lundi 1er septembre 2014

“Pourquoi
ceux qui disposent d’un discours « correct », « conciliant »,
« nationaliste », comme Messaoud, Boïdiel, Hanana, Ould Maouloud, Jemil
Mansour, n’ont-ils récolté que des 3% et des 4% dans les élections
présidentielles, au moment où je récolte plus de 9% dès ma première
candidature ?”
Après sa participation aux élections présidentielles du 21 juin 2014 et son voyage aux Etats-Unis sur invitation de la Maison Blanche et de la ville de Philadelphie qui lui a décerné le Prix Echoes Africa, le président de l’organisation antiesclavagiste, Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid s’exprime, pour la première fois. Il parle entre autres, de l’élite haratine et negro-africaine de ses relations avec le Pouvoir et de la mission de son organisation.
« Malgré tout, Mohamed Ould Abdel Aziz reste plus progressiste que les Islamistes de Tawassoul, le FNDU, les chefs religieux... »
Après sa participation aux élections présidentielles du 21 juin 2014 et son voyage aux Etats-Unis sur invitation de la Maison Blanche et de la ville de Philadelphie qui lui a décerné le Prix Echoes Africa, le président de l’organisation antiesclavagiste, Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid s’exprime, pour la première fois. Il parle entre autres, de l’élite haratine et negro-africaine de ses relations avec le Pouvoir et de la mission de son organisation.
« Malgré tout, Mohamed Ould Abdel Aziz reste plus progressiste que les Islamistes de Tawassoul, le FNDU, les chefs religieux... »
L’Authentique :
vous avez participé aux présidentielles de juin 2014 avec un score qui a
surpris tous les observateurs, en arrivant deuxième derrière le Chef de
l’Etat sortant. Quel bilan avez-vous tiré de cette expérience ?
Birame Dah Abeid : je pense que le résultat obtenu est un avertissement assez clair pour tous les dépositaires de la démarche de la démocratie de l’urgence et de la soif du changement démocratique en Mauritanie. Je pense aussi que ce résultat est un avertissement adressé à tous les partis politiques, subventionnés et intégrés dans le corps institutionnel social et étatique, lesquels doivent savoir que leur autorité et leur légitimité ont été mises en cause, car battus à plate couture par une simple organisation informelle, non reconnue, diabolisée à outrance et mise au banc de la société par tous les acteurs du pouvoir et de l’opposition ainsi que leurs appendices des corps religieux, tribaux et financiers. Nous avons démontré avec le résultat obtenu lors de ces présidentielles, le respect très fort que nous voue le peuple mauritanien.
Le résultat que nous avons obtenu, nous l’avons eu en tant qu’organisation démunie de moyens, de reconnaissance, de statut et d’appui, prise entre deux feux, l’élite haratine embrigadée et les forces centrifuges d’une part, et d’autre part, l’élite négro-mauritanienne féodale et caporalisée qui n’ont cessé chacune de tirer sur nous. Malgré tout cela, nous avons démontré que seule la machine de l’Etat, utilisée illégalement, pouvait arriver à bout de notre victoire. L’enseignement que nous avons tiré de cette expérience est qu’aucune force qui n’utilise pas les moyens de l’Etat ne peut nous battre dans une élection transparente ou non transparente.
L’Authentique : finalement vous tirez sur tout le monde ; ne partagez-vous pas le même combat que l’élite haratine que vous fustigez ?
Birame Dah Abeid : l’élite haratine au pouvoir et le système dominant dans ses deux composantes, pouvoir et opposition (les deux têtes du système), constituent les dépositaires et les gardiens de l’ordre dominant en Mauritanie. Nous ne partageons pas les mêmes causes avec l’élite haratine, Messaoud, Samory et les autres, même si cette élite peut avoir les mêmes alibis qu’elle exprime timidement dans sa défense de la cause haratine. Nous sommes différents, car eux, ils restent respectueux des limites (dans leur action et dans leur pensée), que leur impose l’élite dominante. Ils se gardent d’égratigner et d’outrepasser les lignes imposées, dans leur lutte pour l’émancipation des Haratines. Et c’est là tout le nœud gordien de notre lutte, qui axe son action dans la refondation complète de la société et dans la redistribution équitable des richesses. Il s’agit d’un domaine très sensible que les groupes dominants surveillent étroitement, régentent et règlementent.
L’Authentique : mais au moins, vous devez partager avec cette élite haratine une ou des causes communes ?
Birame Dah Abeid : je tiens encore à préciser que nous ne sommes pas à comparer à El Hor ou à APP, et on ne doit pas nous mouler dans une même famille idéologique ; ceci est loin de la réalité. Nous à IRA, nous avons opté pour une démarche de défiance sur le plan religieux par rapport aux tenants de l’orthodoxie ambiante, alors qu’EL Hor et APP considèrent le socle religieux local comme sacré, oubliant qu’il est le fondement de l’idéologie esclavagiste et de la misère haratine. La preuve, quand nous avons décidé de porter plus haut le combat antiesclavagiste en incinérant symboliquement les livres esclavagistes, Messaoud et Samory ont rivalisé dans la criminalisation d’IRA et de son président. EL Hor dans ses différentes formes a toujours fait allégeance au système traditionnel et a toujours fait l’éloge du religieux dans son expression locale. Pour notre part, nous n’avons jamais versé dans cet exercice laudatif car nous considérons que la classe religieuse mauritanienne utilise la religion pour faire prévaloir sa domination, sans combattre réellement la prééminence des antivaleurs, comme le mensonge, la trahison, le vol des biens publics, qui sont devenus avec d’autres maux, des comportements banalisés. Cette élite haratine est bien intégrée dans le système ambiant dont elle partage la vision et en reccueille les fruits en termes de nomination et d’avantages.
L’Authentique : mais au moins, vous devez certainement entretenir une forme de relation avec cette élite ?
Birame Dah Abeid : nous n’entretenons aucune forme de relation avec cette élite, dont une grande partie s’est socialisée au sein du corpus dominant qui continue pourtant d’opprimer les Haratines. D’autres membres de cette élite se sont enrégimentés dans les différents gouvernements sans apporter la moindre amélioration dans la cause de leur communauté. Nous à IRA, on ne peut pas avoir de relation avec ces gens en dehors de leur fonction, d’autant qu’ils n’ont jamais apporté de solution à la cause et se contentent de se fondre totalement dans les groupes dominants.
L’Authentique : quelles sont vos relations avec l’élite négro-mauritanienne ?
Birame Dah Abeid : nous n’avons pas de relation avec les organisations négro-mauritaniennes parce qu’elles cultivent la suspicion autour d’IRA et de son président, voyant en nous des concurrents venus chasser dans leur terrain politique de prédilection, le racisme, les déportés, l’enrôlement, etc. Ils font également véhiculer le message selon lequel, IRA est une organisation de la communauté haratine, une communauté qu’elles assimilent au bras armé des Maures pour effaroucher les populations négro-mauritaniennes.
Cette méthode inopportune de suspicion que certains partis négro-mauritaniens, du pouvoir et de l’opposition, ont utilisé contre nous durant la campagne présidentielle pour éloigner de nous la composante négro-mauritanienne, se nourrissait aussi de l’idée que les populations négro-mauritaniennes ne doivent pas suivre Birame, qui est un Hartani, et qu’il valait mieux suivre ses maîtres que leurs esclaves.
Mais qu’ils le veuillent ou non, IRA tient à préciser qu’elle n’est pas une organisation haratine. C’est une ONG de défense des droits de l’homme qui regroupe toutes les composantes nationales et qui s’intéresse à la défense de toutes les victimes sans distinction. SI Birame Dah Abeid, le président d’IRA est Hartani, il n’en représente pas moins une élite multiculturelle. C’est pourquoi IRA préfère s’adresser directement aux populations cibles plutôt que les organisations qui prétendent parler en leur nom. Nous avons été toujours présents à côté des victimes négro-mauritaniennes dans leur douleur, que cela soit à INAL, Wothié, Sori Malé, avec les esclaves, avec les Haratines, avec les Maures quand ils sont victimes d’arbitraires. Ce sont des actes, et non des déclarations écrites, qu’IRA a toujours posé dans ces actions de solidarité et de plaidoyer avec les victimes, sur le terrain de la contestation pacifique et civique.
L’Authentique : vous étiez à Washington, le président Aziz aussi ; avez-vous essayé de l’approcher ?
Birame Dah Abeid : Aziz et moi étions tous les deux à Washington lors du grand dîner. Je n’ai trouvé aucun besoin de l’approcher pour discuter avec lui. Une telle démarche réclame quelques préalables. Il faut d’abord qu’il renonce à la vulgarité face à la condition des Haratines et qu’il commence par mettre fin à la souffrance d’un grand pan de cette population due à ses politiques et aux politiques du système qu’il représente et qu’il a reproduit d’une manière encore plus pernicieuse. Aziz doit renoncer à la vision qu’il a de la cause haratine et celle des Noirs de Mauritanie.
L’Authentique : vous aviez quand même rencontré Aziz il n’y a pas longtemps ?
Birame Dah Abeid : on ne s’est pas rencontré depuis deux années. Dans le contexte de l’époque, nous venions de sortir d’une confrontation avec tout le système, dont l’Etat, en particulier le système dominant, son clergé, ses forces tribales et ses corporations d’hommes d’affaires. Je ne suis pas aveugle ni superficielle, comme les autres opposants qui limitent leur combat au pouvoir politique. Or, ce pouvoir politique est plus moderniste et moins dangereux que les autres contre-pouvoirs, comme le pouvoir féodal traditionnel miné par le racisme et l’attachement aux pratiques discriminatoires et esclavagistes.
