Le feuilleton opposant l’imprimerie nationale et les journaux de la
presse privée, qui ne cesse de rebondir depuis quelques années a connu
son épilogue la semaine passée. Le dernier rebondissement en date aura
été le limogeage, lors de la dernière session du conseil des ministres,
du directeur général de l’imprimerie, pour refus d’obtempérer aux
injonctions de son ministre de tutelle.
Précipitée au fond du gouffre, depuis quelques années, l’imprimerie se
débattait, de manière chronique, avec des pertes considérables dans
l’impression des journaux de la presse privée. Et pour cause: la
subvention de l’Etat, destinée à «amortir les pertes sèches» n’a jamais
été versée. L’année qui vient de s’écouler s’est soldée par une
situation financière «intenable», a estimé El Hadrami Ould Abdesselam,
ex-directeur général de l’institution, dans un document divulgué par
l’agence Al Akhbar,
«la dette privée de l’imprimerie, au 31 décembre 2011, se chiffre à
112.800.000 ouguiyas». Dans cette correspondance, adressée, le 2 janvier
2012, au ministre de la Communication, il ajoute que «les créances
impayées de l’Imprimerie nationale, résultant de l’impression de la
presse privée, de Chaab et Horizons, se chiffrent, à la même date, à
298.422.620 UM, réparties entre le ministre de la Communication et des
Relations avec le Parlement (MCRP), 221.146.995 UM, et l’AMI, 77.275.625
UM […] Ces créances sont irrécouvrables. Dans ces conditions, toutes
choses égales par ailleurs, l’Imprimerie nationale ne dispose pas de
marge d’endettement lui permettant de préfinancer l’impression des
journaux privés.»
Après plusieurs correspondances, restées lettres mortes, adressées au
ministère de la Communication, la direction avait décidé d’appliquer la
vérité des prix. Ce qui suscita les plus vives protestations du
regroupement de la presse mauritanienne et, en suivant, le courroux de
Hamdi Ould Mahjoub, ministre de la Communication. «Continuez à imprimer
les journaux de la presse privée nationale, selon les dispositions
antérieures, jusqu’à ce que de nouvelles instructions vous soient
données». C’était sans compter sur l’entêtement de Hadrami :
«l’Imprimerie nationale perd beaucoup d’argent, à cause de la réduction
du prix au tirage des journaux, et l’Etat ne fait rien pour compenser le
manque à gagner.[…] En ce qui concerne la prise en charge requise de
l’impression des journaux privés, l’imprimerie nationale ne dispose
d’aucune garantie de paiement. […] J’estime que la décision de
préfinancement, par l’Imprimerie nationale, de l’impression des journaux
privés requiert, dans de telles conditions, deux préalables: mettre, à
la disposition de l’Imprimerie nationale, un montant de 50 millions
d’ouguiyas, pour le 1er trimestre 2012 ; lui fournir une garantie
formelle de paiement, signée par l’ordonnance du fonds d’appui à la
presse. En l’absence de ces préalables, seul le conseil d’administration
peut assumer la responsabilité d’une telle décision.» La réponse ne
s’est pas attendre et le bras de fer a tourné à l’avantage d’Ould
Mahjoub. Mais la nouvelle direction pourra-t-elle relever une si
catastrophique situation? L’Etat versera-t-il, enfin, la compensation
financière? Ou va-t-on vers la fermeture de l’Imprimerie nationale? Quoi
qu’il en soit, Niang hérite d’un cadeau empoisonné. |
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