vendredi 31 janvier 2014

Pour le Pentagone, le Sahel est devenu un «incubateur» jihadiste


Cliquer pour une photo plus grande
Pour le directeur du renseignement américain, James Clapper, des risques d’attentats pèsent sur le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie « en représailles à leur soutien à l'intervention militaire française au Mali ». Selon le Pentagone, la porosité des frontières et la circulation des armes accentuent la déstabilisation de la Libye.
 
Les chefs des services des renseignements américains, auditionnés mercredi 29 janvier par la commission du Sénat américain chargé des questions de renseignements, ont fait le point sur les menaces terroristes qui pèsent sur les Etats-Unis.
L’Afrique subsaharienne est devenue un « incubateur » pour des terroristes qui mènent des attaques « de plus en plus meurtrières », décrit le directeur du renseignement américain (DNI), James Clapper, dans un document remis au Sénat américain. Les gouvernements de la région sahélienne, par leurs capacités réduites et la corruption, sont des cibles faciles, explique par ailleurs James Clapper.
L'impact de l'intervention française au Mali
Ce dernier a également mis l’accent sur les défis à relever par les gouvernements, qui ont soutenu l’intervention française au Mali. « Les gouvernements de la région du Sahel, particulièrement le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie, courent le risque d'attaques terroristes, essentiellement en représailles à leur soutien à l'intervention militaire française au Mali en janvier 2013 », a déclaré James Clapper devant les sénateurs américains.
Porosité des frontières
Comme les ministres américains et français de la Défense voilà quelques jours, les experts à Washington décrivent une vaste zone de non-droit qui va « de la Guinée-Bissau à la Somalie ». La situation dans l’Est libyen est particulièrement inquiétante, d’après le Pentagone, qui décrit des frontières poreuses. James Clapper estime que les « quantités massives d'armes en circulation déstabilisent davantage le pays, le Maghreb et la région sahélienne ».
Samuel Laurent: «Le désert libyen est devenu un haut lieu de la contrebande et du terrorisme»
La Libye, comme la Somalie, sont des « creusets terroristes », selon James Clapper, qui estime que des filières d’al-Qaïda - dont les capacités d’action ont été réduites, dans les régions qui constituaient jusque-là des sanctuaires – tentent de se reconstituer dans ces zones.
Source : Rfi.fr

jeudi 30 janvier 2014

Mali : retour sur la bataille décisive de Konna

31-01-2014 07:00 - 

 Mali : retour sur la bataille décisive de Konna
En janvier 2013, la bataille de Konna avait porté un coup d'arrêt à l'expansion des groupes jihadistes au nord du Mali. Laurent Touchard* revient en détail sur cet épisode qui a vu l'entrée en guerre des Français avec l'opération Servalmais aussi une résistance courageuse des forces maliennes.

* Laurent Touchard travaille depuis de nombreuses années sur le terrorisme et l'histoire militaire. Il a collaboré à plusieurs ouvrages et certains de ses travaux sont utilisés par l'université Johns-Hopkins, aux États-Unis.

Dans le document que Blaise Compaoré reçoit des représentants d'Ansar Eddine, le 1er janvier 2013, figurent deux points principaux. Tout d'abord, l'organisation radicale demande que "le caractère islamique de l'État du Mali soit proclamé solennellement dans la Constitution." 

Ensuite, si l'idée de l'indépendance du nord n'est plus envisagée à court terme, est mentionnée celle d'une autonomie de l'Azawad. Bien entendu Bamakorefuse ; Iyad Ag Ghaly annonce alors que son offre de cessation des hostilités est désormais caduque.

Dans la foulée, il amasse des forces de plus en plus nombreuses au nord de la ligne de démarcation entre le nord et le sud Mali, encouragé par l'absence de réaction de la communauté internationale et surtout, de la France. Les 4x4 sont chargés de bidons de carburant, d'eau, de vivres, de munitions. Bientôt, il ne fait plus aucun doute que les combattants d'Ansar Eddine vont en découdre... 

Cette offensive creusera la tombe des capacités militaires "conventionnelles"d'Ansar Eddine, du Mujao et des katibas d'Aqmi dans la région. Elle apportera aussi la preuve – une fois encore - que la fragile armée malienne dispose de militaires de valeur en dépit de terribles lacunes.

Les forces en présence

Le 7 janvier, les dissidents se regroupent tout d'abord à Bambara Maoudé, à environ 210 kilomètres à vol d'oiseau au nord est de Mopti (287 kilomètres par la route). Puis ils se rapprochent, établissant une zone de desserrement à Boré, à 101 kilomètres au nord est de Mopti (124 par la route). Or, sur le trajet qui conduit de Boré à Mopti, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest, il y a la localité de Konna. 

Celle-ci bloque donc l'itinéraire qui conduit à la base de Sévaré, près de Mopti. Ce d'autant plus qu'à l'ouest de Konna, il y a le fleuve Niger. La coupure humide souligne le chemin entre les deux villes tout en barrant l'espace géographique à l'ouest. Le fleuve compartimente donc le terrain en une sorte de couloir qui conduit à Mopti. Mopti, c'est aussi la porte vers le sud. Sévaré en est le verrou,Konna le trou de serrure...

En tout, 1 500 à 2 500 combattants islamistes se concentrent en quelques jours au nord de la ligne de démarcation, avec jusqu'à 300 pick-ups dont beaucoup sont armés. Il ne s'agit que d'une partie de leurs forces, à savoir les plus mobiles, les mieux équipées et les plus aguerries. Les autres, les "auxiliaires" recrutés à coups de dollars, les volontaires plus opportunistes que fanatiques ; milices peu solides qui contrôlent les villes pour empêcher toutes rebuffades des populations, elles s'évanouiront dans la nature à la première occasion. 

Ces rebelles sont bien armés comme nous l'expliquions dans un article avant l'opération Serval. Cependant, leur matériel est loin d'être aussi sophistiqué que d'aucuns l'affirment à l'envi.

Face à eux, le colonel Didier Dacko qui commande le dispositif opérationnel malien, est en mesure d'aligner des unités avec des hommes motivés. C'est d'ailleurs leur seul véritable atout. Ces unités comprennent le Groupement des Commandos Volontaires (GCV) du commandant Abass Dembélé, le 62e Régiment d'Infanterie Motorisée, ainsi que des éléments du 35e Régiment Blindé et du 36e Régiment d'Artillerie à quoi s'additionnent ce qui subsiste des troupes de la 1ère Région Militaire désormais occupée par l'ennemi.

