
La “réforme” lui ouvrirait, du même coup, la voie pour une présidence à vie. Son coup de force semble, cependant, avoir suscité une forte réaction populaire soutenue par une opposition politique solidaire pour la circonstance.
Brazzaville a ainsi connu, hier, le plus grand rassemblement contestataire depuis son retour au pouvoir en 1997. Celui qui s’apprête à exécuter un autre “coup d’État constitutionnel” en Afrique cumule, en effet, trente-deux ans de pouvoir (de 1977 à 1992, puis de 1997 à ce jour) !
C’est du niveau de conscience politique des citoyens du Congo, et de sa jeunesse en particulier, de la consistance de l’engagement de sa société civile et du degré de structuration et de mobilisation de la classe politique acquise à l’idée démocratique que dépendra l’issue de cette nouvelle édition que l’on peut appeler “l’épreuve du troisième mandat”.
En cette année 2015, après l’élection, au prix du sang, de Pierre Nkurunziza du Burundi, après la tentative avortée de Campaore du Burkina Faso, c’était donc au tour de Nguesso du Congo de “tenter sa chance”.
Mais le tripotage de la Constitution à des fins d’éternité est une constante culturelle des autocrates d’Afrique. À quelques exceptions près, tous les pays du continent ont enduré l’expérience d’une adaptation de la Constitution au désir de pérennité d’un président : la Tunisie en 1987, la Mauritanie en 1991, la Guinée en 2002, le Tchad et le Togo en 2005, l’Algérie en 2008…
Parfois, ces présidents reviennent sur un principe qu’ils ont eux-mêmes introduit dans la loi fondamentale de leur pays, comme c’est justement le cas de Sassou Nguessou. Ce cas multiple de restauration autoritaire auquel s’essaient nos dictateurs vient du fait qu’en début de carrière, ils se plaisent à arborer les habits de dirigeants modernes, imbus des valeurs démocratiques.
Il leur est alors plus loisible d’assurer leur fréquentabilité auprès de partenaires auréolés de leur légitimité démocratique qui président aux destinées des peuples d’autres continents.
Mais, prenant goût à la puissance, ils découvrent que deux mandats - même deux septennats -, c’est finalement court. Si, en plus, ils craignent de laisser la place et que se dévoilent alors les turpitudes sur lesquelles ils étaient assis…
En Afrique, le troisième mandat est devenu le moment de vérité démocratique. D’autant plus qu’il est toujours le prélude à la présidence à vie.
M. H.
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Source :
Liberté-Algérie
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