samedi 27 août 2011

Ahmed Ould Daddah : De leader charismatique à pyromane.



Lorsque Ahmed Ould Daddah est revenu en Mauritanie en 1991 pour se présenter à l’élection présidentielle, il s’était imposé comme véritable leader charismatique, capable d’apporter le changement face à un dictateur dont le régime était impliqué dans de graves violations de Droits de l’homme et la gestion népotique et catastrophique du pays.

Il a été adopté et même adulé par toutes les forces de l’opposition de l’époque. C’est pourquoi il avait été choisi comme candidat de l’UFD, unique et grand parti de l’opposition de l’époque. N’eût été la mise en place d’une machine infernale de fraude où tous les moyens matériels, psychologiques et humains de l’administration ont été utilisés, Ahmedaurait été élu Président de la République.

L’agenda unilatéral imposé par Maaouiya et ses sbires prévoyait les élections législatives immédiatement après l’élection présidentielle. La situation de l’UFD, après la débâcle présidentielle, ajouté à cela l’état psychologique de son candidat inconsolable, firent que le boycott des élections législatives était la réponse par défaut.
Ce qui s’est révélé par la suite une erreur monumentale mal appréciée par l’opinion publique, et qui contribuera par la suite au renforcement du régime du dictateur Ould Taya, et par relation de cause à effet l’affaiblissement de l’opposition.

On se souvient par la suite des différentes scissions au sein de l’UFD, notamment des groupes d’El Hour de Messaoud Ould Boulkheir, des Négro-africains REJ et du MND (actuellement l’UFP). Le prétexte des différentes scissions n’était un secret pour personne, c’était toujours l’hégémonie d’Ahmed Ould Daddah sur l’appareil du parti et son ambition présidentielle avant tout. Ainsi l’opposition commença sa traversée chaotique du désert pendant 13 ans et ce jusqu’en 2005.

Le régime de Ould Taya s’est radicalisé d’avantage et malgré certaines participations à quelques élections le PRDS et ses acolytes ne concédèrent que la part congru à l’opposition, la machine de la fraude étant déjà bien rodée. La personne d’Ahmed Ould Daddah ne fut pas épargnée, il a connu la prison à plusieurs reprises, comme d’autres leaders notammentMessaoud Ould Boulkheir, mais lui, avait battu les records, et a connu également des procès retentissants, et tout ça pour délit d’opposant.

Malgré tout cela, Ahmed Ould Daddah n’avait jamais appelé à la violence. L’opposition a connu la descente aux enfers, ses forces étaient éparpillées à tel point que sa faiblesse donnait l’impression que le régime était bien assis. La réalité était autre, le régime était assis sur un volcan social mais l’opposition n’avait pu résoudre l’équation. La tentative de putsch de 2003 où les blindés écumèrent Nouakchott, ébranla la forteresse de Maaouiya et brisa définitivement la glace. C’était la fin du règne annoncée.

En dépit de cela, l’opposition en rang dispersé sans le courageux Messaoud Ould Boulkheirparticipera à des journées informelles organisées par le RDU de Ahmed Ould Sidi Baba, pompeusement appelées forum des valeurs démocratiques et de la citoyenneté. Le but inavoué de ces journées était l’apaisement de la scène politique au profit du cousin bien aimé qu’Ahmed Ould Sidi Baba servait docilement contre des prébendes (licences de pêches, pêche en zones interdites pour les Mabrouka etc...).

Accessoirement aussi, Ahmed Sidi Baba avait piégé son vieil ami Ahmed Ould Daddah en lui faisant signer le document final de ces fameuses journées et dans lequel figurait la mention : «Le Président de la République Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya », chose qui lui répugnait plus que tout. Ne parlons pas de Ould Maouloud et de son UFP et de leur accointance à l’époque avec Ould Taya, et leurs négociations à travers Dah Ould Abdel JelilMinistre de l’intérieur de l’époque. Le coup d’état de 2005 survenait dans ces conditions.

Pour Ahmed Ould Daddah c’était l’aubaine et l’occasion d’assouvir son rêve : être Président de la République. Il en fût très près en 2007 lorsqu’il avait perdu contre le vieux marabout Sidigrâce à l’apport de Messaoud Ould Boulkheir qui a eu l’occasion de régler un vieux contentieux.

Après le coup d’état de 2008 du Général Aziz, qu’il avait pourtant cautionné comme celui de 2005 d’ailleurs, la rupture était inéluctable avec ce Général ambitieux lui aussi.

Aujourd’hui et après l’élection de 2009 justifiée par les accords de Dakar, où tout le monde fût roulé dans la farine par ce Général putschiste, Ahmed en est sorti plein d’amertume. Le leader charismatique de l’époque se trouve t-il transformé en pyromane à cause de tous ces échecs récurrents et à son désespoir d’être un jour Président de la République à l’image du père de la nation, son frère Mokhtar Ould Daddah ? Ahmed ne voit-il les choses qu’en noir aujourd’hui ?

Pour lui Aziz est le diable en personne et le pays est en pleine catastrophe du fait de Aziz et son entourage, l’armée aux frontières pour rien si ce n’est pas pire selon lui, les prix sont vertigineusement élevés, toujours du fait de Aziz. Il appelle la jeunesse publiquement à se soulever et, récemment il a bloqué la COD en posant des conditions ridicules et insensées pour aller au dialogue, à tel point que la COD s’est disloquée.

Il en porte personnellement la responsabilité, car le dialogue tant souhaité par l’opinion publique et qui constituera une base de départ dans l’apaisement social indispensable au développement et la stabilité du pays, ne doit souffrir d’être l’otage de caprices politiques.

On peut se poser alors la question, quelle est la stratégie aujourd’hui de Ould Daddah à considérer qu’il en ait une ? Surtout qu’il est le leader de l’institution de l’opposition démocratique, quatrième personnage de l’état avec tout le protocole nécessaire, avec rang de Ministre et ayant un budget et un salaire respectables. En tous cas il n’incarne plus qu’un pyromane qui perd par orgueil le sens de la mesure.

C’est l’image d’un homme politique en plein naufrage, au crépuscule de sa carrière. Etrange destin d’un leader charismatique !

Abdel Majid Ben Abdallah.



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