17-10-2014 10:00 -
Mozaïkrim -
Après des 1ère et 2ème éditions plus ou moins réussies, la 3ème qui a
commencé lundi 13 octobre et qui se termine ce mercredi 15, se déroule
dans une ambiance relativement terne et maussade. La faute aux cours des
matières en plein flop, et les investisseurs qui flippent. Et entre les
deux, une population mauritanienne qui trinque.
Pas grand monde à la 3ème édition des Mauritanides, ce forum international des mines. Ce constat a été fait avant l'arrivée au lieu du salon, au palais du Congrès de Nouakchott : Les hôtels grimacent face aux annulations en masse de réservations effectuées des semaines auparavant. Et sur place, le constat se confirme: essentiellement et massivement l'état et quelques opérateurs déjà présents, qui y plantent leurs logos.
Les potentiels investisseurs ont déserté le salon. "La Mauritanie est une destination dont la confiance dans les institutions, notamment juridiques, doit être restaurée. Ces dernières années n'ont pas été sereines pour beaucoup de sociétés étrangères, autant dans les mines qu'en dehors" estime un avocat d'affaires.
Les discours officiels sont moins moroses, et s'acharnent à faire voir un secteur, avec une perspective lumineuse :
«La Mauritanie met en œuvre une stratégie pour prendre, à l’horizon 2025, la tête des pays miniers africains» affirme optimiste, lors de cette 3ème édition, faible en afflux, le ministre du Pétrole, de l’Énergie et des mines, Mohamed Ould Khouna. Une affirmation qui relève plus d'une divagation lunatique, que d'une analyse de la réalité, où les faits demeurent toujours très têtus, notamment dans un contexte mondial, où une guerre de l'offre met la survie même de la SNIM sur la sellette (article à paraître sur Mozaikrim sous peu).
Parallèlement à cette perspective alléchante mais rêvée en l'état actuel des choses, monsieur Ould Khouna fait de la macroéconomie oiseuse, en soulignant que «les secteurs des mines et du pétrole ont contribué au cours des dernières années à rehausser significativement le PIB en Mauritanie». Une lecture de surface des choses qui peut laisser penser, que l'économie mauritanienne est au top, et que ses habitants profitent des mannes minière et pétrolière.
Que nenni, dit diplomatiquement mais fermement la banque mondiale, par la voix de Nina Inahoro, spécialiste des opérations à la Banque Mondiale. «L’accès à l’eau potable en milieu rural ne s’est pas amélioré, et le taux de mortalité infantile reste élevé en Mauritanie» constate-t-elle en substance, tout en exhortant le pays à «assurer une croissance équitable, et une protection plus importante de l'environnement».
CQFD ? Les mines ne servent à rien (comprendre, ne servent pas la population) sans une économie diversifiée, c'est-à-dire sans une redistribution équitable des richesses créées. Ce fut le seul discours en bémol à l'ambiance du salon où les caresses dans le sens du poil, ont plu. D'autant plus, clouera Nina Inahoro, que la Mauritanie «n'achèvera certainement pas certains OMD liés surtout à la réduction du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, de la santé maternelle, et de la sauvegarde de l'environnement».
La méthode Coué
Cette réalité décrite par la Banque Mondiale, et que vit la très grand majorité des mauritaniens de l'intérieur, mais aussi en milieu urbain, est à la lisière des préoccupations d'un état occupé à développer une économie de rente, qui ne profite qu'à une oligarchie politique, tribale et financière. Du coup, ce salon apparaît comme un plateau sur lequel est posé l'immense gâteau de ressources que se partagent quelques acteurs-clé étrangers et des individus mauritaniens.
Pendant ce temps, pour une forme préservée, le fer de lance et symbole des industries extractives mauritaniennes, la SNIM, se félicite d'un passé glorieux, nie un présent houleux, et dit préparer un futur radieux :
"Top5-25 est la nouvelle vision stratégique adoptée par la SNIM en 2012 pour un redimensionnement d'échelle, visant à porter sa production de 12 millions de tonnes, à 40 millions, à l'horizon 2025, grâce au programme stratégique NOUHOUDH, assurant ainsi son intégration au top 5 mondial des exportateurs de minerai de fer" se gargarise l'administrateur général de la SNIM, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, dans la brochure sophistiquée de présentation de la SNIM, tendue au salon des mines.
Aucun mot sur la crise structurelle que subit de plein la SNIM parmi des milliers d'autres structures minières de par le monde, aucun mot sur l'explosion du prix de revient à la tonne de fer, qui a explosé à la SNIM, et qui empêche raisonnablement une telle perspective, tant qu'un tel prix n'est pas maîtrisé, et tant qu'on fuit les raisons profondes du mal qui mine actuellement la SNIM, et tout le secteur minier mauritanien d'ailleurs :
une opacité et une politisation des ressources, qui ne peuvent pas permettre que quoi que ce soit de bon en sorte.
