lundi 15 août 2011

Interview d'Abderrahmane Ould Marrakchi, membre du bureau exécutif du RFD



Monsieur Abderrahmane Ould El Marrakchi, est un éminent politicien et un membre du Bureau Exécutif du parti duRassemblement des Forces Démocratiques (RFD). Il braque les projecteurs sur les différents sujets d’actualité dans le pays. A tous les niveaux politiques, sociaux et économiques, à travers la présente interview qu’il a accordée au quotidien "El Emel El Jedid", il y expose sa lecture et ses positions par rapport à ces évènements

Q : Selon votre lecture, quel bilan faites-vous des deux ans de règne du président Mohamed Ould Abdel Aziz ?

R : J’estime que deux ans ça représente une période très courte dans la vie d’une nation pour faire l’objet d’une évaluation, surtout dans le cas de la Mauritanie qui est restée en état de pillage systématique pendant 30 ans. Toutefois, si nous scrutons minutieusement ce bilan, nous constatons qu’en dépit des nombreuses insuffisances qu’on peut constater dans l’action gouvernementale, des réussites certaines et multiples ont été concrétisées.
Par exemple au niveau des libertés publiques, les libertés de la presse et d’expression ont été renforcées par un arsenal juridique, qui comporte une loi d’appui à la presse, une loi portant sur la libéralisation de l’espace audiovisuel, et l’abrogation de la peine d’emprisonnement des journalistes, ainsi que la liberté de manifestations et de sit-in, jusque même devant la Présidence de la République.

De même qu’il n’existe pas de prisonnier politique ou d’opinion, et ce sont là de grands acquis pour un jeune état démocratique, comme la Mauritanie.

Deuxièmement, au niveau sécuritaire, il faut se rappeler ce qu’était la Mauritanie en 2008. Le pays était menacé au plan interne et externe par les terroristes. Aujourd’hui, le péril terroriste est totalement sous contrôle, et ceci grâce aux efforts déployés par l’Etat.

Nous disposons aujourd’hui d’une véritable Armée nationale, bien structurée, bien entraînée, et suffisamment équipée. Chose jusqu’ici plus qu’impensable. Elle a été dotée de moyens aériens qui constituent une arme déterminante dans la lutte contre le terrorisme.

L’Etat a pu disposer de tout cela en dépit de ses modestes moyens. La Garde, la Gendarmerie et la Police Nationales, ont également subi des mises à niveau conséquentes, de sorte que nous avons aujourd’hui la tête haute et cité en exemple au sein des conclaves internationaux.

Troisièmement, au plan économique, il n’est un secret pour personne qu’il y a une crise économique mondiale qui a secoué bien de solides économies européennes telles que l’Espagne et la Grèce, et a frappé les Etats-Unis et la France, et qui affecte toute la planète et surtout les pays faibles.

Malgré cela les indicateurs économiques en Mauritanie sont rassurants. Pour la première fois de son histoire, la Mauritanie dispose de 5 à 6 mois de réserves de devises.

Le Trésor dispose aussi d’un compte excédentaire à la BCM, et donc, nous nous éloignons de la planche à billets à laquelle on faisait recours jusqu’à août 2005, ère durant laquelle nous disposions d’à peine six jours d’importations, alors que le compte Trésor à La BCM était constamment au rouge.

Il existe effectivement un fort taux de chômage, surtout au niveau de la frange des jeunes, mais, il y a de grands espoirs que des milliers d’emplois soient créés au cours des prochaines années, notamment dans les secteurs minier, agricole et de la pêche.

Dans le secteur de la santé, une démarche publique est consentie dans ce secteur pour aplanir les problèmes et obstacles qui s’y posent. Les pouvoirs publics ont procédé à l’acquisition de lots d’équipements médicaux de base, et la dotation de certains hôpitaux à l’intérieur du pays, en plus du Centre d’Oncologie de Nouakchott et de l’Hôpital de l’Amitié d’Arafat, dans une démarche visant à soulager les souffrances des citoyens les plus démunis.

Pour ce qui est de l’Education, on sait que la réforme de ce secteur nécessite un plan d’action global. Des journées de concertation sur ce secteur sont en phase de préparation. La réalisation du futur complexe universitaire est en cours, et il permettra au pays de disposer pour la première fois d’une université moderne, hissée au niveau des normes internationales.

La réalisation de ce projet a coûté à l’Etat mauritanien, plus de vingt milliards d’ouguiyas.
De même, il y a un accent particulier qui est mis sur la formation professionnelle depuis deux ans. Domaine dans lequel, le pays avait de grandes lacunes, étant donné que la formation professionnelle est pourvoyeuse d’opportunités d’emploi à grande échelle.

Beaucoup de projets d’infrastructures ont été jusqu’ici réalisés, comme les routes qui ont sensiblement diminué les engorgements de la circulation urbaine à Nouakchott, tout en embellissant l’image de la Capitale et en contribuant au désenclavement de plusieurs zones à l’intérieur du pays.

La généralisation des branchements électriques, a permis la résolution des problèmes récurrents de délestages que nous avions vécu jusqu’en 2008, et le lot de dommages que ces coupures ont occasionné aux populations et à l’économie.

Il a été de même procédé à la réhabilitation et à l’extension du réseau d’adduction d’eau potable à Nouakchott, de sorte qu’il couvrira tous les quartiers de la Capitale.

Le Gouvernement travaille également de manière intense sur l’éradication du phénomène des quartiers précaires, sans parler d’autres projets gigantesques en cours de lancement comme le projet de centrale électrique géante qui fonctionnera au gaz.

Cette future infrastructure est de nature à diminuer les coûts de production, et par voie de conséquence, de réduire sensiblement la facture de l’électricité du consommateur, et de booster considérablement l’industrie.

Il faut aussi situer le projet de l’Aftout Ech-charghi dans le cadre de ces réalisations, tout comme le projet du bassin du Dhar, en plus de la réhabilitation de toutes les routes goudronnées endommagées à l’intérieur, telles que la route Nouakchott-Rosso dont l’attribution du marché est sur le point d’être signée, en plus de différents tronçons de la route de l’espoir, et la construction et le bitumage de plusieurs autres nouvelles routes. Ajoutons à cela, l’extension en cours du Port de Nouakchott, qui multipliera sa capacité par trois.

Au niveau diplomatique, la Mauritanie préside pour la première fois le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine, elle fait preuve d’une présence remarquable dans les tribunes internationales, et joue des rôles de médiation dans les différents conflits qui déchirent certaines parties du continent africain.

Il s’agit là de faits nouveaux qui n’existaient pas avant. Quant à la politique, et malgré le fait qu’elle soit marquée par le blocage et le climat de tiraillements, il existe malgré tout une volonté affichée de privilégier le dialogue, et ce, au niveau de la plus haute autorité constitutionnelle, représentée par le Président de la République.

Je pense que ce dialogue aura bien lieu, et je suis optimiste quant à sa réussite, parce que c’est dans l’intérêt du pays, et personne ne rejette l’intérêt du pays.

De même, il n’est point d’autre issue en dehors du dialogue pour pérenniser la marche du développement. Le pays ressemble à un grand chantier actuellement en cours, qui pourra d’ici quelques années, changer sa face.

Ceci est mon point de vue en tant que citoyen à propos du bilan des deux années de règne de ce nouveau pouvoir. C’est de mon point de vue un bilan palpable et visible pour tout un chacun, sauf pour celui qui ne veut pas voir le ciel. Et comme le dit le proverbe ; « Ne cherche pas à montrer le ciel à celui qui ne veut pas le voir ».

Q : Ne peut-on pas considérer les troubles et les multiples sit-in sans précédents dans l’histoire du pays, comme preuve de l’échec des politiques du régime ?
R : Au contraire, je crois qu’il y a un aspect positif qui domine le côté négatif que vous avez soulevé. Cet aspect est que pour la première fois il est possible pour les mauritaniens qui n’avaient jamais goûté à la démocratie, de jouir d’une liberté totale dans le domaine de l’expression et de la manifestation.
Ils peuvent désormais brandir les banderoles devant le Palais présidentiel, et revendiquer leurs droits, ceci était impossible.

Nous verrons à la fin du mandat du Président, comment le peuple le jugera, est-ce qu’il se positionnera pour ou contre lui ?

