03-01-2014 23:20 -

Les compagnies minières " Kinross Tasiast" et"MCM", une filiale de First Quantumtoutes deux basées auCanada et qui exploitent l’or et le cuivre enMauritanie, ont procédé d’un seul coup, en décembre 2013, au licenciement de plus de 450 travailleurs.
En plus de ces 456 employés directs qui se sont retrouvés subitement dans la rue il faut ajouter ceux encore plus nombreux qui étaient employés indirectement par les entreprises fournisseuses de services provenant du secteur privé national.
Pour justifier ces licenciements étonnamment massifs, M Patrick Hickey, Président de Tasiast Mauritanie déclare : « au cours des douze derniers mois, le prix de l'or a chuté d'environ trente pour cent. Les entreprises minières sont amenées à prendre des décisions difficiles. … ».
Une telle mesure a pris de court tous les citoyens Mauritaniens et particulièrement les jeunes auxquels on avait fait miroiter un avenir radieux dans le secteur minier.
Pour comprendre les véritables raisons d’une telle mesure, nous avons jugé utile de faire un rappel historique de l’évolution des prix de l’or.
Dans l’histoire récente des cours mondiaux des métaux précieux, le prix de l’once d’or a connu plusieurs baisses drastiques. Il est passé de 850 dollar en 1980 à moins 250 dollar en 1999. Cette descente a duré environ 20 ans. Il a fallu attendre 27 ans en 2007 pour que le prix de l’once revienne à 845 dollar l’once.
C’est à partir Janvier 2008- que le cours du métal jaune revient pour se stabiliser au dessus de 850 $ l'once. En l’espace de trois ans ( 2008 / 2011 ) le prix du métal jaune connait une nette progression .
C’est seulement à partir du 21 Avril 2011 que l'or franchit pour la première fois les 1.500 US$/oz, soutenu par la faiblesse du dollar et les inquiétudes sur une crise de la dette souveraine……
Pendant la période 2010 : 2012, période où la compagnie Kinross a repris les actifs de redback mining , le prix de l’or est passé d’environ de 1300 à 1700 dollar l’once. Durant cette période faste le prix de l’once a enregistré une augmentation de 24 % , et ce, pendant plus de deux années .
D’aprés un communiqué official publié à l’intention des actionnaires, “le prix moyen de l’once réalisé au troisième trimestre de 2013 a été de 1331 dollar, ce qui représente une baisse de 19% comparé au 1649 du troisième trimestre de 2012 contrairement au 24% annoncé par le directeur de Tasiast Mauritanie. Cette baisse n’a rien d’inquiétant pour la valeur absolue du métal jaune , à propos duquel dit-on « que même l’enfer ne peut altérer »
Malgré la crise économique en Europe et des incertitudes du marché Américains dues aux contradictions entre les démocrates et les républicains l’or ne peut en aucun cas en souffrir. Au contraire, dans des moments d’incertitudes économiques et financières, l’or constitue la seule valeur sure dans laquelle l’on peut investir pour éviter les risques, d’où son nom de « valeur refuge »
Le Président de Tasiast Kinross dans son interview publiée sur Cridem semble considérer la baisse du prix de l’once d’or comme la principale cause au renoncement de la compagnie aux engagements qu’elle avait pris vis-à-vis du gouvernement Mauritanien. Pourtant, ces promesses ont été à plusieurs occasions réitérées par les responsables de Kinross, élevant ainsi les attentes non seulement du gouvernement en matière d’accroissement des revenus mais aussi et surtout du citoyen et particulièrement des jeunes en matière d’amélioration des conditions de vie et d’emploi.
La baisse du prix de l’or n’est jamais un argument pour empêcher les compagnies d’exploiter ce métal. Au moment où Kinross décide de renoncer à ces promesses d’employer plus de 5000 personnes dans sa mine deMauritanie, elle s’engage dans d’autres chantiers d’exploitation d’or à travers le monde notamment en Equateur et en Russie.
Dans un communiqué paru sur leur site Ils annoncent que « Kinross ne prévoit pas de prendre une décision sur l’éventuelle expansion de la mine de Tasiastavant 2015 au plutôt » . Ils ajoutent que « leur décision dépendra du prix de l’or et d’autres considérations….. »
Comment peut-on désormais croire à ce que les responsables de cette compagnie nous racontent ? Tantôt ils évoquent la baisse du prix de l’or, tantôt la hausse de coûts , tantôt ils évoquent ce qu’ils appellent dans leur communiqué «les fortes pluies » pour justifier cette triste mesure.
Ce que la compagnie n’a pas voulu reconnaître c’est sa responsabilité dans l’accroissement des coûts d’exploitation et de services qu’ils évoquent. Pourtant selon l’avis de plusieurs observateurs avertis, rien ne justifie l’exagération de coûts de production en Mauritanie. Cela est d’autant plus curieux si l’on sait que la mine de Tasiast a toujours été jusque là présentée par les responsables deKinross comme la troisième mine aux monde, et que son exploitation se fait dans des conditions extrêmement avantageuses si l’on considère l’exploitation à ciel ouvert, l’existence des infrastructures de transport, la proximité du marché et surtout la teneur de l’or.
