vendredi 17 août 2012

Le chef de la force de l'Otan en Afghanistan traite le mollah Omar de détraqué


Kaboul (Afghanistan) - Le commandant de la force de l'Otan en Afghanistan(Isaf), le général américain John Allen, a jugé vendredi que le mollah Mohammad Omar était un détraqué rempli de haine, en réaction au message publié par le chef des talibans à l'approche de la fin du mois de jeûne du ramadan.

Le mollah Omar s'y est notamment félicité de la multiplication des attaques fatales aux envahisseurs de l'Otan, mais a également justifié les premiers contacts pris avec les Américains en vue de pourparlers de paix.

Le général Allen a réagi en publiant à son tour un communiqué dénonçant un message de mort, de haine et de désespoir pour le peuple afghan, et décrivant, d'une manière inhabituellement peu diplomatique, le chef suprême des talibans comme un détraqué utilisant un langage de dément.

Au mollah Omar qui affirme que ses combattants s'efforcent d'éviter de tuer des civils, le général Allen répond que plusieurs dizaines de civils ont été tués cette semaine dans des attentats commis, selon lui, par des rebelles. Ou le mollah Omar ment, ou ses acolytes ne l'écoutent pas, mais il est clair que des Afghans innocents payent le prix de son commandement corrompu, ajoute-t-il.

Le mollah Omar, qui ne s'exprime que rarement, est en fuite depuis la fin 2001 et vit aujourd'hui caché au Pakistan voisin, selon des sources concordantes.

Dans son message, il a confirmé que de premières discussions avec les Américains avaient eu lieu, tout en soulignant, pour apaiser les craintes qu'elles suscitent dans les rangs rebelles, que cela ne voulait pas dire que les talibans se soumettaient ou renonçaient à leurs objectifs.

Ces discussions, qui ont été suspendues en début d'année, visaient avant tout à obtenir la libération de prisonniers, ouvrir un bureau de représentation des talibans à l'étranger et atteindre nos objectifs, a-t-il expliqué sans plus de précisions.

Le dirigeant rebelle s'est également félicité des progrès enregistrés cette année par ses troupes, qui ont, selon lui, atteint toutes les régions du pays et placé sur la défensive les forces gouvernementales afghanes et leurs alliés de l'Otan.

Il revendique notamment la vague d'attaques meurtrières menées par des soldats ou des policiers afghans contre ceux de l'Otan, résultat, selon lui, d'une forte infiltration par les talibans.

Ces attaques, qui se multiplient depuis un an, sapant la confiance entre forces afghanes et occidentales, ont provoqué la mort de 39 militaires occidentaux cette année, dont deux soldats américains vendredi matin dans le Sud-Ouest.

L'Isaf, qui compte environ 130.000 hommes, en grande majorité des Américains, nie elle toute infiltration talibane importante au sein des forces locales, qu'elle forme en vue de son retrait du pays à la fin 2014.

Signe qu'il réfléchit désormais à la situation qui prévaudra en Afghanistan après le départ des Occidentaux, le mollah Omar annonce par ailleurs que les talibans vont s'efforcer de se mettre d'accord avec les autres factions afghanes après le retrait des envahisseurs, alors que les Américains souhaitent laisser des troupes dans le pays après le retrait de l'Isaf.

Il s'efforce enfin de se démarquer de l'image de brutalité laissée par son régime, en particulier envers les femmes, affirmant que tout futur gouvernement taliban leur accordera tous leurs droits au regard des principes islamiques, des intérêts nationaux et de notre noble culture.

Arrivés au pouvoir à Kaboul en septembre 1996, les talibans en avaient été chassés en novembre 2001 par une coalition militaire internationale dirigée par les Etats-Unis en raison de leurs liens avec le réseau Al-Qaïda. Leur rébellion a toutefois gagné du terrain ces dernières années, laissant craindre aux Occidentaux leur retour au pouvoir ou une guerre civile après le retrait de l'Otan.






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