jeudi 8 septembre 2011

Adresse à la Nation Mauritanienne et à Son Président.



J’espère que dans les contours de mes mots, chaque mauritanien saisira l’acuité des maux de notre islamique république. Aujourd’hui je m’adresse à vous car les circonstances le commandent, et en parlant aux mauritaniens dans leur globalité je vise plus particulièrement le premier d’entre nous, à savoir celui qui préside aux destinées de cette nation.

J’ai fait allusion à notre islamique république, parce que dans nos contrées notre religion à une force telle que, nous en oublions nos responsabilités d’hommes, pour nous cacher derrière Dieu le Miséricordieux. Or dans la sourate du Tonnerre (Ar-Ra‘d), il nous ait clairement dit ceci : "… il n’y a aucune différence entre celui qui dissimule sa pensée et celui qui la divulgue ; entre celui qui se cache la nuit et celui qui se manifeste le jour." Ensuite dans le verset 11 : "….

En vérité, Dieu ne modifie point l’état d’un peuple tant que les hommes qui le composent n’auront pas modifié ce qui est en eux-mêmes
" Dieu dans son infini grandeur exige, des hommes qu’ils prennent en main leur destin.
Voilà-donc pour nous Mauritaniens remettant tout à dieu, la réponse qui vient de lui pour nous pousser à assumer nos responsabilités d'hommes. Nous sommes tous nés dans ce pays, nous en sommes fiers, et nous lui sommes attachés. Cette fierté et cet attachement sont sous tendus par notre sentiment d’égale appartenance à ce pays, du moins théoriquement, mais il nous faut admettre qu’à l’heure actuelle, la situation est critique, car certains se plaisent à exacerber la division et nous sommes tout étonnés de voire cette difficile cohabitation culturelle dégénérer en une conflictualité ouverte.

Nous savons tous que cette conflictualité n’est que la résultante de tout un chapelet de souffrances et d’humiliations, de brimades et d’entorses à la dignité et aux attentes d’une frange importante du peuple. Ces affrontements ne sont que le vil reflet de la vanité et de l’arrogance d’une partie du peuple.

Il faut voir en ces affrontements, le refoulement d'une vexation vieillissante et surannée aussi vive que vivante et vouée à vaincre cette vermine vulgaire, qui vivote en privant ses victimes vaincues de leurs droits fondamentaux à l’égalité, à la justice e surtout à la Mauritanité fondement de leur humanité! Cette situation a le mérite de reposer l’urgente et impérieuse nécessité de la redéfinition de l’identité mauritanienne. S’il est une question que l’état doit résoudre d’urgence en Mauritanie, c’est bien celle de la cohabitation entre les diverses composantes de la nation.

Feu Me Mokhtar Ould Daddah, n’a point été à la hauteur de la tache qui était sienne, à savoir l’érection d’une nation mauritanienne une et indivise. Si aujourd’hui on assiste à la résurgence de ces oppositions interethniques, c’est dire combien j’avais raison de souligner l’échec notoire de cet homme et de ses collaborateurs, pour la construction d’une véritable nation mauritanienne.

N’en déplaise aux thuriféraires de cette élite, mais avec tous le respect que notre patrie leur doit, ils ont échoué à créer cette communauté humaine ayant conscience d'être unie par une identité historique, culturelle, et religieuse, se traduisant par l’ intériorisation de repères identitaires, résultant de la visibilité permanente d’un partage "de points communs", et créant du coup ce sentiment sublime d’appartenance à une même nation, cette nation arc en ciel que doit être la Mauritanie. 

En effet supposée être notre force, la diversité culturelle de notre patrie, semble être aujourd’hui la plaie. Généralement la diversité culturelle élargit les possibilités de choix offertes à chacun; elle est l'une des clefs du développement, entendu non seulement en termes de croissance économique, mais aussi comme moyen d'accéder à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle satisfaisante. Mais il est important que cette diversité, puisse aboutir à l’émergence d’une identité nationale qui puisse porter l’idéal de vie commune, et matérialiser les aspirations profondes de la nation.

Excellence Président de La République, votre accession au pouvoir a suscité de l’espoir chez cette frange de la population. Par les actes que vous avez posés au début, nous saluions le courage politique et nourrissions les secret d voir enfin le véritable père de la nation mauritanienne œuvrer pour l’émergence de cette «égalité et de cette légalité à la quelle nous aspirions depuis longtemps.

En vous proclamant président des pauvres, vous inspiriez la confiance à ces mauritaniens ayant faim et soif de libertés et de perspectives ; aux mauritaniens et mauritaniennes blessé(e)s dans leur amour propre, vilipendé(es), craint(e)s pour leurs idées, insulté(e)s pour leurs convictions, oublié(e)s, ignoré(e)s… parce que, n'ayant ni foi, et aucune connivence avec ce système qui fossilisent cette nation avec leurs politiques tribales et régionales; système qui de facto excluait la grande composante négro-africaine, qui ne saurait y trouver place parce que ne détenant ni le pouvoir, encore moins l’avoir, et qui de surcroit ne pouvait se réclamer du tribalisme parce que ne partageant pas cette réalité sociologique.

Vous nous êtes apparus en redresseurs de torts, mais j’avoue que depuis 2009, bien des choses ont changés. Il est vrai que vous réalisez sur le plan des infrastructures des travaux herculéens, il est vrai que la manne financière et les investisseurs qui entrent dans le pays connaissent aujourd’hui des niveaux jamais atteints, mais n’occultez point le fait que toutes ces performances reposent sur la stabilité de ce pays, et que cette stabilité elle-même, dépend la cohésion nationale, et donc de la nécessaire cohabitation entre les diverses composantes de la nation mauritanienne.

Et je pense que l’heure est venue, d’assumer cette responsabilité de constructeur de la nation, et de porter au pinacle les aspirations somme toute légitimes, à plus d’équité, et de légalité de cette frange importante de la population mauritanienne. Monsieur le Président au-delà de l’unité mécanique qui nous est imposée, par la politique l’histoire et la géographie, vous devez faire naitre la conscience chez ce peuple que nous sommes liés par quelque chose de plus fort et de plus dense, le Sacré notamment la religion, en l’occurrence la notre, l’islam, qui veut que l’ensemble des musulmans du monde constitue un peuple et un seul celui de la Oumma Islamique.

Cela constitue l’idéal qu’il nous faut atteindre à tout prix, mais avant de réussir à nous fondre dans cette superbe nation islamique, qui nous liera à tous ces peuples d’ailleurs, et de nous réclamer citoyens du monde, il nous faut déjà passer l’écueil de la Mauritanité Diverse, mais Indivise.

J’ai conscience de la grandeur de la tache, mais vous qui avez pris le dessein de sortir cette nation de sa précarité, de travailler à purger cette république de la corruption et de la concussion, vous qui aspirez à inscrire ce pays dans une dynamique de développement durable et harmonieux, vous ne saurez faire l’économie de cette tache, sou peine de voir vos travaux s’écrouler comme un château de cartes. Les dégâts sont là et l’idéal ne parvient pas à descendre dans le réel.

C’est du réel lui-même et de la conscience du Réel qu’une solution peut jaillir. Ce que nous avons avant tout à gagner, dans la provocation immédiate de la lucidité, c’est le sens de l’unité de notre mauritanité. Si je m’évertue à attirer votre attention, c’est que vous avez une responsabilité face à l’histoire. Revoyez vos films de campagnes, revoyez vos premiers pas en tant que Président de cette nation, vous saurez à quoi je fais allusion. Vous devez briser ces barrières, ces clivages, tuez dans l’œuf cette rampante conspiration contre une partie de la communauté, que s’évertue à matérialiser certains de vos collaborateurs sous votre magistère.

Cela suppose une grande humilité, et surtout un surplus de lucidité et d’objectivité. Dites vous qu’à l’heure actuelle vous êtes le Mauritanien par excellence, et que de vos agissements dépendent le devenir de toute une nation. Taisez la susceptibilité de ces populations, et restaurez l’image de cette Mauritanie diverse certes mais une et indivise. Ce qui veut dire prendre en charge la question de l’identité mauritanienne, et faire naitre ce nouvel homo mauritanus seul à même de relever les défis que vous vous êtes fixés pour cette nation. Notre peuple est en phase de passer un cap, mais il nous faudra franchir plusieurs écueils, dont le plus important est de donner à cette situation dynamique de changement, une vision qui serait à la hauteur des attentes de la Mauritanie dans sa globalité.

Le changement n’est plus une vue de l’esprit. Cela devient désormais une perspective concrète, et urgente. Des idées nouvelles germent de partout, et cherchent à se faire jour, à trouver une application dans la vie, mais elles se heurtent continuellement à la force d'inertie de ceux qui ont intérêt à maintenir cette gérontocratie. Un besoin de vie nouvelle se fait sentir. Le code de moralité établi, celui qui gouverne la plupart des mauritaniens dans leur vie quotidienne nous paraît obsolète.

On s'aperçoit que telle chose, considérée auparavant comme équitable, n'est qu'une criante injustice : la moralité d'hier est reconnue aujourd'hui comme étant d'une immoralité révoltante. Le conflit entre les idées nouvelles et les vieilles traditions éclate dans toutes les classes de la société, dans tous les milieux, jusque dans le sein de la famille.

La conscience de la jeunesse s'insurge chaque jour contre les scandales qui se produisent au sein de la classe des privilégiés et des oisifs, contre les crimes qui se commettent au nom du droit du plus fort, ou pour maintenir les privilèges.

Ceux qui veulent le triomphe de la justice; ceux qui veulent mettre en pratique les idées nouvelles, sont bien forcés de reconnaître que la réalisation de leurs idées généreuses, humanitaires, régénératrices, ne peut avoir lieu dans la société mauritanienne, telle qu'elle est configurée actuellement: ils comprennent la nécessité d'une action qui balaie toute cette moisissure, vivifie de son souffle la Mauritanie et lui apporte le dévouement, l'abnégation, sans lesquels une société s'avilit, se dégrade, se décompose.

Excellence Président vous réussissez tant bien que mal à redresser la situation macro-économique du pays, il vous incombe de soigner les maux de cette nation que sont l’injustice, l'inégalité, la souffrance, la famine, la malnutrition, la mort (lorsque celle-ci a pour cause l'inaccessibilité, financière en particulier, aux soins), l'irrespect, le mensonge, l'hypocrisie, l'égoïsme, l'égocentrisme, le sexisme, l'autoritarisme, l'irrespect, l'asservissement, le mensonge, l'hypocrisie, l'égoïsme, l'égocentrisme, le maslaha.

Il vous appartient Excellence Président de la République, d’exiger des investisseurs qui s’implantent en Mauritanie de recruter exclusivement des Mauritaniens dans les domaines de compétences que nous avons et de former des nationaux dans les domaines de compétences dont nous ne disposons, sinon voyez dont ce qu’est devenue l’Ile Maurice ou Madagascar.

Excellence Président, en acceptant les charges de la magistrature suprême, vous avez momentanément mis en suspens votre beidanité, et vous êtes de venue le symbole par excellence de la Mauritanie et de la Mauritanité authentique, donc il vous appartient de prêter oreille à ces populations qui crient leur désarroi face à la marginalisation systématique dont ils sont victimes.

Votre Mauritanité vous impose la prise en charge de la population dans sa globalité, mais aussi dans sa spécificité, notamment par des mécanismes de discriminations positives devant assurer cette once d’égalité et cette légalité pouvant nous conduire tous autant que nous sommes à exercer pleinement notre mauritanité Excellence Président, l’on vous dit ‘Président des Pauvres’ : 

regardez donc ces pauvres qui vivent dans des taudis, regardez donc ces femmes désœuvrées qui pullulent aux portes des services administratifs, regardez donc ces malades que l’on jette hors de notre hôpital national, ces enfants que le système ne peut pas prendre en charge, regardez donc ces vieilles personnes laissées à leur propres sorts. toutes cette injustice que subissent ces pauvres, vous vous devez de les réparer.

Excellence Président, vous dites vouloir travailler avec des jeunes pour changer ce pays : regardez autour de vous et vous verrez que vous n’avez affaire à aucun jeune (même si du reste des efforts notoires sont faits dans ce sens dernièrement), à moins que les vieux de 40 ou 50 ans soient encore considérés comme jeunes, ce qui à mon avis serait aberrant. Tournez vous donc vers cette jeunesse qui sans tambour ni trompette fait son bout de chemin avec des idées nouvelles.

Excellence Président, l’on vous soupçonne d’être le contempteur de l’ignorance : regardez donc la situation de notre système éducatif, regardez donc notre jeune université se muer en Usine de Fabrication de Chômeurs. Je pourrais continuer à vous interpeller sur moult et une question, toutes aussi importantes les unes que les autres, mais je pense qu’à travers mes maux vous saisirez l’acuité de maux de cette nation et de sa jeunesse.

Je m’excuse de vous interpeller de la sorte mais c’est là le seul moyen de s’exprimer, pour un jeune inféodé à aucun parti politique, et à aucune idéologie, sinon celle de sa Mauritanité Absolue, et de son engagement sans réserve pour une Mauritanie Nouvelle et émergente.

Moussa Elimane Sall

Sall_moussa2@yahoo.fr
0022247567073/0022227567073









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