Malgré tout, Aziz reste plus progressiste que les Islamistes de Tawassoul, le FNDU, les chefs religieux...La classe politique, pouvoir et opposition confondus, ainsi que la classe religieuse accusent tous Aziz d’avoir commis un crime pour ne pas avoir exécuté Birame après l’autodafé des livres esclavagistes. Et cela malgré le verdict des tribunaux qui avaient prononcé son acquittement. Au moins, Aziz s’est rendu à l’évidence et a respecté le verdict des juges, contrairement aux partis politiques qui prétendent pourtant respecter le droit, encore moins la classe religieuse qui s’arroge l’exemplarité. Pire, ils ont même accusé Aziz de n’avoir pas outrepassé le verdict des tribunaux en utilisant son pouvoir despotique.
Avec Aziz, IRA entretient des relations d’opposition, chacun déterminé à éliminer l’autre. IRA cherche à chasser Aziz du pouvoir et Aziz chercher à liquider IRA.
L’Authentique : l’opinion a l’impression que l’action d’IRA et son activisme s’est beaucoup émoussé. Est-ce à dire que le problème de l’esclavage a évolué positivement ?
Birame Dah Abeid : soyons assuré que l’action d’IRA dans la lutte n’a jamais faibli, ni son engagement à soutenir les victimes ne s’est émoussé. Le combat d’IRA continue de secouer la quiétude des groupes dominants et à remettre en cause l’agencement de l’impunité. Ces actions se poursuivent aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, car malgré tout le combat qui est mené, les groupes dominants refusent toujours de renoncer à l’esclavage. Ce qui s’est passé, c’est que l’Etat mauritanien, le gouvernement, les corps sécuritaires, les tribunaux se sont organisés et ont mis en place un système de camouflage en cas de découverte de nouveaux cas d’esclavage pour prémunir ses auteurs de toute poursuite et rendre les actions d’IRA de moins en moins fréquentes.
Il faut ajouter à cela que depuis une année ou plusieurs mois, l’action d’IRA était projetée dans l’optique de la présidentielle. Les aspects politiques avaient un peu pris le pas sur le combat social. N’empêche, IRA compte trois parmi ces membres dans les prisons du régime à cause de leurs activités antiesclavagistes. IRA a toujours payé et paye encore la facture du sacrifice pour la fin de l’esclavage et du racisme en Mauritanie. Il y a eu quelques jours un cas d’esclavage à Nouadhibou qui est entrain d’être clos par les autorités judiciaires locales par l’impunité des auteurs. Il y a eu le sit-in historique d’IRA à Boutilimit qui a duré trois mois pour un cas d’esclavage, suivi par une marche de 150 kilomètres jusqu’au cœur de Nouakchott. Les actions d’IRA ne se sont jamais circonscrites aux accueils du président qui accumule les prix internationaux au rythme de deux consécrations de renommée mondiale au moins chaque année. Ces prix ont toujours été une occasion pour IRA de s’exprimer sur des tribunes internationales et de gagner des points diplomatiques de plus sur l’Etat mauritanien.
Ainsi, le combat d’IRA n’est pas circonscrit à Nouakchott, mais s’étend aussi à l’intérieur du pays où sont implantés ses bureaux, mais aussi à l’extérieur où il compte des représentants de haut niveau. Il y a enfin le Comité de la Paix qui regroupe des centaines de jeunes qui ont voué leur existence au combat interne. Il faut noter que notre activisme sur le plan international est très important pour marquer notre ascendance sur le pouvoir mauritanien.
L’Authentique : que pensez-vous de la dissolution du Commissariat des droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile ?
Birame Dah Abeid : sincèrement, c’est un non évènement, car ce Commissariat, tout comme l’agence Tadamoun, n’est qu’un subterfuge des groupes dominants, des groupes de la corruption, des groupes du faux et de l’usage du faux, pour tromper la communauté internationale et cacher les crimes commis dans ce pays, crimes d’esclavage, corruption, discrimination raciale… Les droits de l’homme en Mauritanie n’ont rien bénéficié de ce Commissariat, ni de la Commission nationale des droits de l’homme, ni de l’agence Tadamoun, ni des tribunaux. Ce sont tous des coquilles vides destinées à la consommation extérieure et à la préservation du système de domination.
L’Authentique : que pensez-vous du feuilleton Aziz-Ely ?
Birame Dah Abeid : j’ai deux hypothèses à avancer dans le cadre de l’adversité supposée entre les deux cousins et complices, Mohamed Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall. Ma première hypothèse est que ces deux hommes sont en train de se jouer des Mauritaniens en créant une focalisation sur une fausse compétition destinée à créer une nouvelle bipolarisation politique dans le but d’aboutir probablement à une alternance au sein de la tribu, de la famille ou de l’armée. Il s’agirait d’amener les Mauritaniens à une fausse idée, celle d’une réelle inimitié entre eux. Pour le peu qu’on connaît de ces deux hommes, ils sont capables de jouer un tel cirque, un tel montage. J’invite les Mauritaniens à ne pas se laisser leurrer dans le cas où cette hypothèse se vérifie.
La deuxième hypothèse, à laquelle je crois peu, que les deux hommes cultivent une réelle inimitié, et j’en doute fort. Je pense que les deux hommes sont des partenaires qui sont en train de se partager les rôles pour contrôler la scène au profit d’intérêts tribaux et sectaires. Au cas où cette hypothèse de réelle inimitié entre Aziz et Ely est envisagée, je considère que le déballage médiatique accusant Ely de vouloir utiliser une cargaison d’armes pour renverser le pouvoir est hasardeux, mensonger et diffamatoire, fabriqués par des laudateurs zélés d’Aziz contre lui. Je ne partage rien avec Ely mais je ne suis simplement pas dans la logique des règlements de compte, de la surenchère et des procès d’intention inéquitables.
Dans le cas d’espèce, quand le pouvoir cède à l’incitation des laudateurs, il ouvre la voie à des conséquences lourdes pour l’unité nationale, la cohésion de l’armée et des forces sociales, ce qui peut se répercuter sur la paix et la quiétude civile
Encadré
“Nous à IRA, avons opté pour une démarche de défiance sur le plan religieux par rapport aux tenants de l’orthodoxie ambiante, alors qu’EL Hor et APP considèrent le socle religieux local comme sacré, oubliant qu’il est le fondement de l’idéologie esclavagiste et de la misère haratine”.
L’Authentique : certaines sources vous pressentent pour le Prix Nobel de la Paix 2014. Qu’en pensez-vous ?
Birame Dah Abeid : tout ce que je peux dire à ce sujet, contrairement à ce que racontent les milieux habitués à la diffamation et à la diabolisation des Haratines, de leur cause et de leurs leaders, bien que je sois la personnalité la plus primée dans la sous-région, je n’ai jamais été partie prenante ou à l’origine d’une démarche de nomination pour ma personne ou mon organisation. Toutes les démarches ont été entreprises, à mon insu, par des personnalités indépendantes et des institutions qui suivent avec attention l’évolution et l’action d’IRA et de son président, leur rendement productif sur le terrain des droits de l’homme et leur respect des normes internationales en vigueur sur ce plan. Que ces personnalités et ces institutions se trouvent en Afrique ou ailleurs, elles ont pu constater notre abnégation, notre conformité à la législation internationale, ont mesuré nos acquis puis ont enclenché les démarches qui ont toujours mis en avant, devant d’autres compétiteurs du monde beaucoup plus pourvus, notre organisation et son président.
Des rumeurs circulent en effet sur ma présence parmi la liste des personnalités retenues pour le partage final du Prix Nobel de la Paix 2014. Une fois de plus, je n’ai entrepris aucune démarche personnelle pour cette nomination. Cette démarche ne peut émaner d’ailleurs que d’organisations ou de personnalités qui ont déjà reçu ce prix et dont la moralité est au dessus de tout soupçon. Si je serai nominé au Prix Nobel cela ne fera que rehausser davantage ma place au sein des personnalités qui comptent dans le monde.
L’Authentique : certains reprochent à IRA et à son président, un discours jugé radical et extrémiste. Etes-vous prêt à modérer votre discours comme le souhaitent certains ?
Birame Dah Abeid : dites à ces personnes que mon discours et celui d’IRA resteront tels qu’ils sont. Ce discours, s’il doit évoluer, le sera encore vers plus de radicalité, mais n’empruntera pas la voie de la souplesse. Car j’estime qu’il n’y a pas de place pour un discours faible dans la lutte contre l’injustice et le mensonge. Je rappelle à ceux qui profèrent ce genre de souhaits et de propos, que c’est par ce discours qu’ils qualifient de radical et d’extrémiste qu’IRA est née comme la plus jeune organisation de la société civile. C’est avec ce discours que cette jeune organisation est devenue la meilleure sur le plan national et international. Elle a changé profondément les mentalités sur le plan interne, a secoué le socle social sur lequel se nourrissaient les forces de domination, impulsant à la cause esclavagiste un bond qualitatif jamais observé par le passé.
Ce discours a eu des impacts sur des dizaines de milliers de citoyens mauritaniens, ce que toutes les organisations de la société civile et les forces politiques reconnus et subventionnés réunis n’ont pu faire. IRA a créé la psychose au sein des classes dominantes et a apporté un réconfort aux faibles, tout en prouvant son ancrage populaire. Elle a conquis les plus prestigieuses tribunes du monde, accumulé les consécrations internationale et obtenu le score le plus honorable aux présidentielles. Tout cela, grâce à son discours « radical » et « extrémiste ».
Encadré
“Nous n’avons pas de relation avec les organisations négro-mauritaniennes parce qu’elles cultivent la suspicion autour d’IRA et de son président, voyant en nous des concurrents venus chasser dans leur terrain politique de prédilection, le racisme, les déportés, l’enrôlement, etc. Elles font également véhiculer le message selon lequel, IRA est une organisation de la communauté haratine, une communauté qu’elles assimilent au bras armé des Maures pour effaroucher les populations négro-mauritaniennes”.
Pourquoi ceux qui disposent d’un discours « correct », « conciliant », « nationaliste », comme Messaoud, Boïdiel, Hanana, Ould Maouloud, Jemil Mansour, n’ont-ils récolté que des 3% et des 4% dans les élections présidentielles, au moment où je récolte plus de 9% dès ma première candidature ? Parce que leur discours est faux ; il protège et couve un système féodal, raciste et esclavagiste.
Ceux qui me reprochent mon discours et utilise ce faux fuyant pour justifier leur distance par rapport à notre combat, seront les premiers à nous rejoindre si nous prenons le pouvoir. Ils ne sont qu’avec les forts et ne gravitent qu’autour des tenants du pouvoir.
Propos recueillis par Cheikh Aïdara et OEM.
Birame Dah Abeid : je pense que le résultat obtenu est un avertissement assez clair pour tous les dépositaires de la démarche de la démocratie de l’urgence et de la soif du changement démocratique en Mauritanie. Je pense aussi que ce résultat est un avertissement adressé à tous les partis politiques, subventionnés et intégrés dans le corps institutionnel social et étatique, lesquels doivent savoir que leur autorité et leur légitimité ont été mises en cause, car battus à plate couture par une simple organisation informelle, non reconnue, diabolisée à outrance et mise au banc de la société par tous les acteurs du pouvoir et de l’opposition ainsi que leurs appendices des corps religieux, tribaux et financiers. Nous avons démontré avec le résultat obtenu lors de ces présidentielles, le respect très fort que nous voue le peuple mauritanien.
Le résultat que nous avons obtenu, nous l’avons eu en tant qu’organisation démunie de moyens, de reconnaissance, de statut et d’appui, prise entre deux feux, l’élite haratine embrigadée et les forces centrifuges d’une part, et d’autre part, l’élite négro-mauritanienne féodale et caporalisée qui n’ont cessé chacune de tirer sur nous. Malgré tout cela, nous avons démontré que seule la machine de l’Etat, utilisée illégalement, pouvait arriver à bout de notre victoire. L’enseignement que nous avons tiré de cette expérience est qu’aucune force qui n’utilise pas les moyens de l’Etat ne peut nous battre dans une élection transparente ou non transparente.
L’Authentique : finalement vous tirez sur tout le monde ; ne partagez-vous pas le même combat que l’élite haratine que vous fustigez ?
Birame Dah Abeid : l’élite haratine au pouvoir et le système dominant dans ses deux composantes, pouvoir et opposition (les deux têtes du système), constituent les dépositaires et les gardiens de l’ordre dominant en Mauritanie. Nous ne partageons pas les mêmes causes avec l’élite haratine, Messaoud, Samory et les autres, même si cette élite peut avoir les mêmes alibis qu’elle exprime timidement dans sa défense de la cause haratine. Nous sommes différents, car eux, ils restent respectueux des limites (dans leur action et dans leur pensée), que leur impose l’élite dominante. Ils se gardent d’égratigner et d’outrepasser les lignes imposées, dans leur lutte pour l’émancipation des Haratines. Et c’est là tout le nœud gordien de notre lutte, qui axe son action dans la refondation complète de la société et dans la redistribution équitable des richesses. Il s’agit d’un domaine très sensible que les groupes dominants surveillent étroitement, régentent et règlementent.
L’Authentique : mais au moins, vous devez partager avec cette élite haratine une ou des causes communes ?
Birame Dah Abeid : je tiens encore à préciser que nous ne sommes pas à comparer à El Hor ou à APP, et on ne doit pas nous mouler dans une même famille idéologique ; ceci est loin de la réalité. Nous à IRA, nous avons opté pour une démarche de défiance sur le plan religieux par rapport aux tenants de l’orthodoxie ambiante, alors qu’EL Hor et APP considèrent le socle religieux local comme sacré, oubliant qu’il est le fondement de l’idéologie esclavagiste et de la misère haratine. La preuve, quand nous avons décidé de porter plus haut le combat antiesclavagiste en incinérant symboliquement les livres esclavagistes, Messaoud et Samory ont rivalisé dans la criminalisation d’IRA et de son président. EL Hor dans ses différentes formes a toujours fait allégeance au système traditionnel et a toujours fait l’éloge du religieux dans son expression locale. Pour notre part, nous n’avons jamais versé dans cet exercice laudatif car nous considérons que la classe religieuse mauritanienne utilise la religion pour faire prévaloir sa domination, sans combattre réellement la prééminence des antivaleurs, comme le mensonge, la trahison, le vol des biens publics, qui sont devenus avec d’autres maux, des comportements banalisés. Cette élite haratine est bien intégrée dans le système ambiant dont elle partage la vision et en reccueille les fruits en termes de nomination et d’avantages.
L’Authentique : mais au moins, vous devez certainement entretenir une forme de relation avec cette élite ?
Birame Dah Abeid : nous n’entretenons aucune forme de relation avec cette élite, dont une grande partie s’est socialisée au sein du corpus dominant qui continue pourtant d’opprimer les Haratines. D’autres membres de cette élite se sont enrégimentés dans les différents gouvernements sans apporter la moindre amélioration dans la cause de leur communauté. Nous à IRA, on ne peut pas avoir de relation avec ces gens en dehors de leur fonction, d’autant qu’ils n’ont jamais apporté de solution à la cause et se contentent de se fondre totalement dans les groupes dominants.
L’Authentique : quelles sont vos relations avec l’élite négro-mauritanienne ?
Birame Dah Abeid : nous n’avons pas de relation avec les organisations négro-mauritaniennes parce qu’elles cultivent la suspicion autour d’IRA et de son président, voyant en nous des concurrents venus chasser dans leur terrain politique de prédilection, le racisme, les déportés, l’enrôlement, etc. Ils font également véhiculer le message selon lequel, IRA est une organisation de la communauté haratine, une communauté qu’elles assimilent au bras armé des Maures pour effaroucher les populations négro-mauritaniennes.
Cette méthode inopportune de suspicion que certains partis négro-mauritaniens, du pouvoir et de l’opposition, ont utilisé contre nous durant la campagne présidentielle pour éloigner de nous la composante négro-mauritanienne, se nourrissait aussi de l’idée que les populations négro-mauritaniennes ne doivent pas suivre Birame, qui est un Hartani, et qu’il valait mieux suivre ses maîtres que leurs esclaves.
Mais qu’ils le veuillent ou non, IRA tient à préciser qu’elle n’est pas une organisation haratine. C’est une ONG de défense des droits de l’homme qui regroupe toutes les composantes nationales et qui s’intéresse à la défense de toutes les victimes sans distinction. SI Birame Dah Abeid, le président d’IRA est Hartani, il n’en représente pas moins une élite multiculturelle. C’est pourquoi IRA préfère s’adresser directement aux populations cibles plutôt que les organisations qui prétendent parler en leur nom. Nous avons été toujours présents à côté des victimes négro-mauritaniennes dans leur douleur, que cela soit à INAL, Wothié, Sori Malé, avec les esclaves, avec les Haratines, avec les Maures quand ils sont victimes d’arbitraires. Ce sont des actes, et non des déclarations écrites, qu’IRA a toujours posé dans ces actions de solidarité et de plaidoyer avec les victimes, sur le terrain de la contestation pacifique et civique.
L’Authentique : vous étiez à Washington, le président Aziz aussi ; avez-vous essayé de l’approcher ?
Birame Dah Abeid : Aziz et moi étions tous les deux à Washington lors du grand dîner. Je n’ai trouvé aucun besoin de l’approcher pour discuter avec lui. Une telle démarche réclame quelques préalables. Il faut d’abord qu’il renonce à la vulgarité face à la condition des Haratines et qu’il commence par mettre fin à la souffrance d’un grand pan de cette population due à ses politiques et aux politiques du système qu’il représente et qu’il a reproduit d’une manière encore plus pernicieuse. Aziz doit renoncer à la vision qu’il a de la cause haratine et celle des Noirs de Mauritanie.
L’Authentique : vous aviez quand même rencontré Aziz il n’y a pas longtemps ?
Birame Dah Abeid : on ne s’est pas rencontré depuis deux années. Dans le contexte de l’époque, nous venions de sortir d’une confrontation avec tout le système, dont l’Etat, en particulier le système dominant, son clergé, ses forces tribales et ses corporations d’hommes d’affaires. Je ne suis pas aveugle ni superficielle, comme les autres opposants qui limitent leur combat au pouvoir politique. Or, ce pouvoir politique est plus moderniste et moins dangereux que les autres contre-pouvoirs, comme le pouvoir féodal traditionnel miné par le racisme et l’attachement aux pratiques discriminatoires et esclavagistes.
Malgré tout, Aziz reste plus progressiste que les Islamistes de Tawassoul, le FNDU, les chefs religieux...La classe politique, pouvoir et opposition confondus, ainsi que la classe religieuse accusent tous Aziz d’avoir commis un crime pour ne pas avoir exécuté Birame après l’autodafé des livres esclavagistes. Et cela malgré le verdict des tribunaux qui avaient prononcé son acquittement. Au moins, Aziz s’est rendu à l’évidence et a respecté le verdict des juges, contrairement aux partis politiques qui prétendent pourtant respecter le droit, encore moins la classe religieuse qui s’arroge l’exemplarité. Pire, ils ont même accusé Aziz de n’avoir pas outrepassé le verdict des tribunaux en utilisant son pouvoir despotique.
Avec Aziz, IRA entretient des relations d’opposition, chacun déterminé à éliminer l’autre. IRA cherche à chasser Aziz du pouvoir et Aziz chercher à liquider IRA.
