mercredi 10 août 2011

Mohamed Salem Ould Haiba : « Comment peut-on justifier le refus d’enrôler le 1er titulaire du poste de ministre des finances de la Mauritanie en prétendant qu’il n’est pas mauritanien ? »



Le président du groupe de communication MEPIPS monsieur Mohamed Salem Ould Haiba a déclaré que le débat télévisé en direct du président de la République organisé à l’occasion de la célébration du 2ème anniversaire de son investiture, était vivement attendu par l’opinion publique mauritanienne. Cette dernière s’attendait à être édifiée sur les nombreuses questions ayant trait à la vie national, surtout dans un contexte marqué par une hausse sans précédent des prix des produits de consommation et un sentiment d’anxiété et de désespoir général. Ould Haiba a encore dit, dans une déclaration de presse dont copie nous est parvenue, que toutes les franges de la population s’attendaient à des clarifications de la part du président de la République par rapport à la situation économique, politique et sociale du pays surtout en cette période où les populations de l’intérieur souffrent du déficit pluviométrique et de l’absence de services publics alors que les habitants des grands centres urbains souffrent de la cherté du coût de la vie et de l’absence d’une vision claire susceptible d’améliorer leurs conditions. Mais, ajoute Ould Haiba, après cette sortie médiatique du président, c’est un sentiment de déception et de frustration qui s’est emparé des populations. Lorsque le président de la République est arrivé au Palais des Congrès la salle était déjà prise d’assaut par les flagorneurs et autres courtisans alors qu’il aurait été souhaitable qu’il trouve devant lui le petit peuple, les pauvres et les déshérités, à côtés des représentants des autres franges de la majorité et de l’opposition. Cela aurait permis au président de la République de prendre le pouls réel des populations qui ont des problèmes quotidiens. Je voudrai ici saluer le rôle joué par la presse indépendante et les médias internationaux qui ont pleinement profité de la marge de liberté qui leur est offerte pour poser des questions faisant écho des préoccupations des citoyens. Le mérite en revient au ministère de la communication qui a choisi les journalistes sur la base de critères objectifs. Les journalistes ont soulevé des questions pertinentes mais les réponses apportées par le président de la République n’ont pas été convaincantes. Par ailleurs, le choix des personnes devant interroger le président n’était pas objectif. Les populations ont été particulièrement frustrées de voir un colonel de la Douane à la retraite et fédéral du parti au pouvoir parler au nom du petit peuple. Dire qu’il s’agit d’un débat en direct avec le peuple et donner la parole à des retraités du parti au pouvoir afin qu’ils s’en prennent à l’opposition, cela frustre forcément les populations. Il en est de même de l’apparition à Néma d’un vieux notable connu pour ses courbettes pour le pouvoir depuis le règne d’Ould Taya. Si ce sont ces gens là, réputés pour leur penchant pour la surenchère et le lèche bottes des maîtres du moment, qui s’expriment au nom du peuple, il n’y a rien à tirer de ce genre de rencontres. La responsabilité de ce genre de pratiques incombe aux Walis mandatés pour choisir les intervenants dans leur wilaya respective. Plus grave encore, la place d’Arafatt, baptisée place de la liberté où des milliers de personnes venues des bas-quartiers de Nouakchott s’étaient rassemblées, n’a pas eu droit à la parole pour soulever les nombreux problèmes auxquels font face ces populations. Dans une interview que j’avais accordée au site indépendant Aqlam, j’avais estimé que ce débat avec le peuple ne sera qu’une mascarade, la seconde du genre. Il est apparu à tous que j’avais raison. La preuve qu’il s’agissait d’une mascarade, c’est que la majorité de ceux qui étaient aux premières loges au palais des congrès, sont les flagorneurs et les courtisans. Ils ont d’ailleurs brouillé les idées du président, et empêché ceux qui l’écoutaient de bien entendre. Ould Haiba a encore dit que la Mauritanie à l’instar des autres pays doit promouvoir le pluralisme des opinions. Le peuple a besoin d’entendre le Premier ministre défendre son gouvernement. Le PM doit affronter le peuple et organiser des conférences de presse pour éclairer l’opinion publique sur ce que fait son gouvernement. J’ai parlé tantôt de la responsabilité des walis dans cette mascarade, de fait il s’agit de l’échec du ministère de l’Intérieur qui devait ordonner aux walis de laisser toutes les opinions de s’exprimer. Le peuple s’attendait à ce que le président reconnaisse l’existence des problèmes complexes et réels qui se posent aux populations et qu’ils proposent des solutions au lieu de se contenter de nier l’existence de ces problèmes et de défendre ceux qui en sont responsables. La question de l’esclavage se pose en Mauritanie. Il y a une volonté de l’éradiquer à travers la mise en place d’un arsenal juridique la condamnant et criminalisant ceux qui la pratiquent et à travers la discrimination positive ainsi que la lutte contre la pauvreté. Le président aurait dû reconnaitre cette tare et défendre les politiques mises en place pour son éradication. Cela aurait été plus convaincant que d’occulter une réalité perçue par tout le monde. Le problème de l’enrôlement existe et aujourd’hui tous les mauritaniens sont blasés par la manière dont est menée cette opération dont l’échec est inéluctable. Comment peut-on justifier le refus de recenser le 1er ministre des finances de la Mauritanie en prétendant qu’il n’est pas mauritanien ? Quel est ce recensement qui empêche Dr Bâ Bocar Alpha d’être enrôlé alors qu’il est l’un des symboles de la construction de ce pays ? Quel est ce recensement qui empêche notre confrère Selwa Chérif connue à travers le plateau de la TVM d’être enrôlée ? Ou encore la fille du commissaire à la retraite Ly Mamadou pour la simple raison qu’elle est née à l’étranger ? De fait, l’Agence chargée de cette opération est devenue un Etat dans l’Etat. Ce débat constituait une opportunité pour le président de la République de réconforter le peuple à travers l’annonce de mesures urgentes destinées à améliorer la situation et à combler les manquements soulevés par de nombreux citoyens par rapport à l’enrôlement. La défense des responsables de cette opération sensible et cruciale pour le pays et pour son avenir, ne milite guère en faveur de l’unité nationale et de la cohésion sociale. Telle qu’elle se déroule actuellement ; cette opération divise plus qu’elle n’unit et aiguise le sentiment d’exclusion d’une composante du peuple mauritanien. C’est là un danger réel au moment où le pays a grandement besoin à l’ensemble de ses fils, a conclu Ould Haiba. .

C

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