lundi 22 septembre 2014

Mamadou Baba Diop, président du CIDRIM : "Les déchets peuvent être un formidable vecteur de croissance…"

22-09-2014 13:51 -

Mamadou Baba Diop, président du CIDRIM : Le Quotidien de Nouakchott - Mamadou Baba Diop, jeune mauritanien, est le président du Club d’Investissement pour le Développement Durable de la République Islamique de Mauritanie, (CIDDRIM), un Club basé à Lyon en France.

Monsieur Diop, à travers le CIDRIM est porteur d’un projet de gestion des déchets solides de Nouakchott dont le point fort est une unité de recyclage, de valorisation de ces déchets. Entretien.

QDN : Pouvez-vous nous faire une présentation du CIDRIM?

L’objectif du Club est de favoriser et développer les échanges internationaux par des relations commerciales, industrielles et financières ainsi que l’action culturelle et sociale entre la Mauritanie et l’Europe. Pour le cas présent, objet de notre arrivée à Nouakchott, il s’agit de relations entre la France et la Mauritanie.

L’idée directrice est la volonté de mise en place d’un processus de développement durable en Mauritanie dans lequel seront privilégiés les investissements créateurs de richesses. Ainsi le CIDDRIM encourage les actions destinées à assurer la participation populaire non communautariste, élargie à toutes les couches sociales du pays.

Le CIDDRIM encourage aussi la prise de décisions au niveau local en incluant des procédures démocratiques et le libre accès à l’information. Tout ce processus se fera avec comme objectif la promotion d’une éducation qui, en plus du diplôme, sera aussi qualifiante.

CIDDRIM est actuellement en Mauritanie pour y installer un bureau et proposer une solution environnementale consistant en la mise en place d’une structure privée pour la collecte, le tri, le ramassage, recyclage des déchets solides ménagers et des déchets industriels de Nouakchott.

QDN : Donc vous êtes porteur d’un projet de gestion des ordures de Nouakchott. Pourquoi avoir ciblé ce secteur?

Aujourd’hui les déchets sont la problématique principale de Nouakchott. C’est une urgence. Notre idée, c’est que ces déchets peuvent être un formidable vecteur de croissance si l’on prend en compte tous les aspects qui y sont liés. Par le biais de la collecte de ces déchets, il est possible d’effectuer un investissement transversal dans le domaine de la santé, de l’éducation, entrepreneuriat…

QDN : Le CIDDRIM est un investisseur classique qui vient avec ses moyens ou avez-vous une autre approche ?

Le CIDDRIM est une association à but non lucratif. Nous n’avons pas pour objectif d’être partie prenante dans la gestion des déchets. Nous sommes plutôt un vecteur de croissance capable de mobiliser, non seulement l’ingénierie nécessaire à la mise en place des projets, mais également nous cherchons à fédérer les mauritaniens, principalement la jeunesse, derrière l’idée que l’État n’est pas le seul responsable du développement, derrière l’idée que ce développement vient d’abord d’actes citoyens par notamment l’apport d’idées. La Mauritanie a plus besoin de bailleurs d’idées que de bailleurs de fonds. Nous nous sommes ici pour enrichir notre pays d’idées nouvelles.

QDN : La société chargée de la gestion du ramassage des ordures à Nouakchott n’est plus opérationnelle. Qu’est ce que vous proposer concrètement ?

Notre objectif est de participer au refus de résignation par la mise en place d’une structure de collecte, de tri, de revalorisation des déchets. Une structure qui traite les déchets comme de la matière première secondaire recyclable, réutilisable pour supporter la croissance et même exportable.

Notre initiative vise la création d’un cadre de vie sain pour les nouakchottois, la valorisation du transfert de compétences par la mise en place d’une structure à 100% mauritanienne, la valorisation du savoir faire. Nous voulons aider à la création d’une entreprise de droit mauritanien pour réduire le taux important de chômage notamment des jeunes.

Nous voulons aussi accompagner l’évolution de la législation traitant de la gestion des déchets dans notre pays. Il s’agira aussi de participer à la structuration du réseau informel qui est très important avec des jeunes charretiers par exemple dont l’âge se situe entre 13 et 25 ans. Nous arriverons ainsi à valoriser l’image de la Mauritanie sur le plan international. Aujourd’hui, nous assurons la présidence de l’Union Africaine. Il faut donc bien que dans un domaine nous soyons un exemple.

QDN: Votre projet prévoit une usine de recyclage des ordures solides. Comment ca va fonctionner concrètement ?

Ce que nous préconisons, c’est une structure privée en charge de la gestion des déchets solides à Nouakchott. Une structure qui permettra plus de transparence dans cette gestion car elle sera auditable. Le gouvernement mauritanien doit inclure la gestion des déchets dans ses priorités de développement et de lutte contre la pauvreté.

QDN: Comment ce centre va être trouvé ?

Le CIDDRIM a déjà négocié avec ses partenaires l’intégralité des conditions. L’avantage d’un Club qui est proche des partenaires, c’est de pouvoir négocier des conditions largement avantageuses.

Aujourd’hui, nous avons la possibilité d’acquérir une usine de traitement sans investisseurs étrangers dans le capital. Nous avons également déjà négocié la venue en Mauritanie d’un personnel hautement qualifié dans cette gestion des déchets pour un transfert effectif des compétences et des savoirs faire. Et, en plus, ces équipes ne seront en aucun cas membres du Conseil d’Administration. Elles seront sous le contrôle d’une société qui, elle, sera chargée de la mise en place, du déploiement de cette unité de traitement.

QDN: Qu’en est-il du coût de cette usine de traitement ?

Ce qui est sur, c’est que ça sera moins cher que ce que nous dépensons actuellement pour la collecte et l’enfouissement des déchets solides a Nouakchott. Ensuite, c’est connu, ce qui coûte cher, c’est ce qui est mal fait.

Question : Pour ce projet, vous avez rencontré les autorités mauritaniennes. Sont-elles réceptives à vos idées ?

J’ai eu plusieurs entretiens cordiaux avec les autorités concernées et j’ai exposé le projet. Ces autorités partagent avec nous l’idée que les déchets ne sont pas seulement une nuisance mais une matière première secondaire, recyclable, de substitution qui peut aider à régler certaines contraintes économiques. Face à la crise, la gestion des déchets, la bonne gestion, peut contribuer aux solutions. Donc avec les autorités, nous allons approfondir la réflexion.

Je dois préciser encore que notre initiative vise la mise en place d’un système ou les collectivités seront accompagnées dans l’exploitation d’une structure autonome à 100/% mauritanienne, ça sera une unité de valorisation des déchets par le partenariat public-privé.

La mise en place d’une structure permettant la gestion des déchets solides, une structure intégrant les critères établis par le ministère de l’environnement et du développement durable, permettant aussi la collaboration des mairies, de la communauté urbaine…c’est le pari gagnant que nous lançons.

Propos recueillis par KD
Le Quotidien de Nouakchott



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Source : Le Quotidien de Nouakchott

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