L’Authentique : l’opinion a l’impression que l’action d’IRA et son activisme s’est beaucoup émoussé. Est-ce à dire que le problème de l’esclavage a évolué positivement ?
Birame Dah Abeid : soyons assuré que l’action d’IRA dans la lutte n’a jamais faibli, ni son engagement à soutenir les victimes ne s’est émoussé. Le combat d’IRA continue de secouer la quiétude des groupes dominants et à remettre en cause l’agencement de l’impunité. Ces actions se poursuivent aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, car malgré tout le combat qui est mené, les groupes dominants refusent toujours de renoncer à l’esclavage. Ce qui s’est passé, c’est que l’Etat mauritanien, le gouvernement, les corps sécuritaires, les tribunaux se sont organisés et ont mis en place un système de camouflage en cas de découverte de nouveaux cas d’esclavage pour prémunir ses auteurs de toute poursuite et rendre les actions d’IRA de moins en moins fréquentes.
Il faut ajouter à cela que depuis une année ou plusieurs mois, l’action d’IRA était projetée dans l’optique de la présidentielle. Les aspects politiques avaient un peu pris le pas sur le combat social. N’empêche, IRA compte trois parmi ces membres dans les prisons du régime à cause de leurs activités antiesclavagistes. IRA a toujours payé et paye encore la facture du sacrifice pour la fin de l’esclavage et du racisme en Mauritanie. Il y a eu quelques jours un cas d’esclavage à Nouadhibou qui est entrain d’être clos par les autorités judiciaires locales par l’impunité des auteurs. Il y a eu le sit-in historique d’IRA à Boutilimit qui a duré trois mois pour un cas d’esclavage, suivi par une marche de 150 kilomètres jusqu’au cœur de Nouakchott. Les actions d’IRA ne se sont jamais circonscrites aux accueils du président qui accumule les prix internationaux au rythme de deux consécrations de renommée mondiale au moins chaque année. Ces prix ont toujours été une occasion pour IRA de s’exprimer sur des tribunes internationales et de gagner des points diplomatiques de plus sur l’Etat mauritanien.
Ainsi, le combat d’IRA n’est pas circonscrit à Nouakchott, mais s’étend aussi à l’intérieur du pays où sont implantés ses bureaux, mais aussi à l’extérieur où il compte des représentants de haut niveau. Il y a enfin le Comité de la Paix qui regroupe des centaines de jeunes qui ont voué leur existence au combat interne. Il faut noter que notre activisme sur le plan international est très important pour marquer notre ascendance sur le pouvoir mauritanien.
L’Authentique : que pensez-vous de la dissolution du Commissariat des droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile ?
Birame Dah Abeid : sincèrement, c’est un non évènement, car ce Commissariat, tout comme l’agence Tadamoun, n’est qu’un subterfuge des groupes dominants, des groupes de la corruption, des groupes du faux et de l’usage du faux, pour tromper la communauté internationale et cacher les crimes commis dans ce pays, crimes d’esclavage, corruption, discrimination raciale… Les droits de l’homme en Mauritanie n’ont rien bénéficié de ce Commissariat, ni de la Commission nationale des droits de l’homme, ni de l’agence Tadamoun, ni des tribunaux. Ce sont tous des coquilles vides destinées à la consommation extérieure et à la préservation du système de domination.
L’Authentique : que pensez-vous du feuilleton Aziz-Ely ?
Birame Dah Abeid : j’ai deux hypothèses à avancer dans le cadre de l’adversité supposée entre les deux cousins et complices, Mohamed Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall. Ma première hypothèse est que ces deux hommes sont en train de se jouer des Mauritaniens en créant une focalisation sur une fausse compétition destinée à créer une nouvelle bipolarisation politique dans le but d’aboutir probablement à une alternance au sein de la tribu, de la famille ou de l’armée. Il s’agirait d’amener les Mauritaniens à une fausse idée, celle d’une réelle inimitié entre eux. Pour le peu qu’on connaît de ces deux hommes, ils sont capables de jouer un tel cirque, un tel montage. J’invite les Mauritaniens à ne pas se laisser leurrer dans le cas où cette hypothèse se vérifie.
La deuxième hypothèse, à laquelle je crois peu, que les deux hommes cultivent une réelle inimitié, et j’en doute fort. Je pense que les deux hommes sont des partenaires qui sont en train de se partager les rôles pour contrôler la scène au profit d’intérêts tribaux et sectaires. Au cas où cette hypothèse de réelle inimitié entre Aziz et Ely est envisagée, je considère que le déballage médiatique accusant Ely de vouloir utiliser une cargaison d’armes pour renverser le pouvoir est hasardeux, mensonger et diffamatoire, fabriqués par des laudateurs zélés d’Aziz contre lui. Je ne partage rien avec Ely mais je ne suis simplement pas dans la logique des règlements de compte, de la surenchère et des procès d’intention inéquitables.
