Qui veut voyager loin, ménage sa monture ! Ce dicton s’applique bien au train minéralier reliant la ville minière de Zouérate au port minéralier de Nouadhibou Sa vitesse est limitée 45 Km/h . Autrement dit, il met 18 heures, au moins, pour relier la ville minière de Zouérate au port de Nouadhibou.
En queue de train, se trouve l’unique wagon réservé aux passagers. Il est lourd, long de 2,5 Km avec plus de 200 wagons mais aussi lent. Le train de la Société Nationale Industrielle et minière (SNIM) qui relie chaque jour les villes de Zouerate et de Nouadhibou transporte sans relâche, nuit et jour, des milliers de tonnes de minerai. Reportage.
Nouadhibou, il est bientôt 18 heures, ce mardi 26 juin. C’est l’heure à laquelle est prévu le départ du train à destination de Zouérate. Il fait beau temps dans la capitale économique. Un train remplit de minerai de fer vient d’arriver. On nous presse de joindre la gare ferroviaire située à la sortie de la ville à quelques 300 mètres du poste de police.
Nous y sommes mais le train n’est toujours pas là. Nous prenons notre mal en patience. L’attente risque de durer car, avertit agent, le train manque de wagons et il faut qu’il soit équipé de tous ses wagons avant de quitter les lieux. La gare ferroviaire de Nouadhibou comporte une grande salle d’attente équipée de chaises, une mosquée, un poste de police, un guichet de billetterie, une buvette et des toilettes compartimentées pour hommes et femmes.
A l’extérieur il y’a aussi une loge de veille pour le personnel de la gare et un parking auto. L’endroit est clean et bien entretenu. Idem pour les alentours de la gare. Au guichet de la gare, on vend pour 2500 ouguiyas des billets pour l’unique wagon de passagers du train. Plusieurs passagers dont des familles entières de travailleurs de la mine de Zouérate sont là. Parmi cette cohorte de passagers figurent beaucoup de jeunes élèves.
Ils sont en vacance et rejoignent leurs parents dans la ville minière. C’est l’heure de la prière et le train se fait toujours attendre. Il est 21 heures, le départ du train est annoncé. Un départ confirmé par le mouvement incessant des voitures débarquant des candidats au voyage devant la gare ferroviaire.
21 heures 15 : une grande porte de la gare ferroviaire s’ouvre. Les passagers sont priés de se rapprocher mais de se tenir à distance de la voie ferrée. Tout le monde se précipite pour quitter le hall bagages en mains. De loin apparaissent les imposants phares du train. A côté de la voie ferrée, se tient dressés des panneaux d’avertissement des passagers sur les gestes interdits pendant que le train est en mouvement. 21 heures 25 : le train arrive.
Quelques soubresauts, un grincement aigu, long et pénible, un dernier chaos et le convoi s’immobilise soudain sur la voie ferrée à hauteur des wagons passagers. Comme soudainement habités par une fièvre ravageuse, les voyageurs se mettent à courir en tous sens, déplaçant selon d’impénétrables stratégies, bagages et autres camelotes. Chacun veut être le premier à embarquer. Dans un vacarme assourdissant, le plus long train du monde s’immobilise.
La fourmilière s’agite encore davantage. A l’arrière, le wagon de passagers est pris d’assaut. Les plus impatients jouent des coudes pour se frayer un chemin. En un temps deux mouvements, toutes les places assises sont occupées. D’autres, escaladent les wagons vides de minerai. Des valises tombent au sol, s’éventrant presque. Sur les talons de sa mère qui peine à marcher, le jeune Nasserdine presse la grande obèse à marcher plus vite jusqu’à la plateforme arrière.
De nombreux passagers y ont déjà pris place. Ils arrivent à y grimper, non sans mal tout de même. 21 heures 40 : Dix minutes ont passé. Enfin, le dernier wagon disparaît à l’horizon, direction la mine à ciel ouvert de la Kedia d’Idjil où il fera le plein de près de 22000 tonnes de minerai de fer. Un fer qui est la raison d’être des 650 kilomètres de voie entre Zouerate et le port minéralier de la capitale économique.
Première ressource du pays avant la pêche et le pétrole, le train en achemine chaque année plusieurs millions de tonnes. Mais pour l’heure, le convoi où nous avons pris place avait les wagons vides. Lentement il reprend sa course dans un paysage dunaire éclairé par les seules étoiles. Le temps tout à l’heure agréable a soudainement chuté.
Le vent s’est levé et chacun tente de se protéger comme il peut. Soudain le sable est là, partout, fin. Les grains minuscules s’engouffrent dans les vêtements et viennent gratter la moindre parcelle de peau laissée à l’air libre n’épargnant ni les yeux, ni le nez, ni les oreilles.
Soueïdatt tout le monde descend
Les premiers rayons du soleil viennent légèrement réchauffer l’atmosphère. La nuit a été longue. Les éléments ont fait souffrir l’ensemble des passagers. Le vent surtout a perturbé l’avancée du convoi. Les bourrasques violentes et régulières ont fait s’abattre une couche de sable sur la plateforme. Nous en sommes presque intégralement recouverts. A l’approche de la ville minière de Zouérate c’est désormais la chaleur qui nous accueille. Il fait du 45°. L’arrivée à Zouérate est imminente.
La montagne de Tazadit est en vue. Aux bords de la voie ferrée, le paysage est hallucinant. Beaucoup de carcasses de wagons rouillés jonchent le sol. Le train amorce son freinage. Sur la plateforme, on rassemble les bagages. Nous approchons la ville. La gare est un terrain vague et sablonneux. Les machines se sont tues.
Dans une cohue en tout point identique à celle de l’embarquement, les voyageurs sautent à terre. Ainsi ceux qui ont pris place sur le train dès Nouadhibou mettent fin à un périple de près de 18 heures. Quelques biscuits, du pain, de l’eau minérale, du zrig, du lait en carton et surtout du thé, ont permis de supporter ce pénible trajet. Les taxis qui attendent en bordure de route sont investis par les passagers les plus pressés. La plupart sont ceux du wagon VIP.
C’est un espace couchette privé qui est réservé au personnel. Un espace de « luxe » destiné aux employés de la SNIM et à leur famille. L’endroit est bien plus confortable que le wagon passager. Le train n’a pourtant pas encore atteint son terminus. Encore quelques kilomètres restent à parcourir jusqu’au point où sera chargé le minerai avant qu’il ne soit déchargé àNouadhibou puis exporté par bateau aux quatre coins du monde. Pour le moment, àZouérate où nous venons de poser pied ce mercredi 27 juin, on décharge d’autres marchandises entreposées sur les wagons de queue.
Reportage Moussa Diop depuis Zouérate
En queue de train, se trouve l’unique wagon réservé aux passagers. Il est lourd, long de 2,5 Km avec plus de 200 wagons mais aussi lent. Le train de la Société Nationale Industrielle et minière (SNIM) qui relie chaque jour les villes de Zouerate et de Nouadhibou transporte sans relâche, nuit et jour, des milliers de tonnes de minerai. Reportage.
Nouadhibou, il est bientôt 18 heures, ce mardi 26 juin. C’est l’heure à laquelle est prévu le départ du train à destination de Zouérate. Il fait beau temps dans la capitale économique. Un train remplit de minerai de fer vient d’arriver. On nous presse de joindre la gare ferroviaire située à la sortie de la ville à quelques 300 mètres du poste de police.
Nous y sommes mais le train n’est toujours pas là. Nous prenons notre mal en patience. L’attente risque de durer car, avertit agent, le train manque de wagons et il faut qu’il soit équipé de tous ses wagons avant de quitter les lieux. La gare ferroviaire de Nouadhibou comporte une grande salle d’attente équipée de chaises, une mosquée, un poste de police, un guichet de billetterie, une buvette et des toilettes compartimentées pour hommes et femmes.
A l’extérieur il y’a aussi une loge de veille pour le personnel de la gare et un parking auto. L’endroit est clean et bien entretenu. Idem pour les alentours de la gare. Au guichet de la gare, on vend pour 2500 ouguiyas des billets pour l’unique wagon de passagers du train. Plusieurs passagers dont des familles entières de travailleurs de la mine de Zouérate sont là. Parmi cette cohorte de passagers figurent beaucoup de jeunes élèves.
Ils sont en vacance et rejoignent leurs parents dans la ville minière. C’est l’heure de la prière et le train se fait toujours attendre. Il est 21 heures, le départ du train est annoncé. Un départ confirmé par le mouvement incessant des voitures débarquant des candidats au voyage devant la gare ferroviaire.
21 heures 15 : une grande porte de la gare ferroviaire s’ouvre. Les passagers sont priés de se rapprocher mais de se tenir à distance de la voie ferrée. Tout le monde se précipite pour quitter le hall bagages en mains. De loin apparaissent les imposants phares du train. A côté de la voie ferrée, se tient dressés des panneaux d’avertissement des passagers sur les gestes interdits pendant que le train est en mouvement. 21 heures 25 : le train arrive.
Quelques soubresauts, un grincement aigu, long et pénible, un dernier chaos et le convoi s’immobilise soudain sur la voie ferrée à hauteur des wagons passagers. Comme soudainement habités par une fièvre ravageuse, les voyageurs se mettent à courir en tous sens, déplaçant selon d’impénétrables stratégies, bagages et autres camelotes. Chacun veut être le premier à embarquer. Dans un vacarme assourdissant, le plus long train du monde s’immobilise.
La fourmilière s’agite encore davantage. A l’arrière, le wagon de passagers est pris d’assaut. Les plus impatients jouent des coudes pour se frayer un chemin. En un temps deux mouvements, toutes les places assises sont occupées. D’autres, escaladent les wagons vides de minerai. Des valises tombent au sol, s’éventrant presque. Sur les talons de sa mère qui peine à marcher, le jeune Nasserdine presse la grande obèse à marcher plus vite jusqu’à la plateforme arrière.
De nombreux passagers y ont déjà pris place. Ils arrivent à y grimper, non sans mal tout de même. 21 heures 40 : Dix minutes ont passé. Enfin, le dernier wagon disparaît à l’horizon, direction la mine à ciel ouvert de la Kedia d’Idjil où il fera le plein de près de 22000 tonnes de minerai de fer. Un fer qui est la raison d’être des 650 kilomètres de voie entre Zouerate et le port minéralier de la capitale économique.
Première ressource du pays avant la pêche et le pétrole, le train en achemine chaque année plusieurs millions de tonnes. Mais pour l’heure, le convoi où nous avons pris place avait les wagons vides. Lentement il reprend sa course dans un paysage dunaire éclairé par les seules étoiles. Le temps tout à l’heure agréable a soudainement chuté.
Le vent s’est levé et chacun tente de se protéger comme il peut. Soudain le sable est là, partout, fin. Les grains minuscules s’engouffrent dans les vêtements et viennent gratter la moindre parcelle de peau laissée à l’air libre n’épargnant ni les yeux, ni le nez, ni les oreilles.
Soueïdatt tout le monde descend
Les premiers rayons du soleil viennent légèrement réchauffer l’atmosphère. La nuit a été longue. Les éléments ont fait souffrir l’ensemble des passagers. Le vent surtout a perturbé l’avancée du convoi. Les bourrasques violentes et régulières ont fait s’abattre une couche de sable sur la plateforme. Nous en sommes presque intégralement recouverts. A l’approche de la ville minière de Zouérate c’est désormais la chaleur qui nous accueille. Il fait du 45°. L’arrivée à Zouérate est imminente.
La montagne de Tazadit est en vue. Aux bords de la voie ferrée, le paysage est hallucinant. Beaucoup de carcasses de wagons rouillés jonchent le sol. Le train amorce son freinage. Sur la plateforme, on rassemble les bagages. Nous approchons la ville. La gare est un terrain vague et sablonneux. Les machines se sont tues.
Dans une cohue en tout point identique à celle de l’embarquement, les voyageurs sautent à terre. Ainsi ceux qui ont pris place sur le train dès Nouadhibou mettent fin à un périple de près de 18 heures. Quelques biscuits, du pain, de l’eau minérale, du zrig, du lait en carton et surtout du thé, ont permis de supporter ce pénible trajet. Les taxis qui attendent en bordure de route sont investis par les passagers les plus pressés. La plupart sont ceux du wagon VIP.
C’est un espace couchette privé qui est réservé au personnel. Un espace de « luxe » destiné aux employés de la SNIM et à leur famille. L’endroit est bien plus confortable que le wagon passager. Le train n’a pourtant pas encore atteint son terminus. Encore quelques kilomètres restent à parcourir jusqu’au point où sera chargé le minerai avant qu’il ne soit déchargé àNouadhibou puis exporté par bateau aux quatre coins du monde. Pour le moment, àZouérate où nous venons de poser pied ce mercredi 27 juin, on décharge d’autres marchandises entreposées sur les wagons de queue.
Reportage Moussa Diop depuis Zouérate
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