – quelles que soient leurs divergences – mettent leur griefs de côté quand il s’agit de l’unité nationale et la cohésion du tissu social du pays.
En un mot, les attentes, c’est, qu’à l’issue du dialogue, une feuille de route consensuelle soit établie pour fixer les bases d’une démocratie apaisée, d’un climat social serein et d’une coexistence pacifique.
Quoiqu’il en soit, cette Mauritanie nouvelle qu’on veut bâtir passe nécessairement par l’instauration d’un dialogue ouvert, inclusif et élargi à toutes les familles politiques, dans le respect de l’opinion et des choix de chacun ; les protagonistes devant être mus par l’idéal de mettre honnêtement leurs idées novatrices, utiles et positives, leur volonté de bien faire au service du pays où les rapports entre les citoyens ne seraient pas conditionnés par l’idolâtrie du plus faible pour le plus fort, ni la condescendance du plus fort à l’égard du plus faible. Il s’agit, en fait, de préserver le pays de l’appel des mauvaises sirènes ; ce qui suppose la rupture avec l’étroitesse d’esprit, le chauvinisme. Cela suppose surtout l’ouverture d’esprit, la tolérance, l’acceptation de l’autre, avec comme priorité la solution aux problèmes cruciaux que connaît le pays.
Pour y arriver, le dialogue attendu devrait donner lieu à un changement qui requiert une stabilité ne devant pas se résumer à la seule absence de troubles, de coups d’Etat mais plutôt une stabilité où adultes et enfants sont en bonne santé, sont instruits et disposent d’eau potable, d’électricité, de nourriture en abondance ; où l’homme jouit du respect, est vêtu et bien logé dans un Etat de droit garant du devenir de tous et de tout un chacun.
Mais, au rythme où vont les choses, on se demande si ces attentes pourraient être satisfaites. Il est permis d’en douter fortement.
D’abord, parce que la suspicion que nourrissent les acteurs politiques les uns envers les autres rend la confiance difficile, surtout si l’on sait que l’opposition considère qu’elle a été, plus d’une fois, roulée dans la farine. Ensuite, le fait d’aller au dialogue sans avoir pu convaincre l’opposition dite « radicale » d’y participer constitue en soi un problème.
Néanmoins et au demeurant, il est légitime de reprocher à l’opposition « boycottiste » de n’avoir pas accepté de s’engager, étant entendu que pour défendre avec efficacité ses positions, il importe d’abord d’être sur place et nulle part ailleurs, l’adage « les absents ont toujours tort » se vérifiant.
Pour avoir privilégié la politique de la chaise vide, l’opposition « boycottiste » ouvre un boulevard au pouvoir qu’elle combat ; et rien ne dit qu’à la longue cette stratégie soit payante puisque s’apparentant à une politique-fiction qui ne porte préjudice, en grande partie ici, qu’à ses propres initiateurs.
Sans citer tous les partis de cette opposition opposée à ce type de dialogue actuel, ni présumer de leur force, il est permis de penser qu’un dialogue sans le RFD, TAWASSOUL, l’UFP, entre autres,… aurait de la peine à trouver un consensus fort sur les problèmes (en tout cas politiques) de l’heure. Or, ne dit-on pas que c’est avec ses principaux adversaires qu’on négocie, qu’on dialogue ?
Sans compter que des dossiers aussi saillants et brûlants que la probable suppression du Sénat, le maintien du BASEP (Bataillon de la Sécurité Présidentielle), le problème de la CENI ou du processus électoral, de manière générale, ne pourront être discutés et faire l’unanimité qu’avec la participation des principaux partis politiques, rangés, hélas, aujourd’hui, dans le camp du boycott.
Le fondement premier du dialogue souhaité étant d’aplanir les problèmes auxquels fait face la Mauritanie et sortir donc des crises tant politique, économique que sociale, l’idéal aurait été, en conséquence, que tous les acteurs concernés y participent.
Cela n’étant pas le cas, le risque est grand que ce dialogue n’aboutisse pas à un résultat probant.
Maître Mine O. ABDOULLAH
Avocat à la Cour
Professeur à l’Université
Président de la LMDH
Président de la C.M. PCQVP
Si, a prime abord, ledit dialogue, tant souhaité par les Mauritaniens, avait pour objectifs de traiter de l’essentiel des problèmes qui obèrent le développement du pays, il reste que beaucoup s’interrogent sur les résultats qu’on pourrait attendre de ces « conciliabules » qui s’acheminent vers leur fin. En effet, les attentes sont nombreuses et leur satisfaction reste une préoccupation majeure des citoyens.
Certes, lister ces attentes pourrait paraître fastidieux mais demeure un impératif, si tant il est vrai qu’il faille établir une grille suivant laquelle il serait possible de juger des résultats attendus pour donner une note – positive ou négative – à ce dialogue.
Et ces attentes ne sont autres que les actes et actions qui renforcent la démocratie, assoient l’Etat de droit dans toute sa splendeur et contribuent au bienêtre social, économique et culturel des populations. Bien entendu, ces attentes devraient transcender le simple formalisme des textes pour épouser les courbes de la réalité de tous les jours, car les notions d’égalité, de justice, d’équité, de développement seraient creuses si dans les faits le peuple n’en voit pas le bénéfice, encore moins les retombées à court terme.
Ces attentes, c’est aussi le raffermissement du sentiment d’appartenir à une seule nation, la culture de l’élan patriotique qui doit sommeiller en tout un chacun, le concours de tous pour le façonnement d’un pays réellement indépendant.
Ces attentes, c’est que ce dialogue soit inclusif et ouvert et qu’il permette d’aborder, sans tabou ni langue de bois, des sujets d’importance capitale :
L’unité nationale ternie par des passifs non encore définitivement soldés ;
Le respect des lois et règles de la République, notamment la Loi fondamentale (Constitution), en particulier en ce qui concerne ses dispositions intangibles : les libertés fondamentales, la durée et le nombre de mandats présidentiels ;
La problématique de l’esclavage (et ses séquelles), sujet polémique qui doit être pris à bras le corps, sans surenchère ni désinvolture ;
La lutte contre l’extrémisme (qu’il soit religieux ou autre) ;
La justice dont l’indépendance est sujette à caution et qui souffre de plusieurs autres maux : lenteur, difficulté d’exécution des décisions, manque de spécialisation, corruption… ;
L’administration et l’armée qui restent politisées, jouant ainsi une mauvaise partition dans un domaine qui n’est pas le leur ;
Le système éducatif inadapté et dont les multiples réformes n’ont jusque-là pas apporté la solution adéquate. Ce système, qui manque d’uniformisation, contribue à la division des citoyens : par la langue (arabe / français) et par le statut : écoles privées pour les riches et école publique pour les pauvres…
Les attentes, c’est aussi :
L’instauration d’un cadre approprié de discussion et de dialogue interne permettant d’échanger sur les questions de relation et de cohabitation communautaire dans notre pays ;- Le respect de la séparation des pouvoirs ;
L’utilisation rationnelle des ressources du pays au service de son développement ;
La bonne gouvernance ;
L’application stricte de la sanction et de la récompense ;
Le respect scrupuleux des traités et conventions auxquels la Mauritanie a souscrits, notamment ceux relatifs aux droits des femmes et des enfants, aux droits sociaux, économiques et culturels, aux droits de l’homme, de manière générale ;
L’assainissement du climat politique ;
Une répartition équitable de la richesse ;
La prise en compte de la société civile qui doit être perçue comme un partenaire devant être associé à l’animation et à la vie de la nation, puisqu’étant, ici et ailleurs, une sentinelle des droits et de la démocratie…
Ces attentes, c’est aussi et surtout que les uns et les autres (dialoguistes ou non) – quelles que soient leurs divergences – mettent leur griefs de côté quand il s’agit de l’unité nationale et la cohésion du tissu social du pays.
En un mot, les attentes, c’est, qu’à l’issue du dialogue, une feuille de route consensuelle soit établie pour fixer les bases d’une démocratie apaisée, d’un climat social serein et d’une coexistence pacifique.
Quoiqu’il en soit, cette Mauritanie nouvelle qu’on veut bâtir passe nécessairement par l’instauration d’un dialogue ouvert, inclusif et élargi à toutes les familles politiques, dans le respect de l’opinion et des choix de chacun ; les protagonistes devant être mus par l’idéal de mettre honnêtement leurs idées novatrices, utiles et positives, leur volonté de bien faire au service du pays où les rapports entre les citoyens ne seraient pas conditionnés par l’idolâtrie du plus faible pour le plus fort, ni la condescendance du plus fort à l’égard du plus faible. Il s’agit, en fait, de préserver le pays de l’appel des mauvaises sirènes ; ce qui suppose la rupture avec l’étroitesse d’esprit, le chauvinisme. Cela suppose surtout l’ouverture d’esprit, la tolérance, l’acceptation de l’autre, avec comme priorité la solution aux problèmes cruciaux que connaît le pays.
Pour y arriver, le dialogue attendu devrait donner lieu à un changement qui requiert une stabilité ne devant pas se résumer à la seule absence de troubles, de coups d’Etat mais plutôt une stabilité où adultes et enfants sont en bonne santé, sont instruits et disposent d’eau potable, d’électricité, de nourriture en abondance ; où l’homme jouit du respect, est vêtu et bien logé dans un Etat de droit garant du devenir de tous et de tout un chacun.
Mais, au rythme où vont les choses, on se demande si ces attentes pourraient être satisfaites. Il est permis d’en douter fortement.
D’abord, parce que la suspicion que nourrissent les acteurs politiques les uns envers les autres rend la confiance difficile, surtout si l’on sait que l’opposition considère qu’elle a été, plus d’une fois, roulée dans la farine. Ensuite, le fait d’aller au dialogue sans avoir pu convaincre l’opposition dite « radicale » d’y participer constitue en soi un problème.
Néanmoins et au demeurant, il est légitime de reprocher à l’opposition « boycottiste » de n’avoir pas accepté de s’engager, étant entendu que pour défendre avec efficacité ses positions, il importe d’abord d’être sur place et nulle part ailleurs, l’adage « les absents ont toujours tort » se vérifiant.
Pour avoir privilégié la politique de la chaise vide, l’opposition « boycottiste » ouvre un boulevard au pouvoir qu’elle combat ; et rien ne dit qu’à la longue cette stratégie soit payante puisque s’apparentant à une politique-fiction qui ne porte préjudice, en grande partie ici, qu’à ses propres initiateurs.
Sans citer tous les partis de cette opposition opposée à ce type de dialogue actuel, ni présumer de leur force, il est permis de penser qu’un dialogue sans le RFD, TAWASSOUL, l’UFP, entre autres,… aurait de la peine à trouver un consensus fort sur les problèmes (en tout cas politiques) de l’heure. Or, ne dit-on pas que c’est avec ses principaux adversaires qu’on négocie, qu’on dialogue ?
Sans compter que des dossiers aussi saillants et brûlants que la probable suppression du Sénat, le maintien du BASEP (Bataillon de la Sécurité Présidentielle), le problème de la CENI ou du processus électoral, de manière générale, ne pourront être discutés et faire l’unanimité qu’avec la participation des principaux partis politiques, rangés, hélas, aujourd’hui, dans le camp du boycott.
Le fondement premier du dialogue souhaité étant d’aplanir les problèmes auxquels fait face la Mauritanie et sortir donc des crises tant politique, économique que sociale, l’idéal aurait été, en conséquence, que tous les acteurs concernés y participent.
Cela n’étant pas le cas, le risque est grand que ce dialogue n’aboutisse pas à un résultat probant.
Maître Mine O. ABDOULLAH
Avocat à la Cour
Professeur à l’Université
Président de la LMDH
Président de la C.M. PCQVP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire