Le ciel, à l’horizon annonce déjà, après des journées très chaudes de ce mois de mai l’approche de l’hivernage. C’est sous climat caractérisé par des vents secs que le jeune Madou, l’esprit précoce, un des rejetons des années 1989 épingla son papa sur l’événement marquant de son année de naissance. Le père jeune soldat à l’époque fut traversé par une onde sanglante qui fit défiler sous ses yeux toutes les atrocités incompréhensibles d’alors.
Le gamin sans sourciller, n’a retenu que le "humm" de son papa. Voilà que toute une vie se décline, se dévoile dans un soupir. Au fil du temps, le jeune Madou, accrocheur a tenté de mieux comprendre. Ainsi chercha –t-il des documentaires ou des reportages ou autres supports historiques, mais en vain.
Nulle trace, nulle photo ou image susceptible de renseigner le futur citoyen sur le passé récent de son pays .L’esprit rêveur échoue lamentablement aux rivages d’une réalité insoupçonnée. Le silence dans tous ses états.
Le gamin sans sourciller, n’a retenu que le "humm" de son papa. Voilà que toute une vie se décline, se dévoile dans un soupir. Au fil du temps, le jeune Madou, accrocheur a tenté de mieux comprendre. Ainsi chercha –t-il des documentaires ou des reportages ou autres supports historiques, mais en vain.
Nulle trace, nulle photo ou image susceptible de renseigner le futur citoyen sur le passé récent de son pays .L’esprit rêveur échoue lamentablement aux rivages d’une réalité insoupçonnée. Le silence dans tous ses états.
En effet, sans l’histoire, l’évolution humaine aurait pu être ensevelie, avec ses gloires et ses échecs dans les strates de l’oubli qui rendrait les generations, amnésiques et sans mémoire. Une situation, qui changerait le cours du monde et qui ressemblerait à un eternel recommencement ou, à l’image de sisyphe, comme son fardeau de rocher, nos vies vacilleraient, dans l’ignorance d’un bout à l’autre. Sans fin.
VOLONTE DE SILENCE
Cette image d’errance ne serait –elle pas celle d’un pays, le notre qui pour des raisons inavouées, cultive le silence, un silence criant doublé d’hypocrisie qui en dit long sur la volonté de ses intellectuels, de ses politiciens d’enfouir sous les abimes de l’indifférence notre parcours, le parcours du pays à travers le temps.
Sans vouloir nous lancer dans l’archéologie historique qui demanderait beaucoup plus de témérité et d’endurance, je dirais même de souffle soutenu, le bon sens nous interpelle tout de même d’avoir une référence, un repère non lointain qui permet au jeune mauritanien de se situer à tout instant par rapport à son évolution future. L’indifférence des hommes et des femmes, témoins d’une parcelle de mutation de ce pays laisse croire que ce refus de mettre en compétition notre passé et notre présent contribue à jeter au loin l’équilibre stratégique nécessaire entre les différentes composantes de notre peuple.
La Mauritanie a connu des « histoires »dans son évolution récente qui, d’une manière ou d’une autre ont marqué au fer rouge les esprits et créé une « fracture sociale », un déficit profond de confiance jusqu’à compromettre ses fondements de coexistence d’état-nation entre ses fils ,pour des raisons de chauvinisme et autres attitudes dilatoires parce qu’ entretenues sciemment dans le creuset de la haine, du dédain et de l’aversion de l’autre ,car différent de soi.
Ce passage à vide comme un trou noir dans les cœurs comporte encore toute sa charge nocive qui ,par effet de diffusion silencieuse gangrène même les petits esprits pour ainsi préparer un avenir moins radieux et davantage plus loin de tout compromis de cohabitation et d’acceptation de l’autre.
Les turpitudes de l’indépendance, les événements de 1966, qui en pipe mots, qui en témoigne, les reformes scolaires qui ont marqué l’école mauritanienne, les déportations de 1987 versoualata, qu’en savent les jeunes générations et récemment, les événements sanglants, ethniques de 1989 hantent encore les esprits sans que personne ne sache les raisons et les motivations historiques.
En même temps que les bourreaux sans toute autre forme de procès si ce n’est une loi d’amnistie qui les blanchit, regardent sans crainte ,au bénéfice de l’impunité sous leurs bottes ensanglantés les crimes perpétrés. Que dirions-nous des différentes révolutions de palais et leurs intrigues conduites par les soldats hier célèbres et aujourd’hui anonymes ? Et la guerre du Sahara suivie des accords de paix, un bloc de silence.
Au lieu d’exorciser ces maux, par le verbe et la plume, les tenants de ces deux leviers ont choisi hélas le voile de l’hypocrisie honteusement utilisé à des fins bassement coupables. Dans le même sillage, tous les canaux de communication, d’information continuent de faire table rase sur les souffles antérieurs de notre pays. La télévision nationale qui devrait être le relais le mieux indiqué pour une meilleure connaissance historique de notre patrimoine commun à travers des grilles appropriées est devenue hélas un instrument puissant qui ne crache que des vomissures particularistes, singulières loin de toute attitude citoyenne soucieuse de préserver l’unité .
La Mauritanie ,un pays certes ,demeure toutefois une entité atypique du fait de l’amalgame voire du parti pris observé dans la lecture de son histoire inconnue et mal connue par ses fils qui de mémoire ,ne retiennent aucun fait ,aucune manifestation qui accroche la conscience collective et contribue à lancer les prémisses d’une nation qui s’enracine et s’identifie à un héroïsme ne serait ce que factice ,dont se vante tout peuple.
Du Nord au sud le pays est vaste, multiculturel et foncièrement implanté dans des environnements sociaux différents qui loin de constituer des obstacles antinomiques, ont, par le mépris entretenu et la négation de l’histoire sous l’empreinte des hommes politiques malintentionnés, donné un produit aujourd’hui explosif.
Dans son ensemble, l’intelligentsia qui devrait être la pionnière dans la mise en surface d’un destin commun pour rétablir « la verité historique »à travers une histoire commune, s’est murée hélas dans une compartimentation qui l’éloigne de son rôle premier, pour caresser les délices d’une vie politique aussi versatile que le sable mouvant du désert qui orne son environnement. En somme, l’élite s’est laissé abuser par l’incurie viscérale et particulariste comme refuge d’une médiocrité et d’une complicité anéantissant tous les germes d’une cohabitation exemplaire.
Ainsi dans notre pays, du plus petit établissement aux symboles de la république, l’histoire se résume au présent comme si les 50 années d’indépendance nous ont enseigné tout sur les autres et peu sur nous-mêmes sinon rien. A travers cette forme de négation de soi, il est difficile de se faire une représentation, une caricature du mauritanien de demain et des valeurs qui doivent orner son environnement faute d’identifiant, de sanctification des valeurs communes ; nobles et partagées.
Partout, les archives sont brulées, anéanties expressément, la mémoire comme une fumée a disparu dans l’insouciance sous la main d’un vulgaire fonctionnaire pyromane .Aucun monument, aucune traçabilité, le vide, le noir. L’histoire qui en fait constitue une ponctuation du temps, ce temps qui dans sa course nous convie, par le présent à participer par nos faits et gestes à l’édification d’une conscience nationale pour les générations futures s’est complètement arrêté. Pire qu’un genocide, l’évolution de notre pays, sans aspérités, se consume tristement dans la platitude d’un intellectualisme débridé aux relents défaitistes.
DE LA PATIENCE…
Aussi riches et variées semble –t-il, les convulsions du temps qui ont jalonné le mouvement du pays des millions des poètes restent ensevelies et ignorées par l’inertie ambiante qui gangrène toutes les strates de la société. Des cinéastes aux griots en passant par les historiens et autres documentalistes, la même attitude, une vie sans rythme, sans âme, évoluant au versant de l’engagement et du don de soi pour un idéal.
Par l’absence d’une cartographie historique susceptible de favoriser la valorisation du patrimoine commun pour former une identité partagée, le pays, comme attitude convenue s’agrippe aux particularismes primaires liés à la tribu, à la famille, toute chose par ailleurs qui précipite son déclin inéluctable. Ainsi devons nous nous résoudre à l’acceptation de ce fatalisme pour laisser le citoyen lambda naviguer à vue sans se demander sur le type de pays qui sied à notre intégration dans la mondialisation.
Pour une nouvelle renaissance, la route est encore longue pour Madou et les autres qui observent impuissants le travail de mémoire des historiens en charge de rétablir les faits pour éclairer la lanterne des populations qui portent en elles les germes d’une explosion si rien n’est encore entrepris pour concilier les cœurs et les esprits.
Seybane Diagana
VOLONTE DE SILENCE
Cette image d’errance ne serait –elle pas celle d’un pays, le notre qui pour des raisons inavouées, cultive le silence, un silence criant doublé d’hypocrisie qui en dit long sur la volonté de ses intellectuels, de ses politiciens d’enfouir sous les abimes de l’indifférence notre parcours, le parcours du pays à travers le temps.
Sans vouloir nous lancer dans l’archéologie historique qui demanderait beaucoup plus de témérité et d’endurance, je dirais même de souffle soutenu, le bon sens nous interpelle tout de même d’avoir une référence, un repère non lointain qui permet au jeune mauritanien de se situer à tout instant par rapport à son évolution future. L’indifférence des hommes et des femmes, témoins d’une parcelle de mutation de ce pays laisse croire que ce refus de mettre en compétition notre passé et notre présent contribue à jeter au loin l’équilibre stratégique nécessaire entre les différentes composantes de notre peuple.
La Mauritanie a connu des « histoires »dans son évolution récente qui, d’une manière ou d’une autre ont marqué au fer rouge les esprits et créé une « fracture sociale », un déficit profond de confiance jusqu’à compromettre ses fondements de coexistence d’état-nation entre ses fils ,pour des raisons de chauvinisme et autres attitudes dilatoires parce qu’ entretenues sciemment dans le creuset de la haine, du dédain et de l’aversion de l’autre ,car différent de soi.
Ce passage à vide comme un trou noir dans les cœurs comporte encore toute sa charge nocive qui ,par effet de diffusion silencieuse gangrène même les petits esprits pour ainsi préparer un avenir moins radieux et davantage plus loin de tout compromis de cohabitation et d’acceptation de l’autre.
Les turpitudes de l’indépendance, les événements de 1966, qui en pipe mots, qui en témoigne, les reformes scolaires qui ont marqué l’école mauritanienne, les déportations de 1987 versoualata, qu’en savent les jeunes générations et récemment, les événements sanglants, ethniques de 1989 hantent encore les esprits sans que personne ne sache les raisons et les motivations historiques.
En même temps que les bourreaux sans toute autre forme de procès si ce n’est une loi d’amnistie qui les blanchit, regardent sans crainte ,au bénéfice de l’impunité sous leurs bottes ensanglantés les crimes perpétrés. Que dirions-nous des différentes révolutions de palais et leurs intrigues conduites par les soldats hier célèbres et aujourd’hui anonymes ? Et la guerre du Sahara suivie des accords de paix, un bloc de silence.
Au lieu d’exorciser ces maux, par le verbe et la plume, les tenants de ces deux leviers ont choisi hélas le voile de l’hypocrisie honteusement utilisé à des fins bassement coupables. Dans le même sillage, tous les canaux de communication, d’information continuent de faire table rase sur les souffles antérieurs de notre pays. La télévision nationale qui devrait être le relais le mieux indiqué pour une meilleure connaissance historique de notre patrimoine commun à travers des grilles appropriées est devenue hélas un instrument puissant qui ne crache que des vomissures particularistes, singulières loin de toute attitude citoyenne soucieuse de préserver l’unité .
La Mauritanie ,un pays certes ,demeure toutefois une entité atypique du fait de l’amalgame voire du parti pris observé dans la lecture de son histoire inconnue et mal connue par ses fils qui de mémoire ,ne retiennent aucun fait ,aucune manifestation qui accroche la conscience collective et contribue à lancer les prémisses d’une nation qui s’enracine et s’identifie à un héroïsme ne serait ce que factice ,dont se vante tout peuple.
Du Nord au sud le pays est vaste, multiculturel et foncièrement implanté dans des environnements sociaux différents qui loin de constituer des obstacles antinomiques, ont, par le mépris entretenu et la négation de l’histoire sous l’empreinte des hommes politiques malintentionnés, donné un produit aujourd’hui explosif.
Dans son ensemble, l’intelligentsia qui devrait être la pionnière dans la mise en surface d’un destin commun pour rétablir « la verité historique »à travers une histoire commune, s’est murée hélas dans une compartimentation qui l’éloigne de son rôle premier, pour caresser les délices d’une vie politique aussi versatile que le sable mouvant du désert qui orne son environnement. En somme, l’élite s’est laissé abuser par l’incurie viscérale et particulariste comme refuge d’une médiocrité et d’une complicité anéantissant tous les germes d’une cohabitation exemplaire.
Ainsi dans notre pays, du plus petit établissement aux symboles de la république, l’histoire se résume au présent comme si les 50 années d’indépendance nous ont enseigné tout sur les autres et peu sur nous-mêmes sinon rien. A travers cette forme de négation de soi, il est difficile de se faire une représentation, une caricature du mauritanien de demain et des valeurs qui doivent orner son environnement faute d’identifiant, de sanctification des valeurs communes ; nobles et partagées.
Partout, les archives sont brulées, anéanties expressément, la mémoire comme une fumée a disparu dans l’insouciance sous la main d’un vulgaire fonctionnaire pyromane .Aucun monument, aucune traçabilité, le vide, le noir. L’histoire qui en fait constitue une ponctuation du temps, ce temps qui dans sa course nous convie, par le présent à participer par nos faits et gestes à l’édification d’une conscience nationale pour les générations futures s’est complètement arrêté. Pire qu’un genocide, l’évolution de notre pays, sans aspérités, se consume tristement dans la platitude d’un intellectualisme débridé aux relents défaitistes.
DE LA PATIENCE…
Aussi riches et variées semble –t-il, les convulsions du temps qui ont jalonné le mouvement du pays des millions des poètes restent ensevelies et ignorées par l’inertie ambiante qui gangrène toutes les strates de la société. Des cinéastes aux griots en passant par les historiens et autres documentalistes, la même attitude, une vie sans rythme, sans âme, évoluant au versant de l’engagement et du don de soi pour un idéal.
Par l’absence d’une cartographie historique susceptible de favoriser la valorisation du patrimoine commun pour former une identité partagée, le pays, comme attitude convenue s’agrippe aux particularismes primaires liés à la tribu, à la famille, toute chose par ailleurs qui précipite son déclin inéluctable. Ainsi devons nous nous résoudre à l’acceptation de ce fatalisme pour laisser le citoyen lambda naviguer à vue sans se demander sur le type de pays qui sied à notre intégration dans la mondialisation.
Pour une nouvelle renaissance, la route est encore longue pour Madou et les autres qui observent impuissants le travail de mémoire des historiens en charge de rétablir les faits pour éclairer la lanterne des populations qui portent en elles les germes d’une explosion si rien n’est encore entrepris pour concilier les cœurs et les esprits.
Seybane Diagana
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