Initiatives News - "Un mauritanien sur dix, est porteur d’hémoglobinopathie ou maladies de l’hémoglobine. C’est un important problème de santé publique. Dans la région du fleuve, ce taux atteint 14% et même 23% Chez les soninkés".
C’est une Alerte du Dr Fatimetou Veten, auteur d’une thèse de Doctorat , Spécialité Hématologie et génétique, à la faculté de médecine de Casablanca au Maroc portant "Profil épidémiologique et génétique des beta-thalassémies et de la Drépanocytose en Mauritanie".
«J’ai connu au moins Cinq malades qui faisaient partie de l’échantillon de cette recherche qui sont décédés. Deux étaient porteurs de beta-thalassémie et trois de drépanocytose. Je suivais ces malades, je connais leurs familles. Une autre fille de 17 ans, drépanocytaire, a fait un AVC, elle est paralysée… » Ces cinq malades décédés font partie de l’échantillon de 1050 individus touchés par l’étude de Dr Fatimetou Veten pour sa thèse.
Il ressort de l’enquête menée pour cette thèse soutenue le 12 décembre 2017 au centre d’études doctorales en Science de la santé de la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca au Maroc que la prévalence globale de l’Hémoglobinopathie (maladie de l’hémoglobine) est d’environ 10% en Mauritanie, avec cependant de fortes disparités géographiques : « Ce taux atteint en effet 14, 76% sur la rive du fleuve Sénégal qui regroupe le Gorgol, le Guidimakha et le Brakna. »
Drépanocytose : forte prévalence chez les soninkés
La drépanocytose est l’hémoglobinopathie la plus répandue en Mauritanie avec une prévalence de 06%. Comme partout dans le monde, l‘étude a montré qu’elle est prédominante chez les populations noires. Ainsi, pour les poulars (peuls) de Mauritanie, elle est 8,23%, chez les wolofs, 9,52%. Ici aussi, une très forte disparité. Chez les soninké, l’enquête a montré que la prévalence de la drépanocytose (19%) fait plus du triple de la moyenne nationale. Raison de cette forte prévalence : « le taux de consanguinité très élevés dans cette ethnie où les mariages consanguins sont très courants.»
Recours au conseil génétique
Pour prévenir la drépanocytose dans les ethnies et zones à risque, Dr Fatimetou propose le recours au conseil génétique avant les mariages. Elle explique : « il y trois catégories : les saints qui ne portent pas la maladie, les porteurs saints qui ne sont pas malades mais qui peuvent transmettre la maladie à l’enfant à la naissance et les porteurs malades. En cas d’union entre deux porteurs, 25% de leurs enfants courent le risque d’être malade. » D’où la pertinence des tests prénuptiaux dans les familles ou il y a des porteurs pour éviter les mariages entre leurs membres. Chez les maures blancs, la prévalence de la drépanocytose (1, 13%) est très faible.
Prise en charge précoce
« Les beta-thalassémies et la drépanocytose, deux principales maladies de l’hémoglobine en Mauritanie, sont des pathologies graves, héréditaires qui nécessitent une prise en charge précoce pour éviter les complications », explique Dr Fatimetou Veten. L’ampleur de ces Maladies de l’hémoglobine, ajoute-t-elle, est, malheureusement, très peu connue des médecins en Mauritanie. C’est pourquoi « en cas d’anémie sévère, un de principaux symptômes de ces maladies, ces médecins essayent de la corriger par le fer, ce qui retarde le diagnostic et aggrave la situation des patients. »
Cette étude, explique son auteur, vise à donner une idée précise de la situation de ces Maladies de l’hémoglobine en Mauritanie pour plusieurs raisons : d’abord pour une plus grande sensibilisation du personnel médical afin de hâter les diagnostics. Ensuite, au niveau des foyers à risque, sensibiliser et systématiser les diagnostics précoces, prendre en charge très tôt les malades pour améliorer leur qualité de vie. Enfin, la prévention par les tests prénuptiaux et le conseil génétique. »
La drépanocytose, explique Dr Fatimetou, est une maladie génétique « qui affecte la qualité de l’hémoglobine, la structure de la protéine qui transporte l’oxygène des poumons vers les tissus, c’est une anomalie qualitative.»
Pour les beta-thalassémies, « l’hémoglobine est normale mais produite en quantité insuffisante. D’où la nécessité de transfusions fréquentes pour les patients qui en souffrent. »
Ces deux maladies, note l’auteur de la thèse, malgré les disparités, existent dans toutes les composantes de la Mauritanie.
Servir, partager les connaissances
Dr Fatimetou Veten, auteur d’une autre thèse en biologie générale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, insiste sur la nécessité du diagnostic fiable suivi par une confirmation génétique pour détecter ces pathologies. « Les symptômes des maladies se chevauchent. Pour être sûr qu’un malade souffre de drépanocytose ou de beta-Thalassémie, il faut un diagnostic génétique» dit-elle. Elle ajoute : « j’ai appris les techniques à l’institut Pasteur de Tunis, a Dakar, au Maroc…le diagnostic biochimique, génétique et hématologique de ces deux maladies peut être réalisé en Mauritanie …Je veux aider, servir partager… »
Dr Fatimetou Veten a fait cinq ans de recherche à l’Université de Nouakchott, à la faculté de sciences et techniques, elle y a encadré des étudiants, dispensé des cours, des travaux pratiques pendant 05 ans. Elle est actuellement au laboratoire de la clinique Chiva. « J’ai toujours envie de travailler dans une structure de recherche, c’est un milieu qui me fait plaisir, qui peut faire avancer un pays…j’ai envie de partager mes modestes connaissances à mes compatriotes » dit-elle.
Khalilou Diagana
C’est une Alerte du Dr Fatimetou Veten, auteur d’une thèse de Doctorat , Spécialité Hématologie et génétique, à la faculté de médecine de Casablanca au Maroc portant "Profil épidémiologique et génétique des beta-thalassémies et de la Drépanocytose en Mauritanie".
«J’ai connu au moins Cinq malades qui faisaient partie de l’échantillon de cette recherche qui sont décédés. Deux étaient porteurs de beta-thalassémie et trois de drépanocytose. Je suivais ces malades, je connais leurs familles. Une autre fille de 17 ans, drépanocytaire, a fait un AVC, elle est paralysée… » Ces cinq malades décédés font partie de l’échantillon de 1050 individus touchés par l’étude de Dr Fatimetou Veten pour sa thèse.
Il ressort de l’enquête menée pour cette thèse soutenue le 12 décembre 2017 au centre d’études doctorales en Science de la santé de la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca au Maroc que la prévalence globale de l’Hémoglobinopathie (maladie de l’hémoglobine) est d’environ 10% en Mauritanie, avec cependant de fortes disparités géographiques : « Ce taux atteint en effet 14, 76% sur la rive du fleuve Sénégal qui regroupe le Gorgol, le Guidimakha et le Brakna. »
Drépanocytose : forte prévalence chez les soninkés
La drépanocytose est l’hémoglobinopathie la plus répandue en Mauritanie avec une prévalence de 06%. Comme partout dans le monde, l‘étude a montré qu’elle est prédominante chez les populations noires. Ainsi, pour les poulars (peuls) de Mauritanie, elle est 8,23%, chez les wolofs, 9,52%. Ici aussi, une très forte disparité. Chez les soninké, l’enquête a montré que la prévalence de la drépanocytose (19%) fait plus du triple de la moyenne nationale. Raison de cette forte prévalence : « le taux de consanguinité très élevés dans cette ethnie où les mariages consanguins sont très courants.»
Recours au conseil génétique
Pour prévenir la drépanocytose dans les ethnies et zones à risque, Dr Fatimetou propose le recours au conseil génétique avant les mariages. Elle explique : « il y trois catégories : les saints qui ne portent pas la maladie, les porteurs saints qui ne sont pas malades mais qui peuvent transmettre la maladie à l’enfant à la naissance et les porteurs malades. En cas d’union entre deux porteurs, 25% de leurs enfants courent le risque d’être malade. » D’où la pertinence des tests prénuptiaux dans les familles ou il y a des porteurs pour éviter les mariages entre leurs membres. Chez les maures blancs, la prévalence de la drépanocytose (1, 13%) est très faible.
Prise en charge précoce
« Les beta-thalassémies et la drépanocytose, deux principales maladies de l’hémoglobine en Mauritanie, sont des pathologies graves, héréditaires qui nécessitent une prise en charge précoce pour éviter les complications », explique Dr Fatimetou Veten. L’ampleur de ces Maladies de l’hémoglobine, ajoute-t-elle, est, malheureusement, très peu connue des médecins en Mauritanie. C’est pourquoi « en cas d’anémie sévère, un de principaux symptômes de ces maladies, ces médecins essayent de la corriger par le fer, ce qui retarde le diagnostic et aggrave la situation des patients. »
Cette étude, explique son auteur, vise à donner une idée précise de la situation de ces Maladies de l’hémoglobine en Mauritanie pour plusieurs raisons : d’abord pour une plus grande sensibilisation du personnel médical afin de hâter les diagnostics. Ensuite, au niveau des foyers à risque, sensibiliser et systématiser les diagnostics précoces, prendre en charge très tôt les malades pour améliorer leur qualité de vie. Enfin, la prévention par les tests prénuptiaux et le conseil génétique. »
La drépanocytose, explique Dr Fatimetou, est une maladie génétique « qui affecte la qualité de l’hémoglobine, la structure de la protéine qui transporte l’oxygène des poumons vers les tissus, c’est une anomalie qualitative.»
Pour les beta-thalassémies, « l’hémoglobine est normale mais produite en quantité insuffisante. D’où la nécessité de transfusions fréquentes pour les patients qui en souffrent. »
Ces deux maladies, note l’auteur de la thèse, malgré les disparités, existent dans toutes les composantes de la Mauritanie.
Servir, partager les connaissances
Dr Fatimetou Veten, auteur d’une autre thèse en biologie générale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, insiste sur la nécessité du diagnostic fiable suivi par une confirmation génétique pour détecter ces pathologies. « Les symptômes des maladies se chevauchent. Pour être sûr qu’un malade souffre de drépanocytose ou de beta-Thalassémie, il faut un diagnostic génétique» dit-elle. Elle ajoute : « j’ai appris les techniques à l’institut Pasteur de Tunis, a Dakar, au Maroc…le diagnostic biochimique, génétique et hématologique de ces deux maladies peut être réalisé en Mauritanie …Je veux aider, servir partager… »
Dr Fatimetou Veten a fait cinq ans de recherche à l’Université de Nouakchott, à la faculté de sciences et techniques, elle y a encadré des étudiants, dispensé des cours, des travaux pratiques pendant 05 ans. Elle est actuellement au laboratoire de la clinique Chiva. « J’ai toujours envie de travailler dans une structure de recherche, c’est un milieu qui me fait plaisir, qui peut faire avancer un pays…j’ai envie de partager mes modestes connaissances à mes compatriotes » dit-elle.
Khalilou Diagana
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Source : Initiatives News (Mauritanie)
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