jeudi 21 juillet 2016

21-07-2016 12:33 - Les Arabes en sommet?


Les Arabes en sommet? L'Expression - Au moment où la Ligue arabe prépare le 27e Sommet des chefs d'Etat arabes [les 25 et 26 juillet prochains, qu'accueillera la Mauritanie, après le désistement du Maroc en février dernier], il est essentiel de s'interroger sur le bien-fondé d'une telle réunion.

Un sommet «ordinaire» alors que l'organisation est restée toutes ces années en marge des événements douloureux et dramatiques qui l'interpellaient prioritairement auxquels sont confrontés nombre de ses pays membres.

Or, il y avait urgence pour les dirigeants arabes à se réunir pour débattre de ces faits [les guerres qui endeuillent certains d'entre eux], curieusement pris en charge par la communauté internationale.

De fait, cela n'est guère nouveau et ce désengagement des problèmes du Monde arabe est devenu permanent qui met en lumière l'inconstance de dirigeants arabes inconscients des dangers multiformes qui menacent ledit «Monde arabe».

Mal en point, vivant dans un consensus factice, l'union de façade que les dirigeants arabes exhibent, tant bien que mal, a explosé comme une baudruche, ne résistant pas aux évènements qui ont marqué le Monde arabe depuis l'hypothétique printemps dit «arabe» de 2011. Dès lors, les masques sont alors tombés et chacun de montrer sa vraie nature défendant bec et ongles son jardin.

En effet, où étaient les «dirigeants» arabes, disparus des radars lors des évènements sanglants qui marquèrent notre région ces cinq dernières années? Le résultat est seulement effarant!

Qu'on en juge: quatre pays arabes sont aux prises avec des guerres meurtrières [la Syrie, l'Irak, le Yémen, la Libye]; un pays ([la Tunisie] reste sous la menace de Daesh et des groupes jihadistes; un autre [l'Egypte] s'est donné un pouvoir autoritaire qui fait regretter aujourd'hui celui tombé en 2011. Ceci pour les pays dits du «printemps arabe». Y a-t-il lieu d'évoquer la Somalie (membre de la Ligue des Etats arabes) disparue en tant qu'Etat, depuis 26 ans après la chute de Siad Barre, pour laquelle les Arabes n'ont pas bougé le petit doigt?

Que dire de la Palestine qui semble bien être passée par pertes et profits eu égard au redoux des rapports de certains pays arabes avec l'entité sioniste (retour à Tel-Aviv de l'ambassadeur égyptien alors que nombre d'autres pays arabes entretiennent des relations plus ou moins directes avec Israël)? A cela s'ajoute le rôle ambigu des monarchies du Golfe en général (sauf le sultanat d'Oman) et de l'Arabie saoudite en particulier dans la guerre qui ensanglante et détruit le joyau et berceau de la civilisation arabe et humaine, la Syrie tout en dispersant son peuple dans la région.

Nous retiendrons ainsi la fureur exprimée par Riyadh en septembre 2013 quand le président états-unien, Barack Obama, renonça - sous la pression de la Russie - à attaquer la Syrie. Cette même Arabie saoudite dirige, depuis mars 2015, une coalition qui mène la guerre contre le Yémen. Sous cet éclairage on comprend que le Maroc se soit désisté à organiser le sommet arabe.

Rabat notait, à juste raison dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, qu'«au regard des défis auxquels fait face le Monde arabe aujourd'hui, le sommet arabe ne peut être une fin en soi ou devenir une simple réunion de circonstance. Les conditions objectives pour garantir le succès d'un sommet arabe, à même de prendre des décisions à la hauteur de la situation et des aspirations des peuples arabes, ne sont pas réunies».
La situation a-t-elle évolué depuis, pour rendre la réunion de Mauritanie possible? Bien sûr que non! Toutefois, la position du Maroc qui est coutumier du boycott des réunions arabes - Ligue arabe et Union du Maghreb - n'est pas aussi congrue que l'on pourrait le supposer.

De fait, la date retenue pour le sommet de Rabat [mars 2016] était inadéquate et embarrassante pour le Royaume wahhabite [ami du Royaume chérifien] en pleine guerre au Yémen qui mettait Riyadh dans une position plutôt inconfortable par rapport aux autres Etats arabes. La suspension du sommet peut donc passer pour un coup de main de Rabat à ses amis saoudiens. D'autre part, l'annonce du désistement du Maroc, s'est faite le lendemain de la décision de Riyadh de retirer une aide financière de 3 milliards de dollars allouée au Liban pour la modernisation de son armée.

Ce retrait de l'aide de l'Arabie saoudite n'est en fait qu'une représaille contre Beyrouth qui ne condamna pas l'incendie du consulat saoudien en Iran et refusa de suivre Riyadh qui classa le Hezbollah en tant qu'organisation terroriste. Notons que Nouakchott tente, en vain, depuis deux mois de remettre une invitation à participer au sommet au Maroc, Rabat refusant de recevoir l'émissaire de la Mauritanie. Ceci dit, tout est «normal» dans le Monde arabe!



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