mardi 23 août 2011

La haute barre et la courte échelle



En acceptant de prendre le risque politique, ce 6 août 2011, de se soumettre aux questions, toutes les questions, que se posent les Mauritaniens, sur le bilan de deux années de sa gestion des affaires publiques, le Président de la République a indiscutablement innové en matière de communication dans notre pays.

Il a, en effet, rompu avec le style rigide et médiocre de ses prédécesseurs, au profit d’un discours structuré par l’usage régulier de statistiques, de tendances et d’éléments comparatifs. Le Président a utilisé une langue accessible à la majorité des Mauritaniens, le Hassanya; quand il répondait aux questions formulées en français, la précision était de rigueur.

L’option du plein air renvoie à la confiance en soi et à la sobriété caractéristique du mode vie mauritanien. Le décor composé d’un grand «U» fait de magnifiques tentes éclairées mais non occupées et de superbes tapis tissés localement et exposés en tableaux géants, le tout agrémenté de deux écrans géants et d’un éclairage optimal.
La tribune où se trouvaient le Président et les journalistes qui devaient l’interroger, était fonctionnelle et en harmonie avec le décor et les lieux. Les habitants des capitales régionales ont pu suivre la prestation télévisée du Président, sur des écrans géants implantés sur des sites accessibles au plus grand nombre.

Le choix des journalistes invités à interroger le Président, a dérogé aux critères d’allégeance politique et de docilité intellectuelle, à preuve certaines questions étaient pour le moins irrévérencieuses voire insolentes; sur ce plan, le Président a décidé de prendre le taureau par les cornes, en se soumettant volontairement aux questions de ses détracteurs les plus virulents, au sein du microcosme médiatique national.

Ils lui ont rendu –involontairement- un service appréciable, en raclant le fond de la «réserve» à ragots et aux rumeurs, patiemment constituée par ses adversaires politiques. Ces derniers devront reprendre à zéro leur entreprise sisyphienne de dénigrement, avec une imagination accrue, sous peine d’emprunter pour de bon les allées de la marginalité médiatique.

Dès l’entame et à l’occasion de la première question, le Président a signifié son intention de s’affranchir des propos faussement élogieux et des effets sonores, nuisibles à tout effort de concentration mental et de réflexion.

La tonitruante correspondante d’Aljazeera, a appris à ses dépens qu’il ne suffit pas de solliciter fortement ses cordes vocales, en effleurant unilatéralement des sujets tragiques et complexes, pour gagner l’approbation de l’auditoire.

A propos du «serpent de mer» qu’est le dialogue politique national, le Président a réitéré son engagement pour «dialogue sans tabou», il a révélé incidemment que ses adversaires accepteraient volontiers que les échéances électorales soient renvoyées aux calendes grecques, à l’exception notable des présidentielles.

Quant à la polémique stérile entretenue par les FLAM et l’UFP, au sujet de l’enrôlement en cours des populations, le Président a invité ceux qui ont décidé d’adopter une nouvelle nationalité d’assumer la responsabilité de leur libre arbitre; il a précisé que depuis son indépendance, laMauritanie a décidé de ne pas reconnaître la double nationalité et que la seule fois où cette disposition légale a été assouplie, elle l’a été sur son initiative, en permettant à toute personne d’origine mauritanienne, détentrice de nationalité étrangère et souhaitant récupérer sa nationalité mauritanienne, d’en faire la demande explicite.

S’agissant de la hausse des prix des carburants, le président a précisé que l’Etat subventionne chaque litre d’essence consommé dans ce pays, à plus de cinquante ouguiya; pourquoi devrait-on continuer ainsi? s’est interrogé le Président, eu égard à la contrainte de la maitrise de la facture énergétique nationale, à la nécessité de développer des services de transport en commun et à l’urgence de la mise sur pied d’un système de subventions ciblé, en direction des couches les plus déshéritées de la population.

Concernant la lutte contre le banditisme armé au Sahel et au sujet de la Lybie, le Président a développé un discours tout en nuances, dont le fil conducteur reste l’intérêt bien compris de laMauritanie, la quête de la paix régionale et le renforcement de la solidarité internationale.

Le Président a naturellement évoqué beaucoup d’autres sujets, en maniant, à l’occasion, le sens de l’humour, pour atténuer la sévérité de certains d’entre eux.

A la fin de cette émission télévisée, qui a duré plus de quatre heures, le Président aura placé la barre si haute en matière de communication, qu’il sera désormais difficile à ces adversaires politiques de le concurrencer, même en recourant à la «courte échelle»!

A bon entendeur, salut!

Ahmed Ould Sidi



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