mardi 1 mai 2012

Autodafé, inquisition … Au Secours !


Biram Ould Abeid a brûlé des livres quasi sacrés en République Islamique de Mauritanie ; livres certes désuets mais encore largement usités dans l’enseignement et la pratique religieuse traditionnels. L’autodafé est totalement étranger à notre référentiel culturel ; ce geste violent choque dans notre société dont l’une des valeurs fondamentales est demeurée, malgré tout, la tolérance …

Je comprends les mobiles de l’attitude provocatrice de Biram ; elle se justifie dans un pays peu enclin aux changements de mentalités et de comportements, où les choses évoluent lentement, trop lentement, selon certains, surtout ceux qui vivent l’injustice au quotidien…Cependant, je ne peux que m’inquiéter de la recrudescence d’une certaine culture de la violence dans un pays aussi fragile que la Mauritanie.

Nous avons tous vu des situations extrêmes partout dans le monde alimentées par une violence devenue incontrôlée : conflits armés, villes décimées, populations déportées, famines, misères, catastrophes humanitaires, chaos … dans des pays, à l’origine, beaucoup plus stables que la Mauritanie.

Personne ne peut prévoir jusqu’où s’étendront les dégâts d’un incendie allumé. Nous n’avons pas besoin de cela … nous avons eu notre lot de blessures … blessures encore vivaces … blessures de 61, 66, blessures de 75, de 79, de 81, blessures de 89, de 2003, … elles ont besoin d’être pansées, soignées, elles doivent cicatriser, elles doivent nous servir de vaccins et nous prémunir contre le pire.

L’esclavage en Mauritanie est un état d’esprit, une culture, un comportement … comme le racisme, la xénophobie, le chauvinisme … Il y a un travail complexe et énorme à faire sur nous-mêmes et sur les autres et à mener sur tous les fronts : économique, social, politique … C’est un devoir national, humain, religieux, individuel et collectif : construire un projet de société commun à tous les mauritaniens, dans lequel tous les mauritaniens sont égaux, en devoirs et en droits, ont tous le même accès à la justice, à l’éducation, aux soins de santé, au travail, à l’eau, au logement, à la sécurité, à un cadre de vie agréable.

Je ne pense pas que nous arriverons à construire un projet, ou une vision, ou n’importe quoi de bien, dans un climat d’insécurité, d’intolérance, de stigmatisation, de violence, d’insurrection ou d’inquisition. C’est par une dénonciation intelligente, une traque sans merci, quotidienne, de tous les abus et de toutes les atteintes à la dignité humaine –par la dénonciation, l’éducation, la communication et la formation – que nous arriverons un jour à bout de tous ces défis.

Je lance l’appel vibrant d’une mère, d’une sœur, d’une épouse, d’une fille … à tous nos vaillants hommes qui en sont encore capables, pour leur demander de faire preuve de mesure, de discernement et de penser à nos enfants, de penser à notre pays qui constitue notre unique refuge et qui a fortement besoin de tous ses fils et de toutes ses filles, forts, équilibrés, constructifs. Ensemble nous y arriverons, Incha Allah !

La Citoyenne Lambda


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