Des femmes salafistes, dans les rues deNouakchott, réclamant la suppression de la démocratie et une opposition maximaliste décidée à en découdre de manière violente avec un pouvoir légitime, voilà de quoi alerter les consciences des citoyens mauritaniens épris de paix et de démocratie.
La démocratie pour cible.
Lors d’une marche improvisée, le jeudi 29 mars 2012, un groupe de femmes salafistes mauritaniennes, toutes de noir vêtues, a exigé que la Mauritanie renonce à la démocratie au profit l’application de la «charia». Ces femmes prétendent, publiquement, que si la «charia»était appliquée dans le pays, leurs maris, aujourd’hui emprisonnés, seraient libres.
Dans la presse locale, cette manifestation ne semble pas avoir attiré une attention particulière, alors qu’elle soulève, à mon sens, des questions d’une rare acuité.
En effet, ces femmes manifestaient en vertu des libertés garanties par cette démocratie qu’elles abhorrent tant; sous le régime taliban en Afganistan ou dans les territoires contrôlés par les «chebab» en Somalie ou «Ensared-dine » en Azawad, aucune caméra n’a jamais«immortalisé» la moindre manifestation de femmes, mécontentes de quelque traitement que ce soit... Aujourd’hui, à Tripoli, à Syrte et à Sebha, les femmes se terrent (Que pourrait bien en penser BHL?) et l’aile modérée de la société musulmane libyenne, semble s’abandonner à la démission politique.
Les manifestantes du jeudi suggèrent, à tort, que la «charia» et la démocratie sont antithétiques, ignorant l’apport arabo-musulman incontestable à l’éclosion de la civilisation humaine actuelle, dite occidentale. Elles simplifient l’organisation de la vie publique à l’extrême, au point de l’appréhender sous le seul angle de la condition d’une poignée de prisonniers.
En Mauritanie, le salafisme djihadiste dont se réclament les prisonniers en question, n’est récriminé légalement qu’en raison de la violence physique qu’il prône; il existe un salafisme non violent dont les adeptes ne subissent aucune coercition. Ces femmes introduisent, en fin, une manière de s’habiller, étrangère à la culture vestimentaire multiséculaire locale, une culture notoirement respectueuse des canons islamiques.
Dans la même veine, l’on peut noter que lors des derniers évènements survenus à l’ISERI, des jeunes femmes aiguillées par l’UNEM de Tawassoul, ont commis des actes réglementairement répréhensibles, dans une sorte de féminisation de la violence civile en Mauritanie et qu’il y’a environ deux ans, la police mauritanienne a arrêté un salafiste recherché pour crime de sang, déguisée en femme à la manière des marcheuses du jeudi dernier.
L’exemple du Mali voisin prouve que la victoire de la démocratie n’est jamais définitive, bien au contraire, sa pérennité dépend fortement de la bonne foi et des convictions réelles des acteurs politiques. Les risques que font courir les salafistes à la démocratie en Mauritanie, à travers l’exigence de son remplacement par une forme radicale de la «charia», ne sont pas moins périlleux que les accents ostentatoirement irrespectueux et belliqueux des dirigeants deTawassoul et ses alliés. Contrairement à une idée reçue chez les néophytes, la démocratie n’est pas exclusivement électorale, elle est aussi comportementale...
Marche pour marche…
Le parti Tawassoul qui compte une importante aile salafiste, a convaincu ses nouveaux partenaires, les «reliefs» de la COD et les groupuscules extrémistes, tels les mouvements IRAet TPMN, de s’inscrire dans la logique du fameux «Printemps arabe», aujourd’hui synonyme de violence tribalo-ethnique aveugle, d’affaissement de l’autorité de l’Etat, de pillage en règle des ressources énergétiques par les multinationales, de sévère récession économique, de misère matérielle à grande échelle et d’émergence de courants politiques intolérants.
Rejeter le dialogue politique sans tabou et préconiser l’épreuve de la rue, relève d’une prise de risque maximale, au regard de l’unité, de la sécurité et de la stabilité du pays. Des opposants historiques et non des moindres, tel le leader Messoud Ould Boulkheir, ont précocement dénoncé et rejeté l’appel de la violence civile; les amis politiques de l’ex-président Ould TAYA,ELWIAM, difficilement soupçonnables de complaisance à l’égard des pouvoirs publics actuels, ont eux-aussi repoussé les offres politiquement hasardeuses de Tawassoul.
L’opportunisme politique de Tawassoul n’a d’égal que son incohérence, car il dénonce le coup de force à Bamako, tout en préconisant une démarche politique éminemment putschiste àNouakchott; en effet, face à un Président de la République élu et dont il était le premier parti à reconnaitre la légitimité démocratique, ce parti opte, aujourd’hui, ouvertement pour la violence civile, même s’il sent parfois le besoin de s’en défendre publiquement.
