Vu de Mauritanie par MFO
Mercredi 21 Janvier 2015 - 14:00
L’affaire de la Maurisbank a-t-elle des incidences qui échappent
encore au public (et aux journalistes qui ne lui accordent aucun
intérêt) ? L’on soupçonnait qu’elle est derrière le limogeage du
Gouverneur de la BCM. L’on s’attendait à ce qu’elle touche d’autres
hauts responsables dont le ministre des finances, en première ligne
aussi dans d’autres affaires de malversations dans son département.
Voilà que c’est d’abord le Directeur général de la Caisse de
dépôts et de développement (CDD), Ahmed Ould Moulaye Ahmed qui est
brusquement remercié. Il est remplacé par son secrétaire général
Mohamadou Youssouf Diagana, comme si la décision avait été prise dans
l’urgence. Mais quel rapport avec l’affaire de la Maurisbank ? La CDD
avait bien refusé de prendre en charge la faillite de cette banque et
avait même fait un rapport qui aurait été à l’origine de la prise de
conscience des hautes autorités de l’ampleur des dégâts. Mais pourquoi,
parce que la CDD savait ce qu’il en était, avait-elle fait d’importants
dépôts à Maurisbank ? C’est la liaison dangereuse qui aurait entrainé le
Directeur général de la CDD dans le flot qui semble emporter tous ceux
qui ont eu un lien avec ce dossier. Sinon, Ahmed Ould Moulaye Ahmed est
connu plutôt pour son sérieux et son dévouement au travail.
La
victime attendue était bien sûr Thiam Dhombar, le ministre des
finances. D’abord pour la question des cinq milliards (environ) de
chèques certifiés entassés au niveau du Trésor et jamais débités au
niveau des comptes de la Maurisbank à la BCM. Il y a bien sûr aussi ces
quelques milliards envolés dans les perceptions d’Aïoun et de Nouadhibou
(ce sont les seules jusqu’à présent ayant subi un contrôle sérieux).
Les malversations découvertes ne peuvent se faire sans complicités ou au
moins une indulgence et/une incompétence caractérisée de la hiérarchie
dont le ministre est finalement le premier responsable.
C’est
probablement dans l’urgence que le départ de Thiam Djombar a été décidé
la veille de la tenue du sommet de la transparence, intitulé «Transparence et développement durable en Afrique».
En tout cas, il donne la preuve que les autorités mauritaniennes
entendent bien punir tout agissement contraire aux règles de la
transparence.
L’occasion de procéder au premier
remaniement de l’ère Yahya Ould Hademine. Ce remaniement a touché des
ministères importants, emportant trois ministres et permettant l’entrée
de trois autres.
Ahmed Ould Teguedi quitte les
affaires étrangères alors qu’il est au Caire où il préside les
tractations entreprises par la Ligue Arabe en vue d’apporter des
solutions au dialogue interlibanais. Il est remplacé par Vatma Val Mint
Soueyné qui était à la culture. Professeur de littérature anglaise, Mint
Souené parle aussi bien Arabe que Français. Sa prestation à Chinguitty
lors du festival des villes anciennes a révélé une femme de caractère.
Sa nomination à ce poste remet la Mauritanie en scelle sur la question
genre. Notre pays est le premier pays arabe à avoir nommé une femme à la
tête de sa diplomatie en 2009 quand c’était Naha Mint Mouknass. Un gage
de modernité dont nous avons besoin en ces temps où l’obscurantisme
assombrit les horizons.
Mokhtar Ould Diay qui
remplace Thiam Diombar aux Finances était jusque-là directeur général
des Impôts. A ce poste, il a été salué pour l’ampleur des recouvrements
effectués par ses services. Il n’a pas hésité à procéder à des
redressements fiscaux qui n’ont pas épargné les hommes d’affaires
supposés très proches du pouvoir. Il a été menacé publiquement et par
téléphone par certains d’entre eux, ceux qui excellent dans le trafic
d’influence et pour lesquels une telle mesure renseigne sur le peu de
protection dont ils bénéficient. Certains lui reprochent d’en faire
trop, mais, vu à l’aune des appréciations des gros opérateurs habitués à
corrompre et/ou à terroriser les fonctionnaires, Ould Diay a plutôt
assuré.
Ahmed Salem Ould Bechir, excellent
ingénieur, hérite du ministère du pétrole, des mines et de l’énergie. Il
revient à un secteur qu’il connait bien lui qui avait été directeur
général de la SOMELEC. Au ministère de l’hydraulique où il est remplacé
par Mohamed Ould Khouna, il avait eu pour mission d’engager le programme
d’assainissement de Nouakchott. Des solutions ont été trouvées et même
des financements, mais rien n’est concrètement réalisé. Intelligent et
entrepreneur, Ould Bechir a à réactiver un ministère qui sombrait dans
la léthargie. Il remplace quelqu’un qui a l’art d’endormir les
départements où il exerce (formation, enseignement technique, pétrole,
mines, énergie…).
Dia Mokhtar Malal quitte le
secrétariat général de la Présidence, un poste équivalent à celui de
Premier ministre bis, pour l’emploi et la formation professionnel (les
TIC’s aussi). Que pourra-t-il faire ici qu’il n’a pu faire ailleurs ?
Notre
consœur Hindou Mint Aïnina n’aura pas le temps de finir le travail
qu’elle a plutôt bien commencé au niveau des Mauritaniens de l’étranger.
Elle atterrit à la culture (et l’artisanat). Ses atouts : son niveau,
son cursus et sa force de caractère. Sa remplaçante aux affaires
maghrébines, africaines et aux Mauritaniens de l’étranger est une
inconnue de l’espace médiatico-politique. On sait d’elle juste qu’elle
s’appelle Khadijetou Mbareck Fall.
Coumba Bâ,
l’inamovible conseillère du Président de la République revient au
Gouvernement comme ministre des sports. Elle remplace Houleymato Sao,
une fille qui ne savait finalement pas pourquoi elle était là, à peine
si elle ne s’excusait pas d’être là justement. La personnalité de la
Denianké Coumba Bâ servira-t-elle à faire avancer le secteur abandonné
trop longtemps ?
Il faut remarquer enfin que le quota
des femmes a augmenté : elles sont maintenant 7 sur les 29
portefeuilles (y compris le Premier ministre et le ministre secrétaire
général de la Présidence). Les femmes présentes au gouvernement ne font
pas dans la figuration : six d’entre elles ont bien la compétence et
l’envergure requises pour assurer leurs fonctions de ministres.
Mohamed Fall Oumere
Mohamed Fall Oumere
Noorinfo
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