Dans le cas d’espèce, quand le pouvoir cède à l’incitation des laudateurs, il ouvre la voie à des conséquences lourdes pour l’unité nationale, la cohésion de l’armée et des forces sociales, ce qui peut se répercuter sur la paix et la quiétude civile
Encadré
“Nous à IRA, avons opté pour une démarche de défiance sur le plan religieux par rapport aux tenants de l’orthodoxie ambiante, alors qu’EL Hor et APP considèrent le socle religieux local comme sacré, oubliant qu’il est le fondement de l’idéologie esclavagiste et de la misère haratine”.
L’Authentique : certaines sources vous pressentent pour le Prix Nobel de la Paix 2014. Qu’en pensez-vous ?
Birame Dah Abeid : tout ce que je peux dire à ce sujet, contrairement à ce que racontent les milieux habitués à la diffamation et à la diabolisation des Haratines, de leur cause et de leurs leaders, bien que je sois la personnalité la plus primée dans la sous-région, je n’ai jamais été partie prenante ou à l’origine d’une démarche de nomination pour ma personne ou mon organisation. Toutes les démarches ont été entreprises, à mon insu, par des personnalités indépendantes et des institutions qui suivent avec attention l’évolution et l’action d’IRA et de son président, leur rendement productif sur le terrain des droits de l’homme et leur respect des normes internationales en vigueur sur ce plan. Que ces personnalités et ces institutions se trouvent en Afrique ou ailleurs, elles ont pu constater notre abnégation, notre conformité à la législation internationale, ont mesuré nos acquis puis ont enclenché les démarches qui ont toujours mis en avant, devant d’autres compétiteurs du monde beaucoup plus pourvus, notre organisation et son président.
Des rumeurs circulent en effet sur ma présence parmi la liste des personnalités retenues pour le partage final du Prix Nobel de la Paix 2014. Une fois de plus, je n’ai entrepris aucune démarche personnelle pour cette nomination. Cette démarche ne peut émaner d’ailleurs que d’organisations ou de personnalités qui ont déjà reçu ce prix et dont la moralité est au dessus de tout soupçon. Si je serai nominé au Prix Nobel cela ne fera que rehausser davantage ma place au sein des personnalités qui comptent dans le monde.
L’Authentique : certains reprochent à IRA et à son président, un discours jugé radical et extrémiste. Etes-vous prêt à modérer votre discours comme le souhaitent certains ?
Birame Dah Abeid : dites à ces personnes que mon discours et celui d’IRA resteront tels qu’ils sont. Ce discours, s’il doit évoluer, le sera encore vers plus de radicalité, mais n’empruntera pas la voie de la souplesse. Car j’estime qu’il n’y a pas de place pour un discours faible dans la lutte contre l’injustice et le mensonge. Je rappelle à ceux qui profèrent ce genre de souhaits et de propos, que c’est par ce discours qu’ils qualifient de radical et d’extrémiste qu’IRA est née comme la plus jeune organisation de la société civile. C’est avec ce discours que cette jeune organisation est devenue la meilleure sur le plan national et international. Elle a changé profondément les mentalités sur le plan interne, a secoué le socle social sur lequel se nourrissaient les forces de domination, impulsant à la cause esclavagiste un bond qualitatif jamais observé par le passé.
Ce discours a eu des impacts sur des dizaines de milliers de citoyens mauritaniens, ce que toutes les organisations de la société civile et les forces politiques reconnus et subventionnés réunis n’ont pu faire. IRA a créé la psychose au sein des classes dominantes et a apporté un réconfort aux faibles, tout en prouvant son ancrage populaire. Elle a conquis les plus prestigieuses tribunes du monde, accumulé les consécrations internationale et obtenu le score le plus honorable aux présidentielles. Tout cela, grâce à son discours « radical » et « extrémiste ».
Encadré
“Nous n’avons pas de relation avec les organisations négro-mauritaniennes parce qu’elles cultivent la suspicion autour d’IRA et de son président, voyant en nous des concurrents venus chasser dans leur terrain politique de prédilection, le racisme, les déportés, l’enrôlement, etc. Elles font également véhiculer le message selon lequel, IRA est une organisation de la communauté haratine, une communauté qu’elles assimilent au bras armé des Maures pour effaroucher les populations négro-mauritaniennes”.
Pourquoi ceux qui disposent d’un discours « correct », « conciliant », « nationaliste », comme Messaoud, Boïdiel, Hanana, Ould Maouloud, Jemil Mansour, n’ont-ils récolté que des 3% et des 4% dans les élections présidentielles, au moment où je récolte plus de 9% dès ma première candidature ? Parce que leur discours est faux ; il protège et couve un système féodal, raciste et esclavagiste.
Ceux qui me reprochent mon discours et utilise ce faux fuyant pour justifier leur distance par rapport à notre combat, seront les premiers à nous rejoindre si nous prenons le pouvoir. Ils ne sont qu’avec les forts et ne gravitent qu’autour des tenants du pouvoir.
Propos recueillis par Cheikh Aïdara et OEM.
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