jeudi 13 octobre 2011

Hôpital de l’Amitié dit Hôpital Sadagha :« De la nécessité de revoir la mission assignée...



...à nos centres hospitaliers» -[Reportage Photos]. 

Inauguré le 28 novembre 2010, à l’occasion du Cinquantenaire de notre indépendance nationale, l’hôpital de l’amitié, symbole de la coopération sino mauritanienne aura mis plus de 6 mois, après son inauguration avant de démarrer effectivement ses activités.

Un retard qui s’expliquerait, selon diverses sources concordantes par l’absence de moyens d’équipement. Construit par la coopération chinoise, l’hôpital Amitié a été cédé au département de la santé à l’occasion de notre cinquantenaire alors qu’il n’était pas totalement achevé.

Pour certains, le gouvernement mauritaniens qui tenait comptabiliser ce joyeux dans ces réalisations aurait poussé les chinois à précipiter la cession. Une information démentie par un haut responsable du ministère de la santé affirmant que ce sont les chinois qui ont voulu se « débarrasser » de ce chantier devenu peut-être encombrant.
Une chose est ce pendant sûre, même si nos amis chinois n’ont pas totalement achevé le projet, ils ont tout de même réalisé un imposant ouvrage et continuent à assurer l’entretien, la réparation et la maintenance des équipements en attendant la formation d’un personnel de relève.

Un défi à relever.

Quoiqu’il en soit, au lendemain de son inauguration, l’hôpital ne disposait ni d’eau ni d’électricité, ni équipements en médical ; il aura fallu de gros efforts au gouvernement pour parachever l’ensemble des équipements indispensable pour une structure digne de ce nom. Une rude tâche confiée à Dr Mohamed Ould Bebaha.

Ce fut comme une patate douce dans les bras, avoue l’un des ses collaborateurs. Il lui aura fallu à ce seul chirurgien de cet hôpital plus de 6 mois de durs labeurs pour mettre sur orbite ce gros fleuron bâti au cœur de l’un de nos plus grands bourgs de la capitale, à savoir, Arafat, non loin de la mosquée de l’érudit Ould Dedew. En prenant sa fonction le directeur de l’hôpital a défini quatre axes stratégiques :

-gestion par la pensée (formations continue et soins de qualité) ; gestion par le système de recouvrement des coûts en tenant compte de ceux ont de faibles revenus ou indigents), gérer les résultats par la qualité (équipement performants) et traitement par la performance ( pôle d’excellence). Ce cadre stratégique novateur devrait aboutir à zéro distance (limiter au strict minimum des bousculades), zéro plaintes des patients et enfin zéro défaut. Un gros défi qui exige suffisamment de temps, de moyens et surtout un changement radical de mentalités de nos citoyens. Réaliste, le directeur de l’Amitié reconnaît que la tâche n’est pas facile.

Aujourd’hui indique-t-on à la direction, l’hôpital est doté de l’ensemble des prestations hospitalières, même si, comme tous nos établissements hospitaliers de la capitale ou du pays, quelques problèmes, ici, liés à ses balbutiements. Certains services ne fonctionnement pas pleinement, certains équipements sont ma adaptés, comme du reste le personnel dont la majorité provient des structures de la périphérie, ce qui a obligé l’hôpital à se doter d’une structure de formation de suivi et encadrement.

Cette structure a en charge l’accueil des stagiaires de l’école des infirmiers et sages femmes, de la faculté de médecine mais aussi des visiteurs et consultants étrangers. Le chef service chirurgie rencontré dans les couloirs de son service nous a affirmé que le problème de la formation continue est plus que déterminant dans la rationalisation des ressources humaines souvent déficitaires.

Un équipement performant mais à adapter 

En faisant le tour des différents services, on est surtout frappé par l’architecture, l’aération et le calme presque olympien totalement différent de celui du CHN. Les services vitaux, tels la radio, le laboratoire, le scanner et le bloc opératoire des urgences, de la réanimation, sont équipés d’un matériel dernier cri, qui ne fonctionne pas hélas, pour certains, à plein régime.

En effet, la radio numérique, le scanner et l’échographie connaissent quelques petits problèmes techniques parce que l’installation aurait été faite dans une certaine précipitation. Résultat des courses, le scanner ne peut effectuer que 6 clichés alors que sa capacité réelle est de 20 personnes /j, la machine d’échographie connaît quelques soucis avec sa console, indique un technicien de la place…

Mais selon les explications d’un spécialiste, c’est un scanner à barrette qui ne peut effectuer que 2 types d’examens alors qu’on l’utilise pour d’autres, ce qui occasionne, évidement quelques problèmes techniques. Pour le chef de service du labo, en revanche « tout se passe comme sur des roulettes, les patients sont accueillis et servis, une fois devant le service.» 

La raison c’est que l’hôpital est encore peu connu des quartiers périphériques qui continuent à engorger l’hôpital national. Malgré le passage récent de son directeur sur les média nationaux, nombre cas d’urgences sont conduits au CNH alors qu’ils peuvent être mieux accueillis à l’hôpital de l’amitié (HA), un établissement construit pour justement décongestionner le centre hospitalier national, traité, à tort ou à raison de « mouroir » et l’hôpital Cheikh Zaidconstruit lui aussi dans la périphérie et qui devrait accueillir davantage de patients venus des quartiers périphériques mais aussi de l’intérieur du pays, parce que situé à l’entrée de la capitale.

L’autre aspect qui frappe c’est surtout l’exiguïté du service des consultations externes, de la pédiatrie et des urgences. La salle de réanimation ne dispose que 4 lits, dont 2 étaient occupés la place au niveau de la Réa du CNH. Cette exigüité est aussi observée au niveau des consultations externes où, comme à l’heure habitude, les patients s’entassent et se bousculent dans le seul couloir pour rencontrer un médecin.

La surveillante du service s’arrache les cheveux pour mettre un peu d’ordre. Elle nous indiqué avec une certaine fierté que le service des consultations externes, en plus de son petit bloc de petites chirurgie, dispose également d’une unité de neurologie, la 2e après celle du centre neuropsychiatrique, plus connu sous le nom de l’hôpital Dia. Là, nous avons trouvé, au bras de sa maman, un bébé en pleine exploration neurologique (tête). En plus des quatre médecins permanents, le service s’est attaché les services de 27 contractuels de différentes spécialités.

Cette situation s’explique selon un responsable de l’établissement par le fait que l’hôpital devrait, non seulement disposer d’un étage, pour loger d’autres services, mais parce qu’il a été conçu et exécuté selon les normes des donateurs, selon lesquels l’hôpital ne fonctionne pas comme un dispensaire. Or déplore ce responsable, nos centres hospitaliers ne respectent pas les normes standards ; ils fonctionnent comme des polycliniques, voire comme des dispensaires, ce qui limitent naturellement leur performances.

Une situation que le ministère de la santé se devait de régler vite en revoyant son système de planification et d ‘organisation sanitaire. En Mauritanie, regrette un vieux médecin, c’est qu’on ne capitalise pas les expériences accumulées depuis les indépendances dans le domaine du secteur.

Le défit de l’hygiène

Si la coopération chinoise a réalisé un véritable joyau pour la Mauritanie, il appartient au responsable de l’établissement d’en assurer la pérennité. Et le premier défi demeure la propreté des lieux. Un gros challenge, reconnaît l’intendant de l’établissement. Ainsi, pour assurer l’hygiène de l’Amitié, la direction s’est attaché les services de 4 sociétés d’entretiens qui se relaient pour rendre accueillant les lieux.

La direction attache une importance particulière à ‘hygiène, mais elle se heurte à la mentalité de nos concitoyens patients et accompagnants qui jettent n’importe quoi, n’importe où, crachent sur le sol et les mûr, ne tirent pas sur les chasse d’eau dans les toilettes…ce qui pose aussi bien aux sociétés d’entretien qu’à nous-mêmes, un véritable casse tête.

Et Ould Betar de faire remarquer : « nous ne pouvons pas laver les mûrs salis par les patients et les accompagnants parce qu’ils sont badigeonnés avec de la peinture à l’eau et il y a une contrainte avec les chinois qui nous empêche de procéder à certaines modifications. 

La santé a besoins de ses états généraux.

A l’image de l’école, de l’administration, la santé est également malade ; elle souffre de gros maux et nécessite une thérapie de choc. Par ces maladies qui gangrènent le système de santé, on relève la mauvaise planification des investissements, le désordre dans l’utilisation de son personnel, une gestion approximative des structures etc.

Selon un spécialiste de la santé que nous avons interrogé, l’ensemble des médecins que nous avons au niveau de Nouakchott ne suffisent presque pas à assurer un fonctionnement normal de l’hôpital national. Que dire si on les dispatche dans 3 à quatre établissements ? C’est vous dire qu’il s’agit plus ou du moins d’un bricolage. Le spectacle qu’offrent nos centres hospitaliers, donne amplement raison à ce spécialiste.

Si aujourd’hui, observe un responsable à l’hôpital de l’amitié, des bousculades au sein des hôpitaux, le plus souvent pour des consultations bénignes, c’est que quelque part, un ressort est cassé. « un centre hospitalier n’est pas fait pour des consultations, on s’y rend après avoir franchi certains étapes, mais chez nous, les citoyens se rendent dans les services d’urgences pour de simples maux de tête, ce n’est pas acceptable, il faut que les citoyens et les responsables se décident à changer cette attitude pour permettre à nos hôpitaux de jouer pleinement leur rôle, à répondre aux aspirations des populations.

Quels que soient les moyens qu’on va injecter dans le secteur de la santé, ils ne serviront pas à grand-chose si les pratiques auxquelles nous assistons et pratiquons persistent, c’est la raison pour laquelle nos demandons au ministère de la santé d’organiser des journées de réflexions ou des états généraux du secteur de la santé.» 

Quelques chiffres

Notre tour des services de l’hôpital de l’amitié s’est achevé chez la surveillante générale. Une petite exception parce que jusqu’ici, cette charge est confié aux hommes. Très occupée par l’organisation de la participation de l’établissement à l’opération reboisement en cours, prévu le lendemain, jeudi, la surveillante nous a livré les statistiques des quatre derniers mois à partir desquels l’établissement a démarré ses prestations.

D’une capacité de 89 lits, l’hôpital de l’amitié dispose de 23 médecins spécialistes, 11 dentistes, 15 TSS, 2 biologistes, 5 TS, 24 IDE, 14 sages femmes, 49 IMS, 6 secrétaires médicales, 12 filles de salle, 15 garçons de salle, et 3 chauffeurs. Un nombre insuffisant pour faire fonctionner, comme l’a dit un chirurgien ne permet pas de répondre à la demande pressante des populations.

En dépit de l’insuffisance des moyens en ressources humaines, et en moyens financiers, l’hôpital a réalisé cependant la moisson suivante : 22251 consultations externes, 693 hospitalisation, 381 accouchements normales, 97 césariennes, 334 opérations chirurgicales programmées, 150 en urgence, 10917 analyses médicales, 2086 radios, 915 échographies et 173 scanners logés dans l’ensemble des 14 services de l’hôpital. Relativement aux pathologies les plus fréquentes enregistrées au niveau de l’établissement, la surveillante générale signale les infections pulmonaires, le paludisme, quelques cas de d’hépatite et d’urologie…

Ces chiffres sont appelés à évoluer très certainement dans les prochaines années parce que petit à petit, l’hôpital commence à s’imposer sur l’échiquier sanitaire de la capitale. Le bouche à bouche aidant, les patients ont commencé à venir des quartiers éloignés comme Toujounine,ZatarTeyaret, de la capitale…

Traçabilité de la gestion.

Pour marquer sa différence dans la gestion, la direction de l’établissement s’est dotée d’un outil performant. Les finances, les consommables et autres moyens de l’établissement sont suivi à partir d’un logiciel de gestion centralisé. « La direction veille rigoureusement sur la traçabilité dans la gestion des moyens de l’établissement.» nous déclare Ahmed Betar, intendant de l’établissement.

Et le chef de service du laboratoire Dr Ould Kerkoub d’ajouter, sous peu, l’établissement se dotera d’un système unifié de payement surtout pour les gens de la CNAM, ce qui leur permettra d’éviter de venir se faire enregistrer, une deuxième fois, après avoir payé à la caisse centrale. En attendant, chaque service dispose de son accueil où les patients sont enregistrés avant de passer leurs examens.

Amar le comédien aux urgences !
Au service des urgences, nous nous sommes retrouvés, nez à nez avec Oumar Ould Kiyé, alias Amar, un comédien bien connu du petit écran mauritanien. Rassurez-vous, il n’est pas venu au bord d’une ambulance ou d’un taxi pour se faire soigner. Oumar est un garçon de salle de profession à l’hôpital de l’Amitié. A la différence de ses envolées comiques et ses grimaces déroutantes, son humour perspicace, l’homme nous a paru très doux, très calme, différent du comédien qui fait marrer tout Nouakchott.

Est-ce parce que les urgences l’exigent ou parce que son jeune chef service Tourad se tenait à nos côtés? Quand je lui ai proposé de prendre sa photo, il l’a accepté avec plaisir, mais ajoute, si tu me le rapporte, je ne v ais plus taquiner ou imiter les peulhs. Je lui avais fait la remarque.

De l’avis de ses collègues, l’homme fait correctement son travail, fait rarement distraire les gens dans ce service toujours encombré de cas pathétiques; il s’absente rarement et prend le soin d’aviser avant d’aller rejoindre ses collègues comédiens pour préparer leur sketch. Nous avons tenté vainement de le faire sortir de ses gongs, il a gardé un calme déconcertant. 

A la surveillance générale où nous nous sommes retrouvés –il venait s’excuser pour sa à la plantation des arbres, le lendemain, jeudi, il a répondre à notre interpellation, avec un trait d’humour, par : « j’ai fait un sketch dans lequel j’ai invité les populations à planter des arbres, mais non sans avoir pris le soin de couper les sachets en bas. » En sortant, il dit à l’endroit de la surveillante générale « même si je ne viens pas, ma voiture est à votre disposition.»

Prolifération des pharmacies.


Aussitôt inauguré, l’hôpital de l’Amitié a vu pousser, comme des champignons des pharmacies autour de l’établissement. Cette pratique à laquelle nous assistons autour nos structures de santé indigne plus d’un ; elle traduit les rapports que nos hommes d’affaires et certains de nos grossistes entretiennent avec la santé. A chaque fois que les structures de santé sont bâties, comme des rapaces, ils accourent pour se remplir les poches. Comme l’a si bien demandé le directeur de l’hôpital, tant que nos habitudes et mentalités n’auront pas changé, les performances de nos structures de santé n’apporteront pas de solutions à nos problèmes de santé. 







Hôpital de l'Amitié : urgences


Hôpital de l'Amitié : Salle de chirurgie




Hôpital de l'Amitié : Chambre de réanimation






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