lundi 3 octobre 2011

Lettre fermee a Aziz.



Nos états se doivent de prendre leurs destins en main. Du discours de la Baulequi, en son temps, était perçu comme une prime à la démocratisation à un monde où les rapports nord-sud conservent, à certains égards, la marque des politiques de lutte contre la menace terroriste, il est clair que l’horizon ne laisse plus présager d’un avenir rassurant quant au droit des peuples à jouir de leurs diversités.

Il est dés lors légitime de s’interroger sur la place des droits de l’homme au sein de la communauté internationale et, surtout, l’incidence de cette place sur la capacité des états à réajuster leurs politiques intérieures aux exigences d’un monde toujours plus global.

Notons au départ que notre monde vit encore sa convalescence humanitaire après les parenthèses douloureuses des génocides Bosniaque et Rwandais.
Ces événements furent dans l’histoire des relations internationales une opportunité rare pour la percée des considérations humanitaires dans la gouvernance juridique du monde ; hélas, le travail à faire, plus de six décennies après les horreurs de la deuxième guerre mondiale, reste encore titanesque, et ce, par une tendance double des nations et des organisations des droits de l’homme à limiter l’expression des griefs et leur prise en compte à la nécessité de maintenir des rapports de force plus stratégiques que bienveillants pour les droits humains.

En effet, les récents événements intervenus dans notre pays en rapport avec l’enrôlement, bien que malheureux, ont eu le mérite de nous conforter dans l’idée que nous, Mauritaniens, sommes la solution la plus adéquate à nos problèmes.

Quand nous disons Mauritaniens, notre pensée va aussi bien vers les hommes et les femmes engagés dans la lutte pour une alternance politique réelle que vers ceux qui, pour une raison ou une autre, s’évertuent à maintenir les rapports interethniques dans l’atmosphère délétère que nous leur connaissons depuis l’indépendance. Le discours prononcé à la Baule pour forcer les pays Africains à l’ouverture démocratique devrait en soit consacrer, dans l’esprit de nos leaders, la naissance d’un sursaut patriotique respectueux de nos différences qu’elles furent raciales, culturelles ou politiques.

Mais, parce que les hommes aux commandes dans notre pays n’avaient de la Mauritaniequ’une vision limitée à l’avenir d’une race déterminée, ils ne pouvaient pas se rendre compte qu’on leur proposait une coopération économique en échange de la promesse d’inclure dans leur programme de gouvernement des droits qui, par nature, ne devraient pas attendre une intervention étrangère pour être respectés et adulés.

Aujourd’hui, plus de deux décennies après l’avènement de la démocratie dans notre continent, nos dirigeants peinent encore à comprendre la marche de l’histoire. Quand des pays comme laChine, le Mexique ou l’Inde s’engagent dans une course acharnée pour rattraper les pays développés, nos dirigeants eux préfèrent réfléchir aux voies et moyens de dresser les unes contre les autres des ethnies condamnées à vivre ensemble. L’ancien opposant au régime d’Hassan II, Mehdi Ben Barka, fasciné par le réveil chinois, se demandait pourquoi son pays, beaucoup plus petit en nombre, ne pouvait tenter les mêmes accomplissements qui ont aujourd’hui élevé la Chine au rang d’une puissance émergente respectable.

C’est que malgré l’épine Tibétaine dans la patte du géant asiatique, les dirigeants communistes ne se sont jamais privés de mettre l’avantage du nombre au service de leurs ambitions pour laChine. Les États-Unis comptent aujourd’hui plus de 300 millions d’Américains. Parmi eux des arabes, des européens, des africains et j’en passe, tous mis à profit pour maintenir et intensifier le rôle déterminant du pays dans le jeu des relations internationales. Il ne sert à rien de jouer la carte de la fibre anti-impérialiste pour rejeter l’exemplarité du modèle socio-économique Américain.

Le rôle international de cette superpuissance, contesté ou pas, demeure et demeurera pour longtemps l’œuvre d’une résolution pratique à encourager l’expression des diversités. Qu’on ne vous fasse donc pas croire que vous êtes trop blancs pour vivre avec des noirs, trop noirs pour vivre avec des blancs ou, qu’ensemble, vous êtes trop nombreux pour partager une même Mauritanie.

Il est vrai, comme l’a dit un certain Mokhtar ould Daddah, que « l’avenir de la Mauritaniesera ce qu’en fera sa jeunesse » mais, il est tout aussi vrai que cette pensée, combien véridique au tout début de notre indépendance, doit être réactualisée à la lumière des nouvelles acquisitions en matière pédagogique. La vérité c’est que la jeunesse mauritanienne est diverse et c’est en ce sens seulement qu’elle pourra se préparer à affronter les multiples défis liés à son avenir.

Les dirigeants en Mauritanie nous ont habitués à des abus taillés sur la nature conjoncturelle des données de la politique internationale.

En 1990, lorsque les projecteurs de la communauté internationale étaient braqués sur la guerre en Iraq, un certain Maouya, convaincu que l’armée de Saddam (la quatrième du monde à l’époque) avait une chance contre celle de Bush et que de cette victoire imminente allait découler un nouvel ordre mondial qui devrait consacrer la prépondérance de son frère Irakien, s’empressa de mettre en marche sa machine d’épuration ethnique.

Aujourd’hui encore, un contrat implicite semble expliquer le silence de la communauté internationale sur les violations des droits de l’homme en cours dans notre pays aussi longtemps que le général pourra vendre l’impression d’être plus engagé que d’autres dans la lutte sous-régionale pour l’éradication du terrorisme. En guinée, après des échauffourées qui ont causé la mort de deux personnes, Amnesty internationale n’a pas tardé à demander l’ouverture d’une enquête.

La différence entre la guinée et nous c’est que nous sommes au cœur de la lutte contre le terrorisme au Maghreb et que, pour cette raison, la communauté des états confrontés à la menace terroriste caresse Aziz dans le sens des poils de sa moustache. En revanche, il n y’a pas une grande différence entre ceux qui sont déjà morts dans les geôles de Maouya et ceux qui sont aujourd’hui dans nos rues pour dénoncer un enrôlement discriminatoire sous Aziz.

Tous sont victimes d’un système qui ne peut plus perdurer, une perception contreproductive des rapports interethniques contestée par les orphelins des martyrs. Ceux qui, parmi les noirs soutiennent le statuquo n’enlèvent rien au fait que vous avez un travail immense à faire.

Ils ne sont ni des traitres aux noirs ni aux maures ; ils sont des traitres à une Mauritanie sacrifiée sur l’autel des conforts exclusivistes et éphémères. Vous avez tout à gagner à poser les jalons d’une cohabitation future fondée sur des valeurs universelles respectueuses de vos diversités. Il y’ va de votre survie et de votre place dans le contexte des rapports économiques globaux.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire