samedi 1 octobre 2011

Qui menace l’unité nationale ?



Plus que jamais l’unité nationale de ce pays, hors pair, est menacée. Non pas par le commun de ses citoyens, mais par sa classe intellectuelle et politique, celle, hélas, sur laquelle reposent tous les espoirs de le voir érigé en Etat moderne, uni, fort et exemple inédit de tolérance, d’amour du prochain, et profiter aisément de ses incommensurables richesses tant matérielles naturelles que sociales et spirituelles…

Mais plus que jamais aussi cette unité nationale que les aïeuls avaient su, bien remarquablement, aménager et entretenir, sans grandes dissertations ni discours alambiqués et suspicieux, est sujette à sage et profonde réflexion.

Une réflexion devant impérativement déboucher sur une quiétude que beaucoup autour de nous, l’ayant perdu en un furtif moment d’inconscience, cherchent avec frénésie mais sans grands succès à en recouvrer les merveilleuses vertus… Tant les bienfaits de la paix ne se ressentent que lorsque ses toitures cèdent et volent en éclats sous les coups de boutoirs des démons de la haine…
La montée, depuis la première moitié de la période post indépendance, des nationalismes arabe et négro-africain exigus, prônés par une élite de jeunes revenus pourtant de prestigieuses universités issues de divers horizons sur les cinq continents et où ils ont fait un cumul inestimable de toutes connaissances modernes et se sont dotés d’outils exceptionnels nécessaires pour la mise en place d’un Etat contemporain ouvert sur le monde est, dans un retour spectaculaire de situation, devenu l’incroyable raison de la fissure du tissu national que même les grandes sécheresses et les épidémies n’avaient jamais entamé.

Les nationalismes sont antinomiques de la notion de nation unique de l’Etat. Ils exacerbent les différences qui sont sensées, bien gérées dans leur savant mélange, être le ciment de la pérennité de la nation où tous partagent les mêmes perceptions et entendements sur les grandes valeurs comme la patrie, la justice, la liberté, etc...

Les partis politiques qui ont vu le jour à la faveur de la dislocation du communisme sont nés -pour les plus anciens parmi eux en tous cas- des cendres de mouvements clandestins qui s’étaient fortement manifestés aux premières années de l’indépendance. C’est dire tout simplement que les sentiments d’antan sont toujours manifestes. Et ce sont seulement les intérêts égoïstes, avec l’âge avancé, qui ont quelque peu altéré les engouements de la jeunesse, n’ont pas hélas pour l’idéal de l’Etat fort et uni, mais plutôt pour le confort et le pouvoir.

Les régimes eux-mêmes, civils et militaires n’ont échappé ni au joug, ni aux turbulences, turpitudes et cocktails explosifs de ces formations politiques versées jusqu’à l’os dans le nationalisme étroit à sémantique et connotation raciales et ou racistes. Bien sûr dans un tel état d’esprit de gouvernance, il se crée malgré toute l’illogique un équilibre qui perdure.

Au gré des changements de régimes les tendances de force changent d’un côté comme de l’autre. Les tensions sont trompées et abaissées et les jours passent se ressemblant et donnant une fausse apparence de stabilité. Mais chose extraordinaire, cette situation incongrue à créé un amalgame curieux où tous les protagonistes se retrouvent et se séparent sans jamais se dire la vérité sur les velléités partielles.

La Mauritanie souffre le martyr. Partagée entre une élite que tout uni (religion, rite, espace géographique commun, traditions et mœurs) dans la désunion (prétention au nationalisme étroit, faux retranchement derrière la barrière linguistique, regard porté sur les pays limitrophes de part et d’autre et hypocritement justifié par des sentiments et considérations rétrogrades et incultes de partage de la race ou de la couleur.

Certes, le recensement de la population dans tout pays est une nécessité impérieuse pour la bonne maitrise de toutes ses politiques économique et sociale et pour le contrôle de sa croissance. Il est aussi bien entendu que l’Etat civil qui repose sur le recensement de ses citoyens demeure fortement fiabilisé par ce dernier qui par voie de conséquence sécurise le pays contre les vagues migratoires injustifiées, elles mêmes sources de déséquilibre et d’insécurité.

Ces deux facteurs de la solidité de l’Etat de droit de tous ses citoyens ne doit constituer pour qui que ce soit une source de contestation ou de frustration, étant entendu aussi qu’ils ne doivent être opérés que dans la transparence et aux moyens d’outils adéquats et rationnels. En aucun cas l’on ne doit en faire un cheval de baille dans l’arène politique. N’est point preux chevalier celui qui s’en sert comme tel pour gagner une quelconque course vers le pouvoir. Les moyens pour ce faire sont autres.

Aujourd’hui, la classe politique, celle du proche du pouvoir et celle qui lui est proche, comme celle de l’opposition et l’élite intellectuelle dans son ensemble, sont en ce moment particulièrement grave interpelées à mesurer la crise à sa juste valeur et à s’évertuer à lui trouver dans le calme et avec un sens propre du raisonnement les aboutissants normaux. Si les efforts sont conjugués dans ce sens, il est fort possible de juguler au plus vite cette crise.

Le pouvoir acculé par les signes contestataires violemment opérés et violemment réprimés sur le terrain, doit lâcher du lest afin de mieux se positionner pour apporter un nouveau jugement de valeur à sa campagne d’enrôlement dont il dit entamer pour fiabiliser un état civil incontestablement mal en point.

L’opposition est aussi fortement interpellée à ne faire d’une crise qui prend par ses communiqués des allures gravissimes de fissure sociale - ce qui n’est pas sur le terrain prouvable, les violences étant seulement entre les manifestants et les forces de l’ordre – un cheval de bataille contre le pouvoir.

El Wely Ould Sidi Haiba 




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