La publication de la 2ème partie de l’interview que vous aviez accordée à Ould Kaigé alias Bertrand Fessard de Foucault publié par le Journal Hebdomadaire « Le Calame » du 16 août 2011 m’offre une seconde opportunité pour apporter la lumière sur certaines vérités que vous aviez, délibérément, dénaturées.
Il est vraiment désolant qu’un homme comme vous, ayant occupé les plus hautes fonctions de ce pays, n’aie pas consigné ou du moins retenu la chronologie des événements dont il a été artisan afin de pouvoir apporter un témoignage et une analyse fiables.
Vous ne vous rappelez même pas de la date exacte de votre accession au pouvoir car vous racontez : « Je suis arrivé au pouvoir le 6 Juin 1979. Le colonel Kader a été désigné comme ministre de l’Education nationale dans mon premier gouvernement. Moins de deux mois après sa nomination, il était venu me voir pour le dire qu’il était malade et souhaitait aller à l’extérieur pour se soigner. C’est sur son chemin pour se soigner, qu’il nous a envoyé sa démission, à partir de Dakar ».
Je vous rappelle que vous êtes arrivé au pouvoir le 31 mai 1979. Vous aviez formé votre 1ergouvernement le 03 juin 1979. Feu colonel Kader a bénéficié d’un congé le 08 juin 1979 puis il a présenté sa démission de votre gouvernement le 17 juin 1979. C'est-à-dire qu’il n’avait jamais exercé ses fonctions dans votre gouvernement puisque cinq jours après sa nomination, il vous a quitté.Il est vraiment désolant qu’un homme comme vous, ayant occupé les plus hautes fonctions de ce pays, n’aie pas consigné ou du moins retenu la chronologie des événements dont il a été artisan afin de pouvoir apporter un témoignage et une analyse fiables.
Vous ne vous rappelez même pas de la date exacte de votre accession au pouvoir car vous racontez : « Je suis arrivé au pouvoir le 6 Juin 1979. Le colonel Kader a été désigné comme ministre de l’Education nationale dans mon premier gouvernement. Moins de deux mois après sa nomination, il était venu me voir pour le dire qu’il était malade et souhaitait aller à l’extérieur pour se soigner. C’est sur son chemin pour se soigner, qu’il nous a envoyé sa démission, à partir de Dakar ».
Vous reconnaissez aujourd’hui, après plus de trente ans, que feu colonel Kader avait plutôt présenté sa démission de votre gouvernement. Pourtant, le communiqué que vous aviez diffusé le 22 juin 1979 suite à la réunion extraordinaire du CMSN consacré à cette démission est complètement déroutant : « Le Lieutenant-colonel Mohamed Ould Ba ould Abdel Kader a été exclu du CMSN. Il a pris la fuite avec ses biens et sa famille après avoir appris qu’une enquête était menée sur sa gestion à l’ époque où il commandait les forces armées de l’air mauritaniennes et que des preuves irréfutables de malversation et détournement étaient retenues contre lui…. »
Face à ses accusations propagandistes et absurdes fabriquées par votre régime pour ternir son image, le colonel Kader a écrit : « ..Ma participation à l'exercice du pouvoir n'a guère dépassé 52 jours -du 6 Avril 1979 au 27 Mai 1979-, période pendant laquelle je n'avais aucune responsabilité en matière de gestion financière. Vous auriez sans doute aussi appris qu'en tant que Commandant de l'Aviation, je ne disposais d'aucune autonomie de gestion. A ce sujet, je peux me prévaloir du témoignage du Chef de l'Etat actuel le Lt/Colonel Mohamed Mahmoud Ould Louly, convaincu qu'il ne me fera pas défaut.
En effet, le Président Louly, alors Sous-Ordonnateur du budget de la Défense avait été mandaté quelques jours avant le coup d'État du 10 Juillet 1978, par le Ministre de la Défense M. Mohameden Ould Babah pour procéder à un contrôle au sein de mon administration. Il a découvert avec surprise que je ne disposais pas de fonds à gérer. Ceci s'explique par la structure centralisée de notre Armée. Les soldes et l'alimentation du personnel de l'Armée de l'Air, les contrats d'achat des matériels et de réalisation des infrastructures sont des opérations qui s'effectuent directement au niveau de l'Etat-major National. Le Commandant de l'Aviation émet naturellement un avis technique.
Au témoignage du Président, j'ajouterais celui de tous les Officiers Supérieurs, anciens Chefs d'Etat Major sous les ordres desquels j'ai servi, en l'occurrence les Colonels M'Bareck Ould Bouna Moctar, Moustapha Ould Mohamed Saleck, Mohamed Mahmoud Ould El Houssein. »
Toujours égal à vous même, vous poursuivez, paradoxalement, votre raisonnement incohérent pour véhiculer vos messages voilés en disant que : « Le C.M.S.N. a préparé un projet de Constitution qui devait être présenté au referendum du peuple. Le Maroc, pensant probablement que l’arrivée d’un régime élu démocratiquement pouvait garantir la stabilité enMauritanie et donc le désavantager, a décidé d’envoyer le commando de Kader »
Cette interprétation dénuée de tout fondement a pour objectif essentiel de détourner l’attention de l’opinion publique des réelles motivations du mouvement du 16 mars 1981, dont le leader (Kader) vous a écrit le 25 juin 2011, bien avant son départ au Maroc :
«Quoi qu’il en soit, je rentrerai dans mon pays pour que la vérité triomphe, car je fais confiance aux Forces Armées Nationales et au sens de la justice du peuple mauritanien. Je suis convaincu que les officiers dignes de notre Grande Armée et de notre peuple de héros sont plus nombreux que ceux qui sont entrain de brader l’héritage glorieux de notre illustre disparu, le regretté Ahmed o/ Bousseif. Je me reconnais incapable de trahir sa mémoire. Et, si en cela j’ai commis un crime, j’ai choisi d’en subir les conséquences »
A propos de l’opération du 16 mars 1981, vous dites que : « Le commando n’ayant pas trouvé le Comité réuni, a été pris de panique. Il a tué plusieurs personnes dans la rue et devant la présidence. Certains de ses membres avaient pris la radio et l’état-major. Mais très tôt, les éléments des Forces armées et de sécurité qui étaient sur place, les ont arrêtés. »
Vous savez mieux que quiconque que les éléments des forces armées et de sécurité qui ont perdu leurs vies et d’autres qui se sont blessés ont été victimes des interventions disproportionnées de certaines garnisons. Le commando n’avait aucune intention de tuer comme vous le prétendez car il avait arrêté presque tous les officiers à l’état major dont deux deviendront plus tard des chefs d’état (les colonels Maouiya et Ely O. Mohamed Vall).
Ce jour du 16 mars 1981, personne n’avait tenté de faire face au commando. Dix hommes ont, en plein jour ouvrable (Lundi à 10h00 du matin), pris le contrôle de la Présidence, de l’état major et de la Radio. Mais, averti, 24h00 avant, par les services secrets algériens de l’imminence d’une opération contre votre régime, vous aviez pris la fuite sans avertir vos proches collaborateurs (témoignage de votre Premier ministre Bneijara).
Vous-même, vous disiez (émission de la chaîne Al-Jazeera) que vous les attendiez mais vous pensiez qu’ils allaient agir avec une grande force et que vous vous êtes rendu au nord du pays car vous saviez qu’ils vont éviter la zone où le Polisario opère. Ce n’est que vers 13h00 que l’opération va échouer faute de la diffusion du communiqué annonçant la réussite du coup. Apprenant que le commando n’était composé que de 10 personnes, certains responsables militaires ont pris le devant pour intervenir de « façon musclée ».
Le plus étonnant chez vous, jadis « homme fort du C.M.S.N », c’est le fait de faire « porter le chapeau aux autres » :
- C’est feu colonel Kader qui a monté le colonel Moustapha Saleck contre ses amis
- C’est l’arrivée de feu Bousseif qui a occasionné l’attaque de Tichlé
- C’est feu colonel Ahmed Salem Ould Sidi qui est responsable de l’accord d’Alger
- C’est feu colonel Cheikh O. Boida qui est responsable de la condamnation du père de la Nation Mokhtar Ould Daddah.
- C’est le colonel Maouiya qui est responsable de la mauvaise situation économique durant votre pouvoir…etc.
L’histoire retiendra que votre passage à la tête de ce pays a été des plus sombres. Les mauritaniens ont a été menacés dans leur dignité, dans leurs valeurs et même dans leur existence en tant que pays. Vous aviez presque détruit l’armée par le désespoir jeté sur ses troupes abandonnées, par l’épuisement aux quelles elle a été soumise, par l’anéantissement de ses moyens et enfin, par l’élimination des officiers de valeur y compris ceux qui ont collaboré avec vous.
Malheureusement, votre seul ami et compagnon qui a fini par vous trahir a continué « votre œuvre ». Ses dégâts sont, naturellement, plus importants car il a beaucoup eu plus de temps que vous et croyez-moi, je ne suis pas étonné d’avoir entendu l’actuel Président Mohamed Ould Abdel Aziz déclarer : « quand j’ai pris le pouvoir le 06 août passé, l’armée n’existait que sur papier… ».
Eby Taleb Abdel Kader
–fils de feu colonel Kader-
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