vendredi 3 août 2012

Election et gouvernement d’union nationale : L’unilatéralisme qui fâche les amis



jeudi 2 août 2012 

En décidant de fixer unilatéralement la date des élections législatives et municipales, prévu selon la déclaration du ministre de l’Intérieur courant novembre 2012, le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz fâche non seulement son opposition radicale, mais aussi certains de ses alliés, en particulier les formations dissidentes de l’opposition qui avaient accepté de prendre part au dialogue nationale, lui tirant une bonne épine du pied. S’ajoute à cette crispation politique, la décision présidentielle de mettre fin aux espoirs suscités par la proposition de Messaoud et à laquelle il vient de mettre un terme en déclarant "Non au gouvernement d’union nationale".
Après la déclaration du Ministre de l’Intérieur Mohamed Ould Boilil, en marge d’une réunion des cadres qu’il avait présidé la semaine dernière à Kiffa et durant laquelle il avait annoncé la tenue des élections législatives et municipales en novembre dernier, les réactions se poursuivent, notamment après la confirmation apportée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Seulement, ce dernier qui recevait à l’Iftar des élus de la majorité qui le soutiennent a été moins précis, soutenant que les prochains scrutins législatifs et municipaux auront lieu dans deux, trois ou quatre mois. Il tâtait ainsi l’état de préparation de sa majorité, aussi bien sur le terrain des activités que sur le plan psychologique. Une élue du Brakna lui aurait signifié l’état d’impréparation de la majorité à de telles échéances, demandant si la date ne pouvait être reculée, alors qu’un autre évoquait les soubresauts de la scène politique nationale et la proposition de sortie de crise de Messaoud Ould Boulkheïr. Ce à quoi, Mohamed Ould Abdel Aziz a répondu, soutenant n’avoir aucun rapport avec la proposition de Messaoud Ould Boulkheïr. Et de déclamer "l’opposition n’a qu’un seul souci, c’est d’être associé à l’exercice du pouvoir ; ce que je n’accepterais jamais tant que j’y suis". Mohamed Ould Abdel Aziz aurait vertement critiqué la Coordination de l’opposition démocratique, qu’il aurait comparée à un conglomérat de personnes qui gravitent depuis cinquante ans autour du pouvoir sans jamais se rassasier. Et de marteler "je ne les associerais jamais à mon pouvoir !"
Pour Salah Ould Hanana, président en exercice de la COD, les élections dont parle le pouvoir ne peuvent aucunement avoir lieu à la date indiquée, dans la mesure où l’enrôlement des populations ne peut s’achever avant 2014, qualifiant tout scrutin organisé avant cette date de mascarade. D’autre part, Ould Hanana semble ne rien trouver de nouveau dans le refus de Mohamed Ould Abdel Aziz de s’ouvrir à l’idée d’un gouvernement d’union nationale dans le pays. Il a ainsi démenti les allégations selon lesquelles l’opposition ne vise qu’au partage du pouvoir, indiquant que l’opposition ne participera jamais dans un gouvernement chapeauté par un président qui a échoué dans la conduite des affaires. Ceci explique largement selon lui, le choix sous lequel la COD a résolument inscrit son combat : le départ du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Même l’opposition modérée semble en vouloir aux prises de décision récentes du pouvoir. Le député Bahiya Ould Sbaï, du parti APP (Alliance populaire progressiste), l’une des formations qui ont quitté la COD pour fusionner avec deux autres anciens partis de l’opposition, dans une Coalition pour l’Alternance Pacifique (CAP), elle-même membre d’un nouveau regroupement de Centre Droite avec trois autres partis de la majorité, vient de déclarer qu’aucune autorité autre que la Commission électorale nationale indépendante n’est habilitée à annoncer et à fixer la date des prochaines élections. Le député trouve que l’initiative de son président Messaoud Ould Boulkheïr, dont copie a été remise à toutes les parties prenantes après les entrevues personnelles que le président Boulkheïr a lui-même menée auprès des principaux leaders politiques et responsables de la société civile, est la seule capable d’offrir actuellement une sortie de crise politique en Mauritanie.
Alors que la scène se nourrit de déclarations et de contre-déclarations, à quelques encablures du Show le plus médiatisé de l’année, le "Direct Présidentiel" qui se prépare à Atar, l’opposition se prépare à une offensive d’envergure pour gâcher la fête. La jeunesse de la COD semble particulièrement active ces derniers jours. Elle s’apprête ainsi à transférer les hostilités dans la capitale de l’Adrar, à travers des manifestations destinées à nourrir la contre propagande qui bat son plein depuis quelques jours et trouvera son apothéose le 5 août prochain, date du super Show.
Cheikh Aïdara

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