dimanche 3 juin 2012

Des constitutionalistes ont démontré que le mandat imparti au parlement est largement dépassé et que du point de vue de la légalité il ne doit pas continuer à légiférer. Si cette interprétation du droit est justifiable, pourquoi les députés et les sénateurs des différents bords politiques continuent-ils de siéger à l’hémicycle alors qu’ils sont « périmés » ?
Ce débat qui s’est invité plusieurs fois dans la chambre basse n’a pas été tranché alors qu’aucune date précise n’est encore fixée pour la tenue d’élections municipales et parlementaires. La Ceni dont les membres ne sont pas encore nommés ne saurait être en mesure d’organiser d’ici la fin de l’année un nouveau scrutin. Les conditions techniques et matérielles ne sont pas réunies pour convoquer une consultation électorale.
A supposer même que les électeurs votent en 2013, on se rapproche de manière serrée de la fin du mandat du président Mohamed Ould Abdel Aziz, si bien qu’il serait improbable de multiplier les descentes aux urnes. Dans ce cas, on se situe entre deux alternatives aussi difficiles l’une que l’autre.
La première serait d’organiser d’ici la fin de l’année ou au plus dans le courant de l’année suivante des élections parlementaires et municipales ; la seconde probabilité serait de coupler ces élections avec la présidentielle prochaine.
Dans ce cas de figure la Ceni non encore opérationnelle ne saurait en aucun cas être dans les dispositions nécessaires de superviser ces deux consultations. Deux obstacles majeurs rendent encore aléatoires la programmation des scrutins décisifs pour le renouvellement des deux chambres : la lenteur de l’enrôlement et la crise qui envenime le climat politique. Le temps passe et les événements s’accélèrent dans le pays et dans la sous-région.
La Mauritanie vit une précarité politique et sociale qui doit inviter à plus de prudence et de recherche de solutions consensuelles en vue d’atténuer les tensions et de rétablir la sérénité dans les institutions de la République. Il est dangereux de prendre à la légère la loi fondamentale au point de la contourner d’une manière ou d’une autre à des fins politiques.
Un parlement qui continue d’exercer alors que juridiquement sa légitimité est entre parenthèse, il n y a pas de quoi pavoiser quand on veut se prévaloir d’être un pays démocratique. Le pire est qu’à force de garder des élus qui sont « Out » du point de vue de la légalité, on se moque de la volonté populaire qui avait confié à ces élus leurs affaires. Les députés, les sénateurs, les maires doivent rendre au peuple ce que ce dernier leur avait prêté.
C’est-à-dire un mandat. Faute de quoi ils ne doivent pas parler en son nom, ni prétendre voter des lois dont ils ne sont plus habilités à se prononcer. Cette main illégitime qui tient encore l’hémicycle n’a plus le droit d’exercer dans ce perchoir.
L’exemple doit venir des élus eux-mêmes qui doivent cesser toute activité et renoncer à leurs privilèges du fait qu’ils sont « hors-jeu ». A moins qu’ils ne se complaisent dans les faux semblants et les surplaces, au nom de jeux d’intérêts personnels inavoués ! La fameuse injonction « dégage » doit-elle faire exception chez nos parlementaires ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire