mercredi 26 septembre 2012

Mohamed Ould Abdel Aziz, entre contestation interne et réussite diplomatique à l'extérieur: Nul n'est prophète...

Mohamed Ould Abdel Aziz, entre contestation interne et réussite diplomatique à l'extérieur: Nul n'est prophète...
image manquanteLeCalame : Fortement contesté par la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), un collectif de douze partis politiques, et faisant face, depuis quelques temps, aux de plus en plus acerbes critiques de la frange la moins radicale de l’opposition, Mohamed Ould Abdel Aziz enregistre, pourtant, des succès à l’extérieur.
Cette assertion est d’autant plus vraie qu’aujourd’hui, l’ancien officier général putschiste, requalifié président de la République, entre « rectification » et scrutin présidentiel taillé sur mesure, apparaît comme un partenaire « crédible », aux yeux des voisins de la Mauritanie et de ses amis traditionnels. Les derniers développements de l’actualité diplomatique sous-régionale illustrent clairement cette tendance.
Ainsi, la première visite officielle, en Mauritanie, du président sénégalais Macky Sall, qui s’est déroulée les dimanche 16 et lundi 17 septembre, aura été un véritable succès, à mettre au compte du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Cet épisode permet, à Nouakchott et Dakar, de donner un nouvel élan à la coopération entre les deux pays, en conformité avec la géographie, le sang, l’histoire, la religion et les exigences d’un développement harmonieux, dans l’intérêt mutuel des peuples frères. A elle seule, l’évocation du projet de construction d’un pont, au point de passage frontalier de Rosso, montre toute la volonté politique, l’engagement des dirigeants et l’importance des relations, au plan politique, économique, social et, même, écologique, entre la Mauritanie et le Sénégal.
Un autre gain de la visite : la « parfaite identité de vues » sur la tourmente sécuritaire malienne, entre Dakar et Nouakchott. Un danger de plus en plus pressant qui oblige les deux pays à resserrer les rangs, fade à une «sous-régionale des barbus » dont le projet final est d’appliquer « la Chari’a » – c’est-à-dire, la lecture qu’ils en font – dans l’espace saharo-sahélien et ouest-africain, ou, à défaut, y mettre le feu du « Jihad » – c’est-à-dire encore, de l’interprétation très étroite qu’ils en ont.
L’arrivée du chef de l’Etat sénégalais en terre mauritanienne est, par ailleurs, intervenue quelques jours après l’entrée en lice d’une médiation, sans tambour ni trompette, du président Mohamed Ould Abdel Aziz, dans une grave crise couvant entre Dakar et Banjul. Une bombe à retardement qui semble avoir été désamorcée, par l’annonce d’un moratoire dans les exécutions de plusieurs décisions emportant la peine capitale. Car, au sein de la population carcérale attendant dans « le couloir de la mort » des geôles gambiennes, on compte de nombreux ressortissants sénégalais. Encore un autre « franc succès », donc, pour Mohamed Ould Abdel Aziz, reconnue par la voix la plus autorisée, celle du président Sall.
La suite du feuilleton de la facilitation mauritanienne, espérée par les autorités sénégalaises, serait la commutation des peines capitales frappant leurs concitoyens en Gambie, en détention perpétuelle, avec possibilité de rapatriement pour purger leur peine dans les prisons de leur pays. Quoi qu’il arrive, la diplomatie mauritanienne offre une discrète et honorable porte de sortie, aux protagonistes d’un conflit qui enfermait Dakar et Banjul dans une logique contraire à leur intérêt mutuel. Cet activisme diplomatique autorise-t-il à rêver d’une Mauritanie enfin décidée à assumer sa double identité, par un retour gagnant au sein de la Communauté Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ?

Vers une pacification du front interne ?

La belle embellie diplomatique, dans les relations du voisinage, contraste fortement avec l’agitation du front interne animé par la COD, toujours accrochée à son slogan demandant, à Mohamed Ould Abdel Aziz, de « dégager ». Une exigence « maximaliste » dont le pendant, dans le camp présidentiel, reste le peu d’importance accordée à la nécessité d’un véritable dialogue. Une concertation où le pouvoir aurait à montrer qu’il est disposé à aborder les questions de fond. Au finish, on se retrouve devant deux protagonistes manquant singulièrement d’imagination et d’initiative, se rejetant mutuellement la responsabilité du blocage politique dont souffre le pays. Cependant, une éclaircie semble apparaître, depuis une quinzaine de jours, avec une série de débats entre responsables de la majorité et de l’opposition, sur les antennes de la télévision d’Etat. Une évolution vers des rapports plus civilisés ?

Seck Amadou 

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