Sur les deux rives du fleuve Sénégal, des hommes de
tenue s’adonnent à un commerce florissant, le racket. Pire, les clauses
de l’Organisation de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal –OMVS-
sont foulées du pied par une bande de parvenus en tenue. On paie pour
renter dans son pays entre mille et deux mille ouguiyas, un « visa de sortie » sans reçu. Un reportage de Cridem au cœur d’un trafic policier frontalier.Avec l’approche de la fête de korité, les chauffeurs se sont frotté les mains avec un tarif élevé pour les déplacements des passagers. Le transport des bagages variait entre 20 à 30.000 UM pour les usagers, une hausse justifiée certainement par la dime que livrent les transporteurs aux hommes tenue sur tout le parcours.
Notre chauffeur entre Nouakchott et Lexeiba II a été « soulagé » de 6.000 ouguiyas par les gendarmes et policiers. Mais le désarroi des passagers étrangers, sénégalais pour la plus part commence à l’arrivée de la frontière, avec un imaginaire visa de sortie du territoire mauritanien.
A Lexeiba II, l’adjudant Mohamed Barar, (voir photo) s’adonne sans pudeur à cette pratique honteuse qui n’honore pas sa tenue, il en est de même à Ngaoulé, et sur toute les rive des deux pays de Rosso à Gourel Aly en face de Kaédi, en passant par Boghé en face de Démette, ou le comportement des hommes de tenue est singulier : Tout ce qui est entrepris est fait dans le seul et unique but de créer les conditions d’un enrichissement frénétique des membres des différents clans d’un régime qui ne sauvegarde même plus les apparences dans sa course aux richesses.
La situation sur les berges du fleuve Sénégal est cas d’école (voir notre entretient avec le député-maire, Me Aïssata Tall Sall) en matière de gestion d’un dossier qui commence déjà à faire des émules sur les deux rives, avec le « lepto fayto », à savoir la réciprocité du côté sénégalais. Un indic du nom de Lamine Diop, certainement sous la protection de la police de son pays, nous a lancé au Sénégal, « vous êtes dans la presse, dites-le, on saigne les sénégalais chez vous, on le fait aux mauritaniens ici ».
Il ne fait aucun doute, qu’on ne se cache plus pour donner corps et forme à un système de magouille et de prévarication mettant en première ligne les autorités préfectorales des villes du fleuve, qui elles, ferment les yeux, tout en élaborant et entretenant un trafic frontalier.
A Lexeiba II, les propos désinvolte et irrespectueux de l’adjudant Mohamed Baras en disent long sur un aveu d’incompétence de justifier sa pratique. « Vous êtes certainement un nationaliste ? » s’est-il interrogé à notre endroit, avant de traiter Nasser et Kadhafi que nous avions cité comme nationalistes, de « dictateurs ». Une parade commode face à un manque d’argument, elle n’en trahit pas moins la vraie nature des hommes de tenue sur les deux rives.
La question que l’on se pose, est l’incapacité de trouver une solution idoine à un problème, dont la résolution n’est pourtant au-dessus des moyens d’aucun gouvernement, tant soit peu sérieux. Le Sous-préfet de Podor, M. Adama Camara souligne ne pas être au courant de ce qui se passe à la frontière de son département et dit, « qu’il va saisir (son) collègue de Lexeiba II ». Propos que ne partage pas l’édile de Podor dans l’entretien accordé à Cridem.
Au sortir de notre enquête sur les berges du fleuve Sénégal, le mensonge est manifeste, et la boulimie de l’argent visible, car tout porte à croire que le pouvoir sur les deux rives n’a pas la compétence, encore moins la volonté de faire quelque chose.
La traversée est devenue un moyen mis au service de lobbys organisés à ordonnancer les mécanismes de rétribution en faveur d’une bande de prébendiers. Arrêtons de croire que les choses changeront un jour si des mesures hardies ne sont prises pour supprimer « le visa de sortie du territoire mauritanien ».
Cela ne semble être le cas avec les parvenus qui longent le fleuve. Ce n’est ni une prophétie, ni une volonté affichée de jouer les oiseaux de mauvaise augure. C’est un triste constat qui procède des réalités que nous avons ci-haut exposées.
ADN
©Cridem / 29 juillet 2015
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Source :
Rédaction Cridem
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