Interview accordée à Nour info Par Monsieur Messaoud Ould Boulkheïr président de l’Assemblée Nationale et Président de Alliance Populaire Progressiste (APP) dans laquelle il s’exprime sur quelques questions de l’heure, entre autres, l’esclavage et le dialogue.
Nour info : Pourquoi en tant qu’opposant et militant de renom, vous êtes complètement décidé et à tout prix à dialoguer avec le pouvoir du Président Mohamed Ould Abdel Aziz que vous décriviez avant de pourri ? Messaoud Ould Boulkheïr : J’ai dit publiquement que le règlement des problèmes ne peut être obtenu que par la voie d’un dialogue sérieux et franc entre les protagonistes politiques. Car je suis plus que jamais certain, tant ma conviction est entière qu’on ne saurait trouver un meilleur moyen autre qu’un dialogue sincère dépasser nos divergence sur toutes les questions nationales. Ma détermination à engager le dialogue avec le pouvoir n’est pas motivée par la personne de Mohamed Ould Abdel Aziz mais pour le renforcement et la consolidation de la démocratie, pour le respect de ses principes et l’application de ses règles dont, principalement, l’alternance pacifique sur le pouvoir, la construction de l’Etat de droit, de la justice et de l’égalité, la protection de l’intérêt suprême du pays ; garantir la sécurité du pays et ses habitants. Telles sont les choses que me dictent mes convictions et les orientations de mon parti. Mon opposition n’est pas une opposition aveugle mais. C’est une opposition sérieuse pour bâtir une patrie ployant aujourd’hui hélas sous le poids des accumulations économiques et sociales tributaires des politiques monolithiques. Je suis un citoyen. En conséquence, il me revient le droit de participer à l’édifice de mon pays de part ma position d’opposant. Je me suis érigé contre le coup d’Etat du 06 Août 208 et je ne le regrette pas. Mais je m’y suis opposé au nom de l’intérêt du pays pour défendre et assurer le fonctionnement de ses institutions constitutionnelles. Etant, du reste, politicien et démocrate je ne peux jamais soutenir ou appuyer une quelconque accession au pouvoir que par la voie des urnes. Et je saisis ici l’occasion pour mentionner que j’ai été surpris par les déclarations de certains sur ma position à travers laquelle je ne cherche qu’à contribuer à œuvrer pour trouver une issue devant nous aider à faire sortir le pays de sa crise politique et lui épargner de glisser dans les abîmes indésirables. En revanche ces personnes ferment délibérément les yeux sur ceux qui tentent de remettre le pays dans le désordre et le cycle coups d’Etat. S’agissant du prix auquel je m’attends en contrepartie, c’est la réalisation des intérêts suprêmes du pays pour lesquels je suis prêt à coordonner avec tout celui qui me démontre sa volonté d’œuvrer dans ce sens aussi longtemps qu’il ne me prouve le contraire.
Nour info :Que pensez-vous des prochaines élections législatives et municipales ? Est-ce que vous y participerez si jamais le délai fixé n’est pas ajourné ? Messaoud Ould Boulkheïr : L’organisation des élections, qu’elles soient législatives ou municipales ou bien présidentielles, a besoin d’une préparation spéciale comme la mise à la disposition de tous les mauritaniens des cartes d’identité nationale infalsifiables et dont la période de validité n’est pas expirée ; leur enregistrement sur un fichier électoral en accord avec tous toutes les parties ; puis s’entendre sur une Commission électorale indépendante chargée de veiller sur la transparence et l’impartialité des élections. Concernant le principe de participation ou non, la décision revient de droit parti qui s’y prononcera au moment opportun. Néanmoins, je vois que l’organisation des élections, en ce moment particulier, ne contribue pas à ce que nous envisageons de réaliser ; surtout que tout le monde demande qu’elles soient repoussées. Nour info :Quelle est la nature des rapports qui vous lient avec les partis de la coordination de l’opposition, notamment, ceux qui refusent votre position comme le RFD et l’UFP ? Messaoud Ould Boulkheïr : Les relations qui nous lient avec tous les paris de la coordination sont des relations de fraternités et de respect réciproques, qu’il s’agit de ceux qui s’opposent ou soutiennent mes propositions parce qu’après tout je crois au droit à la différence dans les avis. Chacun a le droit dans le choix qu’il aura fait, tout comme le droit de prendre la position qu’il juge juste… Tout comme nous avons, nous aussi, le droit de prendre la décision que nos convictions nous dictent. Je ne pense pas que notre choix s’oppose à l’intérêt des populations. Ce qui m’importe ici est que la position que j’ai prise aille dans l’intérêt du peuple et du pays et ne s’y oppose pas. Etant donné que nous avons respecté à chacun son point de vue, y compris, d’ailleurs, ceux ayant soutenu le coup d’Etat militaire conte la légalité constitutionnelle et préféré les voies antidémocratiques comme moyen de changer le pouvoir, les autres aussi qui ont soutenu la révolution suspecte du mimétisme d’un point de vue tribal et régionaliste ainsi que ceux ayant dressé les obstacles face à un dialogue pour lequel ils se sont pourtant préparés pour y entrer sans aucune condition préalable, mieux encore ils envisageaient comme objectif d’en être l’initiateur ; tout ce monde là aurait du nous respecter notre avis et arrêter leurs campagnes qui nous visent, moi personnellement et le parti que je dirige. La coordination, qui nous réunit, prend certes ses décisions à l’unanimité mais cela n’exclut pas les divergences dans les positions. Ce droit-ci a été occulté quand il s’est agi du dialogue. Ceux qui posent certaines conditions n’avaient pas le courage de prendre une position individuelle. Au contraire Ils n’ont cessé de tenir à ce que seule la coordination doit impérativement prendre sa décision à l’unanimité, et c’est cela ce qui a retardé le dialogue. Et pourtant nous qui nous sommes retrouvés dans une situation similaire – lors du règne de Ould Taya – nous avons été décisifs en déclarant, à l’époque, notre opposition clair au dialogue dans lequel s’étaient, en fait, engagés tous les partis politiques. Je n’aspire ni ne cherche la renommée que je ne dispute, d’ailleurs, avec personne. Mais c’est mon amour et mon attachement à la Mauritanie fait que je veille sur tout ce qui est de nature de lui assurer le bien être de ses fils et garantir leur bonheur. Et pour les mêmes raisons je m’érige contre tout propos ou fait susceptible de nature à porter préjudice à notre unité ou entamer le développement de notre pays et en retarder le progrès.
Nour info : Vous vous en êtes pris à la « révolution des jeunes du 25 février » que vous qualifiez de menace à la sécurité sociale. Comment un révolutionnaire tel que vous, peut-il critiquer des révolutionnaires ? Messaoud Ould Boulkheïr : C’ n’est pas exact. Je n’ai pas attaqué les jeunes du 25 février et je n’ai attaqué aucune personne pour son point de vue car après tout, et comme je l’ai dit précédemment, chaque être est libre de prendre la position conformément à son entendement. Cependant j’ai dit que je suis contre la révolution pouvant engendrer la guerre, la destruction, le désordre et la violence. Telle est encore ma position. Ça je l’ai dit compte tenu du fait que notre pays est tellement faible qu’il ne peut supporter la révolution et ses incidences… J’ai rencontré ces jeunes dans le siège de mon parti. Je leur ai exprimé notre soutien à tous les opprimés, les déshérités et les marginalisés tout comme ma solidarité avec eux dans toutes leurs revendications légitimes et leur droit à manifester pacifiquement. Mais je leur ai affirmé également que je ne soutiendrai aucune forme de violence quelles qu’en soient les conséquences qui peuvent en découler ; surtout, quand on sait que l’objectif visé derrière ces manouvres c’est soit la prise du pouvoir ou la volonté de revanche. De telles choses ne valent pas pour que la Mauritanie soit sacrifiée ou que l’on en fasse un bouc émissaire pour satisfaire les désirs de quiconque… D’autre part, l’injustice, l’exclusion, la marginalisation, le favoritisme, l’esclavage, le chômage, le tribalisme, le régionalisme, le clientélisme social traditionnel ainsi que la nécessité de réforme politique, sociale et économique sont des revendications qui ont toujours été présentes dans l’esprit du citoyen mauritanien. Néanmoins on n’a jamais vu ni encore entendu quiconque appeler à la révolution pour éradiquer ces problèmes qui sont, en fait, antérieurs à ces révolutions sévissant dans tel ou tel autre pays. Il a fallu qu’éclate une révolution en Tunisie et dans quelques autres pays arabes pour que nous, ici, nous suscitions une révolution pour les imiter. Pourquoi ? Voilà ce que je n’accepterai jamais. Nour info :Biram est un militant de la composante « Hratin ». On dit qu’il a confisqué votre discours en matière de droits humains à un moment où vous étiez occupés par la politique. Est-ce vrai ? Et comment vous voyez l’état de l’esclavage dans le pays ? Messaoud Ould Boulkheïr : Je n’ai pas un discours de droits humains dont la politique peut me distraire. Mon discours en matière de droits humains est mon discours politique et vice-versa. Je n’ai pas connaissance d’une personne qui me l’ait pris. Car le discours n’est pas quelque chose de matériel ni des documents particuliers ou des terres que certains pourraient comme tu le dit m’usurper, me m’arracher ou me voler… Je suis comme j’étais, antiesclavagiste. Ma position sur l’esclavage est toujours la même. C’est la position que j’ai prise avant quiconque que cela concerne la composante Hratin ou les autres. J’étais le premier à m’intéresser à cette cause. J’ai milité et je militerai encore pour l’éradication de l’esclavage ainsi que ses séquelles. Quelque soit la multiplicité du discours et sa diversification sur ce sujet, le mérite nous revient ; parce que nous nous sommes tellement exposés pour cette cause et pour elle nous avons supporté ce qu’aucune autre personne n’aura supporté pour sa défense. L’esclavage existe absolument. Il est pratiqué ici dans notre pays, dans tous ses villages et ses villes… Et je continuerai à considérer son existence tant qu’il en existe, ne serait-ce, qu’un seul cas. J’y resterai opposé jusqu’à ce qu’il disparait et disparaissent avec lui toutes les affaires qui m’irritent telles que l’injustice, l’exclusion et la marginalisation. Mais étant président d’un parti national qui comporte toutes les composantes et aspire en même temps à accéder au pouvoir ; et parce qu’aussi ce parti n’est pas celui d’une composante au détriment d’autres et ne s’occupant pas d’une communauté au préjudice des autres ; et parce qu’il n’assure à une composante que les faveurs mêmes qu’il accorde à ses autres congénères, mon discours se doit de refléter la vision et les aspirations de tous les mauritaniens. Merci. Traduit par Ethmane Ould Bidiel
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