Le pourrissement de la situation au nordMali inquiète. Pas seulement les populations de cette zone, soumises aux vexations quotidiennes de milices islamistes armées qui imposent une sorte de " régence " au vu et au su d’un pouvoir central complètement dépassé par les évènements.
Mais aussi, les voisins du Mali qui ne savent pas, à l’heure actuelle, comment s’y prendre pour éviter la "Somalisation " du Nord Mali, sinon une " afghanisation "encore plus pernicieuse.
L’option militaire prônée, de plus en plus, par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) bute sur le refus des Nations unies d’avaliser ce qui ressemble bien à une aventure risquée, mais également sur la mise en garde des USA qui viennent de prévenir contre toute guerre dans le Nord Mali.
Les Etats-Unis ont mis en garde vendredi dernier la CEDEAO (15 pays) contre une intervention dans le Nord du Mali, tombé aux mains d’islamistes armés. Etonnante position que celle de Washington qui, durant les frappes préventives de l’armée mauritanienne contre Al qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi), soutenues dit-on par la France, n’a pas montré son opposition à ce qui était considéré pourtant comme une " guerre ouverte " contre le terrorisme.
Entre temps , il est vrai, la donne a changé. AQMI n’est plus seule dans cette vaste province de l’Azawad puisqu’elle se confond maintenant à des groupes armés locaux, tels qu’Ançar Edine d’Iyad Ag Ghali et le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest(MUJAO), branche dissidente d’Aqmi.
L’intervention militaire au nord Mali revêt ainsi une grande importance pour les USA, à tel point qu’elle a fait l’objet d’une audition au Congrès, du secrétaire d’Etat adjoint chargé des questions africaines, Johnnie Carson. Washington a certes apporté son appui à la CEDEA0, dans sa décision prise au sommet d’Abidjan (Côte d’Ivoire) d’envoyer une force de 3.300 hommes au Mali.
Mais Carson a estimé que ce contingent devrait stabiliser le Sud du pays et ne pas s’aventurer dans le Nord. Ainsi les Américains semblent avoir comme priorité le rétablissement de l’ordre dans la partie encore sous contrôle du pouvoir central, en poussant dehors, et de manière définitive, les auteurs du coup d’Etat contre le président Amadou Toumani Touré(ATT).
" Il faut se rendre compte que le gouvernement au Sud n’a plus de forces armées digne de ce nom ", a déclaré Carson devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. Selon lui, le Mali a perdu la moitié de son équipement quand il a quitté le Nord.
Pour le haut responsable américain, une éventuelle reconquête du territoire serait une entreprise très lourde pour la CEDEAO. Selon lui, une mission dans cette partie du pays devrait être préparée soigneusement et reposer sur des ressources conséquentes.
Les islamistes viennent en effet de renforcer selon cette analyse, leur emprise sur le NordMali, qu’ils ont conquis avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) depuis fin mars, chassant mercredi et jeudi le MNLA de Gao (nord-est) etTombouctou (nord-ouest).
Américains et Français pas d’accord ?
Le démarquage de Washington par rapport à toute intervention militaire africaine au nord Malidiverge avec l’option française, si l’on sait que Sarkozy, tout en excluant une militaire de ses troupes, avait tout de même promis un appui " logistique " dans le cadre d’une opération chapeautée par l’Onu. L’option française de " guerre par procuration " dont parle laCoordination de l’opposition démocratique (COD) en Mauritanie ne semble pas plaire aux Américains qui chercheraient plutôt la faille dans le dispositif d’AQMI pour appliquer la même stratégie que celle utilisée en Afghanistan et au Pakistan.
D’aucuns mettent en rapport la mise en garde américaine adressée à la CEDEAO avec la stratégie américaine consistant, d’abord, à prendre pied dans la sous-région. L’objectif n’est donc pas seulement de bouter dehors Al Qaeda au Maghreb islamique et ses mouvements affiliés (Ançar Edine MUJAO) mais de pouvoir rester dans une zone sensible comme celle duSahel. L’on parle à ce sujet de l’existence d’une base américaine en Algérie et d’un groupe de" conseillers " militaires basé à Atar, en Mauritanie. L’on évoque même, de plus en plus, la volonté des Américains d’installer une base militaire sur la frontière malienne. Un agenda qui, s’il se vérifie dans les prochains mois, dépasserait de loin la problématique du retour à la démocratie et de la réunification au Mali.
La CEDEAO peut-elle y aller seule ?
Que peut réellement faire la CEDEAO pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali ? Peut-elle y aller, carrément, avec seulement 3000 hommes sans le soutien de la communauté internationale, et notamment du couple franco-américain considéré comme le fer de lance de la lutte contre le terrorisme ?
En dépit de toutes les tractations et autres initiatives menées autour de cette crise militaro politique, la communauté internationale, la CEDEAO et l’Union africaine en tête, n’a pas réussi ce qu’un journal malien qualifie de " descente aux enfers " d’un pays confronté à deux crises différentes : Un coup d’Etat contre la démocratie et une rébellion armée qui s’est transformée finalement en " occupation " du nord par des milices islamistes renfermant en leur sein beaucoup de combattants étrangers (Algériens, Mauritaniens, Nigériens, Nigérians, Afghans, etc). La CEDEAO - et la communauté internationale - doivent d’abord s’accorder sur un ordre de priorité : rétablir la démocratie au sud ou faire revenir le nord dans le giron de l’Etat central malien.
Si la décision était donné aux maliens eux-mêmes, il est certain qu’ils verraient d’un bon œil une intervention militaire au nord Mali en vue de bouter les mouvements rebelles qui sévissent dans les villes de Gao, Tombouctou et de Kidal, mais tout en priant pour que cette nouvelle guerre ne fasse pas trop de dégâts au sein des populations civiles. Un risque donné pour trop grand si l’opération n’est pas menée par une coalition internationale qui impliquerait des pays disposant d’armements de pointe (France, USA) et qui pourrait venir à bout des groupes islamistes au bout de quelques jours de combat.
Si l’opération est menée uniquement par la CEDEAO, sans même l’appui de pays comme l’Algérie et la Mauritanie, qui ont une certaine connaissance du terrain et des méthodes utilisées par AQMI, elle risquerait de s’éterniser et de donner raison à ceux qui craignent que le nord Mali ne prenne le même chemin que la Somalie et l’Afghanistan. Pour éviter un tel risque, certains pensent que la CEDEAO doit d’abord s’occuper du " cas " Sanogo, du nom de ce capitaine qui a mené un coup d’Etat, " pour protester contre l’inaction contre les rebelles du Nord " et qui, depuis, fait tout pour régenter le pouvoir à Bamako.
Sneiba Mohamed
Mais aussi, les voisins du Mali qui ne savent pas, à l’heure actuelle, comment s’y prendre pour éviter la "Somalisation " du Nord Mali, sinon une " afghanisation "encore plus pernicieuse.
L’option militaire prônée, de plus en plus, par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) bute sur le refus des Nations unies d’avaliser ce qui ressemble bien à une aventure risquée, mais également sur la mise en garde des USA qui viennent de prévenir contre toute guerre dans le Nord Mali.
Les Etats-Unis ont mis en garde vendredi dernier la CEDEAO (15 pays) contre une intervention dans le Nord du Mali, tombé aux mains d’islamistes armés. Etonnante position que celle de Washington qui, durant les frappes préventives de l’armée mauritanienne contre Al qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi), soutenues dit-on par la France, n’a pas montré son opposition à ce qui était considéré pourtant comme une " guerre ouverte " contre le terrorisme.
Entre temps , il est vrai, la donne a changé. AQMI n’est plus seule dans cette vaste province de l’Azawad puisqu’elle se confond maintenant à des groupes armés locaux, tels qu’Ançar Edine d’Iyad Ag Ghali et le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest(MUJAO), branche dissidente d’Aqmi.
L’intervention militaire au nord Mali revêt ainsi une grande importance pour les USA, à tel point qu’elle a fait l’objet d’une audition au Congrès, du secrétaire d’Etat adjoint chargé des questions africaines, Johnnie Carson. Washington a certes apporté son appui à la CEDEA0, dans sa décision prise au sommet d’Abidjan (Côte d’Ivoire) d’envoyer une force de 3.300 hommes au Mali.
Mais Carson a estimé que ce contingent devrait stabiliser le Sud du pays et ne pas s’aventurer dans le Nord. Ainsi les Américains semblent avoir comme priorité le rétablissement de l’ordre dans la partie encore sous contrôle du pouvoir central, en poussant dehors, et de manière définitive, les auteurs du coup d’Etat contre le président Amadou Toumani Touré(ATT).
