jeudi 7 juin 2012

La révolution fatiguée : La révolution n’est pas un dîner de gala (Mao tsé- toung).


La situation politique du pays est marquée actuellement d’une part par un dialogue achevé entre la majorité au pouvoir et les partis d’opposition qui ont choisi le dialogue comme moyen de sortie de crise politique supposée ou telle.

 D’autre part, les injonctions et sorties verbales violentes (souvent personnelles, parfois à caractère tribal, quelquefois insultantes), entrecoupées de marches et meetings où les militants du partiTawassoul forment le gros de la troupe, constituent la stratégie du moment de la C.O.D.

Les sit-in souhaités dans notre « place tahrir » (à côté de la mosquée Ibn Abass) n’ont pu se faire contre la volonté de l’autorité, car jugés non légaux, surtout après l’échec de la première tentative. La C.O.D., ce regroupement de partis, qui, à part trois (R.F.D., TAWASSOUL et l’U.F.P.) n’existent que sur le papier ou presque, font tellement de bruit , s’imaginant ainsi pouvoir chasser aussi facilement un président élu démocratiquement il y a moins de trois ans. Leur naïveté politique n’a d’égale que leur incapacité à préparer sérieusement les échéances futures.

D’où la recherche d’un raccourci. Ils se moquent tout simplement du citoyen mauritanien en lui faisant croire qu’il vit actuellement en enfer et que le paradis viendra illico presto avec le départ d’un homme nommé Aziz. Mais ils oublient, ces prophètes révolutionnaires vétérans de nous donner la plus petite indication sur le futur successeur du Président Aziz ! Ou, évitent-ils les sujets qui fâchent et qui risquent de les diviser ? Le fauteuil présidentiel tant convoité en est le principal, si ce n’est une fixation.

Concernant le dialogue, un nombre de points importants a été marqué et consolidera l’unité nationale et la démocratie. Les mesures législatives ont été prises pour l’application effective du résultat de ce dialogue. Les observateurs objectifs pensent que c’est le plafond qui pouvait être obtenu en la matière. Toutes les revendications de l’opposition depuis 1992 ont été satisfaites et même plus .

Il ne reste plus que la mise en place de la C.E.N.I. (imminente) qui planchera sur la préparation des élections législatives et municipales et fixera leur date, ce sont désormais ses prérogatives. Ces élections ont été, il est vrai, retardées, mais plusieurs facteurs sont responsables de ce retard :

état-civil peu fiable, absence d’institution neutre telle que la C.E.N.I., absence de dialogue entre les partenaires…En fait, à quoi serviraient des élections dont le résultat serait contesté, même si elles ont été faites à l’échéance exacte ? Sans état-civil fiable et, sans C.E.N.I., le résultat des élections sera toujours contesté par l’opposition, car, elle n’a aucun moyen de contrôle du fait que c’est l’administration qui pilote de bout en bout le processus .

Ce ne sera plus le cas, heureusement, le dialogue est passé par là. L’état civil comme chacun le sait maintenant constitue malgré ses détracteurs (qui se réduisent comme peau de chagrin) une révolution qui en fera l’une des plus grandes réalisations depuis l’indépendance. Avec un peu de patience, nous y arriverons.

Pour une opposition politique en démocratie, la responsabilité doit être aussi importante que la majorité car elle est appelée un jour à gouverner. Le langage utilisé ces derniers mois par certains responsables de la C.O.D. ne présage rien de bon quant à leur volonté d’apaisement de la scène politique.

Soyons honnêtes,est-ce que les partis de la C.O.D., malgré leur différence de niveau, ont le droit de revendiquer le départ du Président de la République,gardien de la constitution et, investi de tous les pouvoirs prévus par notre constitution du 20 juillet 1991, revisitée en 2006 et 2012, en ses articles : 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,33,34,35,36,37,38,39,70,71,89,93,99 et 101 avant la fin de son mandat en cours ? Les élections présidentielles de juillet 2009 ont été validées et, jugées correctes par les partenaires à l’intérieur et à l’extérieur.

Je peux personnellement témoigner que lorsque nous avons subit la défaite de notre candidatAhmed O. Daddah, nous avons crié à la fraude, mais après moult investigations, nous n’avons pu rien déceler, même pas un bulletin ! Nous sommes restés dans le domaine des supputations les plus saugrenues. Le ‘B’ qui ‘sautille’ est une légende digne des contes de Grimm ou des milles et une nuit. D’ailleurs, le parti Tawassoul actuel fer de lance de la contestation a été le premier à reconnaître le résultat de ces élections, pendant que nous autres, étions groggy. C’était peut-être par calcul politique, mais c’est un fait avéré et, les calculs ne sont certainement pas finis.

Quant à évoquer le coup d’état de 2008 ( la rectification pour nous autres du R.F.D.) et, vouloir justifier par cet événement passé,des revendications calquées sur le fameux printemps arabe, qui s’est transformé depuis, en été meurtrier, relève d’une immaturité politique et d’une myopie notoire. Ces messieurs, d’un certain âge et d’une certaine stature alternent devant les micros en appelant à la sédition, après avoir brossé un tableau catastrophique du pays (comme s’ils nous souhaitaient tous les malheurs).

Certains même, appellent l’armée à « prendre ses responsabilités » après l’avoir critiquée ouvertement à toutes les occasions pour ses incursions en dehors des frontières contre des bandes criminelles menaçantes ( stratégie qui s’est révélée pourtant salutaire et payante).

Ce sont tous des putschistes dans l’âme et dans les faits ( soutiens actifs du putsch de 1978, membres et soutiens actifs du putsch de 1984, putschistes ratés de 2003, soutiens du putsch de 2005 puis 2008, candidats à soutenir d’autres putsch, pourvu que cela puisse servir leur dessein). Ils n’ont pas de leçons à donner à quiconque, surtout en démocratie ! Ils ont intérêt à se regarder dans le miroir et savoir que ce qu’ils souhaitent ou envisagent n’est pas réalisable. La quiétude et la paix civile sont des acquis inestimables, notre peuple en a besoin pour assurer son développement, remercions Allah et prions-le pour continuer à en jouir.

L’exemple du Mali voisin, auquel nous souhaitons un rétablissement de souveraineté, d’existence même en tant que pays, donne à réfléchir sur la faiblesse structurelle de nos états. Certains opposants, sevrés de pillage des biens publics font le plus grand vacarme. Qu’ils sachent que le chaos ne pourra leur profiter, ils y perdront des biens généralement mal acquis, ils pourraient aussi, qu’à Dieu ne plaise, perdre et nous faire perdre ce cher pays bâti au forceps. Les mouvements sectaires tels « Touche pas à ma nationalité » et IRA que la C.O.D. a encouragés à se mettre à l’avant-garde de la « révolution » pour servir de fantassins, ont été incapables de mobiliser la jeunesse ciblée (Haratines et Nnégro-Mauritanniens).

D’ailleurs un lâchage systématique et de façon peu cavalière s’est opéré après l’affaireBirame. La révolution ne peut se faire par des apparatchiks, avides de pouvoir ou d’argent ou les deux à la fois, la révolution est l’affaire du peuple et ne se décrète pas, elle est spontanée.

L’islamisme politique est très minoritaire en Mauritanie pour prétendre diriger ou faire la révolution. Il n’y aura ni révolution ni « rupture » ni guerre civile, la crédibilité de ceux qui font de telles prédictions est largement entamée. La Mauritanie avance malgré les gémissements et les complaintes de certains. Les prisons sont vides de politiques, la presse est extra-libre (une subvention de 200 millions vient d’être mise en place), les ondes sont libres. Les partis politiques jouissent de toute leur liberté.

La sécurité des citoyens nationaux et étrangers est assurée plus que jamais. Les forces armées et de securité sont mieux traitées qu’avant : bien habillées, bien nourries et payées correctement, c’est pourquoi elles font leur devoir en toute quiétude, protégeant ainsi nos frontières terrestres et maritimes contre toute velléité d’incursion. Les commissions départementales de marchés nouvellement mises en place jouissent de toute l’autonomie requise.

Leurs présidents et membres ont été sélectionnés de façon transparente, sur dossiers parmi les cadres nationaux, ils ne sont plus nommés en conseil des ministres et dépendent d’une autorité de régulation qui est là pour veiller à la déontologie. Le plan EMEL, malgré les insuffisantes, a soulagé les populations et leur cheptel durant cette année de sécheresse particulière. Le montant affecté représente la plus grosse somme jamais mise en œuvre pour la sécurité alimentaire (45 milliards).

De grands projets (Aftout chergui-triangle de l’espoir, routes goudronnées par centaines de Kms inter et intra urbaines, énergie à Nouakchott, Nouadhibou et partout à l’intérieur, adduction d’eau, réseaux, télécom-internet, lac Dhar,cité universitaire,hôpitaux,écoles …etc. sont réalisés ou en cours de réalisation. La fin des gazra dans les grandes villes a mis fin à une situation honteuse que nous traînions depuis la grande sécheresse de 1973 et l’exode rural qui s’en était suivi.

Des dizaines de milliers de terrains viabilisés ont profité à des familles pauvres qui, n’en rêvaient plus. Le pillage et la gabegie qui étaient institués en système au niveau de l’administration ne sont plus visibles. Plus de véhicule S.G. traînant ci et là, sous la conduite d’enfants parfois, plus de bons d’essence à gogo, plus de bons de commandes à la volée et, dont le but est plus le détournement qu’un besoin réel de fournitures.

Ce que je viens d’énumérer est simplement un constat personnel, ce n’est ni un bilan exhaustif ni un travail suffisant pour un gouvernement. Il reste beaucoup à faire et à améliorer. L’opposition a pour tâche de relever les insuffisances du gouvernement, de proposer un programme alternatif qu’elle appliquera après avoir gagné les élections.

Je viens d’apprendre que la C.E.N.I. a été cooptée, les noms qui circulent sont au dessus de tout soupçon et, correspondent parfaitement au profil recherché. Je souhaite vivement que les partis de la C.O.D. profitent de cette occasion pour se joindre au reste des partis dans le but de préparer dans la sérénité les élections futures, où chacun aura ses chances et mesurera sa représentativité. La Mauritanie appartient à tous et sera ce que nous en ferons tous.

Abderrahmane Marrakchy




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