
L'exécution de trois officiers négro-mauritaniens en 1987 a accentué la tension. Désormais il faut faire tout pour en finir avec le pouvoir "raciste" de Maawiya et par extension celui des maures. La vallée du fleuve, ce n'est pas seulement la rive droite, côté mauritanien mais aussi la rive gauche ou République du Sénégal.
Quand les colons ont procédé à la "balkanisation" de l'Afrique, c'était pour entretenir aussi les divisions inter-communautaires. Ainsi on voit chez une famille de la vallée, un frère en Mauritanie et un autre du côté sénégalais. On peut être sénégalais et mauritanien à la fois selon que l'on soit de l'un ou de l'autre côté du fleuve. Une chance inespérée pour les personnes de bonne foi si elles l'utilisent à bon escient.
Avoir deux ou trois nationalités, quoi de plus normal. Mais sur la rive gauche certains en ont profité pour retourner les autorités sénégalaises, particulièrement le président Diouf contre la Mauritanie. Les extrémistes installés à Dakar, avaient toute l'attention d'Abdou Diouf. Profitant d'un incident entre agriculteurs soninké et pasteurs peulhs à Diawara,dans la région de Sélibaby, des activistes flamistes et leurs nombreux soutiens déclenchèrent des émeutes contre les maures (blancs et noirs) commerçants, marchands de bétail, bouchers etc..installés au Sénégal.
C'était en Avril 1989. Une occasion peut-être pour en découdre avec les "tchapatos", une fois qu'on a le soutien d'un Etat souverain comme le Sénégal. Les conséquences du conflit Mauritanie-Sénégal furent désastreuses surtout pour les populations civiles. Si au Sénégal on a dépouillé de leurs biens, jeté des mauritaniens dans des fours pour brûler, à Nouakchott, Nouadhibou les atrocités étaient inimaginables en plein ramadan.
Cependant l'embrasement tant souhaité par les Flam, entre les Armées sénégalaise et mauritanienne n'a pas eu lieu. Mais il faut reconnaitre que ça et là des affrontements sporadiques ou limités attribués plus aux Flam qu'à l'Armée régulière sénégalaise ont eu lieu. L'Armée mauritanienne a pu sécuriser ses frontières du Trarza au Guidimagha. Le président Diouf a reconnu qu'il ne pouvait pas techniquement ni tactiquement gagner une guerre contre la Mauritanie, même en volant au secours à ses frères de la rive droite.
3/Pouvait -on éviter les exactions de 1990-1991?
L'empathie constatée chez certains militaires négro-mauritaniens à l'égard de leurs frères civils habitant la vallée du fleuve(ce qui est compréhensible) ou à l'égard de l'Armée sénégalaise(ce qui paraît douteux), a poussé l'Etat-Major National à les muter par milliers dans les régions militaires du Nord ou du centre du pays. Car il était difficile pour un pular même mauritanien de retourner son arme contre son frère, son oncle ou son neveu de la rive gauche.Voilà le nœud du problème qui a poussé beaucoup de militaires maures (blancs et noirs) à basculer dans la haine en traitant leurs frères d'armes pular d'ennemis de la république donc à "abattre".
Ce qui a été une erreur passionnelle !!! Retenons pour l'Histoire que les militaires négro-mauritaniens lors du conflit avec le Sénégal, constituaient 51% des effectifs de l'Armée. Cette source émane du chef d'Etat-Major adjoint de l'époque, le colonel Mohamed Ould Lekhal, lors d'une réunion des commandants d'unités de combat de la 6ème région militaire à Nkick, près de Rosso; le jour même où le président Abdou Diouf devrait prononcer son fameux discours en juin 1989. Il faut savoir aussi que tous les militaires négro-mauritaniens étaient armés comme leurs frères d'armes maures, contrairement à ce qu'on dit habituellement. Cependant beaucoup ont été victimes de l'arbitraire car leurs chefs n'ont pas souvent fait la différence entre la "bonne graine de l'ivraie".
Je veux souligner par ce fait que beaucoup ont été "embarqués" dans une "lutte contre le système beidâne" le plus souvent contre leur volonté. La pression communautaire exercée, agissait comme une épidémie qui rappelle étrangement la rhinocérite du dramaturge roumain Eugène Ionesco....
Il y a eu assez d'exactions de part et d'autres des deux rives. Il est indéniable qu'il y a eu également des bavures de militaires mauritaniens sur leurs frères d'armes dont la résignation pouvait être interprétée comme un appel à la "faute". Les conséquences de ce piège tendu sont devenues des mamelles intarissables, qu'on doit traire à tout moment, au lieu de s'occuper de l'essentiel que sont les réparations d'abord, suivies de l'enclenchement d'un véritable processus de normalisation des relations déjà séculaires entre les composantes noire et blanche du pays ?
4/ La cour aux Haratines:
S'ils ont été accusés d'avoir été le bras armé des beidânes lors des douloureux événements de 1989-1991, les Haratines subissent depuis quelques années une cour assidue de la part de certains milieux politisés négro-mauritaniens. Et pas des moindres. La propulsion de l'anti-esclavagiste Biram Ould Dah sur le devant de la scène nationale et internationale, est l'une des conséquences de la promotion du concept coloriel. En effet pour mettre fin au "système beidâne" on aura tout essayé, à l'exception d'une voie. Il faut le miner de l'intérieur. Et l'outil adéquat ad hoc, ce sont les Haratines. Ces citoyens de par leur langue, leurs us et coutumes sont des maures ,mais majoritairement de peaux noires. L'idée tant souhaitée est de les soustraire de la "termitière mauresque",en brandissant constamment l'alibi de l'esclavage.
Parmi la kyrielle de prétendants au "jihad" anti-maure, émerge une "figure de proue",un tribun dont les discours incendiaires enivrent une frange non négligeable de descendants d'anciens esclaves et d'esclaves.Il s'agit du président de l'IRA, Biram Ould Dah Ould Abeid. Ainsi Biram du haut de son olympe subit, sans le savoir, peut-être deux sortes de manipulations. La première vient des pouvoirs publics qui soufflent le chaud et le froid: tantôt candidat à la présidentielle, tantôt dans le gnouf. La deuxième émane de ses compatriotes négro-mauritaniens qui, après lui avoir dressé des lauriers à l'extérieur du pays,fourni un carnet d'adresses garni,au seul dessein de le radicaliser,commencent à se détourner dès que le défenseur des droits de l'homme amorce une critique à l'égard de la féodalité négro-mauritanienne et son système de castes.
En Mauritanie, les divers nationalismes surtout arabes ont cessé de tirer sur la corde raide,autrement dit de cliver les composantes de notre pays.Certes les événements des années 1989-1991 ont laissé des boursouflures livides sur notre fragile tissu social.Sans doute les veuves et les orphelins doivent être aidés dans leur recherche de vérité et de justice. La lutte contre l'esclavagisme sous toutes ses formes et les séquelles de celui-ci sont également un défi pour tous les mauritaniens épris de paix. Dans ce cas de figure,il ny a plus de place pour ceux qui veulent diviser nos populations à des fins purement égoïstes.
Les Flam(forces de libération africaines de mauritanie)et leurs acolytes doivent changer de discours qui divisent les mauritaniens, en France, aux USA, au Sénégal etc...Car personne n'a intérêt à ce que "Rome brûle" et que les "sicaires aiguisent leurs poignards". Faudrait-il dans ce cas avoir "et l'âme et la lyre et les yeux de Néron"....
Ely Ould Krombelé
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Ely Krombele
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