dimanche 1 juillet 2012

L’éditorial de La Nouvelle Expression : El Hor…



« Les Harratines de Mauritanie demeurent soumis à toute forme de domination, d’oppression et d’exploitation contrairement à l’islam religion de l’Etat et qui est à vocation égalitaire… ». Cette soumission est aussi contraire à l’article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 qui dispose que « tous les hommes naissent libres et égaux en droits ».

C’est dans la charte de mars 1978 du mouvement EL Hor. Les législateurs mauritaniens ont, eux aussi, d’une manière claire, humanisé la vie de l’homme mauritanien même si un océan de glace sépare les textes et la réalité mauritanienne dans la gestion des rapports des citoyens de ce peuple atypique ou d’anarchistes.

El Hor, sémantiquement, peut vouloir dire : noble ou noblesse voire liberté. Ce mouvement est le produit des cadres harratines qui ont voulu dire non. Non aux pratiques qui sont en cours dans leur pays où le haratin est considéré comme un sous-homme. Pour ce mouvement, une clarification quant à la définition de l’identité haratine ou l’humanisation de l’homme haratine s’imposait.

Depuis, le haratin demande à être reconnu comme un homme, pas plus. Si elles accèdent à cette demande, la Mauritanie et la société mauritanienne se porteraient encore mieux et pourraient parler de nation mauritanienne. La déconstruction du phénomène de l’esclavage et /ou de la féodalité ou les systèmes des castes est une justice rendue à cette Mauritanie qui nous a tout donné.

L’homme ne peut de tout temps favoriser l’opprobre et le Mauritanien doit comprendre que le monde évolue. On n’est plus à l’époque de la pierre taillée. La roue de l’histoire tourne et elle doit tourner aussi pour la Mauritanie et le Mauritanien. L’esclavage, ce phénomène qui mine le développement de notre société et qu’on ne se lassera jamais de dénoncer, fait honte à laMauritanie.

La Mauritanie attend, sur ce point, de voir le changement après tant de siècles de souffrances à cause de nos comportements, de nos mensonges mais surtout de notre hypocrisie. Un mal mauritanien qui a l’air incurable. Le Mauritanien ne peut et ne doit continuer de supporter ce regard du coin de l’œil des autres nations. On doit et on peut essayer de changer à jamais, positivement nos mentalités.

L’esclavage, vieux comme le monde, n’est pas une invention mauritanienne ni de ses pouvoirs publics. Mais nos gouvernants d’aujourd’hui, comme ceux d’hier, en refusant d’appliquer la loi, ont de tout temps soutenu les auteurs de ces crimes. Leur immixtion dans l’appareil judiciaire en faveur des forts en dit long sur leur complicité. Et pourtant, l’Etat le sait, on ne peut et ne doit de tout temps ignorer les affres de son peuple car le réveil et le refus peuvent être très agités...

Il y a quelques décennies, si la Mauritanie et le Mauritanien avaient répondu et compris le cri de « El Hor », leur pays se serait invité dans le concert des nations civilisés et égalitaires, réparant ainsi une injustice contre une société triturée et abêtie durant des siècles. Et on allait éviter beaucoup de choses néfastes à la Mauritanie et à son peuple. Mais hélas, les Mauritaniens sont encore des individus vivant au siècle de Néfertiti ou de Kaya Magan … Des individus qui pensent que les lois ne sont justes bonnes que pour les tiroirs et les bibliothèques.

Ainsi, la charte de mars 78 a vu le jour pour formaliser les missions du mouvement «El Hor». Des intellectuels haratines ont décidé de dire non. Non à l’animalisation de la plus grande composante du pays mais aussi non aux injustes dans toute la société mauritanienne. «(…) l’organisation est profondément soucieuse de la consolidation de l’unité nationale, du progrès économique, social et culturel du pays. « EL HOR » est cependant convaincue qu’aucun de ces impératifs ne saurait être atteint sans l’égalité de toutes les composantes nationales».

Mais comme on le dit, le camp «des privilégiés» n’a pas encore compris l’intérêt d’un Etat-nation et ne veut pas d’une Mauritanie juste et égalitaire. La Mauritanie signataire de plusieurs principes bases des fondamentaux régissant humainement les hommes de notre monde reste encore à la traîne pour leur respect.

La Mauritanie est malade, malade de son élite, de sa classe dirigeante. Le pays est lié, meurtri voire perdu. Toutes les questions qui concernent le bien-être commun du peuple continuent à buter sur les intérêts rétrogrades régionalo-tribalo-féodaux. La Mauritanie est, de plus en plus, prise en otage.

Seydi Moussa Camara





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