Q : Le dernier accord de pêche signé avec la société chinoise Poly Hondone, ainsi que la dilapidation en cours occasionnée par les deux compagnies minières, MCM et Taziast, en plus des grands dommages que ces compagnies occasionnent à l’environnement, n’y a-t-il pas là dans le cas d’espèce une preuve de la mauvaise gestion et du bradage considérable des richesses du pays ?

R : L’accord de pêche en question a été accueilli par un tapage médiatique et politique plus important que sa véritable dimension. Vu sous l’angle du Code des Investissements en date de 2002, le Gouvernement n’est pas tenu de passer par le Parlement pour les accords similaires à celui-ci, toutefois l’exigence de transparence a amené le Gouvernement à le soumettre au Parlement.

D’autre part, la société chinoise est spécialisée dans la pêche de surface, dont la Mauritanie dispose de potentialités supérieures à un million de tonnes annuellement, tandis que les capacités actuelles d’exploitation ne dépassant guère les 700.000 tonnes.

Sachant que la valeur commerciale de la pêche de surface est faible comparativement à la pêche de fond, dont les potentialités sont en voie de dilapidation depuis le règne de Ould Taya jusqu’à ce jour, par des sociétés chinoises sous des prête-noms mauritaniens.

Les mauritaniens qui couvrent ces chinois sont connus, et ils le font en contrepartie de 30.000 à 60.000 dollars annuellement pour chaque bateau. On sait par ailleurs qu’ils ne répondent pas aux normes européennes en la matière.

Pour ce qui est de cette société, elle apporte de nouveaux avantages dont on peut citer le fait qu’elle va construire ses usines de production à terre. Elle fournira 2.500 postes de travail, et elle apportera une expérience utile et inédite dans le domaine du transfert du know-how et de la mauritanisation des métiers de pêche.

Ceux qui profitent de la dilapidation de cette ressource, sont les premiers à épingler cet accord, et ce sont eux qui ont fait campagne contre.

Pour ce qui est des deux sociétés Taziast et MCM, ce sont deux compagnies anciennes et antérieures à l’avènement du pouvoir en place. Ces deux compagnies ont effectivement investi à un moment où l’investissement faisait défaut et était difficile dans le pays, mais en contrepartie, ces compagnies ont fait l’objet de facilités et ont profité d’avantages plus qu’il ne fallait.

Aujourd’hui les prix de l’or et du cuivre sont monté de manière vertigineuse, mais en même temps l’Etat ne peut pas faillir à ses engagements envers ces deux compagnies. Tout ce qu’il peut faire c’est de négocier avec elles, afin de les amener à améliorer les avantages et entrées profitant au pays.

De grands pas ont été franchis dans ce domaine au cours de l’année écoulée. Ces efforts ont permis d’améliorer la part de l’Etat dans la rente minière.

Dans le même temps, la société MCM s’est engagée à réhabiliter la route Nouakchott-Akjoujt. La compagnie Taziast quant à elle, procurera très prochainement 3.000 postes d’emploi directs, en plus de 20.000 emplois indirects supplémentaires.

Un nouveau code minier très avantageux a été élaboré courant 2010. Il permettra à l’avenir à l’Etat de disposer gratuitement de 10%, en plus du droit d’acquisition de 10% autres comme participation au capital de toute société minière qui s’implantera dans le pays. Avantages auxquelles s’ajoutent les taxes et autres prélèvements fiscaux et douaniers.

Pour ce qui est de la partie de la question relative à l’environnement, je puis dire que personnellement j’ai voyagé à Akjoujt et à Taziast, et j’ai rencontré les personnes concernées, et je vous assure que les sociétés elles-mêmes sont soucieuses et veillent scrupuleusement au respect des procédures environnementales, de peur que cela ne constituasse un prétexte pour l’Etat qui pourra les attaquer, ou entraver les intérêts qu’elles engrangent.

Ce que nous devons tous exiger en tant que partis et société civile, c’est la rigueur de l’administration dans le suivi des volets environnementaux de manière objective, sans proférer des informations non avérées.

Q : Sur le registre des droits de l’homme, certaines organisations de droits humanitaires prétendent que le pouvoir actuel est complice dans tous les cas d’esclavage qui surgissent de temps à autre, en entravant la justice, et en empêchant les procédures de suivre leur cours, qu’en pensez-vous ?