Le 12 mars 2012, Tawassoul et ses suppôts politiques, profitant du climat de liberté d’expression sans précédent qui règne désormais dans le pays, organise une marche à laquelle participe une dizaine de milliers d’habitants de Nouakchott. Le lendemain, àNouadhibou, le Président Aziz est acclamé par -au moins- cinq fois plus de monde. La cause devait être entendue, mais Tawassoul, mécontent du différentiel en sa défaveur, décide de fausser compagnie à ses «supplétifs» politiques, pour organiser son propre meeting (environ quatre mille participants!) toujours à Nouakchott, car à l’intérieur du pays, ce parti n’ose pas s’aventurer tout seul et le récent report de son projet de meeting à Atar est révélateur à ce sujet…
A Rosso, le 25 mars 2012, à l’occasion de la clôture du dossier du rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal, une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers, brave la rigueur du climat, pour signifier à la face du monde que l’entreprise de déstabilisation du pays ne passera pas.
Un peu lourdaud, Tawassoul engage, en compagnie, cette fois-ci, de ses nouveaux alliés politiques, une série de «mini» marches (en échos à l’invite du président Aziz àNouadhibou!), le 3 avril prochain, comme si la marche du 12 mars, le méga meeting deNouadhibou, le lendemain, le meeting en solo de Tawassoul et la raz-de-marée de Rosso, du 25 mars, n’ont pas suffi, aux yeux des extrémistes de ce parti, pour jauger le rapport de forces sans surprise, en terme de popularité, entre la majorité et l’Opposition maximaliste.
En continuant à manifester en compagnie de ses «supporters» de la COD, en solo ou en«mini» marches, Tawassoul espère mobiliser crescendo à Nouakchott, mais hélas pour lui, les chiffres semblent, au contraire, indiquer la lassitude d’un public nouakchottois préoccupé par les conséquences désastreuses de l’extrémisme politique, sur le plan régional.
A ce rythme, l’extrapolation de la loi du Talion au champ politique, «marche pour marche, meeting pour meeting», risque de ruiner les maigres espoirs électoraux des leaders deTawassoul et de ses alliés. En s’en remettant à l’épreuve de la rue, pour reprendre une main perdue électoralement en 2009, l’Opposition radicale succombe à la tentation du pire pour elle-même et pour la Mauritanie.
Car au moment où la plus haute institution religieuse sunnite, Alazhar, se retire de l’Assemblée constituante, et dans son sillage la quasi-totalité du spectre politique égyptien, et au moment où le président de l’Assemblée tunisienne parle de risques de «chaos et rébellion», sur fond de voracité politiques des «frères musulmans», leur représentant en Mauritanie, Tawassoul, et ses suppôts ne peuvent proposer que ce qu’apporte aujourd’hui, le mouvement «Ansared-dine», au Mali voisin…
La démocratie pour cible.
Lors d’une marche improvisée, le jeudi 29 mars 2012, un groupe de femmes salafistes mauritaniennes, toutes de noir vêtues, a exigé que la Mauritanie renonce à la démocratie au profit l’application de la «charia». Ces femmes prétendent, publiquement, que si la «charia»était appliquée dans le pays, leurs maris, aujourd’hui emprisonnés, seraient libres.
Dans la presse locale, cette manifestation ne semble pas avoir attiré une attention particulière, alors qu’elle soulève, à mon sens, des questions d’une rare acuité.
En effet, ces femmes manifestaient en vertu des libertés garanties par cette démocratie qu’elles abhorrent tant; sous le régime taliban en Afganistan ou dans les territoires contrôlés par les «chebab» en Somalie ou «Ensared-dine » en Azawad, aucune caméra n’a jamais«immortalisé» la moindre manifestation de femmes, mécontentes de quelque traitement que ce soit... Aujourd’hui, à Tripoli, à Syrte et à Sebha, les femmes se terrent (Que pourrait bien en penser BHL?) et l’aile modérée de la société musulmane libyenne, semble s’abandonner à la démission politique.
Les manifestantes du jeudi suggèrent, à tort, que la «charia» et la démocratie sont antithétiques, ignorant l’apport arabo-musulman incontestable à l’éclosion de la civilisation humaine actuelle, dite occidentale. Elles simplifient l’organisation de la vie publique à l’extrême, au point de l’appréhender sous le seul angle de la condition d’une poignée de prisonniers.
En Mauritanie, le salafisme djihadiste dont se réclament les prisonniers en question, n’est récriminé légalement qu’en raison de la violence physique qu’il prône; il existe un salafisme non violent dont les adeptes ne subissent aucune coercition. Ces femmes introduisent, en fin, une manière de s’habiller, étrangère à la culture vestimentaire multiséculaire locale, une culture notoirement respectueuse des canons islamiques.
Dans la même veine, l’on peut noter que lors des derniers évènements survenus à l’ISERI, des jeunes femmes aiguillées par l’UNEM de Tawassoul, ont commis des actes réglementairement répréhensibles, dans une sorte de féminisation de la violence civile en Mauritanie et qu’il y’a environ deux ans, la police mauritanienne a arrêté un salafiste recherché pour crime de sang, déguisée en femme à la manière des marcheuses du jeudi dernier.
L’exemple du Mali voisin prouve que la victoire de la démocratie n’est jamais définitive, bien au contraire, sa pérennité dépend fortement de la bonne foi et des convictions réelles des acteurs politiques. Les risques que font courir les salafistes à la démocratie en Mauritanie, à travers l’exigence de son remplacement par une forme radicale de la «charia», ne sont pas moins périlleux que les accents ostentatoirement irrespectueux et belliqueux des dirigeants deTawassoul et ses alliés. Contrairement à une idée reçue chez les néophytes, la démocratie n’est pas exclusivement électorale, elle est aussi comportementale...
Marche pour marche…
Le parti Tawassoul qui compte une importante aile salafiste, a convaincu ses nouveaux partenaires, les «reliefs» de la COD et les groupuscules extrémistes, tels les mouvements IRAet TPMN, de s’inscrire dans la logique du fameux «Printemps arabe», aujourd’hui synonyme de violence tribalo-ethnique aveugle, d’affaissement de l’autorité de l’Etat, de pillage en règle des ressources énergétiques par les multinationales, de sévère récession économique, de misère matérielle à grande échelle et d’émergence de courants politiques intolérants.
Rejeter le dialogue politique sans tabou et préconiser l’épreuve de la rue, relève d’une prise de risque maximale, au regard de l’unité, de la sécurité et de la stabilité du pays. Des opposants historiques et non des moindres, tel le leader Messoud Ould Boulkheir, ont précocement dénoncé et rejeté l’appel de la violence civile; les amis politiques de l’ex-président Ould TAYA,ELWIAM, difficilement soupçonnables de complaisance à l’égard des pouvoirs publics actuels, ont eux-aussi repoussé les offres politiquement hasardeuses de Tawassoul.
L’opportunisme politique de Tawassoul n’a d’égal que son incohérence, car il dénonce le coup de force à Bamako, tout en préconisant une démarche politique éminemment putschiste àNouakchott; en effet, face à un Président de la République élu et dont il était le premier parti à reconnaitre la légitimité démocratique, ce parti opte, aujourd’hui, ouvertement pour la violence civile, même s’il sent parfois le besoin de s’en défendre publiquement.
Le 12 mars 2012, Tawassoul et ses suppôts politiques, profitant du climat de liberté d’expression sans précédent qui règne désormais dans le pays, organise une marche à laquelle participe une dizaine de milliers d’habitants de Nouakchott. Le lendemain, àNouadhibou, le Président Aziz est acclamé par -au moins- cinq fois plus de monde. La cause devait être entendue, mais Tawassoul, mécontent du différentiel en sa défaveur, décide de fausser compagnie à ses «supplétifs» politiques, pour organiser son propre meeting (environ quatre mille participants!) toujours à Nouakchott, car à l’intérieur du pays, ce parti n’ose pas s’aventurer tout seul et le récent report de son projet de meeting à Atar est révélateur à ce sujet…
A Rosso, le 25 mars 2012, à l’occasion de la clôture du dossier du rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal, une foule estimée à plusieurs dizaines de milliers, brave la rigueur du climat, pour signifier à la face du monde que l’entreprise de déstabilisation du pays ne passera pas.
Un peu lourdaud, Tawassoul engage, en compagnie, cette fois-ci, de ses nouveaux alliés politiques, une série de «mini» marches (en échos à l’invite du président Aziz àNouadhibou!), le 3 avril prochain, comme si la marche du 12 mars, le méga meeting deNouadhibou, le lendemain, le meeting en solo de Tawassoul et la raz-de-marée de Rosso, du 25 mars, n’ont pas suffi, aux yeux des extrémistes de ce parti, pour jauger le rapport de forces sans surprise, en terme de popularité, entre la majorité et l’Opposition maximaliste.
En continuant à manifester en compagnie de ses «supporters» de la COD, en solo ou en«mini» marches, Tawassoul espère mobiliser crescendo à Nouakchott, mais hélas pour lui, les chiffres semblent, au contraire, indiquer la lassitude d’un public nouakchottois préoccupé par les conséquences désastreuses de l’extrémisme politique, sur le plan régional.
A ce rythme, l’extrapolation de la loi du Talion au champ politique, «marche pour marche, meeting pour meeting», risque de ruiner les maigres espoirs électoraux des leaders deTawassoul et de ses alliés. En s’en remettant à l’épreuve de la rue, pour reprendre une main perdue électoralement en 2009, l’Opposition radicale succombe à la tentation du pire pour elle-même et pour la Mauritanie.
Car au moment où la plus haute institution religieuse sunnite, Alazhar, se retire de l’Assemblée constituante, et dans son sillage la quasi-totalité du spectre politique égyptien, et au moment où le président de l’Assemblée tunisienne parle de risques de «chaos et rébellion», sur fond de voracité politiques des «frères musulmans», leur représentant en Mauritanie, Tawassoul, et ses suppôts ne peuvent proposer que ce qu’apporte aujourd’hui, le mouvement «Ansared-dine», au Mali voisin…
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