Pas grand monde à la 3ème édition des Mauritanides, ce forum international des mines. Ce constat a été fait avant l'arrivée au lieu du salon, au palais du Congrès de Nouakchott : Les hôtels grimacent face aux annulations en masse de réservations effectuées des semaines auparavant. Et sur place, le constat se confirme: essentiellement et massivement l'état et quelques opérateurs déjà présents, qui y plantent leurs logos.
Les potentiels investisseurs ont déserté le salon. "La Mauritanie est une destination dont la confiance dans les institutions, notamment juridiques, doit être restaurée. Ces dernières années n'ont pas été sereines pour beaucoup de sociétés étrangères, autant dans les mines qu'en dehors" estime un avocat d'affaires.
Les discours officiels sont moins moroses, et s'acharnent à faire voir un secteur, avec une perspective lumineuse :
«La Mauritanie met en œuvre une stratégie pour prendre, à l’horizon 2025, la tête des pays miniers africains» affirme optimiste, lors de cette 3ème édition, faible en afflux, le ministre du Pétrole, de l’Énergie et des mines, Mohamed Ould Khouna. Une affirmation qui relève plus d'une divagation lunatique, que d'une analyse de la réalité, où les faits demeurent toujours très têtus, notamment dans un contexte mondial, où une guerre de l'offre met la survie même de la SNIM sur la sellette (article à paraître sur Mozaikrim sous peu).
Parallèlement à cette perspective alléchante mais rêvée en l'état actuel des choses, monsieur Ould Khouna fait de la macroéconomie oiseuse, en soulignant que «les secteurs des mines et du pétrole ont contribué au cours des dernières années à rehausser significativement le PIB en Mauritanie». Une lecture de surface des choses qui peut laisser penser, que l'économie mauritanienne est au top, et que ses habitants profitent des mannes minière et pétrolière.
Que nenni, dit diplomatiquement mais fermement la banque mondiale, par la voix de Nina Inahoro, spécialiste des opérations à la Banque Mondiale. «L’accès à l’eau potable en milieu rural ne s’est pas amélioré, et le taux de mortalité infantile reste élevé en Mauritanie» constate-t-elle en substance, tout en exhortant le pays à «assurer une croissance équitable, et une protection plus importante de l'environnement».
CQFD ? Les mines ne servent à rien (comprendre, ne servent pas la population) sans une économie diversifiée, c'est-à-dire sans une redistribution équitable des richesses créées. Ce fut le seul discours en bémol à l'ambiance du salon où les caresses dans le sens du poil, ont plu. D'autant plus, clouera Nina Inahoro, que la Mauritanie «n'achèvera certainement pas certains OMD liés surtout à la réduction du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, de la santé maternelle, et de la sauvegarde de l'environnement».
La méthode Coué
Cette réalité décrite par la Banque Mondiale, et que vit la très grand majorité des mauritaniens de l'intérieur, mais aussi en milieu urbain, est à la lisière des préoccupations d'un état occupé à développer une économie de rente, qui ne profite qu'à une oligarchie politique, tribale et financière. Du coup, ce salon apparaît comme un plateau sur lequel est posé l'immense gâteau de ressources que se partagent quelques acteurs-clé étrangers et des individus mauritaniens.
Pendant ce temps, pour une forme préservée, le fer de lance et symbole des industries extractives mauritaniennes, la SNIM, se félicite d'un passé glorieux, nie un présent houleux, et dit préparer un futur radieux :
"Top5-25 est la nouvelle vision stratégique adoptée par la SNIM en 2012 pour un redimensionnement d'échelle, visant à porter sa production de 12 millions de tonnes, à 40 millions, à l'horizon 2025, grâce au programme stratégique NOUHOUDH, assurant ainsi son intégration au top 5 mondial des exportateurs de minerai de fer" se gargarise l'administrateur général de la SNIM, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, dans la brochure sophistiquée de présentation de la SNIM, tendue au salon des mines.
Aucun mot sur la crise structurelle que subit de plein la SNIM parmi des milliers d'autres structures minières de par le monde, aucun mot sur l'explosion du prix de revient à la tonne de fer, qui a explosé à la SNIM, et qui empêche raisonnablement une telle perspective, tant qu'un tel prix n'est pas maîtrisé, et tant qu'on fuit les raisons profondes du mal qui mine actuellement la SNIM, et tout le secteur minier mauritanien d'ailleurs :
une opacité et une politisation des ressources, qui ne peuvent pas permettre que quoi que ce soit de bon en sorte.
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Source :
Mozaïkrim.over-blog (Mauritanie)
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