
Il y a cette hypothèse, folle, de voir Aziz au soir de la fin de son mandat remettre les clés de la maison à son successeur élu. Il jouira d’un repos bien mérité sans chercher à téléguider ou à gérer son successeur. Il y a l’autre hypothèse à laquelle croit la plus part des Mauritaniens.
Un président qui part mais sans partir, laissant un successeur à la Medvedev qui agira sous ses différents ordres. Quant à nous, nous croyons que de nouvelles figures vont émerger. Une alternance nécessaire et obligatoire pointe à l’horizon. Les facteurs de cette alternance sont d’abord naturels.
Il y a la limite d’âge qui frappe les vieux dinosaures à l’instar de Ahmed Daddah, notre Etienne Tchissékédi national qui ne pourra plus (sauf surprise) se représenter aux élections de 2019. Egalement rattrapé par l’âge, Messoud Ould Boulkheir, en situation de pré retraite depuis le Conseil économique et social où il observe la politique avec une douceur accentuée par l’âge. Que dire alors d’Ould Maouloud plus jeune que les leaders de RFD et de l’APP mais hélas doublé à sa gauche par un Birama Dah Abeid qui a repris à son corps défendant le flambeau des luttes progressistes?
Reconverti en bourgeois salonnard, le patron de l’UFP assiste à l’affaiblissement d’un parti qu’il incarne juste de ses moindre défaites. L’on regrette dans cette lutte des présidentiables que nous allons vous présenter, l’absence d’une candidature négro mauritanienne. Sidi Diarra étant plus tôt une synthèse culturelle et raciale de toutes les Mauritanies. Aucun Halpoular, aucun Soninké encore moins un wolof n’est aujourd’hui en position de prétendre à un destin national.
Est-ce les résultats des années de braise et de purges ethniques qui voient ces groupes écartés aux différents cercles de décision? Au final, nous obtenons 9 personnalités et un inconnu au parcours et aux profils différents mais qui peuvent incarner une nouvelle Mauritanie mais à condition qu’il n’y ait pas de troisième mandat. Ce sont des personnalités qui occupent une position sociale forte. Certaines dans le plus grand secret ont déjà constitué leurs équipes de campagne, leurs marabouts, communicateurs traditionnels et modernes, avec l’envie de conquérir le Palais Gris en 2019. D’autres caressent l’idée en tête mais ne l’ont jamais dévoilé. Voici pour une fois les 10 personnalités présidentiables pour les élections 2019.
1. Ahmed Hamza : LE SYMBOLE VIVANT DE LA MAURITANIE AU PLURIEL
Force : Une expérience riche et solide dans le management. Il a marqué les esprits lors de son passage à la tête de la communauté urbaine de Nouakchott. Celui qui parle presque toutes les langues du pays, sans accent, incarne la Mauritanie dans sa 1000 et 1 facette. Un opérateur économique et un industriel aguerri.
Faiblesse : Certainement Ahmed Hamza pour son ouverture d’esprit sera l’un des favoris aux élections mais il affrontera des barrières dans cette Mauritanie en radicalisation où le poids des oulémas et chefs religieux compte beaucoup. Son appartenance à la même tribu que celle du Président Aziz n’est pas pour faciliter les choses.
2. Mohamed Ould Bouamattou : L’ABSENT LE PLUS PRÉSENT EN MAURITANIE
Force : Il est crédité d’une immense fortune qu’il ne faut pas confondre à la popularité. Aux yeux du mauritanien lambda, Bouamattou est victime des jeux du pouvoir autour du palais gris. Soutenu directement ou indirectement par le Maroc où il réside depuis son départ de la Mauritanie, Ould Bouamattou reste toujours un acteur actif dans l’humanitaire aux yeux des populations mauritaniennes.
Faiblesse : Après quatre ans d’exil, l’homme est susceptible d’avoir perdu le sens des réalités de la nouvelle Mauritanie. Une Mauritanie en pleine transformation sociale, politique et économique. Une Mauritanie qu’il risque de ne plus reconnaitre car en son absence, beaucoup de routes ont été réalisées, et même un aéroport aux normes internationales est sorti de terre.
3. Birame Dah Ould Abeid : L’HOMME QUI EMPÊCHE LES GUERRIERS DE BIEN DORMIR
Force : Il est l’un des leaders politiques capable de mobiliser des foules dans la rue plus que le président des pauvres. Très populaire, très légitime et avec beaucoup de soutien auprès de la communauté internationale. Birame est devenu aujourd’hui un symbole vivant auprès des opprimés noirs et arabes.
Faiblesse : Il est la bête noire de la communauté maure par son supposé extrémisme. Beaucoup rêvent de le renvoyer en pension complète dans les prisons. Dictateur de premier ordre selon certains qui l’ont fréquenté, Ould Abeid aujourd’hui a perdu certaines grandes figures qui l’ont soutenu dans son combat militant contre l’esclavage et ses séquelles.
4. Naha Mint Moukhnass : VISIONNAIRE ET CAPABLE DE CHANGER LA MAURITANIE
Force : Elle jouit d’une excellente image dans les milieux des relations internationales. Elle a réussi jusque-là un sans-faute en tant que Ministre et chef de parti politique. En bonne héritière d’une très grande figure politique Mauritanienne, Naha a su toujours garder une relation équidistante entre les protagonistes de la politique Mauritanienne.
Faiblesse : C’est une femme et pour de nombreux mauritaniens comme elle ne saurait diriger la cité. Sa loyauté auprès du Président Aziz peut s’avérer un couteau à double tranchants. Pas agressive dans la politique, elle a perdu de grandes opportunités durant le règne de Aziz, qu’elle a soutenu dès les premières heures.
5. Isselkou Ould Izidbi : TACTICIEN ET MATHÉMATICIEN
Force : Une stature d’un homme d’Etat qui lui a permis de survivre dans l’un des postes les plus stratégiques du gouvernement. Grand stratège et discret, Isselkou est capable d’embobiner n’importe quel esprit politique et le mettre dans son filet.
Faiblesse : Il a tour à tour été directeur du cabinet du Président de la République. Il fût président du parti au pouvoir, plusieurs fois ministres, le tout en moins de cinq ans. Ce parcours d’une étoile filante exprime-t-elle une instabilité? L’homme qui préfère les lambris dorés au travail de terrain a encore du chemin à faire.
6. Zeine Ould Zeidane : LE CIVIL QUI FAIT PEUR AUX GÉNÉRAUX MAURITANIENS
Force : Un homme politique connu comme il n’en existe plus entre le désert et le fleuve. Aux présidentielles de 2010, il avait récolté 30%. Son expérience internationale auprès de la patronne du FMI a fait de lui l’un des rares Mauritaniens qui observent in vivo les institutions de Breton Wood.
Faiblesse : c’est un homme tranchant qui ne supporte pas les compromis à la Mauritanienne et les militaires voient en lui un résidu du système SIDIOCA. Il a tourné le dos aux amis qui lui ont construit cet espace politique qui l’a dirigé au poste qu’il occupe aujourd’hui. Il doit se ressourcer en Mauritanie avant les élections de 2019 s’il veut réellement se positionner.
7. Sidi Diarra : LE JEUNE LOUP DU TRARZA
Force : Il a pu arracher de haut la mairie de Rosso et sa députation, battant à plate couture à un vieux loup du système politique Mauritanien. Sidi entretient de bonnes relations avec Pékin en tant que président des maires Africains Sinophiles. Il semble avoir aussi la bénédiction du Président Aziz.
Faiblesse : Homme trop franc de collier. Ce qui le prédispose à des longs bras de fer avec de grands adversaires et parfois même des alliés. Il doit soigner son image auprès des jeunes de Rosso qui espéraient le changement sous sa mandature.
8. Yahya Ould Haddemine : L’HOMME QUI A PU RÉSISTER À TOUTES LES VAGUES
Force : Issu d’une des plus puissantes tribus de l’Est. Yahya peut se targuer d’avoir un bilan positif surtout dans la construction des infrastructures routières, aéroportuaires et portuaires. Homme de consensus qui réconcilie les contraires. Très apprécié par la présidence, les généraux et les partis de l’opposition.
Faiblesse : Il a beaucoup de mal à coordonner aujourd’hui les différentes actions de son gouvernement. La preuve, il serait en froid avec certains ministres actuels. Il donne aussi l’impression de ne jamais prendre la décision et de préférer faire pourrir la situation.
9. Cheikh Ould Baya : CE COLONEL PLUS PUISSANT QUE L’ENSEMBLE DES GÉNÉRAUX
Force : Homme de confiance du Président Aziz, populaire au Nord du pays, fin tacticien politique et redoutable orateur. Très influent au niveau de l’armée, Ould Baya peut facilement avoir le cachet des généraux pour appuyer sa candidature. C’est chez lui, quelque part au Nord, que le Président Aziz médite pour prendre les grandes décisions.
Faiblesse : Bilan contestable au sein de la commune qu’il dirige avec une tendance dictatoriale au niveau du management. Doit justifier cette immense fortune qu’il a amassé ces dernières années. Il est aussi un ennemi juré des Etats de l’Union Européenne car il les a beaucoup trainés avant de signer les derniers accords de pêche.
10. L’inconnu : C’EST UN HOMME COURT DE TAILLE ET D’UN NIVEAU INTELLECTUEL LIMITÉ
Ça pourrait être une personne inconnue et qui vient de loin. Ça pourrait être une personne connue et qui vient de proche. Ça pourrait être une alternance démocratique ou une alternance par modification constitutionnelle. Dans tous les cas 2019 sera une année spéciale pour la Mauritanie. Ça pourrait être un Homme de nulle part ou de partout. L’essentiel pour nous, cet inconnu doit être capable de continuer les chantiers engagés. Il doit être capable de moderniser l’administration.
Dia El Hadj Ibrahima
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Source :
Les Mauritanies
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