Le chef des putschistes qui ont renversé mercredi Amadou Toumani Touré assure que le président est en sécurité. L'Union africaine a décidé l'envoi d'une mission.
Le Premier ministre, Mariam Kaidama Sidibé, et plusieurs de ses ministres, sont aux arrêts. De même que le maire de Bamako. Modibo Sidibé, ancien Premier ministre, et potentiel candidat à la présidentielle prévue initialement le 29 avril, a lui aussi été arrêté. Tous seraient détenus au camp de Kati, à 15 km de Bamako, là où a démarré le putsch mercredi.
«On ne touchera à l'intégrité physique d'aucun d'entre eux», a assuré Amadou Sanogo. «Mais je vous assure qu'ils passeront devant les juridictions compétentes, sous les yeux du peuple malien.»
«Je ne suis pas un homme de guerre»
Qu'ont précisément en tête les putschistes ? Réunis dans Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE), ils ont promis dès jeudi de «restaurer le pouvoir» civil et d'installer un gouvernement d'union nationale. Ils ont aussi assuré ce vendredi contrôler la télévision publique ORTM, après une brève interruption des émissions pour une raison non expliquée, et la situation dans le pays.
«Je tiens à vous rassurer que tout va bien à l'ORTM d'où je parle en ce moment. (...) Nous vous invitons à vaquer normalement à vos occupations», a ajouté ce putschiste, qui n'a pas été identifié, peu après 19H30 (locales et GMT).
Leur leader en a dit un peu plus sur ses intentions dans l'entretien diffusé ce vendredi. «Pour l'instant, je précise que nous n'allons pas faire une transition militaire», assure Sanogo. «Ça va concerner tout le monde. Je vais mettre en place un comité prenant en compte tous les partis, toutes les composantes de la société. Nous voulons aller à la réforme, et nous aurons besoin de toutes les composantes de la société civile (...). Ensemble on va s'asseoir, discuter des perspectives (...).»
Amadou Sanogo s'est défendu d'être «un homme de guerre. Il se pourrait même que certains groupes (rebelles touareg) disent, puisque les choses ont changé: "essayons d'approcher ceux qui sont aux commandes maintenant"».
«Je ne suis pas là pour juste m'équiper, équiper l'armée malienne pour aller tuer tout ce qui est sur son passage. Je ne suis pas un homme de ce genre.»
Ce vendredi matin, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) des rebelles touareg a pourtant fait savoir qu'il poursuivrai son«offensive pour déloger l'armée malienne et son administration de toutes les villes de l'Azawad», région naturelle du Mali et berceau des Touareg.
A Bamako, la vie reprend lentement après les scènes de pillages qui ont émaillé la journée de jeudi. Deux ambassadeurs se sont faits voler leurs véhicules devant la représentation française. Plusieurs ministères ont été pillés, tout comme le Palais présidentiel. La junte a condamné«tous les actes de vandalisme constatés sur le terrain» et appelé les militaires à œuvrer au retour d'un «climat de paix». «Hier, des individus mal intentionnés ont porté l'uniforme pour casser, vandaliser. Je prie les populations de nous excuser pour les désagréments causés, je demande l'arrêt des pillages», a redit ce vendredi Sanogo.
Mission de l'Union africaine
Sur la scène internationale, les réactions commencent à tomber. L'Union Africaine a suspendu le Mali jusqu'au retour de l'ordre, et une mission conjointe de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) va se rendre rapidement à Bamako pour appeler les militaires putschistes à rendre le pouvoir, a annoncé vendredi le président de la Commission de l'UA Jean Ping.
De leur côté, les Européens ont réclamé le «retour d'un gouvernement civil et la tenue d'élections démocratiques», qui étaient prévues le mois prochain et ont réitéré ce vendredi matin à Bruxelles leur appel à«un cessez-le-feu immédiat dans le nord du Mali». Bruxelles a aussi a décidé de suspendre temporairement les opérations de développement, sauf l'aide humanitaire.
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