dimanche 2 octobre 2011

Le gouvernement suspendra-t-il l’opération d’enrôlement si controversée ?


Très mal accueillie dès le début de son lancement, l’opération d’enrôlement des populations fait des vagues en Mauritanie. En effet, ce recensement n’a pas été bien compris par les mauritaniens et les autorités n’ont pas fait l’effort de l’accompagner d’une bonne campagne de communication et d’explication.

Résultat : d’une part l’engouement vers les CAC (Centre d’accueil des Citoyens) reste très faible car peu de citoyens connaissent l’emplacement exact du lieu de l’opération et les rares personnes qui s’y retrouvent ignorent les pièces à fournir pour se faire recenser.

Ce déficit de communication, conjugué aux comportements provocateurs de certaines commissions chargées de l’opération, ont fini par exacerber le sentiment de colère de certains membres de la communauté négro-mauritanienne.
Certains éléments de cette communauté se sentent particulièrement visés par l’intransigeance de la commission de recensement qui les accule par des « questions exclusivement réservées aux noirs », déclare en colère Malick un jeune militant du mouvement « Touche pas à ma nationalité » que notre reporter a interrogé en marge de la dernière manifestation organisée à Nouakchott et qui a vite dégénéré comme ce fut la cas la semaine d’avant dans les villes du Sud du pays notamment à Kaédi et Maghama où il y a eu mort d’hommes.

De fait, s’il y a une part de vérité dans les accusations des contestataires de cette opération de récemment, force est de constater que leurs revendications légitimes ont été récupérés par certaines forces politiques qui ont sauté sur l’occasion pour mettre le pays à feu et à sang.

Ces forces politiques que l’on retrouve aussi bien dans le camp du pouvoir que celui de la majorité, pensent qu’en créant cette violence et ce désordre, ils arriveront à déstabiliser le régime actuel. Si tant est que cela puisse être vrai, le jeu en vaut-il la chandelle ?

La mort du jeune Mangane à Maghama et le sang des jeunes innocents versé ailleurs àKaédi et à Nouakchott, est provoquée par les calculs mesquins de ces politiciens prêts à vendre leur âme pour assouvir leurs vils desseins. L’autre erreur des jeunes contestataires est de croire que les tracasseries subies ne sont pas endurées par leurs concitoyens de la communauté arabe. De fait, cette opération d’enrôlement a été mal ficelée dès son début et les conséquences fâcheuses d’une telle situation ne concernent pas une communauté de l’autre.

D’autres erreurs sont également apparues, notamment la récupération par certains politiciens des revendications légitimes des jeunes contestataires. C’est ce qui explique que d’une manifestation pacifique et donc légitime comme celle organisée au début à Nouakchott, on est vite passé à des scènes de violences inouïes comme celles auxquelles on a assisté à Kaédiet à Maghama.

L’autre erreur, c’est le silence effrayant des leaders d’opinion face à ce dérapage de certains jeunes qui visiblement sont manipulés par des forces occultes hostiles à notre pays. L’arrestation de plusieurs personnes de nationalité étrangère lors de la dernière manifestation sanglante de Nouakchott, en dit long sur cette machination.

La plupart des partis politiques sans doute pour faire bonne figure, se sont rangés aveuglément du côté des fauteurs de troubles en condamnant la forte répression des forces de maintien de l’ordre, au lieu de condamner fermement les actes de violences dès deux côtés et de lancer des appels en faveur de l’apaisement de la situation.

En se comportant de la sorte, ces formations politiques jettent de l’huile sur le feu car c’est comme si elles signifiaient aux jeunes contestataires que leur attitude est juste et qu’elles les soutiennent dans cette voie pour le moins dangereuse pour le pays.

En tout cas, si le feu n’est pas vite éteint, tout le pays risque de s’embraser ; auquel cas aucun mauritanien, de quelque bord qu’il soit, ne sera à l’abri des risques de désordre et de chaos. Croisons les doigts !

Il y a lieu de se rappeler des terribles évènements qui ont secoué notre pays durant les années 89-90 et qui ont fait tant de mal à notre pays du fait du comportement chauvin de certains de nos concitoyens, et agissons ensemble, main dans la main, afin d’exorciser ce mal vers lequel certains veulent nous entrainer.

A noter que selon les autorités ce recensement vise à mettre en place un état civil sécurisé, moderne, basé sur la biométrie. Cela va de l’intérêt de la Mauritanie, c’est pourquoi, a expliqué le ministre de l’Intérieur dans une réaction par rapport aux récents événements, l’Etat poursuivra cette opération d’enrôlement qui concerne tous les mauritaniens.

La Rédaction




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