lundi 30 juillet 2012

Vacances studieuses pour nos ministres.


Théoriquement partis en vacances depuis une semaine , qu’elle n’a pas été notre surprise de constater que nos vaillants membres du gouvernement ont , en réalité, été lâchés en campagne électorale , très loin de leurs régions d’origine respectives , probablement pour des raisons d’efficacité : (Ould Boilil dans le Guidimaka et leGorgol , Ould Abbey en Adrar et auTrarza , Ould Daramane en Assaba , Ba Hamady aux Hodhs , Mint Beide auTagant pour ne citer que cet échantillon représentatif.

Chargés de rafraichir la mémoire de nos compatriotes au sujet des réalisations accomplies dans le cadre du programme électoral du Président MOAA avant de s’enquérir , pour lui , des problèmes auxquels ils sont confrontés , nos vacanciers de ministres ont été trahis dans le caractère bénévole et spontané de cette action non seulement par l’ampleur de la couture hand maid et de la couche d’amidon de leurs boubous Ezbi (chez nous la percale 42 avec couture simple est plus appropriée en vacances et en pareille saison )...

... mais surtout par la couverture médiatique sans précédent assurée par la TVM, tout au long de leurs excursions touristiques guidées par nos walis , hakems et autres services de sécurité , fortuitement rencontrés au cours de ces pérégrinations .

Au-delà du traditionnel bilan du Président , deux thèmes essentiels de cette campagne estivale retiennent l’ attention :

Le premier , un tantinet indécent , c’est le matraquage médiatique autour du programme Emel 2012 dont les images du magasin de sacs de riz et de bidons jaunes d’huile monopolisent tous les soirs les deux tiers des journaux télévisés consacrés à des reportages où de braves compatriotes , sans doute triés sur le volet, se croient obligés de se confondre en remerciements pour ces boutiques et leurs produits , offerts par le Président MOAA . La réputation de ces boutiques Emel 2012 est en passe de détrôner la très célèbre boutig couscous dont nul n’ignore le degré de notoriété à Nouakchott .

On peut à cet égard déplorer que sur le registre de la laudation , les instructions fermes et je crois sincères , publiques et télévisées de notre ministre de la communication , visant à instaurer une dose de neutralité dans le traitement de l’information politique par nos medias publics , en particulier la TVM , semblent être entrées par l’oreille gauche du moudir et aussitôt sorties de celle de droite .

Cela dit , notre ministre pourra trouver sa consolation dans le fait que des instructions analogues du Président de la République lui-même ont subi le même sort .Notre TVM est à ce point , indécrottable.

Le deuxième thème concerne les déclarations croisées de ces ministres en villégiature foraine , auxquelles est venue s’ajouter celle du Président de la République lui-même lors de son Iftar avec ses députés , il y’ a seulement deux jours , à propos de la tenue des prochaines élections législatives .Tous se sont accordés à prévoir ces élections vers le mois de novembre de cette année .

S’agit il d’une manœuvre dilatoire du gouvernement , destinée à embarquer dans son jeu la toute nouvelle et néophyte CENI pour lui faire endosser la responsabilité d’une demande de report d’un scrutin dont un minimum de bon sens exclut la possibilité d’une tenue crédible avant la fin de 2013 ? S’agit il d’un ballon d’essai pour tester la réaction des partis politiques ou des citoyens , ou d’une volonté réelle d’envisager des élections avec la participation de moins que de la moitié des électeurs mauritaniens dont à ce jour, moins du tiers ont été enrôlés , plus de 16 mois après le début de cette opération ?

Peut on en effet faire avaler aux plus crédules la perspective d’abattre en trois mois, l’enrôlement des deux tiers restants de la population mauritanienne dont le tiers déjà traité a nécessité plus de 16 mois d’intenses efforts . ?

Quelle que soit la débauche de ressources humaines et de moyens techniques déployés , cette opération requerra encore de nombreux mois pour être menée à un niveau d’exhaustivité et d’inclusivité requis par les standards internationaux .Dont il n’est plus très prudent de faire entièrement fi , par les temps qui courent .

Abdellahi Ould Mohamed Lemine

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