19-02-2014 10:12 -

Une dizaine de partis politiques mauritaniens, réunis au sein de la Coordination de l’Opposition démocratique, a boycotté les élections municipales et législatives d’octobre et décembre 2013.
Pour l’élection présidentielle de juillet 2014, le pouvoir veut visiblement la participation de toute la classe politique. Lundi 17 février 2014, le premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, a rencontré Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Force de Progrès (UFP), un parti membre de la COD. Cette rencontre a eu lieu sur demande du premier ministre.
Objet : « échanger les points de vue sur la meilleure manière d’organiser une présidentielle consensuelle. » Une journée après cette rencontre, le président de l’UFP, face a la presse, en a fait le compte rendu suivant :
« Le premier ministre m’a dit que l’objectif de notre rencontre est de discuter de l’organisation d’une élection présidentielle consensuelle. J’ai ajouté que cette élection doit être aussi incontesté si non incontestable. Pourquoi ? Il n’est pas tolérable pour l’intérêt nationale, pour la stabilité du pays que le prochain président soit mal élu. La Mauritanie a un système présidentiel, voire présidentialiste.
Un président mal élu ouvre une période d’instabilité pour son pays. Nous avons vu ailleurs en Afrique que ce genre de situations peut être source de danger. Des États se sont écroulés car des crises politiques ont été mal gérées. La république centrafricaine est une illustration. Un président y a organisé des élections mal acceptées, contestées. La crise a éclaté. Un troisième larron est sorti de la savane et bousculé tout le monde, l’État tout entier.
Donc il est impératif, et nous en avons convenu, que les prochaines élections soient consensuelles et incontestées. Comment y parvenir ? C’est par le dialogue entre le pouvoir et l’opposition. J’ai dit au premier ministre que la première responsabilité repose sur les épaules du pouvoir. C’est le pouvoir qui doit veiller à la conclusion d’un accord pour éviter la poursuite du blocage, de l’impasse.
J’ai dit au premier ministre qu’il est de la responsabilité du pouvoir de rassurer l’opposition. Une opposition qui est placée dans une position impossible. Lors de la dernière tentative de dialogue, quelques jours avant les élections municipales et législatives de novembre 2013, le pouvoir a empêché les discussions d’aboutir et a contraint l’opposition au boycott.
Si le pouvoir n’ouvre pas de perspectives à l’opposition, il la place dans une position de radicalisation source de confrontations. Il est de la responsabilité du pouvoir, dans l’intérêt du pays, de rendre viable ses rapports avec l’opposition. L’attitude de ce pouvoir par rapport au dialogue doit changer. On ne peut pas discuter trois jours et si on n’obtient pas les résultats que l’on attend, on se débarrasse du dialogue.
Le premier ministre voulait savoir l’approche générale à adopter pour ce dialogue. Je lui ai dit que je parle au nom de l’UFP qui a toujours été pour le dialogue. Je sais que la COD (actuellement présidée par Ahmed Ould Daddah, président du RFD) est dans les mêmes dispositions et elle (la COD) le prouve toujours. J’ai dit au premier ministre que les modalités, les conditions de ce dialogue doivent être discutées avec la COD qui ne demande que des discussions sérieuses pour sortir le pays de la crise.
Mon entretien avec le premier ministre intervient après une rupture du dialogue par la faute du pouvoir. Il intervient après notre boycott des législatives et municipales. J’ai eu l’impression que le Premier ministre adhère à l’idée d’élections incontestables. Cet entretien est un pas positif dans la bonne direction. Il reste que c’est encore le stade des intentions. Nous souhaitons que ces intentions soient suivies d’effets. »
Quels actes forts le pouvoir peut poser pour rassurer l’opposition, pour que cette opposition n’ait pas l’impression qu’il s’agit d’une manœuvres politicienne pour la diviser, la maintenir dans l’indécision ?
Réponse de Mohamed Ould Maouloud : « Ces actes forts doivent être définis par la COD. Je ne peux pas avancer de suggestions à la place de cette coordination. Ce qui est sur, c’est que, comme on dit : chat échaudé craint l’eau froide. Les dialogues passés ont laissé une très mauvaise impression sur la disponibilité réelle du pouvoir à discuter pour parvenir à une solution consensuelle.
Il faudrait que ce pouvoir donne la preuve de sa bonne volonté. S’il le fait, il pourrait y avoir réussite. L’opposition ne veut rien d’autre qu’un dialogue sérieux. La COD veut des garanties minimales pour des élections crédibles. »
Khalilou Diagana
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Communiqué
A la demande du Premier Ministre, Monsieur Moulaye ould Mohamed Laghdaf, une rencontre a eu lieu le lundi 17 février 2014 entre celui-ci et le Président de l’UFP, Mohamed ould Maouloud.
L’entretien, cordial, a essentiellement porté sur la question cruciale de la prochaine élection présidentielle, à propos de laquelle le Premier Ministre a voulu s’enquérir de l’opinion de l’UFP et de l’opposition en général. Après avoir salué l’esprit d’ouverture traditionnel de l’UFP, Monsieur Moulaye ould Mohamed Laghdaf a notamment souligné le souci du gouvernement d’œuvrer pour que le scrutin se déroule dans des conditions acceptables.
Pour sa part, le président Mohamed ould Maouloud s’est félicité de cette volonté affichée du gouvernement de rechercher un consensus national autour de la question cruciale des élections. Il a insisté à cet égard sur la nécessité que s’instaure un dialogue sincère et fructueux qui tire les enseignements des échecs antérieurs. C’est la seule alternance à l’impasse politique et aux risques graves qu’elle pourrait engendrer pour le pays.
Le président de l’UFP a en outre insisté pour que la méthodologie à suivre puisse être définie d’un commun accord, notamment avec la COD. Au terme de cet entretien, franc et sincère, les deux parties ont convenu que le dialogue qui doit s’instaurer en vue de créer un climat favorable à la paix et à la sécurité dans le pays, doit déboucher sur des élections consensuelles et incontestées.
L’UFP se félicite de cette initiative du gouvernement dont elle espère qu’elle inaugure une nouvelle dynamique de relations apaisées entre tous les acteurs de la scène nationale.
Nouakchott, le 18 février 2014.
Le Département de la Communication
Source :
Rédaction Cridem
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