lundi 9 janvier 2012

Imprimerie nationale Vs presse privée: Hadrami limogé, et après?



image manquante Le feuilleton opposant l’imprimerie nationale et les journaux de la presse privée, qui ne cesse de rebondir depuis quelques années a connu son épilogue la semaine passée. Le dernier rebondissement en date aura été le limogeage, lors de la dernière session du conseil des ministres, du directeur général de l’imprimerie, pour refus d’obtempérer aux injonctions de son ministre de tutelle. Précipitée au fond du gouffre, depuis quelques années, l’imprimerie se débattait, de manière chronique, avec des pertes considérables dans l’impression des journaux de la presse privée. Et pour cause: la subvention de l’Etat, destinée à «amortir les pertes sèches» n’a jamais été versée. L’année qui vient de s’écouler s’est soldée par une situation financière «intenable», a estimé El Hadrami Ould Abdesselam, ex-directeur général de l’institution, dans un document divulgué par l’agence Al Akhbar, «la dette privée de l’imprimerie, au 31 décembre 2011, se chiffre à 112.800.000 ouguiyas». Dans cette correspondance, adressée, le 2 janvier 2012, au ministre de la Communication, il ajoute que «les créances impayées de l’Imprimerie nationale, résultant de l’impression de la presse privée, de Chaab et Horizons, se chiffrent, à la même date, à 298.422.620 UM, réparties entre le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement (MCRP), 221.146.995 UM, et l’AMI, 77.275.625 UM […] Ces créances sont irrécouvrables. Dans ces conditions, toutes choses égales par ailleurs, l’Imprimerie nationale ne dispose pas de marge d’endettement lui permettant de préfinancer l’impression des journaux privés.» Après plusieurs correspondances, restées lettres mortes, adressées au ministère de la Communication, la direction avait décidé d’appliquer la vérité des prix. Ce qui suscita les plus vives protestations du regroupement de la presse mauritanienne et, en suivant, le courroux de Hamdi Ould Mahjoub, ministre de la Communication. «Continuez à imprimer les journaux de la presse privée nationale, selon les dispositions antérieures, jusqu’à ce que de nouvelles instructions vous soient données». C’était sans compter sur l’entêtement de Hadrami : «l’Imprimerie nationale perd beaucoup d’argent, à cause de la réduction du prix au tirage des journaux, et l’Etat ne fait rien pour compenser le manque à gagner.[…] En ce qui concerne la prise en charge requise de l’impression des journaux privés, l’imprimerie nationale ne dispose d’aucune garantie de paiement. […] J’estime que la décision de préfinancement, par l’Imprimerie nationale, de l’impression des journaux privés requiert, dans de telles conditions, deux préalables: mettre, à la disposition de l’Imprimerie nationale, un montant de 50 millions d’ouguiyas, pour le 1er trimestre 2012 ; lui fournir une garantie formelle de paiement, signée par l’ordonnance du fonds d’appui à la presse. En l’absence de ces préalables, seul le conseil d’administration peut assumer la responsabilité d’une telle décision.» La réponse ne s’est pas attendre et le bras de fer a tourné à l’avantage d’Ould Mahjoub. Mais la nouvelle direction pourra-t-elle relever une si catastrophique situation? L’Etat versera-t-il, enfin, la compensation financière? Ou va-t-on vers la fermeture de l’Imprimerie nationale? Quoi qu’il en soit, Niang hérite d’un cadeau empoisonné.      

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire