vendredi 26 août 2011

Kaédi / Campagne rizicole : Echec programmé


La campagne rizicole 2011 a démarré avec un énorme retard au niveau de Kaedi. Cette campagne qui débutait habituellement au mois de juin n’aura finalement commencé qu’en août, soit près de deux mois après la date normale.

La raison principale de cet énorme retard aux conséquences fâcheuses pour les paysans, dont les greniers sont d’ores et déjà vides à cause notamment de la longévité de la période de soudure, est le non paiement des redevances de la plupart des exploitants des périmètres pilotes1et2 de Kaédi.

Les pouvoirs publics qui il est vrai, ont consenti beaucoup d’efforts pour appuyer le secteur avaient décidé cette année, d’exproprier purement et simplement les terres des mauvais payeurs, avant de se raviser.
A l’occasion de la tournée estivale des membres du gouvernement à l’intérieur du pays, le ministre du développement rural Brahim O. Mbareck avait rencontré les responsables et les exploitants des PPG1,2, auxquels qui il a instamment recommandé le paiement intégral de leurs créances auprès du crédit agricole, unique alternative pour espérer exploiter leurs parcelles dont les rendements vont de mal en pire depuis quelques années.

A défaut, ces pauvres paysans se verront priver de leur principale source de survie et leurs parcelles seront cédées à d’autres exploitants avec des contrats de durée correspondant à une campagne agricole, renouvelable si jamais ils n’honoraient pas leurs engagements auprès de leur créancier, le crédit agricole, leur fournisseur principaln intrants agricoles.

Selon Sow Oumar Abdoul, président du PPG2, les responsables des périmètres rizicoles avaient suggéré au ministre d’autoriser l’exploitation des périmètres aux paysans qui auront remboursé leurs créances à hauteur de 75% ; Peine perdue, le MDR est catégorique. Selon leMDR, seuls ceux qui se seront intégralement acquittés des crédits consentis l’an dernier sont autorisés à exploiter leurs parcelles, et ce pour l’ensemble des riziculteurs de la vallée.

Une mesure diversement apprécié du côté des paysans. Si certains se perdent en complaintes, d’autres par contre estiment que c’est une mesure dissuasive pour les mauvais payeurs. Pour M. Sow, ce sont uniquement près de 60% des paysans qui cultiveront cette année et les parcelles privées d’exploitation n’ont pas encore trouvé acquéreur.

Ce qui aura pour conséquence un énorme gap pour le paiement des factures d’électricité pour les deux PPG de Kaédi. Sur le terrain, les travaux de labour (12 000 Um l’hectare) sont en cours et seule une trentaine d’exploitants en sont au stade de la mise en eau. Mamadou Perrou, un exploitant du PPG1, qui a décidé de procéder au semis direct au lieu de faire des pépinières pour gagner du temps, déplore la faiblesse du lâchage de l’eau.

Il faut ajouter à ces contraintes, le retard sur le calendrier cultural du riz, le manque de semences de qualité de courte durée et la menace des nombreux ennemis des cultures (oiseaux granivores, insectes, criquets, rongeurs). On s’achemine dès lors inéluctablement vers une mauvaise campagne rizicole aux conséquences dramatiques pour les milliers de bouches à nourrir pour ces paysans dont les faibles rendements constituent la pitance annuelle.

Il faut noter que sur ces deux PPG, les meilleurs rendements n’excédent guère 2 à 3 t à l’hectare, pendant que leurs homologues des pays voisins comme le Sénégal ou le Mali qui jouissent d’un meilleur encadrement certes, atteignent des records (9 à 10 tonnes à l’hectare).

Vieux Gaye
Cp/ Gorgol


Source: le quotidien de Nouakchott


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