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- Agrandir la photoLE QUARTIER GÉNÉRAL DE KADHAFI À TRIPOLI MIS A SAC
- Agrandir la photoLES INSURGÉS CONTRÔLENT LE QG DE KADHAFI MAIS PAS TOUTE LA LIBYE
TRIPOLI (Reuters) - Un Mouammar Kadhafi acculé a promis mercredi de continuer à se battre, jusqu'à la mort s'il le fallait, après avoir été contraint d'abandonner son QG tombé la veille aux mains des rebelles libyens.
Les rebelles ont mis à sac Bab al Aziziah, quartier général du "Guide de la révolution", s'emparant d'armes et saccageant les symboles du règne sans partage que Kadhafi a exercé pendant 42 ans sur ce pays du Maghreb peuplé aujourd'hui d'environ cinq millions d'habitants.
Les images montrant les rebelles dans le sanctuaire de Kadhafi, qui tournent en boucle sur les chaînes de télévision arabes, pourraient donner un coup de fouet à d'autres insurrections dans le monde arabe, en premier lieu la Syrie.
En dépit de la prise de Bab al Aziziah, la victoire des rebelles n'est pas totale.
Mouammar Kadhafi reste introuvable et, dans un message sonore relayé par la chaîne de télévision Al Orouba, il a qualifié son départ de Bab al Aziziah de repli tactique.
"J'ai été discrètement dans Tripoli, sans être repéré par mon peuple et (...) je n'ai pas senti que Tripoli était en danger", a-t-il dit.
On ignore où il se trouve. Parmi les suppositions figure une fuite dans le dédale de tunnels sous son QG. Les rebelles le croient toujours à Tripoli.
Sur le terrain, les combats se poursuivent.
Mercredi, vers 12h00 GMT, les forces loyalistes bombardaient plusieurs secteurs du centre de Tripoli, dont Bab al Aziziah.
Les insurgés font état de combats à proximité de l'hôtel Rixos, où des soldats kadhafistes ont empêché les journalistes étrangers de partir, ainsi que dans les quartiers est de la capitale libyenne, peuplée de deux millions d'habitants.
"VOLCAN DE LAVE"
Un journaliste de Reuters a entendu vers midi (10h00 GMT) des tirs d'armes légères et de la DCA, qui a déjà été utilisée par les deux camps contre des cibles terrestres.
Un peu plus tôt, une journaliste de Reuters présente à l'hôtel Rixos a constaté que les vivres et l'eau commençaient à manquer. Des hommes armés pro-Kadhafi, qui avaient patrouillé dans l'hôtel, n'étaient plus visibles.
Dans la capitale, les rues sont vides, les boutiques restent closes et les ordures s'amoncellent, preuve que Tripoli n'a pas encore repris sa vie de tous les jours. Les portraits géants de Kadhafi, jadis omniprésents, ont été décrochés ou "tagués".
Les insurgés occupent des points de contrôle le long de la principale artère. Certains croient vivre la dernière journée de violences. "Il y a toujours quelques combats mais on espère que tout sera terminé aujourd'hui", glisse un combattant rebelle.
D'après les insurgés, les combats pour le contrôle de Tripoli ont fait plus de 400 morts et au moins 2.200 blessés.
Six mois après le début de l'insurrection, partie de l'est du pays, le régime n'entend pas renoncer au pouvoir et céder au triomphalisme des insurgés.
Mouammar Kadhafi est capable de résister pendant des années face aux insurgés, a ainsi déclaré Moussa Ibrahim, l'un de ses porte-parole. "Nous allons transformer la Libye en un volcan de lave et de flammes sous les pieds des envahisseurs et de leurs perfides agents", a-t-il dit , s'exprimant par téléphone à l'antenne des chaînes de télévision Al Orouba et Al Rai.
DJIBRIL REÇU À L'ELYSÉE
Moussa Ibrahim a affirmé que les dirigeants de l'insurrection ne connaîtraient aucun répit s'ils quittaient leur fief de Benghazi, dans l'est de la Libye, pour s'installer à Tripoli, comme ils en ont exprimé l'intention.
Mais les représentants des rebelles multiplient les rendez-vous avec les diplomates des grandes capitales mondiales. Mercredi, ils devraient s'entretenir au Qatar avec des émissaires venus des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, de Turquie et des Emirats arabes unis. Une autre réunion est prévue jeudi à Istanbul.
Nicolas Sarkozy recevra pour sa part à 17h45 (15h45 GMT) ce mercredi Mahmoud Djibril, Premier ministre du Conseil national de transition (CNT).
Ancien ministre de Mouammar Kadhafi jusqu'en février et désormais président du CNT formé par les insurgés, Moustafa Abdeldjeïl a mis en garde: "Il est prématuré de dire que la bataille de Tripoli est terminée. Ce ne sera pas le cas tant que Kadhafi et ses fils n'auront pas été capturés."
Dans une interview accordée au quotidien italien La Repubblica, il promet la tenue d'élections législatives et présidentielles dans les huit prochains mois. "Si j'étais nommé président, ce ne serait que temporaire et j'occuperais cette fonction jusqu'à l'organisation d'élections, qui pourraient être les premières libres dans ce pays", dit-il.
Il confie qu'il préférerait voir Kadhafi et sa famille traduit en justice en Libye plutôt qu'à La Haye, Mouammar Kadhafi et deux de ses fils étant sous le coup de mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité.
Mahmoud Djibril a promis, lui, une transition vers la démocratie au bénéfice de tous les Libyens. "Le monde entier a le regard tourné vers la Libye", a-t-il dit, en mettant en garde contre la tentation d'une justice expéditive.
Bertrand Boucey et Benjamin Massot pour le service français, édité par Gilles Trequesser
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