mardi 19 juin 2012

La chasse aux sachets plastiques bientôt ouverte



Le gouvernement vient de prendre la décision d’interdire la production, l’importation la commercialisation et l’utilisation des sachets plastiques. Selon Amédi Camara, ministre délégué auprès du premier ministre chargé de l’environnement et du développement durable, il va être mis en place un comité interministériel chargé de présenter au gouvernement une situation de la production, de l’importation et de la commercialisation des sachets plastiques. Fabriqués à base de polyéthylène d'origine pétrochimique, les sacs plastiques polluent les sols et les nappes ¬phréatiques pendant des périodes pouvant atteindre cent cinquante ans, car ils ne sont pas biodégradables. 

Et on les retrouve partout ces sachets plastiques. Au gré du vent, ils sont accrochés aux branches des gros arbres, aux broussailles, comme aux maigres épineux de la savane.
Avec une production nationale de 454.000 tonnes de déchets dont environ 5000 tonnes de sachets plastiques, selon une étude de 2009, et leur faible coût (entre 10 et 20 ouguiyas) les emballages en plastique n'arrêteront pas de si tôt de polluer notre environnement. Si l’on en croît le ministre délégué en charge de l’environnement et du développement durable, 5 unités industrielles produisent sacs et sachets plastiques souples dans le pays. Elles emploieraient 357 personnes permanentes dont 20 à 30 cadres et une dizaine de travailleurs occasionnels. L’implantation de ces unités industrielles aurait coûté un investissement global d’1,1 milliard d’ouguiyas. Selon les environnementalistes et associations de lutte pour la protection de la nature, le mode consommation (micro-détail pour tout ce qui est en poudre - lait, sucre, détergent, café - et pour tout ce qui est liquide - huile, vinaigre, javel, eau, crème glacée- entraîne une utilisation effrénée des sachets plastiques. Les emballages en plastiques empêchent une bonne croissance des végétaux et le développement des micros organismes qui fertilisent le sol. Ils sont aussi, responsables de la mort d’une partie importante du cheptel chaque année, bien qu’il n’y ait pas des chiffres disponibles.
Inapplication des textes
Pourtant ce n’est pas faute de disposer d’une législation en matière de gestion des déchets. En fait il y’a tout un arsenal juridique pour combattre les pollutions de notre environnement dont les sachets plastiques notamment : l’Ordonnance N° 84-208 du 10 septembre 1984 portant sur la gestion des déchets. Cette Ordonnance détermine les dispositions juridiques nécessaires dans la gestion, en fonction du type de déchets, et définit les mesures qui s’imposent en cas du non respect de celles-ci. Autres dispositifs juridiques : le code de l’Hygiène ; la loi n° 2000-045 portant Code de l’Environnement. Elle établit les principes généraux de la politique nationale en matière de gestion de l’environnement pour un développement socio-économique durable.La gestion des déchets est largement abordée dans cette Loi. Un chapitre entier yest consacré (Chapitre II des déchets). Il définit les déchets urbains, qui incluent lesordures ménagères, industriels produits sur le sol national et les déchets dangereuxen provenance de l’étranger (Article 60, 64 et 67). Le Code de l’Environnement interdit le dépôt, le rejet et le déversement des déchets et des résidus solides, liquides ou gazeux à potentiel polluant. Il interdit la détention et l’abandon des déchets urbains dans des endroits non appropriés. Il responsabilise toute personne qui détient ces déchets dans des conditions susceptibles de porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement à en assurer l’élimination conformément aux dispositions de cette Loi. D’autres dispositions similaires sont prévues par la Loi quant à la responsabilité de la gestion des autres types de déchets. Le recours aux technologies et aux processus pour le recyclage des déchets est vivement encouragé, en vertu du Code de l’environnement. Décret n° 190-2008/PM fixant les attributions du Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé de l’Environnement et du Développement Durable et l’organisation de l’administration centrale de son Département. Malgré tout ce dispositif mis en place, la gestion des déchets plastiques constitue un sérieux problème. Sans doute que le gouvernement a pris conscience de l’ampleur du danger des sacs plastiques qui menacent notre environnement. Une bonne décision pourrait-on dire mais des interrogations demeurent quant au sort des femmes qui travaillaient dans le cadre du recyclage des sachets plastiques. L’Etat saura t-il vraiment afficher une attitude de fermeté pour faire respecter l’interdiction des sachets plastiques ? A charge pour les ministères concernés (environnement, commerce, intérieur, finance, santé) de répondre à la question. La balle est dans leur camp !
Moussa Diop

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