>> Lire aussi le difficile inventaire de l'armée malienne

Premiers accrochages

En théorie, les négociations entre l'État malien et les islamistes doivent reprendre à Ouagadougou soixante-douze heures plus tard, le 10 janvier 2013. En théorie seulement. Dans la nuit du 7 au 08, des tirs de sommations maliens expliquent aux islamistes qu'ils seraint bien avisés de stopper leur progression en direction de la ligne de démarcation. Ceux-ci semblent comprendre le message et s'arrêtent.

En réalité, ils ne renoncent pas : ils se déploient. Le 8 janvier, à 18 heures, Ansar Eddine entreprend d'harceler les positions malienne à coups de roquettes de 122 mm, d'obus de canons sans-recul. Les échanges de tir se prolongent jusqu'à une heure du matin. Contrairement à ce qu'espéraient certainement les insurgés, les gouvernementaux ne se débandent pas à la première escarmouche.

Le 9 janvier, le lieutenant-colonel Mamadou Samaké veut en savoir davantage sur le dispositif qui se met en place, et ainsi, mieux appréhender les intentions de l'ennemi. En fin de journée, il lance donc une reconnaissance offensive qui s'organise autour d'une dizaine de blindés légers BRDM-2 et d'éléments du 62e Régiment. Il commande personnellement l'ensemble. Aucun contact n'a lieu durant la mission. La colonne fait donc demi-tour : retour sur Konna. Les combattants d'Ansar Eddine se dévoilent alors. Tandis qu'un groupe mène l'embuscade contre l'élément mobile totalement surpris, un autre fonce en direction de Konna. 

Cavalcade sur Konna

Ce groupe assaille la localité de trois côtés, à partir de 8 heures 30 : au nord, par la route de Korientzé, à l'est par la route de Douentza et plus au sud afin de couper la retraite de la garnison. Tout en l'isolant d'éventuels renforts. 

Peu après, à Bamako notamment, va courir la rumeur que des combattants islamistes se sont infiltrés, déguisés en civils, à bord d'un bus de la société de transport Sonef. Il n'en est rien : l'agresseur déboule alors que l'identité des passagers du bus - de véritables civils - est en cours de vérification. Le bus en question est d'ailleurs pris pour cible par les hommes d'Iyad Ag Ghaly. Cet incident témoigne de la confusion qui règne dans le pays. 

À ce moment, les forces gouvernementales sont dispersées, les ordres n'arrivent pas, la cohésion s'émiette, les munitions s'épuisent trop vite, la logistique est déplorable. En outre, les islamistes d'Ansar Eddine et leurs alliés jihadistes d'Aqmi et du Mujao interceptent les messages radios pour connaître les mouvements et positions des militaires maliens qui ne s'astreignent que peu ou prou aux règles élémentaires de sécurité dans les transmissions. Les compte-rendu remontent mal - voire pas du tout - aux chefs qui n'ont qu'une vue partielle - voire fausse - de la situation...

Tactiquement, les combattants islamistes s'imposent. À découvert, ils vont vite, ils manœuvrent. Dans Konna, ils sautent de leurs 4x4. Appuyés par les mitrailleuses lourdes montés sur leurs véhicules, ils pénètrent dans les habitations, prennent position sur les toits et, de là, au milieu des civils, allument les gouvernementaux qui ripostent tant bien que mal, sans forcément savoir où sont postés ceux qui s'infiltrent si habilement et qui, ensuite, les canardent à la Kalachnikov, au PKM et au RPG-7.

Pour ne rien arranger, les militaires qui composent la garnison sont convaincus que l'élément mobile a été anéanti. Même s'ils se trompent à ce sujet, l'issue de la bataille est prévisible... La défaite semble de plus en plus inévitable, mais des soldats et des gardes nationaux résistent avec courage, bien que dominé par la maîtrise tactique et la puissance de feu de l'ennemi.

Cependant, les actes de bravoure ne suffisent pas à rétablir une situation désormais catastrophique. Vers 10 heures, les islamistes sont solidement implantés dans Konna ; les militaires n'ont plus les moyens de les en déloger. Aux environs de 11 heures, les troupes qui composent la garnison entament leur repli. Les combats se poursuivent jusque vers 16 heures, en particulier contre les rebelles qui ont débordé au sud. A 17 heures, l'affaire est dans le sac pour les islamistes : leurs pick-ups roulent dans la ville dont ils sont maîtres. 

De son côté, la colonne mobile réussit finalement à rompre le contact. Cadres et soldats savent maintenant que Konna est tombée. Ils n'ont plus de munitions et, de toute manière, leur infériorité numérique criante les empêche d'envisager une contre attaque efficace. Judicieusement, Samaké ordonne le repli. Il faut rejoindre le reste des forces qui a évacué la ville.

Désormais, la priorité numéro une, la P1, c'est de bloquer les islamistes pour qu'ils n'atteignent pas Sévaré. Dans le courant de la soirée, vers 20 heures, un communiqué mentionne la reprise de Konna grâce à l'aviation malienne ; le centre serait sous contrôle gouvernementale tandis que le colonel Gamou et ses forces auraient traversé la frontière du Niger pour reprendre Gao.

En réalité, il s'agit de désinformation, tant pour préserver le moral des Maliens que pour tenter, maladroitement, de semer le trouble dans le camp ennemi. Sans succès. Intervention des hélicoptères Mi-24

Le lendemain, l'Armée de l'Air malienne entre en lice. Deux Mi-24 Hind remis en état au cours des mois précédents décollent de Bamako et se posent à Sévaré. De là, ils "strafent" les islamistes autour de Konna vers 09 heures. Même aux mains d'un équipage inexpérimenté et avec des tirs imprécis, l'attaque de ces engins, parfois surnommés "chars volants" reste impressionnante. Les combattants d'Ansar Eddine ne s'attendent pas à leur intervention. 

Celle-ci provoque donc quelques pertes et un certain flottement dans leur rang. Mais là encore, cela ne suffit pas à les arrêter : il est désormais clair qu'ils veulent s'emparer de Sévaré où croît la panique. Le spectre d'une - nouvelle - lourde défaite se profile dans le fracas des rafales de Douchka qu'accompagnent les murmures de la peur.

Mais, cela ne ressemble toujours pas à la déroute qu'attendent les hommes d'Ansar Eddine. L'armée malienne, pour faible qu'elle soit, ne s'est pas évaporée dans la nature. Certes, tout le système défensif malien se casse la figure. Cependant, il s'écroule assurément moins vite que ne l'escomptaient les groupes dissidents.

Le colonel Didier Dacko, qui commande le dispositif malien du secteur fait flèche de tout bois. Les personnels de l'Armée de l'Air de Sévaré reçoivent l'ordre de se préparer à combattre en tant que fantassins. Les éléments disponibles se déploient face aux axes supposés de l'arrivée des islamistes. Une vingtaine deBRDM-2 et des hommes du 33e Régiment Para-Commando sont dépêchés deBamako et de Kati. Malheureusement, les combattants d'Ansar Eddine reçoivent eux aussi des renforts du Mujao et probablement d'Aqmi, estimés à environ 500 hommes.

Retournement de situation et reprise de la localité

Le retournement de situation se produit vers 16 heures, avec le vrombissement"élancé" de moteurs de Gazelle. Elles appartiennent au 4e Régiment d'Hélicoptères des Forces Spéciales (4e RHFS) : la France est désormais de la partie. Les deux hélicoptères légers, qui volent à très basse altitude, ciblent une colonne de pick-ups au missile antichar HOT et au canon de 20 mm. Ils détruisent quatre véhicules, contraignant les autres à rebrousser chemin. Le coup d'arrêt a été donné.

Non sans mal : des tirs d'armes légères touchent les deux voilures tournantes. Dans l'une d'elles, le lieutenant Damien Boiteux est mortellement blessé. Il parvient néanmoins à poser son appareil à Mopti et meurt durant son évacuation. La seconde Gazelle atterrit en catastrophe non loin de la zone d'engagement ; elle sera détruite peu après. Le bilan est lourd. Mais les rebelles sont stoppés.

>> Lire : la France a-t-elle piégé les jihadistes en janvier 2013 ?

Le lendemain, l'armée malienne annonce la reprise de Konna, ce qui est loin d'être le cas. Dans la nuit du 11 au 12, les Mirage 2000D frappent à leur tour depuis le Tchad. Ce 12 janvier, l'armée donne le bilan de 11 soldats morts et de 60 blessés ; bilan en contradiction avec les témoignages des habitants de la ville qui comptent bien davantage de cadavres en uniforme.

L'organisation radicale islamiste évoque quant à elle 25 soldats maliens tués, 11 véhicules et 6 "chars" (en réalité, des BRDM-2 ou BTR-60PB) détruits. Les rebelles n'ont pas non plus été épargnés : plusieurs dizaines de combattants perdent la vie lors des combats contre les Fama ou sous les raids aériens.

Un des cadres militaires d'Ansar Eddine, surnommé "Kojak", périt d'ailleurs dans la fournaise. De nombreux véhicules – dont beaucoup capturés précédemment aux forces maliennes, à l'instar de lance-roquettes multiples BM-21 – sont également "traités" aux bombes guidées ou aux missiles antichars.

Le 14 janvier, l'ennemi a saisi qu'il ne progressera plus sur l'axe Konna-Sévaré-Mopti. Il bascule donc son effort sur Diabaly en lançant une seconde offensive.Aqmi est en fer de lance de celle-ci, avec la katiba d'Abou Zeïd. Le 15 janvier, alors que les combats font rage dans la zone de Diabaly, le ministre de la Défense français annonce que Konna n'a toujours pas été reconquise, même si les chasseurs-bombardiers et les hélicoptères mènent de nombreuses missions contre des islamistes et jihadistes désormais exsangues.

Le 17 janvier, seuls quelques combattants rebelles sont encore dans la localité. Le lendemain, l'armée malienne peut enfin annoncer – et, cette fois, la nouvelle est vraie – que Konna est sous contrôle.

De la défaite de Konna à l'avenir des Fama

Cette offensive, islamistes et jihadistes la lancent en commettant deux erreurs d'appréciation. D'une part, ils n'imaginent pas une opération de guerre déclenchée par la France. D'autre part, ils sous-estiment la résistance malienne.Konna tombe effectivement en quelques heures. Toutefois, nous venons de le voir, la défaite des forces maliennes ne se transforme pas en débâcle absolue. 

Oui, les capacités des Fama sont alors mauvaises, le moral souffre des défaites et des zizanies fratricides. Pourtant, des officiers, sous-officiers et soldats, des gardes nationaux démontrent leur patriotisme, leur détermination, leur esprit combatif. Malgré l'adversité, il ne fait aucun doute que beaucoup d'entre eux ont l'étoffe pour devenir d'excellents militaires, tacticiens émérites, expérimentés, responsables, respectueux des droits de l'Homme, intègres, conscients de leurs devoirs. Professionnels.

Cette étoffe demande bien plus qu'un ou deux ans de travail supplémentaire. Cela implique de prolonger le programme de formation de l'EUTM-Mali bien au-delà de mars 2014. Il importe en effet d'entraîner la totalité de l'armée malienne, tandis que le quatrième bataillon (et en théorie, le dernier) est en cours d'instruction. 

Faire de l'institution militaire malienne un corps homogène, débarrassé de son atavisme de "syndicalisme" qui sied mal à une armée, est un pré-requis au rétablissement progressif de l'autorité de l'État sur l'ensemble du territoire. La lutte contre la résurgence des trafics et du terrorisme dans le nord passe par le développement économique, par des structures administratives et judiciaires, par l'éducation et la culture. Mais l'approche globale n'exclut pas de disposer de forces de sécurité capables. L'ensemble est complémentaire en un tout qui garantit la paix pour chacun.

Enfin, pour que d'autres batailles de Konna ne se déroulent plus, il faut aussi réfléchir à très long terme. Il est essentiel de ne pas abandonner les Famalorsqu'elles auront été formées dans leur entièreté. De songer à ce que sera un"après-EUTM". Comme dans tout autre domaine, les acquis militaires s'estompent dangereusement vite s'ils ne sont pas entretenus et perfectionnés. À quoi bon former la moitié d'une armée malienne qui, au bout du compte, sera bancale, pour devoir tout recommencer dans dix ans ?

Dans un prochain billet, nous reviendrons sur les forces armées maliennes aujourd'hui...

___________ 

>> Retrouver tous les articles du blog défense de Laurent Touchard sur J.A.

>> Pour en savoir plus : consulter le blog "CONOPS" de Laurent Touchard

Par Laurent Touchard



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité



Source : Jeune Afrique

L’élection du président mauritanien à la tête de l’UA fait polémique


Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le 6 octobre 2012.
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le 6 octobre 2012.
REUTERS/Darrin Zammit Lupi/Files

Par RFI
Le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été élu ce jeudi 30 janvier à la présidence tournante de l’Union africaine pour un an. Une décision qui ne fait pas l’unanimité, car nouveau président en exercice est l’auteur du premier coup d’État intervenu après l’adoption par l’UA de sa charte pour la démocratie et les élections.

Avec notre envoyé spécial à Addis-Abeba,
L’élection du Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à la tête de l’Union africaine est passée comme une lettre à la poste. Une élection largement facilitée par le fait que la présidence tournante revenait à la région de l’Afrique du Nord. Or la Mauritanie était seule en lice.
L’Algérien Abdelaziz Bouteflika, malade, est donc absent de la scène politique. Et son pays organise en avril prochain des élections présidentielles. En Tunisie, le gouvernement vient à peine d’être formé et le président Marzouki est plus préoccupé par la situation intérieure que par un rayonnement diplomatique. La Libye est pour sa part en pleine déliquescence institutionnelle. Quant à l’Égypte, elle est suspendue de l’Union africaine.
Mohamed Ould Abdel Aziz a-t-il donc été élu par défaut ? C’est en tout cas un mauvais signal pour l’Afrique, dénoncent ses détracteurs. Un diplomate ironise : pourra-t-il par exemple refuser l’accès de l’Union africaine au général égyptien Abdel Fattah al-Sissi si ce dernier se faisait élire ? Les valeurs partagées ont en tout cas la vie dure à l’Union africaine.
TAGS: ABDEL FATTAH AL-SISSI - MAURITANIE - MOHAMED OULD ABDEL AZIZ - UNION AFRICAINE

Nations Unies : Le secrétaire général nomme Ismail Ould Cheikh Ahmed de la Mauritanie, au poste de...

30-01-2014 22:29 -

Nations Unies : Le secrétaire général nomme Ismail Ould Cheikh Ahmed de la Mauritanie, au poste de...
...représentant spécial adjoint pour la Libye. 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a nommé aujourd’hui M.Ismail Ould Cheikh Ahmed, de la Mauritanie, comme son nouveau Représentant spécial adjoint et Chef adjoint de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye(MANUL), en même temps qu’il occupera les fonctions de Coordonnateur résident et Représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 

M. Ould Cheikh Ahmed remplace M. Georg Charpentier, de la Finlande, qui était Représentant spécial adjoint depuis octobre 2011. Le Secrétaire général est reconnaissant pour les services rendus par M. Charpentier au cours de son mandat en Libye, et pour sa contribution à la coordination du système desNations Unies dans ce pays. 

M. Ould Cheikh Ahmed apporte avec lui plus de 27 années d’expérience avec lesNations Unies dans les domaines du développement et de l’assistance humanitaire en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est

Ses derniers postes furent en Syrie et au Yémen, où il a été Coordonnateur résident des Nations Unies, Coordonnateur humanitaire et Représentant résident du PNUD, respectivement de 2008 à 2012 et de 2012 à 2014.

Il a également occupé plusieurs postes au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), y compris ceux de Directeur de la gestion du changement àNew York, Directeur régional adjoint pour l’Afrique orientale et australe àNairobi, et Représentant en Géorgie.

M. Ould Cheikh Ahmed est titulaire d’une maîtrise en développement des ressources humaines de l’University of Manchester, au Royaume-Uni, d’une licence en économie de l’Université de Montpellier, en France, et d’un certificat supérieur en économie et en analyse des politiques sociales de la Maastricht Graduate School of Governance, aux Pays-Bas

Né en 1960, M. Ould Cheikh Ahmed parle couramment l’anglais, le français et l’arabe.



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité



Les propos du diplomate Ould Abdallah ont été dénaturés

30-01-2014 23:08 - 

Les propos du diplomate Ould Abdallah ont été dénaturés
Dans son édition N° 734 du 22 janvier 2014, le journal Biladi, relayé en cela par certains médias de la place, a rapporté une déclaration faite par son excellence Ahmedou Ould Abdallah sur l’état et effets induits de la corruption dans le monde. 

Diplomate chevronné et disposant d’une riche expérience dans le domaine de la gestion des crises, dont il sait les conséquences pour en avoir profondément prospecté les origines, Ould Abdallaha été précis dans ses propos, non sans avancer des arguments qui ne sont réfutables à l’aune d’aucun constat se prévalant de l’objectivité. 

Dans cette déclaration, qui se veut un tableau de bord et un terminal d’indicateurs de transparence, il a été question de beaucoup de pays, dont la Mauritanie, cités à titre d’exemples pour illustrer la situation que l’auteur voulait décrire et non dans le but d’en dénoncer la gouvernance comme certains ont voulu l’accréditer en en faisant leur propre lecture. 

On y apprend, par exemple que ‘’d’après le Global Financial Integrity, plus de 1300 Milliards de dollars se sont évaporés du continent africain au cours des trente dernières années.’’ 

Et Ould Abdallah d’ajouter, quoique implicitement, ‘’que l’Afrique n’a pas le monopole de la corruption et que ce fléau existe aussi en Europe, aux Etats Uniset ailleurs et que la seule différence est l’impunité dans nos Etats.’’ Africains s’entend.

Prévoyant mais s’astreignant aux règles d’éthique en matière d’information, le diplomate avait en quelque sorte anticipé l’usage politicien qui ne manquera pas d’être fait de sa déclaration. Il avait dit en substance : ‘’Mon propos ici est de mettre en garde contre ce mal qui, en gangrenant un pays, favorise tous les facteurs d’insécurité et de division.’’

Contrairement à la manière dont cette déclaration a été reprise par certains médias, qui ont voulu, pour des raisons qui leur sont propres, associer le nom deould Abdallah à des critiques acerbes contre le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, je pense que les mobiles du diplomate sont ceux là mêmes qu’il a mis en avant et que s’ils avaient été autres, jamais il n’en aura fait mystère.

Il est d’ailleurs évident qu’il ne peut en être autrement et ce, pour la simple raison que, du haut de sa stature internationale, Ould Abdallah n’acceptera pas de voir sa brillante carrière diplomatique finir dans l’ambiguïté d’une profession de foi politicienne et de surcroît dirigée contre son propre pays .

Pour rapprocher davantage l’opinion publique de l’image qu’il veut lui présenter,Ould Abdallah la renvoie à l’exemple vivant de Nouakchott pendant l’hivernage. ‘’Rues neuves défoncées, activités informelles et artisanales paralysées’’ 

Si le diplomate voit se profiler derrière cette situation le détournement, vers des poches privées depuis plusieurs années, des ressources financières affectées à la gestion des voiries, il n’en éclaircit pas moins la finalité de la corruption qui le consacre en lui donnant un caractère institutionnel.

Se refusant à l’accusation à l’échelle individuelle des responsables et préférant donner une dimension pédagogique à son constat, Ould Abdallah précise : ‘’la corruption dont je parle est celle qui affecte, en les discréditant, les institutions de l’Etat. Pire, elle le retribalise, car elle encourage les complicités claniques comme naguère les rezzous.’’

L’auteur de la déclaration rappelle : ‘’Qu’aux niveaux national et international, il convient d’éviter de considérer la corruption comme un fait culturel.’’ En d’autres termes, une fatalité. 

Dans le répertoire des exemples, dont il use en connaisseur, il soutient que :’’Des pays jadis indexés comme structurellement corrompus, sont devenus aujourd’hui des exemples de transparence, il s’agit de Hong Kong, Malaisie, Singapour.

Et dans celui des recommandations, il suggère : ‘’que le gouvernement et son administration, se doivent d’entamer une campagne de clarification sur les questions dont parlent les citoyens les plus modestes. Phosphates de Bofal/civé, Polyhondong, Gaz industriel, coopération avec le Soudan, (sucre, avitaillement),nouvel aéroport de NouakchottZone Franche de Nouadhibou, extension guelbetc.’’

En énumérant ces éléments à controverse, Ould Abdallah aurait pu situer les responsabilités, ne serait-ce que celles évidentes du gouvernement. Il s’est pourtant refusé à ce rôle de vigile qui ne lui sied pas et, dans un élan conciliateur, a interpellé en ces termes le patriote qui sommeille au tréfonds de chacun de nous : ‘’Les leaders politiques majorité-opposition, les responsables de la société civile, les syndicats, patronat et médias, en fait notre société toute entière, gagne à être mieux informée sur ces projets pour les soutenir, les améliorer ou les retirer.’’

Dans sa conclusion, Ould Abdallah situe le phénomène dans un contexte beaucoup plus vaste qu’il connait bien et où la volonté internationale de l’éradiquer, vient s’ajouter au devoir d’en dénoncer les auteurs sans verser dans la chasse aux sorcières ni dans la complaisance de la critique gratuite.

Il dit à cet effet : ‘’La grande corruption, par l’exclusion sociale et les injustices qu’elle engendre, est sans doute la principale cause de l’insécurité dans le Sahelet le Sahara. A cet égard, il est intéressant de noter que la prestigieuseconférence annuelle sur la sécurité de Munich traitera cette année de la corruption comme menace à la stabilité et à la sécurité dans les pays fragiles.’’

Lecture faite par M.S.Beheite (Pour Cridem



Lettre posthume au Président Sidi el Mokhtar N’Diaye

30-01-2014 23:47 - 

Lettre posthume au Président  Sidi el Mokhtar N’Diaye
Monsieur le Président,
Vous nous avez quittés le 25 janvier 1997 à un moment difficile de la vie de notre pays. C’était avant que nous ayons eu le recul nécessaire pour une lecture attentive de notre histoire, en particulier, les épisodes dans lesquels vous avez été un acteur de premier plan. 

Les régimes militaires qui ont gouverné le pays depuis plus de trois décennies se sont, hélas, attelés à passer sous silence le rôle des hommes de votre génération dans la création de celui-ci.

A l’école, l’histoire du pays, si elle était enseignée, se limitait à la période coloniale et la résistance, la décolonisation et les premiers pas du jeune état n’étant connus que de ces acteurs, dont vous avez été, sans contexte, l’une des éminences grises. 

Je suis persuadé de vous avoir croisé à Rosso, entre 1975 et 1977, où j’étudiais encore au Collège. J’ai même appris, beaucoup plus tard, que je suis venu à plusieurs reprises à votre domicile avec des amis de classe, vraisemblablement, vos fils et/ou neveux. Je n’avais alors aucune idée de l’homme que vous étiez, ni du rôle que vous aviez joué dans la création de ce pays. Je ne me rappelle pas avoir remarqué à l’époque que les populations de la médina, dans laquelle vous habitiez, vous entouraient des égards qui convenaient à votre rang. 

Plus tard, je ne sais quand, j’ai commencé à entendre parler de vous. Vous étiez alors, pour moi, le commis de l’administration coloniale qui a mis sa connaissance du pays et le réseau de ses relations sociales au service des intérêts de la France. Vous étiez à mes yeux un « sénégalais » qui était chargé par l’administration coloniale de prendre la revanche pour Ivon Razac et remplacer un homme du terroir ayant plus de légitimité pour représenter la Mauritanie et qui œuvrait pour son indépendance. 

Vous étiez, en effet, le chef de fil des défenseurs du « oui » en 58 pour prolonger la présence française et rester ainsi seul maître à bord. Vous aviez accepté avec amertume l’indépendance du pays et vous n’avez pas tardé « à constituer un obstacle à sa bonne marche ». Je me disais, donc, que vous méritiez largement le sort que le Père de la nation vous a réservé.

Mais, depuis bientôt dix ans, j’ai commencé à découvrir l’homme politique d’envergure que vous étiez et vos idées, permettez moi de le dire, en avance sur leur temps, s’agissant notamment de l’instauration de la démocratie dans notre jeune état. J’ai surtout apprécié à sa juste valeur votre rôle dans le choix de celui qui deviendra le « Père » de notre nation que vous aviez découvert, semble-t-il au cours de la période où il était interprète au nord du pays, et surtout au cours du congrès constitutif de l’UPM en 1947.

Même s’il ne vous cite pas parmi les amis qui lui ont conseillé de se présenter en 1946 pour l’élection du premier député devant représenter la Mauritanie à l’Assemblée Nationale française, contre votre ami Razac et votre futur adversaireHorma Ould Babana, vous l’aviez, tout de même, identifié très tôt, en lui proposant de briguer le poste de représentant de la Mauritanie à l’Assemblée de l’Union Française, en 1953, pour remplacer N’Diawar Sarr, sous les couleurs du parti que vous présidiez, l’U.P.M.

C’est sans doute pour cela qu’il a été effectivement investi par le parti, avant qu’il décidât de se retirer en Faveur de Souleymane Ould Cheikh Sidya. Il rapporte lui-même, dans ses mémoires, que vous l’aviez informé en mars 1956 du vote de la Loi-Cadre et que vous aviez insisté pour qu’il se prépare à assumer la direction de l’autonomie interne. 

Vous êtes donc pour nous le « grand père » de la nation, pour avoir été le géniteur du père de celle ci. Vous avez été député de la Mauritanie à l’Assemblée Française (51-59) et Président de l’Assemblée Territoriale de Mauritanie (52-58). Tous vos collègues, qui ont eu à assumer de telles charges, sont devenus les premiers chefs d’état de leurs pays respectifs.

Vous étiez le Président du parti qui était appuyé par tous ceux qui comptaient dans le pays y compris et surtout par les chefs traditionnels dont l’influence était encore vivace. En dépit de cette position enviable, vous avez volontairement choisi de renoncer à l’exercice du pouvoir exécutif en faveur d’un de vos cadets, que vous aviez identifié comme le meilleur pour mener une telle mission.

Vos deux principaux adversaires politiques, à l’époque, l’Entente et l’AJM(l’Association des Jeunes de Mauritanie) vous avaient accusé de conservatisme. Pour eux, vous n’étiez qu’un étranger à la solde du colon. Plus de cinquante ans après, on se rend compte que, vous étiez simplement un homme pragmatique qui, comme la plupart de ses compatriotes, était partisan d’une approche progressive basée sur des relations privilégiées avec l’ancienne métropole, afin de garantir la stabilité d’une Mauritanie à la croisée des chemins. 

Dans le contexte d’alors, une telle attitude était aisément compréhensible : vos collègues, même les plus révolutionnaires, en dehors du guinéen, avaient voté le référendum de septembre 1958 sur la Communauté. 

Pour ce qui est du doute sur votre « mauritanité », n’en déplaise à vos détracteurs, vous aviez été choisi par tous les émirs, chefs de tribus et chefs de villages pour diriger leur parti et pour les représenter à l’Assemblée Française.

N’êtes vous pas, au demeurant, né en Mauritanie, d’une mère mauritanienne et d’un père lui aussi mauritanien. Même si votre père est né sur la rive gauche, il appartenait à la famille royale du Waalo qui régnait sur les deux rives du fleuve et dont la première capitale fût installée en territoire mauritanien. 

Votre prénom, Sidi el Moktar ainsi que celui de votre cousin, du coté de sa mère, La linguère Ndaté Yalla Mbodj, la dernière grande reine du Waalo, Sidya Diop, confirment s’il en était besoin votre ancrage mauritanien (deux prénoms de deux grands cheikh mauritaniens). Ce dernier, Sidya Diop, a longuement combattu les français, en territoire mauritanien, au coté de son neveux, l’émir du Trarza, Ely Ould Mohamed Lehbib (fils de Ndjeumbeut, votre tante).

Quant à votre père, après avoir fait ses études dans la région de l’Iguidi », il a été l’un des premiers enfants de la famille royale, avec Sidiya Diop , à faire l’école des otages de Saint Louis. Il deviendra donc interprète et consacrera toute sa vie, professionnelle et familiale, à la Mauritanie

On peut, certes, vous reprocher d’avoir voté, le 31 janvier 1956, pour la confiance à Guy Mollet sur son programme politique et pour les pouvoirs spéciaux enAlgérie qui lui étaient accordés le 12 mars de la même année. Mais vous avez, en revanche, voté contre le projet de loi créant une Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) et défendu que la Mauritanie reste en dehors de cette organisation.

C’est vraisemblablement vous qui nous aviez donné ce nom de « République Islamique de Mauritanie » quand nos constituants n’arrivaient pas à s’accorder sur l’appellation à donner à cette nouvelle république. Même si vous avez accompagné le Président Moktar dans ses efforts pour une unité politique entre les partis (c’est grâce à vous et à votre grand ami, l’émir du Tagant,Abderrahmane Ould Bakar, que le congrès d’Aleg a été sauvé), vous n’avez pas accepté de le suivre sur son choix du régime présidentiel. 

Vous décidiez alors de démissionner de la présidence de l’assemblée nationale et du groupe parlementaire du PRM. Vous étiez donc le premier responsable mauritanien à démissionner d’un poste prestigieux pour défendre ses convictions. 

C’est tout à votre honneur. Bien plus, vous aviez désapprouvé l'orientation vers le parti unique voulue par le Président Moktar ould Daddah lorsque celui-ci transforma la Conférence des Cadres, à Kaëdi en janvier 1964, en un congrès extraordinaire du Parti du peuple mauritanien (PPM). 

Avec Souleymane Ould Cheikh Sidiya, vous étiez les deux premiers présidents de l’Assemblée Nationale à avoir refusé de signer votre démission en blanc, en tant que député, ce qui allait entraîner votre exclusion du parti qui deviendra, rapidement, le parti unique du pays. 

Vos tentatives de créer un nouveau parti d’opposition avec Bouyagui Ould Abidine, le Front National Démocratique (FND), vont échouer et votre parti sera interdit. Ironie du sort, contre votre volonté, le ‘’fils’’ que vous aviez adopté a imposé le régime présidentiel et le parti unique et vous a mis à la touche. Les événements de 1966 seront à l’origine de votre retour à la vie publique et votre réintégration au parti, le père de la nation avait besoin d’hommes politiques de votre envergure capables d’apaiser les esprits et d’œuvrer pour renforcer l’unité nationale, fortement affectée, à l’époque. 

Cependant, votre réintégration au parti n’a pas entamé vos convictions sur le multipartitisme et sur le rôle de l’institution parlementaire. Vous aviez été l’un des artisans de la régionalisation, comme première étape vers une participation active des citoyens à la gestion de la chose publique. 

Le Président Moktar reconnait lui-même qu’en vous demandant votre point de vue sur l’attitude vis-à-vis du mouvement des jeunes « kadihines », au début des années 70, vous lui aviez conseillé de leur autoriser la création d’un nouveau parti politique. Si au moins vous avez été suivi sur ce point, nous aurions eu une expérience politique comparable à celle du Sénégal qui a autorisé le multipartitisme au milieu des années 70. 

Est-il besoin de vous dire que si j’interpelle votre mémoire à ce moment précis de l’histoire de notre pays, ce n’est pas pour se demander ce que nous serions devenus si Le Président Moktar vous avait suivi et accepté de conserver le régime parlementaire et le multipartitisme. 

C’est surtout pour vous dire ce que nous sommes devenus, à cause des choix politiques qui ont été faits à l’époque. Vous étiez déjà sûr que nous n’avions pas pris le bon chemin. Après une longue période d’exception, nous nous sommes dotés, vous étiez encore parmi nous mais entièrement retiré de la vie politique, d’une constitution, avec un pluralisme de façade et un régime hyper présidentiel.

Les arguments relatifs à la nécessité d’avoir un pouvoir fort pour un pays fragile sont à l’origine du choix de ce régime, exactement les mêmes qui vous ont été opposés à l’époque. Ce pouvoir « fort » qui nous a été imposé ne nous a procuré ni la stabilité politique, ni la démocratie, ni la justice et encore moins le développement.

La concentration des pouvoirs aux mains d’un seul homme, le Président de la République, dans un pays qui, depuis sa création, n’a connu que le pouvoir autoritaire (civil et militaire) ne fait que perpétuer le pouvoir personnel et empêcher l’émergence de véritables institutions républicaines. La concentration des pouvoirs rendit le rôle des institutions, à fortiori naissantes, en mettant l’Etat au service d’un homme et de ses ambitions.

A l’exception d’une brève expérience de l’unique président civil démocratiquement élu, les deux autres présidents de la deuxième République sont d’anciens militaires qui ont pris le pouvoir par la force et se sont fait‘’légitimer’’ par des élections contrôlées. 

C’est en pensant à vous et à vos idéaux prémonitoires que j’en appelle au bon sens des mauritaniens pour se rendre à l’évidence concernant le régime hyper présidentiel de la constitution de juillet 91 (en dépit des modifications opérées en 2006 et en 2012). A mon sens, celle-ci ne peut enfanter dans notre contexte culturel, économique et social, que des régimes autoritaires et des pouvoirs personnels. 

C’est pour cela que nous n’avons connu que des crises politiques permanentes émaillées de coups d’état militaires. Nous sommes en retard dans notre sous région, tant politiquement qu’économiquement. Car le pouvoir personnel étouffe les institutions. Il ne peut y avoir de démocratie ni de développement sans des institutions fortes. 

Sans pouvoir affirmer avec certitude que votre choix du régime parlementaire était le plus approprié à l’époque, je suis convaincu que c’est le régime qu’il nous faut aujourd’hui. Je suis, au demeurant, parfaitement conscient des risques d’instabilité gouvernementale qui peuvent résulter de ce régime, mais il me semble qu’ils soient bien moindres que ceux qui nous menacent si nous continuons à perpétuer un régime d’essence autoritaire. 

Comme vous l’aviez défendu à l’époque, le régime parlementaire assure une répartition équilibrée des pouvoirs et renforce le rôle des institutions. Les éventuels conflits qui peuvent surgir entre les différentes institutions sont de nature à renforcer ces dernières et consolider, ce faisant l’état de droit. Dans tout régime démocratique le pouvoir est réparti entre des institutions qui sont souvent en « conflit » par rapport à leurs prérogatives respectives. 

Ces conflits sont arbitrés par des institutions, sur la base du cadre juridique existant, et par le dialogue. Ce n’est pas le « pouvoir fort », incarné par un homme, fut-il le Président de la république, qui garantit un règlement amiable de ces conflits. Le pouvoir personnel écrase les institutions, piétine le droit et sa dérive vers l’autoritarisme est inévitable.

La question de l’instabilité du régime parlementaire est démentie par les multiples expériences réussies dans des pays, aussi bien développés qu’en développement. C’est le choix du système électoral qui détermine la stabilité politique et non la nature du régime.

Je vous interpelle aussi pour vous dire que nous sommes à quelques mois d’une élection qui peut constituer une occasion d’or pour nous permettre une sortie définitive de la crise politique que nous vivons depuis plusieurs années.

Nous avons besoin de nous accorder, majorité et opposition, sur des règles garantissant une compétition ouverte, une égalité des chances et toute la transparence requise pour garantir la participation de toutes les forces politiques à cette importante échéance électorale et garantir la reconnaissance de ses résultats par tous les participants. 

Nous avons besoin aussi que tous les candidats à cette élection s’engagent sur le programme minimal suivant : revoir le rôle de nos institutions en instaurant un régime garantissant une séparation effective des pouvoirs ; renforcer le rôle du parlement et répartir le pouvoir exécutif entre le Président et le Gouvernement. 

Un régime parlementaire présidentialiste (dualiste), avec une double responsabilité du gouvernement devant le parlement et le chef de l’état (qui ne doit plus être le chef du gouvernement), peut constituer une étape transitoire vers un régime parlementaire moniste, dont la mise en place permettra de mettre fin à toutes les tentatives d’instauration du pouvoir personnel.

Les candidats à la présidence qui auront à s’engager à mettre en œuvre le programme ci-dessus, dès les premiers mois après leur élection, méritent, à mon sens, le soutien et les suffrages du peuple mauritanien. Qu’Allah vous accorde Son absolution, Sa grâce et Son entière satisfaction. 
1. Dans le régime parlementaire, le gouvernement est responsable devant le parlement avec la possibilité pour le premier de dissoudre le second, alors que dans le régime présidentiel, le gouvernement n’est pas responsable devant le parlement mais il ne dispose pas du pouvoir de dissolution.

Dans notre régime, le gouvernement, dirigé par le Président de la République, dispose du pouvoir de dissolution et n’est pratiquement pas responsable devant le parlement (son chef n’est pas responsable devant le parlement). C’est dans cet esprit que je qualifie notre régime d’hyper présidentiel (un déséquilibre total du pouvoir en faveur de l’exécutif). Le rôle du Président de la République, dans notre régime, est beaucoup plus important que dans le régime parlementaire présidentialiste de la cinquième république française.



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité



Sommet UA: 'Nous devons accorder un intérêt particulier à la jeunesse africaine', plaide le président mauritanien

31-01-2014 01:05 - 

Sommet UA: 'Nous devons accorder un intérêt particulier à la jeunesse africaine', plaide le président mauritanien
Le Mauritanien,Mohamed Ould Abdelaziz, nouveau président en exercice de l’Union africaine, a plaidé pour qu’on accorde un intérêt particulier à la jeunesse africaine, dans son discours prononcé au 22eme sommet ordinaire de l'Union Africaine, jeudi à Addis Abeba.