" Il faut se rendre compte que le gouvernement au Sud n’a plus de forces armées digne de ce nom ", a déclaré Carson devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. Selon lui, le Mali a perdu la moitié de son équipement quand il a quitté le Nord.
Pour le haut responsable américain, une éventuelle reconquête du territoire serait une entreprise très lourde pour la CEDEAO. Selon lui, une mission dans cette partie du pays devrait être préparée soigneusement et reposer sur des ressources conséquentes.
Les islamistes viennent en effet de renforcer selon cette analyse, leur emprise sur le NordMali, qu’ils ont conquis avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) depuis fin mars, chassant mercredi et jeudi le MNLA de Gao (nord-est) etTombouctou (nord-ouest).
Américains et Français pas d’accord ?
Le démarquage de Washington par rapport à toute intervention militaire africaine au nord Malidiverge avec l’option française, si l’on sait que Sarkozy, tout en excluant une militaire de ses troupes, avait tout de même promis un appui " logistique " dans le cadre d’une opération chapeautée par l’Onu. L’option française de " guerre par procuration " dont parle laCoordination de l’opposition démocratique (COD) en Mauritanie ne semble pas plaire aux Américains qui chercheraient plutôt la faille dans le dispositif d’AQMI pour appliquer la même stratégie que celle utilisée en Afghanistan et au Pakistan.
D’aucuns mettent en rapport la mise en garde américaine adressée à la CEDEAO avec la stratégie américaine consistant, d’abord, à prendre pied dans la sous-région. L’objectif n’est donc pas seulement de bouter dehors Al Qaeda au Maghreb islamique et ses mouvements affiliés (Ançar Edine MUJAO) mais de pouvoir rester dans une zone sensible comme celle duSahel. L’on parle à ce sujet de l’existence d’une base américaine en Algérie et d’un groupe de" conseillers " militaires basé à Atar, en Mauritanie. L’on évoque même, de plus en plus, la volonté des Américains d’installer une base militaire sur la frontière malienne. Un agenda qui, s’il se vérifie dans les prochains mois, dépasserait de loin la problématique du retour à la démocratie et de la réunification au Mali.
La CEDEAO peut-elle y aller seule ?
Que peut réellement faire la CEDEAO pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali ? Peut-elle y aller, carrément, avec seulement 3000 hommes sans le soutien de la communauté internationale, et notamment du couple franco-américain considéré comme le fer de lance de la lutte contre le terrorisme ?
En dépit de toutes les tractations et autres initiatives menées autour de cette crise militaro politique, la communauté internationale, la CEDEAO et l’Union africaine en tête, n’a pas réussi ce qu’un journal malien qualifie de " descente aux enfers " d’un pays confronté à deux crises différentes : Un coup d’Etat contre la démocratie et une rébellion armée qui s’est transformée finalement en " occupation " du nord par des milices islamistes renfermant en leur sein beaucoup de combattants étrangers (Algériens, Mauritaniens, Nigériens, Nigérians, Afghans, etc). La CEDEAO - et la communauté internationale - doivent d’abord s’accorder sur un ordre de priorité : rétablir la démocratie au sud ou faire revenir le nord dans le giron de l’Etat central malien.
Si la décision était donné aux maliens eux-mêmes, il est certain qu’ils verraient d’un bon œil une intervention militaire au nord Mali en vue de bouter les mouvements rebelles qui sévissent dans les villes de Gao, Tombouctou et de Kidal, mais tout en priant pour que cette nouvelle guerre ne fasse pas trop de dégâts au sein des populations civiles. Un risque donné pour trop grand si l’opération n’est pas menée par une coalition internationale qui impliquerait des pays disposant d’armements de pointe (France, USA) et qui pourrait venir à bout des groupes islamistes au bout de quelques jours de combat.
Si l’opération est menée uniquement par la CEDEAO, sans même l’appui de pays comme l’Algérie et la Mauritanie, qui ont une certaine connaissance du terrain et des méthodes utilisées par AQMI, elle risquerait de s’éterniser et de donner raison à ceux qui craignent que le nord Mali ne prenne le même chemin que la Somalie et l’Afghanistan. Pour éviter un tel risque, certains pensent que la CEDEAO doit d’abord s’occuper du " cas " Sanogo, du nom de ce capitaine qui a mené un coup d’Etat, " pour protester contre l’inaction contre les rebelles du Nord " et qui, depuis, fait tout pour régenter le pouvoir à Bamako.
Sneiba Mohamed
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