jeudi 2 avril 2015

Infrastructures routières en Mauritanie: Des politiques publiques myopes, irrationnelles et déséquilibrées, l'exemple de Tiriz-Zemmour


01-04-2015 18:00 -

Infrastructures routières en Mauritanie: Des politiques publiques myopes, irrationnelles et déséquilibrées, l'exemple de Tiriz-Zemmour Maître Takioullah Eidda - Dans un communiqué publié sur ce Portail Cridem, et en réaction à la visite du Président Aziz aux Hodhs, le Ministère de l’Équipement et des Transports (MET) a mis de l’avant les routes réalisées ou à être réalisées dans l’extrême Est du pays.

Même si chacun reconnait la priorité prioritaire de l’axe KIFFA-TENTANE, il n’en demeure pas moins que ceux relatifs aux Moughataas et arrondissements Néma-Nbeikit Lahwach, Emmat Laakarich–Amourj, Nema-Bangou, Bangou-Bassiknou, Amourj-Adel Bagrou, Bassiknou-Fassala, Oueinat Zbil-Djigueni ne sont pas du tout des priorités par rapport à la route ATAR-ZOUERATE.

En effet, il est inconcevable et illogique de prioriser le désenclavement d’arrondissements à celui d’une Wilaya, en l’occurrence celle de TIRIS-ZEMOUR. Certes, nous voulons que toutes les localités secondaires utiles de la Mauritanie bénéficient d’une politique publique de toile araignée visant à les relier les unes aux autres et avec le reste du pays.

Toutefois, il faut commencer par l’URGENT le PRINCIPAL et l’IMPORTANT: relier la Capitale nationale avec la dernière Wilaya encore enclavée, le Tiris-Zemour, de surcroit celle qui est le poumon, le cœur et le moteur de l’économie nationale, mais aussi son avenir.

Est-il nécessaire de rappeler que les politiques publiques relatives au désenclavement obéissent à des considérations bien spécifiques: soit la densité des populations à desservir, soit à l’importance économique de la région visée. Or, les routes asphaltées dans tous ces arrondissements éparpillés dans les régions de l’Est ne répondent ni à l’une ni à l’autre de ces considérations. Mieux, le désenclavement de la région de Tiris-Zemour leur servirait plus, en terme économique et stratégique, que leur propre désenclavement. Car, c’est à Tiris que se trouve la richesse et c’est à Tiris où la mobilité de la main-d’œuvre de ces régions aurait le plus de chance à générer des richesses. Procéder autrement, revient à placer la charrue devant les bœufs.

En effet, le développement des infrastructures se fait dans le but d’encourager l’investissement créateur de richesse et/ou l’exploitation des ressources naturelles. Or, à ce chapitre, la Wilaya de Tiris-Zemour détient la palme d’Or: on n’a qu’à parler de l’Uranium, du Fer, du Quartz, possiblement du pétrole on-shore … et j’en passe. Des ressources dont certaines sont prouvées pour une période d’exploitation allant jusqu’à deux cent (200) ans!

Comment se fait-il que cette région est encore enclavée? Comment se fait-il qu’on n’ait pas encore pour cette région une stratégie globale de développement intégrée, élaborée et pensée sur le long terme, en fonction des besoins de toute la Mauritanie? Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent, mais plutôt la VISION!

On n’a qu’à regarder autour de nous. À regarder des pays qui nous sont comparables en termes d’environnements géographiques et socioculturels, tels que la Guinée-Équatoriale, l’Angola, le Mozambique et tous les pays du Golf. L’ensemble de ces pays se sont développés de façon fulgurante grâce à la libération des énergies de leurs économies et grâce à des stratégies d’ouvertures sans concession, et ce, après avoir reconnus et intégrés les limites de leurs expertises et de leurs savoirs faire. Mais aussi saisis les besoins criants de leurs populations.

Alors, pourquoi pas nous? Si c’est une question de fierté, eh bien une fierté déplacée et tout simplement bonne à laisser aux toilettes! Si c’est une question de savoir faire ou d’incapacité de gestion, eh bien le monde est à nos gnous, où tout s’achète, même l’exclusivité! Si c’est une question de culture ou de complexe relatif à ce qu’on veut miroiter aux autres, mais nous ne le sommes pas en réalité, eh bien il faut penser à l’avenir de nos enfants et de notre pays, plutôt qu’à nous-mêmes.

Alors, au lieu de végéter dans le minimalisme entre deux carcasses de trains sortis de leurs rails, tirés d’un côté par des gestionnaires sans perspective, sans envergure et sans leadership; et, de l’autre, par des ouvriers affamés et exploités à l’inconscience, il est temps de paver la voie du train de l’avenir de la Mauritanie. Et cette voie commence par le désenclavement total de la région de Tiris-Zemour: la région de l’avenir de la Mauritanie. Rien de moins!

Maître Takioullah Eidda, avocat

Québec, Canada



"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire