vendredi 23 janvier 2015

A propos du dernier remaniement : Comprendre au lieu de juger



23-01-2015 07:00 -
A propos du dernier remaniement : Comprendre au lieu de juger Elhourriya - On pourrait me dire : « de quoi je me mêle » ? Surtout que l’homme que je défends ici ne me connait, peut être, que de nom. Aucune de ces « parentés » chères aux mauritaniens (tribu, communauté, etc). A part notre appartenance à la même région. Je trouve seulement que trop c’est trop.

Même quand il n’est plus ministre des Finances, Thiam Diombar continue à être la cible de « snipers » dans une presse souvent manipulée. Après avoir cherché, à tout prix, à le sortir du gouvernement, on tente aujourd’hui de le présenter comme le premier responsable d’errements dont les auteurs sont déjà derrière les barreaux. Pourquoi ?

La cabale contre Thiam Diombar ressemble, étrangement, à celle qui avait été organisée, en 2010, contre Kane Ousmane. A croire qu’il y a des lobbies fortement implantés qui pensent que le département des Finances, comme d’ailleurs celui de l’Intérieur, de la Justice, de la Défense et des Affaires étrangères, doivent rester la chasse gardée d’une seule communauté nationale.

Il faut ici remercier le président Mohamed Ould Abdel Aziz de n’avoir pas suivi ces élans à connotations racistes. Il avait bien placé Abidine Ould Elkheir (même si l’homme n’avait aucun mérite à mes yeux) à la Justice, Mohamed Ould Boillil, au ministère de l’Intérieur, et Diallo Mamadou Bathia à la Défense.

Mais ne vient-il pas de commettre l’erreur d’avoir « sacrifié » Thiam Diombar pour répondre aux sirènes d’un changement dans lequel il perd au change en termes d’efficacité et de compétences dans un ministère où l’important n’est pas de mobiliser des ressources mais d’en planifier les usages ? L’engagement et le dévouement, supposé ou réel, du remplaçant de Thiam Diombar auront-ils autant d’effets positifs que l’entregent légendaire de l’ancien ministre des Finances ?

D’aucuns en doutent fortement et n’excluent pas que le nouveau ministre des Finances continue à porter son habit de directeur général des Impôts dans l’optique de garantir une forte mobilisation des ressources à l’origine de son aura gouvernementale. Le risque pour lui est de manquer de « hauteur » et de se mettre sur le dos des hommes d’affaires qui pensent s’en être débarrassé, du moins directement.

Ceci dit, je ne comprends pas l’amalgame qu’une certaine presse tente de faire en mêlant les « scandales particuliers » du ministère des Finances à ce qui ressemble bien à une affaire d’Etat au niveau de la BCM (Banque centrale de Mauritanie). Car, il faut bien qu’on nous dise si l’effondrement de la Maurisbank et son probable impact sur la CDD (Caisse de dépôts et de développement) sont directement de la responsabilité de l’ancien Gouverneur de la BCM ou non ?

Alors qu’un journaliste, pourtant « bien averti », jette des fleurs à l’ancien directeur général de la Caisse de dépôts et de développement (CDD), Ahmed Ould Moulaye Ahmed, il cherche à décharger l’ancien gouverneur de la BCM, dans l’affaire de la Maurisbank, sur le dos de Thiam Diombar. Allez savoir pourquoi.

Pourtant, dans la première affaire, la responsabilité du « taureau blanc » est pleine et entière. Comme le montre cette présentation, faite par ses soins, de la structure qu’il dirigeait : « La Caisse des Dépôts et de Développement (CDD) est un établissement public autonome à statut spécial doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière créée par la loi 027 / 2011 du 17 mars 2011.

Elle est rattachée au Premier Ministre. La Caisse est dotée de structures et de mécanismes de gouvernance et de fonctionnement garantissant une forte transparence et une surveillance régulière du pouvoir politique, des bailleurs de fonds et du secteur privé. »


La question « des cinq milliards (environ) de chèques certifiés entassés au niveau du Trésor et jamais débités au niveau des comptes de la Maurisbank à la BCM », cela relève de la responsabilité de qui ? Dans un écrit sur cette affaire, que j’ai lu avec attention et qui est, je l’avoue, la raison de cette réaction, la seule bonne question posée est celle-ci : « Mais pourquoi, parce que la CDD savait ce qu’il en était, avait-elle fait d’importants dépôts à Maurisbank ? »

On peut reconnaître à Thiam Dhombar le mérite d’avoir réagi, très vite, aux scandales dans certaines trésoreries régionales («les seules jusqu’à présent ayant subi un contrôle sérieux », écrit le Doyen Oumeir) mais on ne peut l’accabler – et lui demander surtout – de faire le travail à la place de la BCM et de l’IGE (Inspection générale d’Etat). Et nous journalistes ne devons-nous pas faire nôtre ce beau mot d’Albert Camus, dit certes dans un contexte tout autre : s'obliger « à comprendre au lieu de juger ».

Sneiba Mohamed



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