mercredi 14 août 2013

Loupe du Jour : Regards sur nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui (Première partie)


Cheikh Tidiane Dia.JPG
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Chaque peuple porte un jugement sur ses dirigeants.De Daddah à Aziz les avis se rapportant aux procès établis par le peuple à l’encontre de l’homme au pouvoir sont fondés sur les intérêts que les uns et les autres sont censés tirer des ressources de l’Etat notamment de leur bonne répartition entre les couches sociales du pays.Plus un président développe une bonne politique sociale cohérente et transparente, mieux il est dans les bonnes grâces de son peuple.
Cette note appréciative sera renforcée par l’observation des principes de liberté et les vertus de tolérance, des atouts que tout dirigeant magnanime pourrait capitaliser pour assurer une stabilité politique de son pouvoir.
En Mauritanie les différents dirigeants ont, à des degrés divers tenté d’asseoir chacun une politique orientée vers la prise en charge de certaines préoccupations du peuple. Mais cela a été bien souvent fait selon des motivations purement politiques et non par un devoir patriotique.
Ce sont d’ailleurs ceux qui ont en charge d’exécuter de tels programmes et orientations politiques qui tirent le plus de bénéfice de ces projets ou programmes estampillés « solidarité aux faibles ».
Avec le temps et les changements des mentalités les exigences des résultats deviennent des conditions de taille posées par le peuple pour mettre leurs dirigeants devant leurs responsabilités. Les erreurs commises par un homme qui veut faire valoir l’autorité sur le sens de l’écoute et de la modestie finissent par se retourner contre son magistère.
Moktar Ould Daddah -à tout seigneur tout honneur- par qui nous commençons cette rubrique eut l’honneur de poser la pierre pour l’édification de la Nation mauritanienne. L’un de ses mérites fut d’avoir cultivé très tôt les vertus du patriotisme, la symbiose culturelle et le respect de la chose publique.
L’Etat était présent dans tous ses symboles et assurait au peuple l’accès aux soins, à l’éducation et à l’emploi. Une volonté de traiter tous les citoyens sur le même pied d’égalité se reflétait à travers les décisions institutionnelles.
Ould Daddah s’est surtout illustré dans la recherche permanente d’un consensus politique à chaque fois que l’unité nationale était menacée. Ses différents gouvernements portaient le cachet d’un équilibrage tribalo-communautaire. Mais cela se faisait suivant une certaine volonté de mettre en avant les critères de compétence et d’intégrité morale. Ould Daddah était aussi un président proche du peuple. On le voyait serrer la main d’un citoyen ordinaire qu’il écoutait exposer ses préoccupations.
L’homme avait aussi le sens des relations avec ses collaborateurs et une vision claire du développement et de la fondation d’un Etat crédible. Sa politique de dosage ethnique et de la tribalisation des fonctions de l’Etat était menée avec une certaine intelligence digne d’un précurseur faisant face à des défis complexes dans un pays vaste et sans aucune infrastructure coloniale digne de ce nom.
Ould Daddah se distinguait par ses qualités intellectuelles au milieu de ses pairs africains et maghrébins. Ses discours étaient à eux seuls des œuvres qui hélas n’ont pas été sauvegardés sans aussi inspirer ses successeurs.
Par son personnalité, son patriotisme et sa modestie, feu Moktar Ould Daddah a laissé l’image d’un homme d’Etat désintéressé de la chose publique et qui tenait à la promotion des diversités culturelles nationales malgré des erreurs de l’histoire et des accidents de parcours qui ont fini par mettre fin à dix huit ans de règne d’un homme dont la parole comptait dans le monde. Adulé par le peuple, Moktar est resté digne dans la prison comme en attestent ses geôliers mais aussi dans l’exil qu’il consacra dans la médiation et dans la mort qui l’arracha après une vie riche en enseignement. (A suivre)
Cheikh Tidiane Dia

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