R : Je suis personnellement contre l’esclavage, et j’étais toujours un sympathisant de "SOS Esclaves" qui est présidée par mon ami Boubacar Ould Messaoud, et même aux pires instants de la dictature, lorsque cette organisation n’était pas encore autorisée à l’époque de Ould Taya.

Au moment où son leader Boubacar souffrait des injustices et de l’emprisonnement arbitraire, en dépit du caractère pacifique de son action pour la cause qui doit être notre cause à tous.

Prétendre que l’esclavage existe toujours sous sa forme classique, est totalement faux. Cependant, ses séquelles subsistent encore bel et bien et nous devons tous nous unir afin de les combattre, pour que la justice prenne son cours dans chaque cas qui se manifeste, en dehors de ça, le reste n’est qu’une entreprise de marchandage politique, et d’incitation aux tensions entre les fils d’une même composante. Dessein qui ne pourra jamais se réaliser.

Q : certains disent que la prétendue guerre contre AQMI, n’est qu’une guerre par procuration à la place de la France, que leurs répondez-vous ?

R : Les stratèges militaires disent que la meilleure façon de se défendre c’est d’attaquer. Et comme vous le savez, Al Qaida a porté préjudice au pays.

De Lemghaity à Tourine, en passant par El Ghallaouiya et Aleg.. Ils ont égorgé nos soldats comme des lapins au mois béni du Ramadan, et pratiqué des abominations sur leurs corps, avant de les piéger, sans que notre armée dispose au moment de ces faits, du moindre moyen de les poursuivre. Grace à l’actuel Président de la République, nous disposons désormais d’unités spéciales au sein de notre armée, formées sur la traque et le combat du terrorisme, équipées en armement moderne, et dotées de véhicules modernes.

Nous disposons d’avions spécialement conçus pour la guerre contre les terroristes. Nous traquons désormais les terroristes en dehors de nos frontières, au Mali qui nous autorise à agir ainsi, parce que ce pays ne dispose pas des moyens dont nous disposons pour cela.

Aujourd’hui, grâce à Dieu, chacun peut dormir tranquillement, sans craindre pour sa vie ou ses biens. Ces réalisations ne peuvent que constituer une source de fierté pour tout un chacun.

Pour ce qui est de prétendre que cette guerre est par procuration, ce n’est qu’un slogan creux qui ne peut venir que de ceux qui envient ce régime pour les résultats auxquels il est parvenu, ou de ceux qui ont intérêt à ce que le terrorisme parvienne à anéantir la Mauritanie.

Q : Certains vous accusent de partie prise pour le Président Aziz pour des motivations familiales, pas plus, que leur répondez-vous ?

R : Moi j’étais à l’opposition, et pour des raisons morales et éthiques, je ne l’ai pas quittée, même lorsque Ould Abdel Aziz est devenu Président. Mais aujourd’hui, je me trouve personnellement dans un grand dilemme.

D’une part, les principes et les aspirations pour lesquels je me suis consacré toute ma vie et que je défendais, sont contenus dans le programme du Président de la République, pour tout ce qui concerne l’égalité, la justice, la lutte contre la gabegie et la traque des prévaricateurs, l’intérêt accordé aux couches démunies, l’intransigeance même avec les siens et l’ouverture politique sincère. Tout cela est alléchant, et puis que vous dites qu’en plus, nous sommes unis par des liens de parenté.

D’autre part, mon parti qui est ma famille politique avait les mêmes aspirations, au sein duquel je me suis longtemps investi, et que j’aime sincèrement, est en train de prendre certaines positions par rapport aux prévaricateurs et au dialogue, que j’ai du mal à comprendre.

Son discours politique est devenu brumeux, dans une atmosphère où tout est enchevêtré, au sein d’une Coordination de partis dont certains sont fondés sur des bases égoïstes et étroites.

Certains courent derrière des avantages perdus, d’autres entretiennent des rancunes personnelles. Toutefois, je saisi l’occasion pour saluer le combat des deux Présidents Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir, leurs parcours historiques et leur patriotisme.

Je salue aussi la franchise et le patriotisme de Boidiel Ould Houmeid bien que nous ne sommes pas des compagnons politiques, ni du même bord.

