mercredi 18 décembre 2013

Abdallahi Ould Breihim, député national du part Sursaut dans une interview exclusive :


Abdallahi Ould Breihim, député national du part Sursaut dans une interview exclusive : ‘’Je suis étonné que des négro-mauritaniens votent ou appellent à voter pour El Wiam, un parti dont les chefs se prévalent de l’amitié d’un criminel qui a tué leurs frères’’.

Le Calame : Félicitations M. le député, vous venez d’être brillamment élu à l’Assemblée Nationale sous les couleurs du parti Sursaut alors que vous n’avez été choisi par le parti que quelques jours avant la campagne électorale. Comment expliquez-vous ce succès ?

Abdallahi Ould Breihim : Il est vrai que je m’y suis pris un peu tard mais j’ai quand même pu obtenir 25.000 voix. Ce qui, vous en conviendrez avec moi, n’est pas chose aisée. Des partis, qui se disent pourtant bien implantés, n’ont pas pu faire mieux. La lutte a été âpre même au sein de la majorité. Nous avons pu mobiliser beaucoup de monde surtout des jeunes qui aspirent au changement et au renouvellement de la classe politique.

Un thème sur lequel j’ai beaucoup insisté et, apparemment, il est porteur. Je l’ai d’ailleurs remarqué au cours de la campagne électorale avec la mobilisation de la jeunesse.

Vous avez dit que vous avez fait mieux que des partis bien implantés. Lesquels ?

Je parle de l’AJD, d’El Wiam, de l’UDP et de Sawab entre autres. Mais El Wiam a pourtant fait un bon score pour un parti qui n’existe que depuis trois ans… El Wiam n’aurait jamais dû être là. En 2005, le PRDS et ceux qui le dirigeaient, devaient être dissous et interdits de politique, n’eût été Ely Ould Mohamed Vall qui était l’un des leurs. Ils se sont du coup recyclés en opposants… Ils sont devenus opposants et donneurs de leçons.

L’autre soir, j’ai vu Boydiel sur un plateau de télé dire que du temps de Maaouya, l’administration était neutre. Les walis et les préfets n’intervenaient pas dans le processus, selon lui alors que tout le monde sait que ce sont eux les vrais directeurs de campagne du PRDS. Il pense peut-être que les mauritaniens sont amnésiques. Et qu’ils ont oublié les symboles de la gabegie, ceux qui ont pillé ce pays, ont distribué son patrimoine à leurs cours et à leurs obligés et qui se pavanent à présent dans leurs habits d’apparat pour dénoncer à tout va. Les mauritaniens n’ont pas de leçons à recevoir en matière de démocratie et de bonne gouvernance. Ils savent à présent séparer le bon grain de l’ivraie.

Pourtant Boydiel n’a jamais caché sa sympathie pour Maaouya…

Il n’aurait pourtant pas dû. Comment peut-on se glorifier d’avoir pour ami un sanguinaire qui a mis ce pays en coupe réglée durant 20 ans et a tué des centaines de ses compatriotes ? Je suis étonné que des négro-mauritaniens de l’AJD/MR ou d’autres, votent ou appellent à voter pour El Wiam, un parti dont les chefs se prévalent de l’amitié d’un criminel qui a tué leurs frères. Maaouya n’a pas tué de ses propres mains, c’est son système qui l’a fait et a cautionné la barbarie. Ceux qui étaient avec lui devraient se cacher de peur qu’on ne leur demande des comptes ; ils sont comptables de tous ces crimes. Ils doivent répondre devant la CPI, de toutes ces exactions commises de 1986 à 1991.

Je suis également étonné que les islamistes de Tawassoul, dont presque tous les dirigeants actuels étaient en prison le 3 août 2005, flirtent avec ce parti composé en grande majorité d’hommes issus d’un système qui les a diabolisés et embastillés.

Pourtant les hommes de l’ancien système se trouvent aussi de l’autre côté, dans la majorité je veux dire…

C’est vrai malheureusement. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait bien voulu que sa majorité reflète la Mauritanie réelle et une classe politique telle qu’il la veut. Mais le système mafieux est bien incrusté partout. Ceux de la majorité sont de ‘’petits’’ Moufçidines’’ comparés à d’autres. Mon élection, et celle d’autres jeunes, sont entrain de sonner le glas de cette vieille garde qui s’arc-boute mais ne va plus tarder à lâcher prise.

Malgré ses bons résultats, l’opposition refuse de reconnaitre sa défaite et continue de parler de mascarade. Pourtant c’est elle qui a choisi les membres de la CENI. Pourquoi a-t-elle choisi l’escalade ?

Je crois que la majorité de nos opposants n’a jamais regardé un match de football. Quand on chausse ses crampons, qu’on entre sur le terrain et qu’on ne récuse pas l’arbitre, on est obligé d’accepter le résultat du match quel qu’il soit. C’est une manie en Mauritanie et dans les pays du Tiers-Monde : chaque fois qu’une élection s’achève, il faut qu’on conteste ses résultats. Il faut savoir être sportif et reconnaitre sa défaite sinon le pays n’évoluera jamais.

Propos recueillis par AOC



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