Aujourd’hui, malgré toutes les pressions politiques et sociales, Kinross a finalement entériné sa décision. Ainsi plus de 293 chefs de familles ont été purement et simplement licenciés. Comme par effet d’entrainement, l’autre compagnie Canadienne sœur, une filiale de First Quantum décide elle aussi de se débarrasser du tiers de ses employés.
Ces coûts qu’évoquent les responsables de Kinross seraient occasionnés par des transactions douteuses qui n’ont profité ni à la Mauritanie en terme de recouvrement de taxes encore moins au véritable secteur privé. La majorité écrasante de ces transactions auraient profité aux filiales sœurs de Kinross ainsi qu’à certaines entreprises fantoches crées au niveau national pour engranger des bénéfices énormes sur le dos du fisc Mauritanien.
Selon plusieurs observateurs les deux compagnies Canadiennes semble avoir très mal digéré les troubles sociaux qui ont conduit à des arrêts de travail au niveau de deux entreprises pendant l’année 2013. Dans certains communiqués internes, Kinross considère « l’arrêt de travail de 12 jours » comme l’une des principales causes de la situation.
De l’avis de certains milieux syndicaux ce licenciement serait une manière pour les compagnies de se débarrasser des certains employés qui se sont fait illustrer dans les dernières séries de grèves. Ainsi essayer de se mettre à l’abri d’éventuels troubles sociaux avant de s’engager dans la phase d’expansion.
« La baisse du prix de l’or serait un alibi pour dissimuler les erreurs de gestion et de management qui ont été commises par les responsables et du coup se débarrasser des employés indésirables et surtout mettre la pression sur le gouvernement Mauritanie afin de pouvoir obtenir le maximum de profit sur nos ressources » a soutenu ce cadre à la retraite.
Au moment où l’on procède à ce licenciement considérée comme abusif et injuste par l’ensemble des centrales syndicales, les deux compagnies continuent encore de faire miroiter à des milliers de jeunes de nouvelles opportunités d’emploi sur leurs sites et à travers des insertions publicitaires qui frisent parfois la provocation.
L’état Mauritanien ne doit pas accepter d’avaler cette couleuvre sans réagir. Il est opportun de diligenter une enquête dans ce secteur hautement stratégique qui au lieu de booster notre économie et d’améliorer les conditions de vie de nos population et de garantir la stabilité sociale, risque de déstabiliser notre fragile économie et d’ouvrir des fronts sociaux gratuits.
Baliou Coulibaly
Spécialiste du management des ressources extractives
En plus de ces 456 employés directs qui se sont retrouvés subitement dans la rue il faut ajouter ceux encore plus nombreux qui étaient employés indirectement par les entreprises fournisseuses de services provenant du secteur privé national.
Pour justifier ces licenciements étonnamment massifs, M Patrick Hickey, Président de Tasiast Mauritanie déclare : « au cours des douze derniers mois, le prix de l'or a chuté d'environ trente pour cent. Les entreprises minières sont amenées à prendre des décisions difficiles. … ».
Une telle mesure a pris de court tous les citoyens Mauritaniens et particulièrement les jeunes auxquels on avait fait miroiter un avenir radieux dans le secteur minier.
Pour comprendre les véritables raisons d’une telle mesure, nous avons jugé utile de faire un rappel historique de l’évolution des prix de l’or.
Dans l’histoire récente des cours mondiaux des métaux précieux, le prix de l’once d’or a connu plusieurs baisses drastiques. Il est passé de 850 dollar en 1980 à moins 250 dollar en 1999. Cette descente a duré environ 20 ans. Il a fallu attendre 27 ans en 2007 pour que le prix de l’once revienne à 845 dollar l’once.
C’est à partir Janvier 2008- que le cours du métal jaune revient pour se stabiliser au dessus de 850 $ l'once. En l’espace de trois ans ( 2008 / 2011 ) le prix du métal jaune connait une nette progression .
C’est seulement à partir du 21 Avril 2011 que l'or franchit pour la première fois les 1.500 US$/oz, soutenu par la faiblesse du dollar et les inquiétudes sur une crise de la dette souveraine……
Pendant la période 2010 : 2012, période où la compagnie Kinross a repris les actifs de redback mining , le prix de l’or est passé d’environ de 1300 à 1700 dollar l’once. Durant cette période faste le prix de l’once a enregistré une augmentation de 24 % , et ce, pendant plus de deux années .
D’aprés un communiqué official publié à l’intention des actionnaires, “le prix moyen de l’once réalisé au troisième trimestre de 2013 a été de 1331 dollar, ce qui représente une baisse de 19% comparé au 1649 du troisième trimestre de 2012 contrairement au 24% annoncé par le directeur de Tasiast Mauritanie. Cette baisse n’a rien d’inquiétant pour la valeur absolue du métal jaune , à propos duquel dit-on « que même l’enfer ne peut altérer »
Malgré la crise économique en Europe et des incertitudes du marché Américains dues aux contradictions entre les démocrates et les républicains l’or ne peut en aucun cas en souffrir. Au contraire, dans des moments d’incertitudes économiques et financières, l’or constitue la seule valeur sure dans laquelle l’on peut investir pour éviter les risques, d’où son nom de « valeur refuge »
Le Président de Tasiast Kinross dans son interview publiée sur Cridem semble considérer la baisse du prix de l’once d’or comme la principale cause au renoncement de la compagnie aux engagements qu’elle avait pris vis-à-vis du gouvernement Mauritanien. Pourtant, ces promesses ont été à plusieurs occasions réitérées par les responsables de Kinross, élevant ainsi les attentes non seulement du gouvernement en matière d’accroissement des revenus mais aussi et surtout du citoyen et particulièrement des jeunes en matière d’amélioration des conditions de vie et d’emploi.
La baisse du prix de l’or n’est jamais un argument pour empêcher les compagnies d’exploiter ce métal. Au moment où Kinross décide de renoncer à ces promesses d’employer plus de 5000 personnes dans sa mine deMauritanie, elle s’engage dans d’autres chantiers d’exploitation d’or à travers le monde notamment en Equateur et en Russie.
Dans un communiqué paru sur leur site Ils annoncent que « Kinross ne prévoit pas de prendre une décision sur l’éventuelle expansion de la mine de Tasiastavant 2015 au plutôt » . Ils ajoutent que « leur décision dépendra du prix de l’or et d’autres considérations….. »
Comment peut-on désormais croire à ce que les responsables de cette compagnie nous racontent ? Tantôt ils évoquent la baisse du prix de l’or, tantôt la hausse de coûts , tantôt ils évoquent ce qu’ils appellent dans leur communiqué «les fortes pluies » pour justifier cette triste mesure.
Ce que la compagnie n’a pas voulu reconnaître c’est sa responsabilité dans l’accroissement des coûts d’exploitation et de services qu’ils évoquent. Pourtant selon l’avis de plusieurs observateurs avertis, rien ne justifie l’exagération de coûts de production en Mauritanie. Cela est d’autant plus curieux si l’on sait que la mine de Tasiast a toujours été jusque là présentée par les responsables deKinross comme la troisième mine aux monde, et que son exploitation se fait dans des conditions extrêmement avantageuses si l’on considère l’exploitation à ciel ouvert, l’existence des infrastructures de transport, la proximité du marché et surtout la teneur de l’or.
Aujourd’hui, malgré toutes les pressions politiques et sociales, Kinross a finalement entériné sa décision. Ainsi plus de 293 chefs de familles ont été purement et simplement licenciés. Comme par effet d’entrainement, l’autre compagnie Canadienne sœur, une filiale de First Quantum décide elle aussi de se débarrasser du tiers de ses employés.
Ces coûts qu’évoquent les responsables de Kinross seraient occasionnés par des transactions douteuses qui n’ont profité ni à la Mauritanie en terme de recouvrement de taxes encore moins au véritable secteur privé. La majorité écrasante de ces transactions auraient profité aux filiales sœurs de Kinross ainsi qu’à certaines entreprises fantoches crées au niveau national pour engranger des bénéfices énormes sur le dos du fisc Mauritanien.
Selon plusieurs observateurs les deux compagnies Canadiennes semble avoir très mal digéré les troubles sociaux qui ont conduit à des arrêts de travail au niveau de deux entreprises pendant l’année 2013. Dans certains communiqués internes, Kinross considère « l’arrêt de travail de 12 jours » comme l’une des principales causes de la situation.
De l’avis de certains milieux syndicaux ce licenciement serait une manière pour les compagnies de se débarrasser des certains employés qui se sont fait illustrer dans les dernières séries de grèves. Ainsi essayer de se mettre à l’abri d’éventuels troubles sociaux avant de s’engager dans la phase d’expansion.
« La baisse du prix de l’or serait un alibi pour dissimuler les erreurs de gestion et de management qui ont été commises par les responsables et du coup se débarrasser des employés indésirables et surtout mettre la pression sur le gouvernement Mauritanie afin de pouvoir obtenir le maximum de profit sur nos ressources » a soutenu ce cadre à la retraite.
Au moment où l’on procède à ce licenciement considérée comme abusif et injuste par l’ensemble des centrales syndicales, les deux compagnies continuent encore de faire miroiter à des milliers de jeunes de nouvelles opportunités d’emploi sur leurs sites et à travers des insertions publicitaires qui frisent parfois la provocation.
L’état Mauritanien ne doit pas accepter d’avaler cette couleuvre sans réagir. Il est opportun de diligenter une enquête dans ce secteur hautement stratégique qui au lieu de booster notre économie et d’améliorer les conditions de vie de nos population et de garantir la stabilité sociale, risque de déstabiliser notre fragile économie et d’ouvrir des fronts sociaux gratuits.
Baliou Coulibaly
Spécialiste du management des ressources extractives
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Source : Coalition Mauritanienne PWYP
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