Q : Votre parti le RFD a avancé cinq conditions pour rentrer dans un quelconque dialogue politique avec le pouvoir, quelle en est votre position ?

R : Je ne suis pas d’accord sur la position du parti, parce que je trouve comme je l’ai dit plus haut qu’elle est enveloppée d’un brouillard épais, et qu’elle navigue à contrecourant du réalisme politique. Bien que nous soyons le plus grand parti politique du pays, que nous disposons de la plus importante allocation financière vouée aux partis, que nous disposons de l’Institution de l’Opposition.

Ceci dit, nous devons éviter d’être manipulés par les autres, de nous rabaisser au niveau de partis de moindre importance, et de moindre poids politique que nous.

Bien que, dans sa session de l’année dernière, et à travers son bureau exécutif, le parti avait pris la décision de reconnaître le Président Ould Abdel Aziz, on constate que le discours politique et les décisions du parti vont aujourd’hui à l’encontre de ces orientations.

Il n’est pas non plus normal que quelques personnes ayants des postes administratifs au sein de ce parti, ont la main haute sur sa décision politique. Qu’ils l’exploitent pour en faire une machine à produire des communiqués de surenchère verbale quotidienne.

Certaines sorties médiatiques n’ont pas été heureuses, car elles ont été marquées par un manque de preuves concrètes. A titre d’exemple, quand le parti déclare qu’il y a eu un cas de pollution par des substances toxiques à Taziast.

Il ne s’agissait en fait que d’une citerne chargée de fuel dont le chauffeur procéda à sa vidange dans le désert avant d’arriver à Nouadhibou comme lui recommande la consigne. Bien que ce fait soit grave, et qu’il ne devait pas se produire, un grand tapage s’en est suivi pour une affaire peu importante.

De même, la coordination du parti en Inchiri a déclaré qu’une société dénommée "Boumy", serait en train d’exploiter secrètement le minerai de Tamaghout. Après investigations, il s’était avéré que cette compagnie dispose d’un permis de recherche du début de l’an 2000.

Cette compagnie avait effectivement enregistré un regain d’activités suite à la découverte d’indices probants, mais elle n’a pas encore obtenu à ce jour de permis d’exploitation, et il n’y a rien d’extraordinaire à signaler dans cette affaire.

Troisièmement, la Coordination de Nouadhibou a émis une déclaration qui condamne le bateau la "Fayette", en prétendant que sa capacité de chargement atteint 300.000 tonnes, et qu’il est venu pour épuiser la richesse halieutique mauritanienne.

Or, il s’est avéré qu’il s’agit d’un bateau-collecteur qui n’est pas outillé pour la pêche, mais qui rassemble la production de 6 autres bateaux de pêche, et dont la capacité ne dépasse pas 10.000 tonnes. Il emploie 120 marins, dispose d’un permis d’exploitation enregistrée et n’a rien de douteux.

Egalement, lors du dernier meeting de Nouakchott, le Président du parti a déclaré que certains proches du Président monopolisent l’importation de denrées de base, et c’est selon lui, l’une des causes de la flambée des prix. Or on sait que les principaux importateurs de ces denrées sont au nombre de 10.

Un seul parmi eux est de l’entourage familial du Président, c’est le groupe Ehel Ghadde. Connus pour avoir exercé le commerce depuis le début du siècle dernier, à Saint-Louis puis à Nouakchott, les habitants du Trarza et de Nouakchott les connaissent bien tous.

Ils ne jouissent d’aucun monopole. En fait, tout le monde reçoit un traitement égal dans le cadre du libéralisme en vigueur dans le pays, mené sous la houlette de la Banque Mondiale et du FMI.

En notre qualité de membre de l’OMC, les pouvoirs publics ont abrogé les autorisations d’importation, et tout celui qui désire importer peut le faire comme il l’entend. Pour le cas des prix, l’Etat a ouvert les boutiques "Tadhamoun" pour parer à la flambée des prix enregistrée au plan mondial.
Tous ces exemples me mettent, aux côtés de nombreux autres, dans l’incompréhension et le dilemme.

Car il s’agit d’un grand parti authentique et important. Il a un Président patriote et respectable que nous considérons tous. Nous ne voulons pas que la trajectoire de notre parti soit déterminée par des machines de propagande tendancieuse, parce que notre parti doit jouer un rôle pionnier dans l’opposition constructive, ou qu’il soutienne s’il le veut, mais nous ne devons pas nous comporter comme une organisation non reconnue, ou comme un site web fanatisé.

Nous devons jouer pleinement notre rôle dans l’opposition et dans le dialogue, et éviter de fixer des conditions préalables, parce que les conditions préalables sont généralement imposées par le vainqueur au vaincu. Comme avait fait le général Mc Arthur en 1945, lorsqu’il a vaincu le Japon et a imposé ses conditions. Quant au dialogue entre partenaires obligés, il ne doit pas comporter de conditions préalables.

J’ai joué par le passé un rôle prépondérant au sein de ce parti, et je faisais partie de ceux qui ont contribué après les élections à une initiative de rapprochement entre le leader de l’Opposition, et le Président de la République. Mon initiative personnelle avait consisté en une rencontre avec Ould Abdel Aziz au début de 2010, et une discussion à bâton rompu avec lui sur l’ensemble des préoccupations nationales. Je lui avais demandé d’entrer en discussion avec l’Opposition, et de dialoguer avec son leader.

Il m’avait écouté, et je l’ai rencontré par la suite à plusieurs reprises comme j’ai rencontré le leader de l’Opposition. Après des efforts intenses, les deux hommes se sont finalement rencontrés de manière officielle, et ils ont commencé à bâtir ensemble, la confiance entre eux.

Mais cet édifice s’est écroulé en fin de compte, parce qu’au moment où je tentais avec d’autres de rapprocher les points de vue, il y avait d’autres politiciens qui œuvraient afin de faire échouer tous les efforts de rapprochement entre les deux hommes, et c’est ce qui s’est produit.

Pour l’Histoire, le responsable de cet échec n’est pas le Président qui était disposé à collaborer avec toutes les composantes de l’Opposition, et en particulier avec son leader Ahmed Ould Daddah.

Le Président Ould Abdel Aziz privilégiait que ce dialogue se fasse à travers l’Institution de l’Opposition démocratique qui est un organe constitutionnel, au lieu de la COD qui n’avait aucun statut constitutionnel ou juridique. Mais le RFD avait comme principale revendication, la publication d’un décret d’application pour le texte organisant l’Institution de l’Opposition démocratique qui n’a pas été publié depuis l’amendement de sa loi organique en 2008.

Le Président avait commandé au RFD une étude sur le sujet, mais lorsqu’il l’a fait étudier par ses conseillers juridiques, il n’a pas pu la mettre en œuvre sur le plan juridique pour incompatibilité.

Au même moment, les ambitions du RFD sont montées d’un cran. Je laisse ces détails aux bons soins de l’Histoire, et je ne veux pas pour le moment les commenter ou abonder à leur sujet. C’est ainsi que ce climat au départ propice, s’est gâté subitement entre les deux parties.

Q : Mais le RFD n’est pas le seul parti dans ces conditions préalables aux dialogue, il y a d’autres partis ?

R : Je respecte l’ensemble des partis politiques, mais le seul parti ayant des positions, un combat pour les bonnes causes et un parcours politique valable, et disposant d’une représentativité parlementaire de qualité comparables au RFD, c’est bien l’UFP. Il s’agit d’un parti dont les leaders avaient au départ des dispositions pionnières dans l’option du dialogue.

Nous militions tous au sein de l’Opposition au cours des années 90, ils nous ont quitté pour privilégier le dialogue avec Maaouiya Ould Taya. Ils ont dialogué et le bulletin unique était le principal résultat de ce dialogue.

Aujourd’hui, ce parti qui prônait la culture du dialogue, hausse le ton contre le dialogue et contre le pouvoir en place. J’ignore sincèrement ses véritables intentions et sa stratégie à ce sujet, même si je suis convaincu que ses dirigeants ne font rien de fortuit.

Ils ont réussi apparemment à mettre le RFD de leur côté dans cette position, mais de mon point de vue, le dialogue ne sera entravé par quoi que se soit, car il constitue de l’avis de tous, l’unique choix pour garantir la stabilité et le développement du pays.




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