Les jeunes sont un pilier essentiel pour instaurer la paix et la sécurité et pour promouvoir un développement durable, a affirmé Ould Abdelaziz

Il a ajouté que la jeunesse africaine qui représente près des deux tiers de la population doit bénéficier d'une formation professionnelle adéquate lui permettant d’accéder au marché du travail.

En outre, le président mauritanien a appelé à l'organisation d'une conférence internationale, sous le parrainage de l'UA pour discuter de la migration clandestine et de ses répercussions socio-économiques et sur les Etats exposés, afin de dégager une approche commune pour limiter les désastres du phénomène. 

Au cours de son mandat, Ould Abdelaziz souhaite, dit-il, renforcer le rôle de l'Afrique dans le monde, préserver l’unité du contient dans sa riche diversité et par la consolidation de la démocratie, le respect des libertés et par l’instauration de la sécurité, de la paix, de la stabilité et de la bonne gouvernance. 


Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité



Le Président de la République, président de l'UA appelle à l'organisation d'une conférence internationale...

30-01-2014 12:55 - 

Le Président de la République, président de l'UA appelle à l'organisation d'une conférence internationale...
...pour la mise sur pied d'une approche commune sur la migration. 

Le Président de la République, MonsieurMohamed Ould Abdel Aziz, président de l'Union Africaine (UA) à appelé à l'organisation d'une conférence internationale, sous le parrainage de l'Union Africaine, consacrée à la migration et à ses répercussions sur les économies et les sociétés africaines ainsi que sur les Etats constituant la destination des migrants et ce pour la mise sur pied d'une approche commune sur ce phénomène et pour limiter de sa dimension désastreuse.

Dans un discours prononcé jeudi matin à Addis Abeba devant le 22eme sommet ordinaire de l'Union Africaine, à l'occasion de sa prise de fonction en tant que nouveau président de l'Union, le Président de la République a exprimé sa volonté de réaliser, au cours de son mandat les nobles objectifs auxquels aspirent les peuples africains à savoir renforcer le rôle et la place de l'Afrique dans le monde et la préservation de son unité, dans sa riche diversité, et la consolidation de la démocratie, la liberté, la sécurité, la paix, la stabilité et la bonne gouvernance.



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Assemblée Nationale : Ould Boïlil au perchoir

30-01-2014 19:14 - 

Assemblée Nationale : Ould Boïlil au perchoir
L’élection du député,Mohamed Ould Boïlil, à la présidence de la chambre basse devient désormais la plus probable. On écarte de fait la reconduction deMessaoud Ould Boukheïr.

Reconduction donnée possible dans le cadre d’un deal entre ce dernier et le premier citoyen du pays. Hier, le premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf a annoncé’’ la mauvaise nouvelle’’ à Boidiel Ould Hoummeid. Frustration et déprime. Il n’y a pas lieu de jubiler à apprendre la consécration d’un adversaire politique du terroir.

En tout cas, ce n’était visiblement pas facile la convocation de la session parlementaire extraordinaire, post élections législatives de novembre-décembre dernier.

Un décret présidentiel convoquant l’Assemblée Nationale, rendu public jeudi dernier, pour la tenue de la première assise parlementaire, hier mardi. A minuit, .dans la soirée du dimanche à lundi, la télévision allait diffuser et rediffuser l’annulation de ce décret et le report de la convocation sine die. Mardi, hier, la présidence annonce un dernier – on l’espère- décret, annonçant la convocation d’une session parlementaire extraordinaire des deux chambres, le mercredi.

Entre temps, les députés de l’Union Pour la République vont s’entendre à respecter le choix qui leur sera proposé par le président de la République. L’un des leurs, finalement. Ouf, un peu de cohérence politique. Enfin. Cohérence. Mais surprise tout de même. Pour bon nombre d’observateurs. Pour Messaoud, surtout. Et pour l’autre partenaire politique, chantre naguère du dialogue avec le pouvoir, cela s’apparenterait bien à un affront, qui lui est infligé.

Déception chez l’un. Affliction de l’autre. De quoi mettre à mal deux partenaires, qui ont, jusqu’ici, joué avec toutes leurs énergies la carte du pouvoir. Qu’est-ce qui s’est passé, pour ramener un président, qui, selon ses proches, ne voyait de mal dans la reconduction de Messaoud ? Difficile à dire, tellement Ould Abdel Aziz nous a nous appris de ses imprévisibilités. Qu’on n’est jamais sûr de rien avec lui.

La reconduction aurait été justifiée par sa stature d’opposant historique. En plus de sa très probable participation aux élections présidentielles, prévues, normalement, en juin prochain. Une bénédiction, dont Ould Abdel Aziz semble être émancipé. 

Quelqu’un de chez eux…

L’élection de cet originaire du Trarza à la tête de la chambre basse est une première dans l’histoire récente de l’Assemblée Nationale. Dont la présidence revenait systématiquement aux ressortissants des grands ensembles de laMauritanie orientale. A la veille de l’élection présidentielle, ça devrait vouloir dire quelque chose, pour Ould Abdel Aziz.

Peut-être qu’on est parti sur une mauvaise piste. Et qu’il s’agissait tout simplement d’un leurre. Question de miroiter à Messaoud une fausse promesse. Quitte à lui dire, ultérieurement, qu’il a été refusé par les députés de la majorité. Et laisser, par-delà, bonne impression dans l’esprit d’un Messaoud de plus en plus enclin à se faire une image toute sainteté de son partenaire d’Ould Abdel Aziz. Et on rebelote. Il y a toujours une sinécure quelque part.

De toutes les façons, la distribution des cartes ne fait que commencer. Il y a le gouvernement, dont la formation se ferait dans les premiers jours de février. Et, il y aura toujours des possibilités de satisfaire les partenaires les plus susceptibles.

On est déjà tributaire du timing de la présidentielle. Dans moins de cinq mois. Il est l’heure des amabilités et postures avenantes. On a même déjà commencé à se faire l’image généreuse. En offrant récemment quelques dizaines de millions d’ouguiyas au profit des jeunes du Hodh Ech CharqiAziz espérait, peut-être, appâter d’aucuns, avant cette échéance cruciale. Le configuration post législative ne se fera pas sans la marque de la très proche présidentielle.

AVT



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité