samedi 28 avril 2012

La Mauritanie déterminée à lutter contre le terrorisme


Selon le chef de l'Etat mauritanien, la crise au Mali a renforcé les groupes terroristes qui menacent la région. Le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a une nouvelle fois condamné le terrorisme en début de mois, affirmant à des organes de presse français qu'il était déterminé à lutter contre al-Qaida au Maghreb islamique(AQMI).

"La Mauritanie a déjà engagé le combat contre les terroristes pour protéger ses propres frontières, mais il serait également utile [de coordonner ces actions] avec les pays de la région pour lutter contre ce fléau", a-t-il déclaré lors d'un entretien diffusé le 15 avril par TV5 et RFI.

"Il appartient aux pays européens d’agir et d’éviter à l’avenir de payer des rançons à ces terroristes, qui leur permettent de se renforcer et de continuer leurs activités", a-t-il déclaré.

Concernant la situation au Mali, Ould Abdel Aziz a mentionné un certain nombre de causes à cette crise, notamment "la mauvaise gestion de l’irrédentisme au nord, l’absence d’autorité dans cette région, le non-respect des accords intervenus, le laxisme des autorités, et enfin le terrorisme qui est venu se greffer sur tout cela".

Selon lui, "les terroristes qui ont maintenant autorité dans le Nord malien possèdent aujourd’hui plus de moyens d’action, plus de logistique, et la communauté internationale doit impérativement agir car tout le nord du Mali est pris en otage."

"Ces terroristes sont très bien équipés et le conflit libyen n’a fait qu’aggraver la prolifération des armes", a ajouté Ould Abdel Aziz.

Le Président a également révélé que les forces aériennes mauritaniennes avaient "détruit en août dernier un véhicule équipé d’un missile sol-air à la frontière avec le Mali".

"L’ennemi est bien connu. Sur une bande désertique malienne de 300 kilomètres de large, les terroristes s’approvisionnent en vivres et carburant dans trois ou quatre villes connues, dont Tombouctou et Gao. Ceux qui les approvisionnent sont connus, fichés, on a parfois même leurs plaques d’immatriculation", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat a expliqué qu'il est selon lui possible de battre AQMI, qui ne comprend "pas plus de trois cents hommes. C’est à la portée de n’importe quel Etat."

Mohamed Ould Brahim, un universitaire, a salué le Président pour son "succès incontestable" dans la lutte contre le terrorisme.

"Sa politique de quadrillage du territoire national et les moyens importants mis à la disposition de l’armée n’ont pas tardé à porter leurs fruits", a-t-il expliqué. "L’armée mauritanienne a remporté plusieurs victoires contre AQMI et a réussi à endiguer les velléités offensives de l’organisation terroriste."

Un point de vue partagé par Cheikh Tourad Ould Eli, spécialiste du terrorisme : "Si Ould Abdel Aziz n’avait pas opté pour une stratégie d’attaques préventives contre les bases des terroristes d’AQMI au Mali, la Mauritanie aurait subi le même sort que le Mali."

Du côté des citoyens, le discours du Président face aux journalistes rassure et inquiète en même temps.

Samba Thiam a également félicité le Président pour sa lutte contre les terroristes, affirmant que "sa stratégie préventive contre AQMI a sauvé la Mauritanie d’un danger terroriste imminent ; quand on voit ce qui s’est passé au Mali, on peut en déduire qu'Abdel Aziz avait raison."

"Mais maintenant, la crise malienne a compliqué les choses en Mauritanie", a-t-il ajouté. "AQMI et ses alliés d’Ansar al-Din comportent de nombreux Mauritaniens. Ils sont maintenant bien placés et mieux armés. Et le front interne n’est pas assez solide."

Et de conclure : "Puis il y a la crise humanitaire qui menace le Sahel. Tout cela donne une terre fertile aux terroristes dans le pays. La Mauritanie se retrouve entre deux feux."

Par Bakari Guèye pour Magharebia à Nouakchott






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