
La nouvelle est très commentée en Mauritanie où elle s’apparente à un acte hautement politique à inscrire dans la guerre sans merci entre l’opiniâtre homme d’affaires et son cousin, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui l’a poussé à l’exil.
La Fondation pour l’égalité des Chances en Afrique a été mise sur pieds, les semaines passées, à Bruxelles (Belgique), par l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou. Son but déclaré : développement de la démocratie et lutte contre la pauvreté sur le continent africain. Dans ce cadre, elle vise à aider les médias, former les cadres et offrir une alternative réelle à l’immigration, unique rêve de la jeunesse africaine.
Au départ, l’action de cette fondation se focalisera sur l’Afrique, particulièrement sur le Sénégal, le Mali et la Mauritanie. Aux côtés de l’homme d’affaires, on note la présence de deux grands avocats européens : le belge Georges-Henri Beauthier, et le français Wiliam Bourdon.
Maître Beauthier est le premier à avoir communiqué sur le nouveau né sur les antennes de TV5 Monde au cours de son émission connue : Grand Angle du 64’. Ce belge n’est pas un inconnu. Il est le fils de l‘avocat et homme politique Richard Beauthier et fut président de la section francophone de la Ligue des droits de l‘homme belge de 1998 à 2000.
Spécialisé dans le droit de la famille, le droit de l‘enfant, le droit des étrangers et le droit humanitaire, il fut l‘un des avocats de Laetitia Delhez, une des victimes du pédophile Marc Dutroux. Georges-Henri Beauthier a également défendu l‘ancien journaliste marocain Philippe Servaty.
Quant à William Bourdon (né en 1956), qui connait bien les tribunaux mauritaniens, c’est un avocat français du Barreau de Paris, qui exerce en droit pénal notamment en pénal des affaires, droit de la communication et en matière de Droits de l‘homme : il est spécialisé en particulier dans la défense des victimes de la mondialisation et des crimes contre l‘humanité.
Cet avocat, lié depuis quelque temps avec Mohamed Ould Bouamatou, se décrit comme « un défenseur des droits de l‘homme». Il a été secrétaire général adjoint (1994-1995), puis secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l‘homme de 1995 à 2000.
En octobre 2001, il fonde l‘association Sherpa, dont l‘objet est de « défendre les victimes de crimes commis par des opérateurs économiques », et il en est actuellement le président. Sherpa est installée dans les locaux de France Libertés ; William Bourdon est membre du Conseil d‘administration de France Libertés et avocat de Danielle Mitterrand depuis de nombreuses années.
William Bourdon a été en outre l‘avocat de Transparency International, de l‘association Survie et de la Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD). Il est proche d‘associations d‘aide aux étrangers irréguliers, notamment la Cimade, pour laquelle il est intervenu en qualité d‘observateur en 1992.
On ne sait pas si d’autres personnalités étaient engagées à côté de Bouamatou dans sa nouvelle entreprise, mais déjà les deux avocats précités ne sont pas des inconnus et sont particulièrement mobilisés pour la lutte contre la corruption des dirigeants africains. Ils constituent donc un soutien de taille. Surtout qu’ils sont déjà bien connus dans ce domaine.
Un cadre inédit
L’avocat belge qui a annoncé la création de la fondation pour l’égalité des chances en Afrique a évité soigneusement de parler de la Mauritanie bien qu’il a évoqué les tracasseries que rencontre Bouamatou dans son pays, la Mauritanie.
Pourtant, le motif réel, notent les observateurs, de la création de cette fondation ne serait autre que la volonté de Bouamatou de trouver le cadre adéquat pour combattre le président Aziz. D’ailleurs le slogan de la fondation est édifiant à ce sujet : ‘’faire en sorte que le pouvoir ne soit pas un raccourci pour l’enrichissement’’.
Cela est d’autant plus probable que Mohamed Ould Bouamatou estime qu’il a été trompé par Aziz qui, au lieu d’agir en chef d’état, s’est transformé en homme d’affaires véreux. Un reproche fait également par l’opposition radicale qui ne cesse de dénoncer un pillage systématique des ressources du pays par le président et son entourage.
Avec son nouvel instrument, Mohamed Ould Bouamatou est désormais en mesure de pister ce genre d’affaires et, surtout, de pouvoir agir. Une perspective qui fait déjà trembler le sommet du pouvoir qui prendrait très au sérieux l’action de cette fondation. Au sein de l’opinion, où on s’est souvent interrogé - pour ne pas dire compté- sur l’action de l’homme d’affaires en exil, on est servi. Et bien servi…
Mohamed Mahmoud Ould Targui
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Source :
RMI Biladi (Mauritanie)
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