lundi 25 juin 2012

De Spartacus à Biram.


Acte de Biram: Un mauritanien ancien esclave, brûle des livres de l'Imam Malik. Des livres sacrés pour des multitudes de musulmans. L'acte en soi est blâmable. Mais ce que Biram a brûlé c'est peut être un certain contenu de ces livres destiné à une autre époque, mais qui continue à lui porter préjudice.

L'homme certainement, dans un acte de folie absolu, a voulu interpeller la conscience nationale, musulmane et humaine sur le sujet de son désespoir et de son amertume. Dans le Coran Allah dit "Mais si vous excusez, passez sur leurs fautes et leur pardonnez, sachez qu'Allah est pardonneur, très miséricordieux" Aya 14 de Taqaboun.

Réfléchissons: Supposons qu'un individu dans un instant de lucidité se trouve dépourvu de toute sa valeur et de toute sa considération. Supposons que cet homme en jetant un cou d'œil bref dans les annales de l'histoire de son pays, trouve que ses ancêtres ont vécu l'enfer de la servitude et enduré la négation de l'être.

Sa mère fut vendue comme un vulgaire quelque chose; sa sœur, parmi toutes les sœurs qui l'entourent est la seule qui ne jouit pas du respect et de l'immunité qu'offre la religion, les traditions et les mœurs. Supposons que lui-même se voit à tort ou à raison reclus au bas de l'échelle sociale, malgré son instruction, sa vertu et son intelligence.

Cet homme là ne pourrait qu'être atteint de démence, devant tant d'injustices et d'aberrations. Qui voudrait être à sa place? Je voudrais vraiment voir quelqu'un lever le doigt pour gouter à cette amère expérience. Cet homme fou, dans la sagesse de l'Islam, et par l'infinie miséricorde divine est exempté de toute sanction. "Point de punition pour le fou" il est comme l'aveugle qui tâtonne et peut inconsciemment renverser ou briser la jarre.

Réaction du président:

Mu, peut être par une colère contenue de longue date contre un opposant des plus intempestifs et à l'air souvent agressif, jugeant peut être que l'acte de l'homme a été la goute qui a fait déborder le vase, le gardien suprême de la loi et de détenteur de la garantie des libertés, y compris celle de l'expression, a agit avec une rapidité fulgurante qui a frisé une erreur de lèse majesté. Le chef de l'Etat a parlé au nom du judicaire, se plaçant ainsi en partie, non en arbitre. Mais rien n'est irrattrapable. Et mieux vaut tard que jamais.

Ce que Biram devait faire:
Le prophète Noé a prêché pendant 950 ans, sans se lasser. Il était l'exemple de celui qui a fait face a l'entêtement avec la force de la patience et de la sagesse. Dans un pays de droit, une démocratie qui se respecte, on obtient son droit par les actions civilisées et par le dialogue calme et la négociation. Jamais la violence n'a vraiment réglé un problème. Ceux qui ont eu dans l'histoire un résultat ou un gain, par la violence, ont par la même légué le germe de cette violence aux générations postérieures, c'est-à-dire à leurs propres enfants.

Bref:

Le président Aziz, tout comme Biram lutte contre l'esclavage. Chacun à sa façon et selon son emplacement. Ni lui, ni aucun autre fonctionnaire ou haut fonctionnaire de l'Etat qui se respecte, ne peut se dérober à ce devoir. Le problème le vrai problème est que ce pays nage dans les séquelles d'un passé auquel personne n'a assisté, mais qui continu à marquer tout le monde. Le problème de l'esclavage est aussi ancien que le monde. C'est une injustice qui est née à l'aube de l'humanité, depuis que Caen, poussé par la jalousie et la haine, a assassiné son frèreAbel.

Tous les hommes sont issus d'un seul ancêtre et fils d'une seule femme. De Spartacus àBiram, passant par Toussaint Louverture, l'esclave n'a voulu qu'une chose : recouvrer sa liberté spolié par son propre frère. Car qu'on le veuille ou non, nous ne serons jamais autre chose que des frères. Le privilège de la naissance et la couleur de la peau, sont des valeurs que nous avons inventées et que Dieu a interdites. Allah a dit que "Le meilleur d'entre vous auprès d'Allah est le plus pieux" Al Houjourat 13 

Le meilleur n'est ni le plus blanc, ni le plus rouge, ni le moins noir, ni le plus rusé. S'il y-a des personnes qui ne méritent aucune compassion, ce seraient plutôt ceux là mêmes qui ont traduit les paroles de Dieu en leur donnant le sens qu'ils veulent, l'interprétation qui convient à leurs appétits insatiables et égoïstes. "Ceux qui écrivent le livre pour en tirer un vil prix. Malheur à eux de ce que leurs mains ont écrit et malheur à eux de ce qu'ils gagnent." Coran La Vache. 

Biram doit s'excuser, comme il l'a fait. Il doit être moins violent dans sa revendication pour recouvrer ce qui lui revient de droit. Il doit avant tout pardonner à ses frères, les aimer de tout cœur. Car l'esclavagiste n'est pas moins victime que l'esclave. Tous les deux ont été une proie naïve de l'ignorance et de la folie humaine. Ce qui sied au président.

Ould Abd El Aziz doit tout de suite sortir Biram de prison, comme doit faire un grand frère qui refuse aux circonstances la possibilité de le séparer de son cadet et bras droit. Il doit le draper dans un boubou du plus riche "Bazin" et le nommer "Haut commissaire à la lutte contre l'esclavage." C'est ainsi que font les grands hommes et c'est ainsi que doit être la relation entre ceux qui ont les yeux fixés sur l'intérêt suprême de la nation. De cette façon on ne permettra pas à son bras droit de couper son bras gauche.

Biram ainsi restauré dans sa fierté de mauritanien libre et égal à tous ses concitoyens, jouissant de tous ses droits et de tout son honneur et prestige social, sera un mauritanien auquel on ne pardonnera plus les écarts du genre à troubler la conscience nationale. Il n'est pas plus mauvaise décision que de s'entêter à couvrir une plaie qu'on n'a pas pris le soin de désinfecter.

Les problèmes de la Mauritanie demeurent la responsabilité de tous les mauritaniens, aucun mauritanien n'a le droit, ni l'intérêt de les ignorer. Nous devons remarquer qu'à chaque fois qu'un événement est survenu, il a été l'occasion d'aiguiser les rancunes, de diviser les efforts et affaiblir l'orientation nationale.

La cohésion est source de force et de progrès. La division affaiblie comme l'a dit le Seigneur:"Ne vous affrontez pas. Vous échouerez et votre force se dispersera. Et patientez Allah est avec ceux qui patientent" Coran Al Anfal La sagesse veut que nous revenions à la raison avant qu'il ne soit trop tard. Exorcisons ces jours hideux et maléfiques, où le remord ne sert plus à rien, que Dieu nous en préserve et nous guide vers le droit chemin.

Mohamed Ould Hanefi 
Chef département de français Koweït.



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